Lyon Clément

Culture, Journalisme

Montigny 1841, Charleroi 1904


Pendant près d’un quart de siècle, le pays de Charleroi disposa d’un hebdomadaire qui ne dut son existence qu’à la patience et au travail de son fondateur, directeur et propriétaire : ancien militaire mais surtout amateur des lettres, journaliste et historien amateur, Clément Lyon a été l’âme de L’Éducation populaire de 1877 à décembre 1903.
Originaire de Châtelet, le père Lyon était magistrat à Charleroi, avoué au Tribunal et président de la Commission de l’Hôpital civil. Formé aux lettres, aux arts et aux sciences par un curé de campagne, Clément Lyon s’essaya quant à lui à l’École militaire, avant de suivre la filière régimentaire. 

Le sous-officier eut l’occasion de séjourner dans diverses casernes, avant de devenir officier et d’être affecté dans un régiment à Liège (1868). Durant ses périples, il alimente sa curiosité pour les lettres et l’histoire ; durant ses heures de loisir, il fréquente les dépôts d’archives, croise la route d’historiens et de philologues wallons, s’adonne à la poésie, avant de décider d’abandonner l’armée (1872). De retour à Charleroi, il trouve un emploi de secrétaire auprès des « Houillères unies ». Progressivement, il développe une activité complémentaire dans le domaine des assurances qui lui assure, à la fin de sa vie, une grande aisance financière et lui procure le temps de mener des activités intellectuelles diverses.

Sous le patronage de l’école industrielle de Charleroi, il est l’un des co-fondateurs d’un cercle de conférences destinées à donner le goût des lettres et de la science (1876). Par les activités régulières de la « Société des conférences de l’École industrielle de Charleroi », il bénéficie d’un large public qui le conduit à créer un journal hebdomadaire, L’Éducation populaire, de bonne facture. Se détachant de la Société dont il était le secrétaire dès 1878, Clément Lyon va cependant s’imposer comme le principal rédacteur, le directeur et le propriétaire de ce titre qui est particulièrement instructif sur la vie politique, économique et culturelle au pays de Charleroi (1877-1903). 

Le goût de Clément Lyon pour la polémique lui vaudra quelques déboires judiciaires et financiers, mais ne modifia pas son objectif premier, amener le plus grand nombre vers la connaissance, donner le goût des sciences nouvelles et éveiller la production d’une littérature régionale dans le pays de Charleroi. Comme l’indique son titre, le journal de Clément Lyon avait aussi un programme éducatif (lutte contre l’alcoolisme, encouragement à l’épargne, etc.) et semblait proche des milieux libéraux progressistes. Défenseur d’artistes du pays de Charleroi, il assura au peintre Navez une certaine notoriété dans sa régionale natale, tout en encourageant ses lecteurs à mener des recherches généalogiques.

 

Sources

Émile LEMPEREUR, dans La Vie wallonne, II, 1955, n°270, p. 81-111, et La Vie wallonne, I, 1963, n°301, p. 73
Jacques LORY, Les Sociétés d’éducation populaire de tendance libérale. 1860-1880, http://www.journalbelgianhistory.be/fr/system/files/article_pdf/BTNG-RBHC,%2010,%201979,%201-2,%20pp%20217-254.pdf (s.v. novembre 2014)
Joseph HARDY, dans Biographie Nationale, t. 29, col. 764-766