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Macors Henri-Pompée

Politique

Liège 21/07/1642, Liège 9/10/1684


Bourgmestre de Liège durant quelques mois, sous le long règne perturbé de Maximilien-Henri de Bavière, Henri-Pompée de Macors avait été appelé à remplacer Nicolas de Remouchamps choisi en juillet 1683. H-P. de Macors prend ses fonctions le 13 avril 1684 et les exerce jusqu’au 26 août, au moment où les troupes bavaroises forcent les portes de la cité de Liège. Appréhendé pour « crime de lèse-majesté », H-P. de Macors est condamné et exécuté sur la place publique.

Successeur de Ferdinand comme prince-évêque de Liège, archevêque-électeur de Cologne et évêque de Hildesheim, Maximilien-Henri de Bavière – nommé en outre évêque de Munster en 1683 – règne sur la principauté de Liège pendant trente-huit ans (1650-1688), du moins de manière chaotique. La terreur devait être sa méthode de gouvernement. Dès 1651, un ancien bourgmestre, l’octogénaire Pierre de Bex, est exécuté, à l’exemple d’autres opposants, tandis que le prince obtient des États l’argent nécessaire à la construction de la citadelle de Sainte-Walburge : cette forteresse est destinée à défendre le prince-évêque contre les tentatives de soulèvements du petit peuple… contraint à la corvée de sa construction ! De surcroît, les maladresses diplomatiques du prince de Bavière ont suscité guerres et pillages sur les terres pourtant neutres de la principauté et sa volonté de maintenir des hommes en armes, mesure coûteuse, finit par susciter contre lui la révolte.

Ce sont cependant les troupes françaises de Louis XIV qui apportent la délivrance, lors de la Guerre de Hollande : Liège tombe sans coup férir aux mains du baron de l’Estrades. Après le siège de Maastricht, quand les troupes françaises se retirent, Louvois ordonne la destruction de la citadelle liégeoise. Envoyant des troupes pour la reprendre, Maximilien est repoussé par les Liégeois unanimes. Métiers comme Chapitre cathédral, Conseil de la Cité comme artisans et boutiquiers, profitent de l’absence du prince pour renouer avec le règlement électoral de 1603 qui est d’application de 1679 à 1684.

Alors que la neutralité est régulièrement bafouée, la vie politique locale reste cependant tumultueuse. En 1682, sous la conduite de H-P. Gillotton (ou Giloton) et G-Fr. Renardi, qui sont les principaux meneurs des « métiers », les bourgmestres en place fuient à Maastricht ; les partisans des bourgmestres déchus sont privés de leurs droits et deux chefs « émeutiers » sont élus bourgmestres (Jean le Rond et Walerand-Lambert de Rickman). En 1683, c’est le parti révolutionnaire qui est mis en minorité et ses dirigeants sont obligés de fuir. Un compromis de paix paraît pouvoir être négocié entre Maximilien et les nouveaux bourgmestres modérés et pro-espagnols que sont Jean de Graan et Nicolas Remouchamps (traité du 17 novembre 1683). En amnistiant les anciens révolutionnaires, les négociateurs laissent passer une occasion : les métiers bloquent la ratification de la réconciliation (fin 1683). Pour avoir signé le traité, Nicolas Remouchamps est déchu de son titre de bourgmestre par les métiers et son remplaçant est Henri-Pompée de Macors.

Receveur de l’état noble, seigneur des Troisfontaines près de Spa, père de douze enfants, de Macors est jurisconsulte et avocat à la cour spirituelle de Liège. Loin de partager les idées des plus extrémistes, il apparaît comme un modéré et partage d’ailleurs les mêmes idées que N. Remouchamps, et appartient d’ailleurs à son parti.
L’antagonisme des Chiroux et des Grignoux, des mangeurs de tartes et des mangeurs de boudins, comme on dit à l’époque, reprend de plus belle car les modérés vont être chassés des métiers. Avec l’élection de Guillaume-François Renardi et de Henri-Paul Gillotton (ou Giloton) en juillet, pour l’année 1685, les radicaux témoignent de plus d’intransigeance encore. Conscient que le temps de la conciliation n’est plus de mise, que les Liégeois sont isolés et faibles et ne disposent pas de l’aide de Paris, Maximilien envoie ses troupes. Le 26 août, les Bavarois entrent dans Liège et rétablissent Maximilien dans ses titres et fonctions, tandis que la répression s’abat sur les rebelles : Gillotton s’enfuit, mais Macors qui se considère innocent fait confiance à la suite des événements. Mal lui en prend : avec Renardi, Macors est arrêté, condamné à mort et exécuté sur l’échafaud. 

Pourtant, le rôle de Macors dans les événements est primordial car, longtemps, les historiens ont mis sur le compte de l’apathie liégeoise la facilité avec laquelle les troupes bavaroises ont pacifié la ville. Or, à la suite de Maurice Yans, il apparaît que c’est à la demande de Choiseul – général des armées – et avec la bénédiction de Fürstenberg, que Macors est intervenu en personne, comme conciliateur, le 26 août, convaincu d’avoir la promesse du même Fürstenberg, que la ville n’aurait pas à craindre de représailles si elle se rendait sans heurts. Malgré la modération dont il a tenté de faire preuve, Macors est exécuté au même titre que les extrémistes, dont Renardi. Gilloton est condamné par contumace.

Quelques heures après cette exécution, Maximilien, qui avait quitté Liège en 1671, fait sa rentrée dans la cité et impose une régence à ses ordres pour administrer la ville. Enlevant tout pouvoir aux métiers, un nouveau règlement, celui de 1684, régit désormais les élections des magistrats : « le règlement dit de Maximilien » réduit à peau de chagrin les droits politiques des Liégeois. Avec de Graan, Henri-Pompée de Macors est l’un des tout derniers bourgmestres élus selon le règlement de 1603, magistrats d’une cité de Liège se prévalant de « droits démocratiques », avant que n’éclate la révolution de 1789.
 

Sources

Alphonse LE ROY, Maximilien-Henri de Bavière, dans Biographie nationale, t. 14, col. 170-178
Louis ABRY, Jean-Guillaume LOYENS, Recueil héraldique des bourguemestres de la noble cité de Liège…, Liège, 1720, p. 476, 478-479
Théodose BOUILLE, Histoire de la ville et pays de Liège, Liège, 1732, t. III
Maurice YANS, Le dossier inédit du procès intenté contre Henri-Pompée de Macors, bourgmestre de Liège, en 1684, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, Liège, 1967, t. LVIII, p. 46-66