Mahieu Jules

Militantisme wallon

Wasmes 22/03/1897, Nice-La Brigue 11/07/1968

Issu d’une famille ouvrière de Wasmes, dans le borinage, Jules Mahieu est ordonné prêtre en 1922. Tolérant et ouvert, installé à Roux dans l’actuelle commune de Charleroi, il fait preuve d’une activité débordante. Lors des grèves de 1932, il organise ainsi un ravitaillement pour les ouvriers de sa paroisse, sans distinction d’opinion.

Officiant à Péruwelz au début des années trente, il entre en conflit avec le Boerenbond, qui agit pour préserver « l’authenticité flamande » des nombreux ouvriers ayant migré en Wallonie. Il noue très tôt des relations avec la Ligue wallonne de Charleroi et, sous divers pseudonymes, commence à collaborer à diverses revues wallonnes comme La Barricade, La défense wallonne et le Pays noir.

En 1933, l’évêque de Tournai prend connaissance de cette activité et décide de le sanctionner. Sans charge ni traitement, l’abbé Mahieu survit grâce au soutien de la Ligue wallonne de Charleroi. Prêtre courageux osant s’opposer au Boerendond, Jules Mahieu devient alors un symbole pour le Mouvement wallon. Fort de ce soutien, il continue d’écrire, utilisant toujours un pseudonyme, pour sensibiliser les catholiques à la question wallonne. Sa pensée est marquée par trois piliers : l’attachement de la Wallonie pour la France, le rôle des catholiques dans la problématique wallonne et la nécessaire union de tous pour sauver la Wallonie.

Le succès des rexistes aux élections de 1936 pousse Jules Mahieu à agir désormais au grand jour. Il fonde ainsi, le 14 juin 1936, à Waterloo, le Front démocratique wallon. Désormais interdit de célébrer les offices religieux, il devient le porte drapeau du Mouvement wallon et radicalise ses positions. C’est ainsi que, à la tête de la Concentration wallonne en 1937, il voit son mouvement opter pour le confédéralisme entre la Wallonie, Bruxelles et la Flandre qui ne seraient plus reliées que par une union réelle ou personnelle. Un des enjeux de cette prise de position est, notamment, de rompre avec la politique de neutralité hostile à la France et tolérante envers l’Allemagne hitlérienne.

Aux élections de 1939, la Concentration wallonne décide de porter l’action sur le plan politique et fonde le Parti wallon indépendant. Celui-ci ne rencontrera que très peu d’adhésion de la part des électeurs. Le 29 octobre de la même année, l’abbé Mahieu décide de se mettre au service de la France. Participant notamment à une chaîne d’évasion vers l’Espagne, il tente d’alerter sur le sort de la Wallonie.

Rétabli dans ses prérogatives ecclésiastiques, il devient membre du clergé français et officie sur la côte d’azur. Dissuadé par ses amis de revenir en Wallonie après la guerre, ayant acquis la nationalité française, il meurt à la Brigue en 1968, sans avoir revu sa terre natale. Resté en contact avec de nombreux militants wallons, il demeure une des figures de proue des militants wallons catholiques.

Jules Mahieu fut fait Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Sources

Roland FERRIER & Paul DELFORGE, MAHIEU Jules, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 4315.
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 322