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Martial Joseph

Science, Génétique, Socio-économique, Entreprise

Jeune chercheur en Biologie moléculaire de l’Université de Liège, Joseph Martial passe cinq ans dans un laboratoire de génie génétique aux États-Unis, où il réalise un post-doctorat à l’Université de Californie. À ce moment, avec quatre autres chercheurs, il réussit à cloner le gène humain de l’hormone de croissance (1978). Avec l’aide de l’université qui les emploie, ils font protéger la découverte par un brevet. Le secteur est en plein développement, si bien qu’à son retour en Wallonie, J. Martial ne se contente pas d’une carrière académique. Professeur de Génie génétique et de Biologie moléculaire, responsable du laboratoire de ces deux disciplines à l’Université de Liège, il convainc son assistant André Renard de participer avec lui à la création d’une société qui valorisera les recherches de son laboratoire.

Accueillie par l’Université de Liège, Eurogentec, première spin-off liégeoise (1985), est appelée à connaître un fabuleux destin, même si les développements qui font sa prospérité à la fin des années 1990 se sont éloignés des intentions initiales. Orientée dans le domaine de la santé animale, avec comme premier résultat la Smoltine, Eurogentec sortira du laboratoire de Joseph Martial pour s’installer dans le parc scientifique du Sart Tilman et devenir une société mondiale spécialisée dans le secteur des oligonucléotides et dans celui de la protéomique.
Poursuivant ses cours et ses recherches, le professeur Martial rêve d’un algorithme capable de déduire la structure en trois dimensions d’une protéine à partir de sa seule séquence en acides aminés. Il multiplie les expériences à partir d’une protéine artificielle qu’il a réussi à créer et qu’il a appelée Octarelline ; les développements commerciaux sont assurés par Pharos Eurogentec, une des deux sociétés qui a émergé de sa première spin-off, mais les expériences se poursuivent notamment lors des vols des navettes Columbia et Discovery.

À la fin des années 1990, le passé rattrape Joseph Martial. En effet, Peter Seeburg (l’un des cinq chercheurs qui avaient réussi le clonage en 1978) a emmené chez Genentech un échantillon de l’ADN cloné : en vendant la Protropin, la société engrange des centaines de millions de dollars et provoque une action en justice de l’Université de Californie qui, en 1999, gagne son procès et… 200 millions de $, dont 17 sont versés à J. Martial ! Ce « cadeau » qui n’est en somme que le fruit d’une licence exceptionnelle ne peut qu’encourager l’esprit d’initiative du professeur liégeois. Certes Eurogentec vit ses propres aventures, mais d’autres défis majeurs attendent la recherche wallonne en général, l’Université de Liège en particulier. Et le projet Giga répond à ceux-ci en intégrant un centre d’excellence en recherche académique, 7 plates-formes technologiques, des espaces d’implantation d’entreprises. Sur un espace de 4.000 m², un demi-millier de chercheurs spécialisés en science de la vie, médecine, médecine vétérinaire et sciences appliquées s’activent depuis 2002 dans un lieu où excellence et interactions sont les maîtres-mots. Le Conseil de Gouvernance du Giga est placé sous la direction du professeur Martial – cofondateur du Giga avec Bernard Rentier – et qui continue à repousser les limites de la connaissance de la vie, en mêlant toutes les disciplines, en forçant à la prise en compte des impératifs économiques et en inventant de nouvelles disciplines et de nouvelles perspectives comme l’union de l’acier et des protéines, ou le mariage de la génétique et de la microélectronique.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.giga.ulg.ac.be/jcms/c_6699/fr/organigramme