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Materne Michel

Culture, Littérature

dit THIL LORRAIN

Virton 4/01/1826, Verviers 15/02/1893

Le nom de Michel Materne n’évoque rien, ni aux Gaumais ni aux Verviétois. Par contre, le nom de plume Thil Lorrain est coutumier à ceux qui s’intéressent à une certaine littérature de la deuxième moitié du XIXe siècle, mais surtout à des générations d’étudiants qui ont fréquenté l’Athénée de Verviers auquel il a laissé son nom, loin de Virton sa ville natale.

C’est en Gaume que l’étudiant accomplit des études couronnées par une des quatre bourses de la fondation Dumont, destinées à récompenser des élèves méritants (1843). Professeur d’histoire et géographie au Collège communal de Virton (1854) et chargé du cours de dessin à l’École moyenne, il est nommé à Verviers en 1871 en tant que directeur de l’École Industrielle et Littéraire. Tout en enseignant le français, il transforme son établissement en Collège communal, puis devient le préfet des études de l’Athénée nouvellement construit et inauguré en 1875. Nommé en 1880, au moment où les libéraux constituent seuls la majorité gouvernementale, il exerce durant dix ans, étant admis à la pension en 1890. Entre 1875 et 1888, il s’occupe de publier un recueil spécial, La Mosaïque littéraire, où paraissent, à côté des règles de grammaire et des leçons de rédaction française, les meilleurs devoirs faits par les élèves de l'athénée et de l'école moyenne de Verviers.

Alliant ses convictions politiques et son goût de l’écriture, Michel Materne publie lui-même, depuis longtemps, sous pseudonymes. Sous le nom de plume de Thill Lorrain, il est l’auteur prolixe d’un grand nombre de nouvelles, de romans et de « biographies », ainsi que de pièces de théâtres et d’essais philosophiques. Dans un genre qui se veut didactique, il publie, entre 1855 et 1860 plusieurs recueils de nouvelles et de légendes, avant de se lancer dans le genre historique en offrant des « biographies » des Carolingiens, de Guillaume de La Marck, de Baudouin de Constantinople, de Henri Jardon, de Grétry, voire de Grégoire Chapuis. De 1880 à 1893, celui qui fut le directeur des études de Henri Pirenne s’attaque à Nos Gloires nationales. Sous le pseudonyme de Paul Renand, il s’intéresse à la philosophie, à l’étude de la langue et à des romans.

C’est son Docteur Martyr, roman en deux volumes publiés chez Ernest Gilon, qui est le plus connu. Sortant de l’oubli le Verviétois Grégoire Chapuis exécuté en 1794 et dont il compare la destinée à Socrate, il en fait un martyr et, sans nier un certain intérêt historique, il nourrit surtout un discours politique, libéral et anticlérical. Les écrits de Thil Lorrain alimentaient le projet libéral progressiste du libraire Ernest Gilon qui, via les Soirées populaires ou la distribution à bas prix d’ouvrages moralisateurs, visait à l’émancipation populaire.

 

Sources

Robert FRICKX et Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. I, Le Roman, Paris-Gembloux, Duculot, 1988, p. 38, 140, 319, 362
Jules VANNÉRUS, dans Biographie nationale, t. XXIV, col. 923-927

 

Oeuvres principales

Thil Lorrain

  • Tableaux dramatiques de la vie et de la mort de très haut et très puissant seigneur Henri, comte d'Egmont et prince de Gavre, Arlon (1852)
  • Robert de la Mari, grand sanglier des Ardennes (1853)
  • Clotilde (1853)
  • Essai d'un nouveau système philosophique sur la certitude (1854)
  • Hermangarde, ou la Vengeance (1854)
  • Le Pèlerin ou le Châtiment (1855)
  • Le chasseur maudit, légende des bords du Rhin (1855)
  • Un martyre ignoré, histoire d'un jeune peintre que tue la pauvreté (1856)
  • La danse des nonnes, légende fantastique des bords du Rhin (1856)
  • Yvon, légende anversoise du temps de Charles-Quint (1856)
  • Études historiques sur les légendes scandinaves de la province de Luxembourg, comparées à celles de tous les autres pays du monde qui ont les mêmes traditions comme fondement (1856)
  • La famille, ou recueil de dévouements inspirés par les affections domestiques (1858)
  • Au foyer de famille (1860)
  • Les ancêtres de Charlemagne, Casterman (1863)
  • Un mariage en 93, Casterman (1865)
  • Nélida ou les guerres canadiennes, 1812-1814, Casterman (1867)
  • Biographies des personnages les plus remarquables de l'histoire ancienne, rédigées d'après le programme du gouvernement pour les maisons d'éducation et de tous les établissements d'instruction moyenne du degré inférieur (l'histoire du moyen âge et l'histoire moderne) (1866-1868)
  • Pépin de Landen ou les ancêtres maternels de Charlemagne
  • Pépin d'Herstal ou l'avènement des Carolingiens
  • Le Docteur Martyr (1876)
  • L’homme, le penseur, le martyr (1877)
  • Histoire de Grétry (1884)

Paul Renand

  • Nouvelle symbolique, ou loi du développement religieux de l'humanité, identité des origines du christianisme et du paganisme (1861)
  • Étude philosophique et littéraire sur les fables de Babrius et Lafontaine (1876)
  • Socrate, l'homme, le penseur, le martyr (1877)
  • Grammaire perceptive et littéraire à l'usage des écoles primaires et des sections préparatoires des écoles normales et moyennes, des collèges et des athénées (1877 et 1880)
  • L'éducation par la famille, par l'école, par le collège, par la société (1881)
  • La France chevaleresque (1880)
  • La Flandre héroïque. Épopée flamande des origines du comté (1891)
  • La Belle Valdrade (1893)