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Mélotte Alfred

Socio-économique, Entreprise

Remicourt 24/03/1858, Gembloux 23/12/1943

Au milieu du XIXe siècle, Guillaume Mélotte (1826-1878) est à la tête d’une fabrique qui construit du matériel agricole. À la fois menuisier et forgeron, il contribue à de nombreuses améliorations techniques qui sont fort appréciées par le monde agricole des riches terres de Hesbaye. Ses batteuses notamment ont une excellente réputation. C’est dans l’atelier paternel qu’Alfred apprend le métier à partir de 1872, imité trois ans plus tard par son frère Jules. Un an après l’implantation de nouvelles installations face à la sucrerie de Remicourt (1877), le père Mélotte décède, propulsant Alfred à la tête des « Ateliers de Construction de Veuve Mélotte », où il poursuit la production de batteuses et de charrues.

Conscients de la nécessité de maîtriser davantage les techniques nouvelles et d’équiper leur usine de manière plus moderne, les frères Mélotte observent ce qui se fait lors des grandes expositions ou, par l’intermédiaire de Jules qui s’est fait engager comme ouvrier dans une usine spécialisée de Liège, acquièrent un nouveau savoir-faire. C’est ainsi que Jules Mélotte invente l’écrémeuse à bol librement suspendu, la fameuse écrémeuse Mélotte. Les besoins de production nécessitent de nouveaux locaux et Alfred Mélotte décide d’installer la fabrication des charrues à Gembloux et de se spécialiser dans les instruments aratoires, laissant à Jules l’usine de Remicourt (1890).

Raccordée directement à la ligne ferroviaire, la nouvelle usine de Gembloux est aussi à proximité de l’Institut agricole de l’État, et forcément de ses étudiants, dont un certain nombre vient de l’étranger. Les Mélotte ont tôt compris le sens de la communication et de la publicité. À cela, Alfred ajoute la qualité et les innovations de ses produits, ce qui assure un succès immédiat à l’entrepreneur hesbignon. L’atelier devient usine quand les commandes abondent de l’étranger. 600 ouvriers produisent près de 30.000 machines par an quand éclate la Première Guerre mondiale.

Réfugiés en France jusqu’en 1918, les frères retrouvent leurs usines dévastées et pillées par l’occupant allemand. Jules Mélotte n’y survit pas et, en 1919, à plus de 70 ans, Alfred se retrouve aussi à la tête de l’usine de Remicourt qu’avait dirigée son frère. Elle devient la SA Ecrémeuse Mélotte (1928), produit la première écrémeuse en acier inoxydable et va se spécialiser dans « la traite mécanique » : avec plus d’un millier d’ouvriers, elle exporte dans le monde entier où elle dispose de ses propres comptoirs commerciaux. À Gembloux, il constitue la SA Charrue Mélotte et, pour contourner les droits de douane français prohibitifs, il installe à Givet la Société française des Machines agricoles Mélotte SA (1927). Jusqu’à la fin de sa vie, et malgré des problèmes de cécité qui le handicapent depuis le début des années 1930, l’inventeur-entrepreneur reste à la tête de ses trois usines. Maintes fois copiée et imitée, la charrue Mélotte est assurément son produit-phare, et le plus apprécié si l’on en juge par la quantité de premiers prix remportés lors de concours et d’expositions en Europe et en Amérique.

 

Sources

Daniel PIROTTE, Alfred Mélotte, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 51-57.
Alphonse LEUNEN, Alfred Mélotte, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, col. 588-590.
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135.