Moremans Victor

Culture, Journalisme

Saint-Nicolas-lez-Liège 01/04/1890, Liège 17/12/1973

C’est au lendemain de la Grande Guerre que Victor Moremans entre comme journaliste à la Gazette de Liège et y accomplit la totalité de sa carrière. Cette Grande Guerre est le facteur qui détermine sa destinée. En effet, après des humanités chez les Jésuites du collège Saint-Servais, le jeune Liégeois s’est orienté vers le monde de l’industrie et des sciences en obtenant un diplôme d’ingénieur à l’Institut Gramme ; quand l’armée allemande franchit la frontière et s’attaque à la cité liégeoise, en âge de mobilisation, Moremans participe aux combats contre l’envahisseur. Après le siège d’Anvers, il est fait prisonnier de guerre. De novembre 1914 à novembre 1918, il est interné au camp d’Alten-Grabow et ne rentre au pays qu’après un séjour de soins en Suisse. Dès ce moment, il a choisi de se destiner au journalisme.

Après avoir proposé ses services à des revues et des gazettes, il finit par être engagé comme rédacteur stagiaire à la Gazette de Liège, en même temps que Georges Simenon. Il y accomplira toute sa carrière. S’intéressant à la politique communale de 1923 à 1938, il se charge du feuilleton littéraire hebdomadaire, avant de se révéler en critique apprécié. Chargé de la page littéraire, « il se livre, avec un égal bonheur, à la critique d’art et de musique, et s’intéressera activement au théâtre » (LINZE). Sa curiosité, sa finesse d’analyse et son ouverture d’esprit le font apprécier des milieux intellectuels de son temps avec lesquels il échange une abondante correspondance et noue des liens d’amitié : Francis Jammes, Max Jacob, Henry de Montherlant, Georges Bernanos, André Billy, Henry Bordeaux, Jean Cassou, Jacques Chaban-Delmas, Henry Poulaille, Colette, Jacques Copeau, Tristan Derême, André Gide, Yvette Guilbert, le maréchal Lyautey, Maurice Maeterlinck, Marcel Arland et son ami Georges Simenon.

Auteur de trois essais et de trois traductions de romans du Hongrois Làszló Dormandi, il est surtout le rédacteur de deux mille cinq cents articles parus dans la presse quotidienne, de 1923 à 1940 et de 1944 à 1973, puisque, sous la seconde occupation allemande, il a fait partie des journalistes qui brisèrent leur plume. Au-delà de la quantité, il y a une qualité particulière dans la critique militante de Moremans. Ami des peintres liégeois Richard Heintz, Robert Crommelynck, Jean Donnay, Joseph Verhaeghe, révélateur perspicace du talent de Nathalie Sarraute à ses débuts littéraires (Tropismes, 1939), le découvreur de pépites qu’était Victor Moremans a élargi l’horizon artistique des lecteurs wallons à la production internationale. Membre du comité des Beaux-Arts de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (dès 1945), il fait partie du comité général du deuxième Congrès culturel wallon (Liège, 1955), et se charge, à cette occasion, du rapport de la section qui traite de La situation du théâtre en Wallonie. Membre de la commission des Arts et des Lettres de la province de Liège, il présidera aussi la commission du théâtre du centre culturel wallon (1956) et sera vice-président de l’Association générale de la Presse belge.

Son influence est incontestable sur l’ouverture du théâtre liégeois à d’autres compagnies, notamment françaises. Membre du Conseil national de l’Art dramatique d’expression française (1953-1973), il peut être considéré comme l’un des pères du Festival du Jeune Théâtre de Liège qui, pendant vingt ans, à partir de 1958, s’est ouvert aux formes du théâtre contemporain.

Sources

Jacques-Gérard LINZE, Victor Moremans, un demi-siècle de littérature, communication à l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique, 10 octobre 1992, http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/linze101092.pdf 
La Vie wallonne, I, 1974, n°345, p. 44
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1121 
Jacques PARISSE, Situation critique. Mémoires d’un critique d’art de province, Liège, Adamm éd., 2000, p. 127

Œuvres principales

Trois essais
Les poètes du prix Verhaeren, 1930
Pyramides et gratte-ciel, 1951
Léopold Levaux et son œuvre d’écrivain, 1956

Trois traductions de romans du Hongrois Làszló Dormandi
La fée maléfique, 1944
Fièvre tropicale, 1944
Deux hommes sans importance, 1945