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Moureau Paul

Culture, Lettres wallonnes, Littérature

Jodoigne 01/06/1887, Louvain 17/11/1939

Entre Jodoigne, sa ville natale, et Châtelet, sa ville d’adoption, Paul Moureau établit une étonnante fusion, certes par passion pour le dessin et l’écriture, mais aussi parce qu’il nourrit le projet d’illustrer et de défendre la langue wallonne, objectifs que s’est fixés le cercle des Rèlîs namurwès. La collaboration de Paul Moureau avec Eugène Gillain, le père de JiJé, le futur dessinateur de bandes dessinées, donnera par ailleurs naissance à la première série éditoriale de la revue des Cahiers wallons.

Diplômé de l’École moyenne de Nivelles (1909), instituteur à l’École moyenne de l’État de Châtelet à partir de 1912, Paul Moureau s’établit dans cette localité peu avant la Grande Guerre. Il s’y investira dans la vie culturelle locale (vice-président du Club artistique La Sambre, membre des Amis de Châtelet, président du comité de commémoration du centenaire d’Octave Pirmez), en étudiera l’histoire et le folklore (plusieurs articles paraissent dans les journaux et revues du pays de Charleroi) et sera un membre actif du Comité de restauration de la Chapelle Saint-Roch.

En 1924, il suit une formation complémentaire, en passant l’examen devant le Jury central, qui lui permet de devenir professeur de dessin et de travail manuel, toujours à l’École moyenne de Châtelet. À cette passion tardive, le dessin, il en ajoute une seconde, l’écriture. C’est à ce moment-là, vers 1927, que Moureau rencontre Eugène Gillain qui vient d’emménager à Châtelet. Les deux hommes deviennent des amis inséparables.

Comme Gillain, Moureau admire Edmond Étienne, et il rédige justement une biographie à son sujet. Il l’illustre de ses dessins réalisés à la plume et qui sont autant de vues de Jodoigne et de souvenirs d’enfance. Par l’intermédiaire d’un Gillain insistant, Moureau est reçu comme membre du cercle des Rèlîs namurwès, association consacrée à l’illustration et à la défense de la langue wallonne… Moureau s’essaye en effet au wallon de Jodoigne et il est un membre assidu des réunions des Rèlis. Le résultat de sa production wallonne est convainquant : rassemblés dans un recueil lui aussi richement illustré en noir et blanc, ses premiers contes et poèmes paraissent en 1932 (Lès contes d’a-prandjêre), préfacés par Jean Haust. Son écriture s’affirme de plus en plus et, en 1936, Fleûrs d’al Vièspréye (Fleurs du crépuscule) est accueilli avec beaucoup de faveur ; le Prix du Brabant 1936 est décerné à ce recueil de poèmes dédiés à sa mère, qui comprend six gravures de Joseph Gillain. Par ailleurs, il se lance dans une pièce de théâtre en vers (Pa d’zos l’tiyou, Sous le tilleul, créée en 1933 et publiée en 1934), plus littéraire que dramatique, très bien accueillie. Li drwète vôye (1935) et Djan Burdou (1939) n’auront pas le même succès.

Avec Eugène Gillain, Paul Moureau relève encore le défi de donner naissance à la revue Cahiers wallons (1937-1939). Le premier numéro de l’organe des Rèlîs namurwès s’ouvre d’ailleurs sur une fable de Paul Moureau ; de cette revue, ils voulaient faire une sorte d’anthologie des meilleurs textes en wallon, chaque numéro couvrant une région. L’ambition première ne sera que partiellement rencontrée. En février 1938, témoignage de la place qu’il occupe désormais dans la littérature wallonne, Paul Moureau est élu membre titulaire de la Société de Littérature wallonne. Il ne profitera guère de cette reconnaissance, emporté par la maladie un an plus tard.

Sources

La Vie wallonne, 15 décembre 1939, CCXXXI, p. 127-128
Jacques TOUSSAINT et Joseph DEWEZ (dir.), Les Cahiers wallons ont 75 ans. Les Rèlîs namurwès au service de l’identité wallonne, Namur, 2012, p. 20-31, 35-52, 86-88
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 434-436
Émile Lempereur, À Paul Moureau (Jodoigne 1887 – Louvain 1939) écrivain, artiste-peintre, animateur de la vie culturelle, professeur. Hommage de Châtelet sa ville adoptive 1912-1939, Châtelet, éd. Cercle d’art et de littérature du Canton de Châtelet, 1967
J-J. Gaziaux, Paul Moureau, dans Wallonnes, 4, 1994
Les Cahiers wallons, n° spécial Paul Moureau, n°30, janvier 1940
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. III, p. 227

Œuvres principales

Une belle figure wallonne : Edmond Étienne, sa vie, son œuvre, 1930
Une petite sainte de chez nous : Sainte Ragenufle d’Incourt, 1936
La Marche Saint Eloi à Châtelet, s.d.

Poésie
Lès contes d’a-prandjêre, 1932
Fleûrs d’al Vièspréye, 1936
Les gayes d’a Batisse de l’Abîye, 1936
E sûvant li stwèle, 1936

Théâtre
Pa d’zos l’tiyou, 1934
Li drwète vôye, 1935
Djan Burdou, 1939
Jeu dramatique de ND de Soûye, inédit