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Moutschen Jean

Culture, Architecture

Jupille 02/07/1907, Liège 07/01/1965

Au milieu du XXe siècle, deux frères, Joseph (l’aîné) et Jean Moutschen marquent de leur empreinte l’architecture de la région liégeoise. L’initiale de leur prénom étant identique, il est parfois malaisé de restituer à l’un ou à l’autre sa contribution, d’autant que certains projets les ont réunis. Néanmoins, Jean se démarque de son aîné, professeur et directeur de l’Académie de Liège, par ses réalisations en tant qu’architecte de la ville de Liège, notamment le Lycée de Waha, grand bâtiment public construit avec des matériaux régionaux. En 1939, la grande Exposition Internationale de l’Eau donne à Jean Moutschen l’occasion de s’exprimer, sous la conduite d’Yvon Falise : vraie prouesse technique, le grand palais (destiné dès l’origine à devenir une patinoire) porte sa signature. Au début des années 1960, l’Institut Hazinelle porte aussi sa griffe, de même que l’Institut polytechnique.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège (1923-1931) où son frère est professeur, Jean se destine lui aussi à l’architecture. Jeune diplômé, adepte d’une « architecture rationnelle », il est membre du Groupe l’Équerre, dès 1930, et de son Comité directeur (1931). Parmi les revendications exprimées par Victor Rogister, Jean Moutschen, Émile Parent, Edgard Klutz et autre Albert Tibaux, l’Équerre demande un enseignement où la formation technique et pratique tienne davantage compte des nécessités professionnelle et sociale de l’époque. Rationalité, confort, ensoleillement, hygiène sont des principes prioritaires pour ces architectes ; quant aux matériaux, nouveaux, ils doivent présenter de nombreux avantages, dont celui de l’économie financière.

S’il est marqué par l’esprit de ce groupe, Jean Moutschen s’en démarque cependant quelque peu à partir de 1933, quand il est engagé au sein du Service d’architecture de la ville de Liège, même si l’Équerre a le soutien de Georges Truffaut, l’échevin des Travaux publics, et peut s’exprimer assez librement à Liège. Les architectes du Groupe sont identifiés parmi les « modernistes belges » de leur temps. En 1936, grâce au soutien de Georges Truffaut qui cherche à donner un nouveau souffle à la ville de Liège, Jean Moutschen est nommé « architecte de la ville » par le conseil communal (deux tiers des voix) ; il cesse alors totalement ses activités en tant qu’indépendant pour se consacrer exclusivement aux grands chantiers communaux ; inaugurée en 1937, l’école communale André Bensberg, dans le quartier Saint-Gilles, à Liège, est considérée comme la première œuvre significative de Jean Moutschen ; en 1951, il est nommé architecte-directeur. Après la Libération, il siègera à Commission des Monuments et des Sites (1949), sera membre effectif de l’Association des Architectes de Liège (1962), et membre de jury de nombreux concours.

Sources

Émile PARENT, La réorganisation de l’enseignement de l’architecture, dans L’Equerre, décembre 1933, p. 542
Coline CAPRASSE, Les Moutschen architectes modernistes liégeois, Université de Liège, 2014, mémoire inédit Histoire de l’Art et archéologie
Sébastien CHARLIER et Thomas MOOR, dans Anne VAN LOO (dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique, de 1830 à nos jours, Bruxelles, Fonds Mercator, 2003, p. 428-429
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. III, p. 370, 372
Liège : Guide d’architecture moderne et contemporaine 1895-2014, Liège, Mardaga, 2015, notamment p. 244
L’Équerre. Réédition intégrale, 1928-1939, Liège, 2012