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Nachez Raoul

Humanisme-Egalité, Résistance, Science, Médecine

Mévergnies 27/11/1907, Sainte-Ode 23/01/1993

En 1939, Raoul Nachez est un jeune spécialiste en radiologie qui décide de s’engager comme volontaire. Dans l’Armée belge, il se met à la disposition de la douzaine d'ambulances chirurgicales légères chargées d'intervenir sur le champ de bataille. Chaque unité réunit un chirurgien et un radiologue dont la mission principale est de localiser et d'extraire les projectiles des soldats blessés, et ce rapidement afin d'éviter toute infection. Combattant lors de la Campagne des 18 Jours, l’auxiliaire de soins est fait prisonnier et devient un des 65.000 prisonniers de guerre de cinq ans. Lui est envoyé en captivité en Rhénanie. Là, il se déplace d'un camp à l'autre ainsi que dans des usines où des prisonniers de guerre sont mis au travail.

À la fin de l’année 1940, les Allemands se résolvent à rapatrier systématiquement ceux qui, parmi les PG, exercent une profession médicale. Seuls vingt-six médecins belges demeureront en captivité (début 1941), réservistes ou d'active. Ce sont essentiellement les médecins français et quelques polonais qui soigneront dorénavant les prisonniers de guerre de l’armée belge, essentiellement des soldats wallons.

Durant sa captivité, Raoul Nachez peut évaluer les lacunes des conditions sanitaires des camps. Rapatrié en 1943, il organise un service médical au sein de la Résistance et c’est ainsi que commence l’activité qui va occuper l’essentiel de son existence, l’aide aux prisonniers de guerre. Avec Léon Wilmotte, il contribue à la formation d’un organisme de défense, la Fédération nationale d’Aide aux Prisonniers de guerre (FNAPG) : Raoul Nachez en sera le président de 1947 à sa mort, en 1993. Ensemble, ils arrachent de l’État la reconnaissance d’un statut particulier pour les prisonniers de guerre. Pour l’obtenir, il a fallu mobiliser « les troupes » ; la manifestation qui rassembla plusieurs milliers de personnes dans les rues de Bruxelles le 26 février 1947 est mémorable. Le statut fut voté peu après, mais il fallut attendre le 26 août 1964 pour qu’une médaille leur soit décernée et 1983 avant que l’on reconnaissance les pathologies contractées par les Prisonniers de guerre dans les camps. Bon nombre avaient déjà disparu.

Mais le médecin veillait et, très tôt, il fait en sorte d’améliorer les conditions de vie de ceux qui ont partagé la captivité avec lui. Au sein de la FNAPG, le fonds Nachez est spécialement destiné aux tuberculeux. À leur retour de captivité, plus de 2.000 PG sont frappés de tuberculose : pour se soigner, la streptomycine ou des cures à Montana dans le Valais suisse. Quelle que soit la formule, elle s’avérait particulièrement onéreuse et c’est grâce à l’opiniâtreté de Raoul Nachez, de Léon Wilmotte et de leurs camarades que de nombreux soldats purent avoir accès aux soins. En sollicitant des aides, des sponsors et des fonds publics, il fut possible de réaliser le centre hospitalier de Sainte-Ode, dans le Luxembourg belge. 

C’est là, dans cet imposant château qui appartenait à la famille Empain, sur les hauteurs de l'Ourthe occidentale et du village de Lavacherie, que Raoul Nachez s’est éteint en 1993. Dans la région de Charleroi, ainsi qu’à Sainte-Ode et à Amay, des lieux (square, rue) portent désormais le nom de Raoul Nachez.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Combattants de ’40. Hommage de la Wallonie aux Prisonniers de Guerre, Charleroi, Institut Destrée et Gouvernement wallon, 1995