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Renier de Huy

Culture, Orfèvrerie

Huy XIe ou XIIe siècle, Huy 4/12/1146

Dans l’effervescence intellectuelle et artistique de l’espace wallon du IXe au XIIe siècle, parmi d’innombrables réalisations, les fonts baptismaux de l’église Notre-Dame s’imposent comme le chef-d’œuvre le plus représentatif de l’art mosan et le plus abouti de l’art roman. Du moins est-ce l’analyse de ceux qui considèrent que cette œuvre en laiton a été réalisée selon la technique de la fonte à la cire perdue, entre 1107-1118, et l’attribuent à Renier, orfèvre hutois qui a toutes les faveurs de Godefroid Kuth, l’historien qui avait déjà dénoncé la paternité d’un pseudo Lambert Patras, batteur dinantais inventé par le chroniqueur Jean d’Outremeuse. 

L’attribution à Renier s’est pourtant heurtée elle aussi à quelques contestations, sporadiques d’abord, à partir des années 1950, avant d’être de plus en plus fermes à partir des années 1980. De vraisemblable, l’attribution à Renier de Huy devient douteuse, puis suspecte et enfin impossible pour ceux qui prétendent que la cuve baptismale n’est pas l’œuvre d’un orfèvre, mais d’un sculpteur et d’un fondeur. Ils affirment aussi qu’elle n’a pas été fabriquée dans le bassin mosan, et qu’elle date des alentours de l’an mil. Résultat du travail d’artistes romains et byzantins, elle aurait été réalisée à Rome sur ordre de l’empereur Otton III.

Après la grande querelle qui marqua les dernières années du XXe siècle, diverses études tendent à rendre les fonts baptismaux à Liège, à l’art mosan et aux premières années du XIIe siècle. Mais ce n’est pas la biographie de Renier de Huy qui a aidé à élucider cette énigme, car de l’orfèvre et bronzier mosan, on ne sait rien, ou presque. En fait, habituellement, lorsqu’on évoque l’artiste, on parle avant tout des fonts baptismaux et des centres d’art qu’étaient Liège et Huy aux XIe et XIIe siècles. Pourtant, l’artiste a bien existé : ce « Reinerus, aurifaber Hoyensis » a vécu à Huy et est reconnu comme un orfèvre important. Pour réaliser les fonts, l’artisan a été aidé par un homme d’Église important, ancré dans la cité liégeoise. Wallon parmi les plus connus, Renier de Huy est certainement celui sur lequel on sait le moins.

 

Sources

Godefroid KURTH, dans Biographie nationale, t. XIX, col. 112-115
Godefroid KURTH, Renier de Huy auteur véritable des fonts baptismaux de Saint-Barthélemy de Liège et le prétendu Lambert Patras, dans Bulletin de l’Académie des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, août 1903, vol. 8
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 173
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 234, 244, 254, 287, 293-294, 356
Jean LEJEUNE, Renier l’orfèvre et les fonds de Notre-Dame, dans Anciens pays et assemblées d’États, 3 (1952), p. 1-27
Pierre COLMAN, Les étapes de la « querelle » des fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège, dans Bulletin de la Classe des Beaux-Arts de l’Académie royale de Belgique, Bruxelles, 2001, t. 12, p. 127-147
Pierre COLMAN, Berthe LHOIST-COLMAN, Les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège. Chef d’œuvre sans pareil et nœud de controverses, Bruxelles, 2002, Mémoires de la Classe des Beaux-Arts de l’Académie royale de Belgique, t. XIX
Pierre COLMAN, Renier de Huy : mythe et réalité, dans L’Annuaire d’histoire liégeoise, Liège, 2002, p. 21-34
Geneviève XHAYET et Robert HALLEUX (dir.), Études sur les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège, Liège, Céfal, 2006