Servais "le romaniste directeur de La Vie Wallonne" Jean

Militantisme wallon

Liège 27/09/1902, Liège 01/10/1986


De 1950 à 1986, Jean Servais a été le directeur de la respectée revue La Vie wallonne. Héritière de Wallonia, la revue avait vu le jour au lendemain de la Grande Guerre et avait passé le cap de la Seconde grâce à Charles Delchevalerie. Alors que Maurice Piron semblait devoir lui succéder, c’est Jean Servais qui, en 1950, relevait le défi de prendre les commandes d’un trimestriel ayant comme objectif d’animer et d’être l’un des représentants de la vie culturelle en Wallonie. Pendant plus de trente ans, Jean Servais assumera cette tâche ardue et difficile, tout en poursuivant sa carrière de professeur de français.

Docteur en Philologie romane de l’Université de Liège (1925), disciple de l’école mise en place par Maurice Wilmotte, professeur à l’Athénée Dinant, puis à Liège, Jean Servais partage sa passion de l’écriture dans les colonnes de L’Étudiant libéral liégeois, puis, avec quelques poèmes, dans La Vie wallonne, ainsi que dans L’Opinion wallonne, organe de l’Avant-Garde wallonne (1928-1929).

Mobilisé en mai ’40, combattant durant la Campagne des 18 Jours, Jean Servais avait été fait prisonnier de guerre, et était resté captif en Allemagne durant toute la période 1940-1945, comme 65.000 Wallons de sa génération. Derrière les barbelés du même Oflag, il partage le sort de Maurice Destenay et de Jean Lejeune. Membre du Congrès national wallon, Jean Servais participe au congrès wallon de 1945 (Liège, 20 et 21 octobre). Membre du comité général du deuxième Congrès culturel wallon de Liège (1955), il a été membre du conseil général de la section de Liège du Mouvement libéral wallon (1963) et membre du Mouvement populaire wallon. Cet engagement politique wallon restera bien distinct de son champ d’activités culturelles, même si, en 1976, il est l'un des 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi destinée à dénoncer l'extrême lenteur mise dans l'application de l'article 107 quater de la Constitution ; il plaide ainsi en faveur d'un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie. 

Poète, essayiste, romancier, dramaturge, auteur de jeux radiophoniques, Jean Servais est aussi amateur d’art, peintre, dessinateur voire sculpteur. Cet éclectisme allait le servir quand il prend officiellement les commandes de la revue La Vie wallonne (1950), après avoir épaulé Maurice Piron (1948-1950). La revue fait une large place à la philologie, à l’histoire, au folklore, à la dialectologie, à l’ethnologie et aux arts selon les contributions – sérieuses – qui sont reçues par le comité de rédaction. Ayant établi des liens stables entre la revue et la section des romanistes de l’Université de Liège, ceux-ci trouvèrent dans la revue un champ largement ouvert à leurs préoccupations et à leurs intérêts. « La Vie wallonne, c’est le reflet de l’âme d’un peuple qui se cherche dans le souvenir des ancêtres : un culte, pas un fanatisme ; une charte et non un cahier de revendications », résumait Maurice Yans en 1970. Avec son rythme trimestriel, elle se veut d’érudition plutôt qu’un réactif à l’actualité. À son décès, les clés de la revue La Vie wallonne furent remises à Jean-Marie d’Heur.

 

Sources
 


Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1477
La Vie wallonne, 1980, n°369, n° spécial « millénaire », p. 447-449 ; 1986, n°396, p. 79-83 ; 1987, n°397-400, p. 5-16
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 114
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 16, 54-59
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 100, 101, 167, 229 ; t. IV, p. 333
La Vie wallonne, IV, 1958, n°284, p. 289
Maurice YANS, La Vie wallonne, III-IV, 1970, n°331-332, p. 204-207
 


 
Oeuvres principales


D’exil et de tristesse, 1946 (poésie)
Échecs, 1946
Le sculpteur A. Droust (1886-1947), 1947
Monsieur Tic-Tac, 1948 (jeu radiophonique, prix internationaux de composition musicale et de pièces radiophoniques)
Horoscope (prix du roman 1954 de la Société belge des auteurs)
Alceste (prix de la littérature dramatique 1958 de la Société belge des auteurs)
La neige et la flamme, 1965
Itinéraires, 1966
Rediviva Vita, 1974 (poésie)
Roycourt, 1974