Trigalet Paul

Eglises, Humanisme-Egalité

Anderlues 1/06/1934

La question du logement est une problématique qui préoccupe des générations de Wallons. La Révolution industrielle et les deux guerres mondiales qui ont marqué le territoire wallon ne cessent d’avoir des conséquences sur un parc de logements souvent vétustes et en tout cas anciens, malgré les diverses initiatives publiques prises, depuis François Bovesse, notamment, pour améliorer la situation en favorisant le logement social ou l’accès à la petite propriété (terrienne). Dès 1980, le logement est devenu une compétence de la Région wallonne et ceux qui avaient formé des organisations pour peser sur la décision politique prennent en compte cette modification des structures.

C’est le cas notamment de Paul Trigalet qui a fondé, en 1973, la Fédération nationale des habitants de cités. Vingt ans plus tard, le mouvement se transforme en « Solidarités nouvelles » (1993) et Paul Trigalet préside l’Interrégionale wallonne des habitants de cités. Habitant d’un building de l’allée Verte, à Jumet depuis 1968, Trigalet a conservé de son engagement syndical au sein de la FGTB la conscience de l’efficacité d’une action concertée. Prêtre ouvrier (il a été formé au Séminaire à Tournai et a été ordonné prêtre en 1959), le vicaire de Jumet-Gohyssart avait aussi une grande conscience des inégalités sociales, déjà rencontrées lors de ses études au Collège de Bonne Espérance, au milieu des charbonnages. Impliqué dans l’action sociale auprès des jeunes des quartiers dans les années 1960, celui que l’on surnomme alors « le petit communiste » monte à Paris en 1968, avant d’entrer comme manœuvre dans la métallurgie, chez Goffart, à Monceau (1969-1974). Après une formation d’ajusteur, il entre chez Dassault, à Gosselies (1974), avant d’intégrer la cellule de reconversion des matériaux composites, à la Sabca.

C’est alors qu’il s’investit davantage dans le secteur de la défense du « Droit au logement » ; dans le milieu associatif, il développe des projets participatifs, assure la gestion d’une quinzaine de logements dont certains ont été rénovés par d’anciens habitants (projet de Sans Abri Castor), fait de la médiation paritaire du logement, à Charleroi d’abord, à une échelle plus étendue ensuite. Après le vote de la loi dite Onkelinx (1993), il mène une action de sensibilisation, au nom des collectifs wallons, afin que les dispositions légales soient appliquées. Interpellant notamment les CPAS, participant à des occupations d’immeubles vides, Paul Trigalet entend lutter ainsi contre le phénomène des « sans-abri » dont le nombre ne cesse de croître depuis les années 1980. Animateur du Groupe de travail Logement au sein du réseau wallon, porte-parole de la Coordination des résidents permanents dans les campings, vice-président du Conseil carolo du logement, son action s’étend aux habitants de campings et de parcs résidentiels, ainsi qu’à la lutte contre la mendicité, contre les expulsions et contre les marchands de sommeil.

Distingué par le prix de la Fondation Willy Peers 1994, Paul Trigalet reçoit le titre de chevalier du Mérite wallon (septembre 2012).

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse