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Vranken Paul-François

Socio-économique, Entreprise

Liège 18/07/1947

Producteurs de vins dans les vallées de la Meuse et de la Sambre pendant des générations, les Wallons ont une attirance multiséculaire pour les vins de Bordeaux, voire de Bourgogne. Depuis la disparition des vignobles mosans à l’entame du XXe siècle, seuls quelques noms de lieux rappelaient cette tradition, avant que quelques personnalités ne se distinguent dans le secteur. Après les Grafé à Namur, c’est un Liégeois qui impose son nom… en Champagne. 

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1970), Paul-François Vranken souhaite devenir notaire quand il achève ses études dans le climat de mai 1968 qui a touché son université de manière indirecte. Cette atmosphère forge son état d’esprit. Engagé par Bass and Charrington pour s'occuper depuis Paris de la distribution de whisky en France, puis du champagne de Castellane en Belgique, il s’avère un excellent vendeur et il apprend à connaître, d’un courtier en vins de Champagne, les coulisses du premier produit de luxe au monde. Après une étude fouillée du marché, P-F. Vranken se lance avec son épouse, quittant son statut d’employé pour devenir son propre patron : en 1976, il crée le nom et la marque Vranken. Bénéficiant de circonstances favorables (la crise frappe les coteaux champenois), le Liégeois saisit des opportunités pour construire un concept, une image, celle d’une marque et d’un produit de luxe. Le souvenir de son oncle, importateur de Porsche en Belgique, l’inspire.

En 1978, il fait l’acquisition de la Veuve Monnier, avant d’acheter, en 1983, le cognac Charles Lafitte et, la même année, de créer la marque de Champagne Charles Lafitte. En 1985, il donne naissance à la cuvée spéciale La Demoiselle et étend ses propriétés à la Maison Collin (1985), à la Maison Sacotte (1987), au Champagne Lallement (1992), au Barancourt (1994), avant de se porter acquéreur de la fameuse Heidsieck & Cie Monopole (1996). En vingt ans, la Maison Vranken réussit à faire pétiller dans son giron quelques-unes des plus belles bulles de la Champagne. Outre sa politique d’acquisitions, l’originalité de l’entreprise du Wallon naturalisé Français a consisté à créer l’image d’un produit de luxe et à ne pas hésiter à introduire les bouteilles de Champagne dans le circuit de la grande distribution. Inspiré des libellules du domaine des Castaignes, château et propriété qu’il a acquis à Montmort, dans les années 1980, La Demoiselle est le premier champagne à ne pas porter le nom de son créateur et dont la bouteille stylisée devient un produit d’appel de grande distribution.

Introduite en Bourse de Paris en 1998 et de Bruxelles en 1999, la Maison Vranken franchit un pas supplémentaire en intégrant Pommery en 2002. En 2005, il signe un accord de distribution mondiale des vins Listel. Si le Champagne constitue ses lettres de noblesse, il vend aussi de la liqueur de cerise, du Porto (Rozès et Sao Pedro), des vins rouges des coteaux champenois et d'ailleurs, disposant de filiales dans les principaux pays d’exportation. Financier ayant réussi à contrôler la bulle qu’il a provoquée, Vranken hisse sa maison au deuxième rang des producteurs de Champagne, avec plus de 20 millions de bouteilles vendues en 2008 : cette réussite est alors saluée par le titre de Manager de l’Année. En 2011, P-F. Vranken a lancé le projet de réimplanter plusieurs dizaines d’hectares de vignes sur les coteaux de Liège.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse