Renard André

Commandeur (Historique)

VALENCIENNES 21.05.1911 – LIÈGE 20.08.1962

Issu d’un milieu modeste, André Renard entre comme ouvrier chez Cockerill en 1932. Il contribue à y fonder les premiers noyaux syndicaux. Membre des Jeunes Gardes Socialistes, il se rend plusieurs fois en Espagne durant la guerre civile, afin d’apporter son soutien aux Républicains.

Mobilisé en 1939, il est arrêté par l’ennemi en 1940 et déporté en Allemagne jusqu’en 1942, année où il rentre en Wallonie pour raisons médicales. Commence alors un long combat, dans la clandestinité, visant à saboter l’effort de guerre allemand, tout en continuant à militer pour unir les travailleurs sur une base la plus large possible.
 
A la Libération, en marge de son action syndicale, il prend clairement position dans la Question royale contre le retour de Léopold III et figure parmi les organisateurs des grandes grèves de juillet 1950. Dans ce contexte, il apporte son soutien à la tentative avortée de constituer un Gouvernement wallon provisoire, initiative clandestine et révolutionnaire pour l’époque.
 
A partir de 1950, il s’affiche ouvertement comme militant wallon, tout en continuant à présider aux destinées de la FGTB avec le Flamand Louis Major. Au cours de la décennie 1950–1960, il pourra constater au sein du syndicat la différence de conception qui se manifeste entre Wallons et Flamands, tant dans les buts que dans les moyens. Toujours à cette époque, il dirige le journal La Wallonie, organe officiel du syndicalisme liégeois, dans lequel il développe librement ses idées wallonnes.

En 1960, la tension sociale est à son comble suite au projet de loi économique du Gouvernement : la Loi unique (« inique » pour les syndicats). Pendant l’hiver 1960 1961, la grève générale est déclenchée. Elle paralysera la Wallonie pendant plus d’un mois. Convaincu que le fédéralisme peut réformer les structures de l’Etat belge, André Renard fonde, en février 1961, le Mouvement Populaire Wallon (MPW), afin de peser plus encore sur la décision politique.

Quittant alors le monde syndical, il mobilise des personnalités de tous bords autour de son projet. Il parvient ainsi à donner une assise populaire sans précédent au Mouvement wallon qui milite alors pour l’établissement d’un juste tracé de la frontière linguistique et l’avènement d’un fédéralisme permettant de remédier spécifiquement aux problèmes économiques et sociaux wallons.

André Renard est malheureusement prématurément emporté par la maladie en 1962. Le MPW lui survit cependant et contribuera grandement à unir les forces wallonnes et à éveiller une conscience mobilisatrice, perpétuant ainsi dignement la mémoire de son fondateur.

Ayant inspiré de nombreux militants wallons, syndicalistes ou non, André Renard fut fait Commandeur du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012, un demi-siècle après son décès.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, RENARD André, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 5363