Socio-économique
30 octobre 1906
Première convention collective de travail

Pendant six semaines, la Fédération des patrons du textile et la Confédération syndicale de Verviers s’affrontent dans un conflit social inédit, qui a commencé le 19 septembre 1906 lorsqu’un lock-out total a jeté dans la rue plus de 15.000 personnes. Depuis 1902 et la création de la Confédération syndicale de Verviers, sous l’impulsion de Jean Roggeman, l’action syndicale connaît une renaissance importante dans la région de Verviers puisque l’association compte près de 7.000 affiliés en 1905. C’est par réaction que les patrons du textile ont formé leur Fédération (printemps 1906) et se sont entendus pour recourir au lock-out.
Soutenu de l’extérieur, le syndicat ouvrier parvient aussi à maintenir le calme dans les rues de Verviers et force son homologue patronal à la signature d’un accord historique : « le patronat réaffirme son autorité exclusive dans les ateliers et se met à l’abri des grèves répétées ; en échange, la Fédération syndicale obtient sa reconnaissance par les industriels, le droit pour ses militants d’exercer leur action, la création d’un organisme permanent de conciliation et la garantie d’un taux uniforme et stabilisé des salaires dans la région » (Joris&Potelle). Pour la première fois, un groupe patronal reconnaît que « le contrat de travail bilatéral doit fixer les conditions de l’emploi du personnel : taux et bases de salaire ; intensité, rapidité et durée du travail ; conditions d’hygiène, risques d’accident » (Chlepner). Cette reconnaissance est une véritable révolution sociale.