Béatrice Dooms et Jean-Pierre Mathot, Quand la pierre rencontre la peinture. 1994
Namur, rue du Tan et rue Jean-Baptiste Brabant. Accès restreint
Concilier la peinture et la sculpture en une même oeuvre, voilà qui n'est pas courant. Et qui l'est encore moins lorsque l'on sait que l'oeuvre est née de la collaboration entre deux artistes qui, jusqu'alors, n'avaient jamais travaillé ensemble. C'est pourtant ce à quoi la peintre namuroise Béatrice Dooms a immédiatement pensé lorsqu'elle a été approchée par la commission des Arts de Wallonie pour concevoir l'aménagement du hall (A) du premier immeuble de la rue du Tan, à Namur. L'artiste a alors invité le sculpteur Jean-Marie Mathot à réfléchir avec elle sur le projet d'intégration artistique.
Ensemble, ils ont imaginé d'occuper un pan de mur d'un triptyque peint bordé d'un cadre en petit granit dont la forme recoupe partiellement la toile. Ou plus exactement, il faudrait écrire que les ondulations de la pierre épousent les mouvements des personnages peints, sur lesquels elles recentrent l'attention. Figurative, la toile l'est assurément. Ce sont bien des êtres humains que le visiteur surprend au moment où les « portes » sculptées semblent se refermer sur eux. Mais il ne s'agit pas d'une figuration évidente, car la toiles portent des traces ostensibles de coups de peinture qui n'ont aucune fonction référentielle : Les formes humaines perceptibles se dissolvent dans un halo brumeux qui élimine les détails au détriment de la physionomie générale. La juxtaposition minutieuse de strates de couleurs, presque translucides, permet à Béatrice Dooms de plonger ses figures dans une atmosphère évanescente. Elle privilégie encore l'expression de points forts comme le visage, les yeux et les mains, par des rehauts lumineux. Une manière habile de dire beaucoup avec discrétion.
Deux autres sculptures de Jean-Marie Mathot complètent l'ensemble. L'une près des ascenseurs, destinée à recevoir le premier regard du visiteur ; l'autre devant le comptoir, composée d'un motif circulaire traversé par un triangle. Leurs surfaces ne sont pas uniformes, elles sont traversées de lignes incisées et griffées, comme lézardée d'un flux vital, d'une impulsion nerveuse qui tempère la froideur de la géométrie.