Révolution et Empire

La statue du Congrès de Polleur

« Ce que la France a été pour l’Europe, le Pays de Liège l’a été pour la Belgique et le Pays de Franchimont et de Stavelot pour le Pays de Liège ». C’est en ces termes que Merlin de Douai, président de la Convention nationale, saluait le 8 août 1794 les patriotes réfugiés du Franchimont qui s’apprêtaient à quitter Paris pour regagner les rives de l’Amblève, de la Hoëgne et de la Vesdre. Liège venait d’être libérée par l’armée de Sambre-et-Meuse. Cette phrase maintes fois citée situe très bien le caractère plus progressiste encore et plus radical de la révolution de 1789 dans le Franchimont. Cette tendance se traduisit notamment dans deux faits historiques importants. Ce furent d’abord, du 26 août 1789 au 23 janvier 1791, les vingt-cinq séances du Congrès de Polleur rassemblant au centre géographique de l’ancien marquisat des délégués des cinq bans de celui-ci, qui adoptèrent le 16 septembre 1789 une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la troisième au monde après celle de Virginie et de Paris, mais plus démocrate que cette dernière en certains de ses articles. Ce furent ensuite, le 23 décembre 1792, les voeux émis par les habitants des communes de Theux et de Spa en faveur de la réunion à la France, premiers du genre et imités un mois plus tard par Liège et par près de 380 autres localités de l’ancienne principauté.

 En 1964, deux militants wallons, responsables de la section verviétoise de « Wallonie libre » depuis sa création, le Verviétois Jules Nissenne (1907-1991) et le Disonais Joseph Gélis (1923-2006), prennent l’initiative d’organiser des cérémonies à l’occasion du 175e anniversaire du Congrès de Polleur et de sa Déclaration de 1789 pour rappeler à leurs contemporains l’importance de « lutter pour les droits sacrés de liberté des Citoyens et de respect de la Constitution »179. Huit ans plus tard, ce duo est encore à la base du comité créé pour le 180e anniversaire des voeux de rattachement à la France de 1792, qui souligne que « ces voeux procédaient d’un idéal de liberté et concrétisaient un droit essentiel, celui des peuples à disposer d’eux-mêmes, qu’il convient de célébrer en un temps où, de la périphérie bruxelloise aux Fourons, cet idéal, ce droit, cyniquement, sont bafoués ».

En 1989 enfin, pour le bicentenaire du Congrès de Polleur (et des révolutions franchimontoise, liégeoise et française), l’asbl « Congrès de Polleur » est constituée : elle est à l’initiative d’une route des Droits de l’Homme qui parcourt tout le territoire de l’ancien marquisat de Franchimont et est balisée par seize stèles qui égrènent chacun des droits proclamés par le Congrès en invitant le passant à la réflexion181. Une statue symbolisant le Congrès fut également installée en retrait de la stèle placée à Polleur.

Elle représente un personnage féminin portant dans ses bras le texte de la Déclaration franchimontoise.

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Adresse : 
Carrefour de la N 640 et de la voie du Vieux Chemin, 4800 Verviers
Titre alternatif : 
Statue du Congrès de Polleur

Le monument au coq à Jemappes

Depuis 1890, l’idée de réaliser une commémoration de la bataille de Jemappes était dans l’air. Cette bataille, remportée par la jeune République française le 6 novembre 1792 sur les armées autrichiennes, avait permis la victoire de la République et, à terme, le rattachement de nos régions à la France. Le symbole était fort pour le Mouvement wallon naissant. L’idée de l’érection d’un monument se précisa dans les colonnes d’un quotidien hennuyer en 1908. Un comité d’action, dans lequel se trouvait Jules Destrée, fut constitué en mai 1909 et sélectionna le sculpteur arlonnais Jean-Marie Gaspar, le plus grand spécialiste de la sculpture animalière à l’époque.

 

Carte postale ancienne évoquant la bataille de Jemappes (1792) © Collection privée

Le monument consiste en un obélisque de granit de 16 m de hauteur. À son sommet un coq en cuivre qui symbolise la puissance de la France révolutionnaire, tourné vers l’est, immense, aux lignes élégantes, se dresse vers le ciel, les ergots en bataille et le cou gonflé par le cri qu’il pousse. Il fut inauguré avec faste le 24 septembre 1911 à l’occasion du Congrès international des Amitiés françaises, en présence de quelque cent mille personnes venues de toutes les régions de Wallonie. Des Français de Lille et Valenciennes étaient également présents en nombre. Parmi de nombreuses interventions, le discours de Jules Destrée marqua les esprits par sa fougue et son éloquence. La sculpture fut détruite par les Allemands dès le 24 août 1914, et un nouveau coq réalisé par le sculpteur Charles Samuël fut installé sur l’obélisque le 21 mai 1922. Épargné par la seconde occupation, il trône toujours en haut du monument, aujourd’hui au coeur d’une cité sociale.

Tout comme Waterloo, Jemappes - célébrant une victoire et non une défaite - accueillera de nombreuses manifestations francophiles. Un premier événement y est organisé par les Ligues wallonnes affiliées à la Concentration wallonne le 14 novembre 1937. À partir de 1938, la date du 6 novembre devient celle de la célébration de l’amitié franco-wallonne. En 1950, Joseph Merlot y représente le Congrès national wallon et le 160e anniversaire de la bataille, en 1952, est l’occasion pour le Mouvement wallon d’organiser un grand rassemblement à la lumière de torches qui sont réunies en un énorme brasier au pied du monument. Une cérémonie se tient encore dans les années suivantes, à l’initiative de membres de « Wallonie libre », mais elle se fait en petit comité. Un essai de relance, par « Wallonie Région d’Europe » et l’Institut Jules Destrée, eut lieu en 1989, sans lendemain.

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Adresse : 
Butte du Campiau, 7012 Mons (Jemappes)
Titre alternatif : 
Monument au coq à Jemappes
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Le monument aux morts de Dolhain

Inauguré le 4 août 1920 sur la place principale de Dolhain, ce monument aux morts a été conçu par l’architecte Charles Vivroux et est caractérisé, comme la médaille de Verviers et les monuments de Jemappes, d’Arlon, d’Houdeng-Goegnies et Tilff (Esneux), par un coq dont la signification à la fois wallonne et francophile était indéniable en ces temps d’exaltation nationale belge. Mais de surcroît, tout comme à Arlon, ce coq est dressé sur un casque allemand! Comme ce fut le cas pour le monument de Jemappes en 1914 et pour le monument aux morts d’Arlon en 1940, il fut détruit par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale : on perdit définitivement la trace de la sculpture alors. En 1946/47, un coq en bois est installé au sommet de la colonne pour remplacer provisoirement l’emblème disparu. Il fait place en novembre 1957 à un coq en béton. Le coq toujours présent actuellement, en bronze, réplique de l’oeuvre originale, a été inauguré le 11 novembre 1959.

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Adresse : 
Place Léon d'Andrimont, 4830 Limbourg
Titre alternatif : 
Monument aux morts de Dolhain

Le monument aux morts d'Houdeng-Goegnies

Inauguré le 21 octobre 1923, ce monument réalisé par le maître carrier Rombaux-Gaudier comporte à son sommet la statue d’un coq, la majorité politique socialiste entendant bien par là rendre hommage à ses valeurs francophiles et républicaines. La société des charbonnages du Bois-du-Luc (un des principaux souscripteurs du monument) s’émut de cette signification politique et obtint des autorités communales qu’elles fassent graver sous la statue « le Coq gaulois salue la Belgique et la France ».

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Adresse : 
Grand-Place, 7110 La Louvière
Titre alternatif : 
Monument aux morts d'Houdeng-Goegnies

Le monument aux morts de Tilff

Installé au centre de la place du Souvenir, devant la maison communale de Tilff, le monument était à l’origine adossé à cette dernière et dédié aux seuls morts de la Première Guerre mondiale. Inauguré le 11 novembre 1919, il se présentait comme une stèle portant, comme partout, les noms des victimes. C’est à l’occasion du centième anniversaire de l’indépendance qu’un coq en bronze réalisé par le sculpteur Adelin Salle fut installé au sommet de la stèle le 5 octobre 1930 et que celle-ci fut placée au centre de la place, rebaptisée place du Souvenir. Le coq d’Adelin Salle fut dérobé en 1999 et remplacé par un petit coq provisoire. Le 27 septembre 2006, un nouveau coq en pierre dû au sculpteur Jacky Jansen fut placé au sommet du monument. Il est significatif que cette nouvelle inauguration eut lieu lors des fêtes de septembre, tout comme il faut relever derrière le monument, sous un arbre du parc, une stèle de la liberté portant une phrase en wallon, A Tif èl Walonerèye crèch è riglatih li lîbèrté : À Tilff, en Wallonie, grandit et brille la liberté.

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Adresse : 
Place du Souvenir, 4130 Esneux
Titre alternatif : 
Monument aux morts de Tilff

Le monument français de Châtelet

En octobre 1920, un comité provisoire se forme pour ériger un monument en l’honneur des Français morts durant la guerre. Réalisé par le sculpteur Jacques Marin, il représente la force morale repoussant la force brutale : celle-ci est symbolisée par un énorme bloc de pierres surplombant le héros qui l’arrête, alors que le coq gaulois lance un cri de victoire dans sa direction. Le monument est inauguré le 12 septembre 1921 et, par la suite, les fêtes de septembre en l’honneur de la Wallonie seront l’occasion de rassemblements. La place à proximité de ce bâtiment est par ailleurs baptisée « place Franco-Belge ».

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Adresse : 
Rue des Français, 6200 Châtelet
Titre alternatif : 
Monument français de Châtelet

Le monument aux morts français de 14-18 d'Arlon

C’est à l’initiative de la Jeunesse arlonaise, club de football créé au lendemain de la Première Guerre mondiale, qu’est érigé un monument à la mémoire des soldats français morts durant le conflit. L’architecte Lamy et le sculpteur arlonais Jean-Marie Gaspar sont sollicités et dessinent un coq gaulois perché sur une colonne de pierre. Le symbole est double : le coq symbolise la France, mais le monument rappelle nettement celui qui avait été élevé peu avant le conflit à Jemappes, à l’initiative du Mouvement wallon, dont le coq était l’oeuvre de Gaspar également, mais qui avait été dynamité par les Allemands en 1914. À la différence du coq de Jemappes, qui commémorait une victoire de la Révolution, le coq d’Arlon a la gorge tendue dans une attitude de défi, prêt à pousser un cri de triomphe à l’égard de l’ennemi et il est perché sur un casque allemand.

Fondu à Schaerbeek, il est terminé en juillet 1919. La ville d’Arlon, parée des couleurs belges et françaises, inaugure en grande pompe son nouveau monument le 17 août 1919, en présence du général de Castelnau, adjoint du maréchal Joffre. Il s’agit d’un des premiers monuments élevés en Belgique à la mémoire des morts de la Grande Guerre. Sur sa base sont inscrits les mots suivants : « À nos amis de France 1914-1918 ». Le carré des soldats français tombés à Arlon entoure le monument, à côté duquel flotte un drapeau français. Le coq actuel est une réplique de l’original, due au sculpteur Demanet, installée en septembre 1956 à la place de l’oeuvre de Gaspar qui avait connu en 1940-1945 le même sort que le coq de Jemappes en 1914-1918, en terminant dans les fonderies du Reich.

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Adresse : 
Cimetière d'Arlon, rue de Diekirch, 234, 6700 Arlon
Titre alternatif : 
Monument aux morts français de 14-18 d'Arlon
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