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Maison du bailli d'Oreye

Déjà occupé à la Préhistoire et à l’époque romaine, Bergilers constituait durant le Haut Moyen Âge un franc-alleu jusqu’en 1335 lorsque Clérembaut d’Atrive en fit hommage au comte de Namur Jean II qui releva le domaine en fief. 

La localité devint à partir du XIVe siècle le siège d’une seigneurie qui constituait une enclave namuroise en pays de Liège. 

À sa possession était attaché le droit de siéger au nombre des douze pairs qui formaient, avec le comte de Namur, le tribunal suprême du comté. Vers 1400, la seigneurie fut mise en engagère et passa entre diverses mains. Les seigneurs y possédaient une haute cour de justice et, au XVIe siècle du moins, un moulin.

L’ancienne maison du bailli est aujourd’hui le témoin le plus marquant de cette appartenance namuroise d’Ancien Régime. 

Située en retrait face à l’église, la bâtisse récemment restaurée a été construite au début du XVIIIe siècle en briques et calcaire, sous une bâtière à coyaux de tuiles. 

Située dans le baillage de Wasseiges, l’enclave de Bergilers possédait une résidence secondaire pour le bailli, personnage exerçant dans sa circonscription des fonctions judiciaires, financières et militaires : veiller à l’application des ordonnances du comte de Namur, rendre la justice en appel des jugements rendus par les prévôts, lever et collecter les impôts ou encore mobiliser les troupes en cas de conflit.

Rue du Bailli
4360 Oreye

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Frédéric MARCHESANI, 2013

 F. Dor 

Maison de l’octroi, rue de Fleurus

Située rue de Fleurus, une petite maison basse en briques autrefois chaulées construite dans les premières années du XIXe siècle, servait autrefois d’octroi.

L’octroi

Aboli le 19 février 1791 par l’Assemblée nationale, l’octroi est une taxe créée sous l’Ancien Régime dont devait s’acquitter tout qui souhaitait entrer dans les murs d’une ville. 

Les finances de l’État sont toutefois toujours aussi désastreuses après la Révolution et de nombreuses villes accumulent rapidement un déficit important. L’octroi est donc progressivement rétabli sous le Directoire pour subvenir aux besoins des communes, des hôpitaux et des hospices. 

Il est rétabli par le gouvernement par les lois des 18 octobre et 1er décembre 1798. Cette taxe locale frappe les boissons, le bétail, le bois, le fourrage et les produits alimentaires. Malgré le fait que l’octroi constitue la source principale de revenus de la municipalité, il est extrêmement impopulaire. 

La mesure se poursuit pendant quelques décennies et est supprimée en Belgique en 1860. En France, l’octroi ne disparaît officiellement qu’en 1948.

rue de Fleurus
5060 Moignelée

 

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Maison, rue de Marbaix, 10

Le prince Jérôme Bonaparte et son état-major ont passé la nuit du 18 au 19 juin 1815 dans cette demeure, après la bataille de Waterloo. 

Né en 1784 à Ajaccio, Jérôme est le plus jeune frère de Napoléon. Entré dans la marine en 1800, il participe à quelques campagnes dans les premières années de l’Empire. En 1807, il épouse Catherine de Wurtemberg, fille du roi Frédéric Ier et devient quelques jours plus tard roi de Westphalie. Reconnu par les grandes puissances, il prend part à la campagne de Russie en 1812 et doit quitter son royaume en 1813 suite aux désastres militaires de Russie et de Saxe. Il retourne pourtant à la cour de Wurtemberg après le premier exil de son frère sur l’île d’Elbe. En 1815, il suit son frère en Belgique et participe aux batailles des Quatre-Bras et de Waterloo. Après la défaite, il se replie sur Paris en compagnie du maréchal Grouchy mais quitte la France après la seconde abdication de Napoléon. Il rejoint à nouveau son épouse, vit entre Vienne et Trieste et ne rentre en France qu’en 1848 après l’arrivée au pouvoir de son neveu, le prince Louis-Napoléon Bonaparte. Sous la Seconde République, il est gouverneur général des Invalides, maréchal de France en 1850 et président du Sénat en 1851. Sous le Second Empire, il est titré prince impérial et réside au palais royal, jusqu’à sa mort en 1860. Il repose aux Invalides, non loin de ses frères ainés, Napoléon et Joseph.

 

Rue de Marbaix, 10
6110 Montigny-le-Tilleul

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Maison A l’Empereur

Créé en 1251 et détaché de Fourons-le-Comte, le ban d’Aubel faisait partie du comté de Dalhem, rattaché au duché de Brabant depuis 1239. Resté aux Pays-Bas espagnols après le partage de 1661, Aubel et les autres localités du Dalhem espagnol, passèrent aux Pays-Bas autrichiens en 1713. La seigneurie hautaine d’Aubel et sa cour de justice appartenaient directement au roi d’Espagne avant d’être vendue en 1645 par Philippe IV.

Sur la place Ernst, au centre de la localité, la maison dite « à l’empereur » témoigne de l’appartenance d’Aubel et des pays d’Outremeuse aux Habsbourgs d’Autriche depuis le traité d’Utrecht ayant mis fin à la guerre de succession d’Espagne. Cette maison construite dans le derniers tiers du XVIIIe siècle en briques et calcaire sur quatre niveaux de hauteur dégressive conserve une enseigne sculptée d’un buste de profil au-dessus de la banderole gravée « À L’EMPEREUR ». Elle est intégrée à la façade du rez-de-chaussée, malheureusement transformé depuis ; il pourrait s’agir d’une représentation de l’empereur Joseph II, selon toute vraisemblance, la construction de l’édifice étant contemporaine de son règne.

Place Ernst 29
4880 Aubel

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Classée comme monument le 2 février 1984

Frédéric MARCHESANI, 2013

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Cense du roi

Primitivement fief de Thieu, cette seigneurie passa à la famille de Gougnies au milieu du XIVe siècle pour devenir par la suite domaine privé des comtes de Hainaut. Il n’en subsiste actuellement que quelques dépendances où s’ouvre une porte surmontée d’un linteau en bâtière portant les initiales couronnées de l’impératrice Marie-Thérèse et le millésime 1758.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Hôtel Van den Steen de Jehay

Construit au début du XVIe siècle par Gérard Chevalier, chanoine tréfoncier, ce bel hôtel de maître est achevé dans la seconde moitié du même siècle par Gérard Chevalier, neveu du précédent. Il est ensuite restauré dans la seconde moitié du XVIIIe siècle sur les plans de Jacques-Barthélemy Renoz, architecte particulièrement productif en principauté à cette époque. Il tire son nom actuel de la famille Van den Steen de Jehay, occupant des lieux entre 1641 et 1866. L’hôtel est ensuite divisé en six lots lors d’une vente publique organisée en 1872 ; il s’agit des bâtiments situés entre les numéros 29 et 39 du Mont-Saint-Martin actuellement. Le nº 33 constitue l’entrée principale originelle, remaniée par Renoz et conservant une ample porte flanquée de deux grosses colonnes d’ordre toscan et surmontée d’une fenêtre munie d’un balcon de ferronnerie. Les baies du dernier étage sont couronnées d’un fronton triangulaire mordant dans la corniche de frise. Les nºs 37-39 constituent l’ancien corps d’habitation de la demeure et sont caractérisés par leur imposante toiture. Datée du XVIe siècle puis restaurée par Renoz, la riche bâtisse comprend un rez-de-chaussée entièrement élevé en calcaire et percé de deux portes. Les deux étages supérieurs, de hauteur dégressive, sont construits en brique et tuffeau et éclairés chacun par cinq baies à croisée.

Plusieurs personnalités d’importance séjournent à cet endroit sous le régime français. En 1795, le représentant de la Convention Robert s’y installe au cours de la mission d’étude de la situation de l’ancien pays de Liège que l’on venait de lui confier. Au début du siècle suivant, l’hôtel héberge le second Consul, Cambacérès, venu rendre visite aux autorités du département de l’Ourthe. Enfin, le préfet et Bonaparte y sont accueillis en 1803.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Hôtel du baillage de Tournai-Tournaisis

Sur la Grand-Place subsiste une des deux maisons de l’ancien baillage construites en 1612. De style Renaissance, la façade présente un pignon avec rampants concaves et courbes. Le siège du baillage avait primitivement été fixé au hameau de Maire à Froyennes avant d’être transféré en 1539 dans une maison de la Grand-Place, nommée « la Couronne ». Appelée également « halle du Roy », elle était ornée des armes des archiducs Albert et Isabelle. L’immeuble fut reconstruit au XVIIe siècle et comportait deux maisons détruites pendant la Première Guerre mondiale. L’une d’elles a été remplacée par un bâtiment moderne en 1930 et l’autre reconstruite dans un style assez libre à la même époque. On y retrouve sur la façade les armes de Charles Quint à la Toison d’Or.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Hôtel Raymond de Biolley

Parmi les grandes figures verviétoises de la fin de l’Ancien Régime figurent les membres de la famille Biolley. Raymond Biolley est le troisième de la lignée après l’installation de Jean Biolley au début du XVIIIe siècle et conduit la famille au sommet de la gloire. Pour la signifier, il désire se faire construire une demeure élégante et confie sa réalisation à l’architecte Henri Douha. De style Louis XVI et situé aux numéros 28-34 de la place Sommeleville, l’immeuble d’origine comporte neuf travées, dont trois en avant-corps légèrement en saillie, trois niveaux et une toiture à la Mansart avec deux lots de trois lucarnes et un fronton triangulaire. La composition est parfaitement symétrique bien que l’avant-corps soit traité différemment. Le premier étage est décoré de panneaux sculptés de draperies et de guirlandes. L’intérieur est lui aussi richement décoré, surtout dans les trois salons. Depuis l’époque de son édification sous le régime français, l’immeuble a subi les affres du temps. À droite est construite une annexe dont l’intégration est assez réussie bien que l’ensemble ait perdu sa symétrie. L’action des propriétaires successifs au XXe siècle est, elle, bien plus discutable. En 1932, les lucarnes, brisis et fronton sont supprimés pour transformer l’étage en appartements. En 1952, le rez-de-chaussée est défiguré à des fins commerciales : les bossages des façades disparaissent sous un enduit, les baies de l’avant-corps sont modifiées et de nouvelles ouvertures sont percées ! Un projet de réaffectation en espace muséal rendra à l’avenir son lustre d’antan à l’hôtel de Biolley en corrigeant les erreurs du siècle dernier.


 

Vue d’un salon intérieur de l’hôtel de Biolley © IPW

 À quelques pas de là, le bâtiment situé au 8 de la place Sommeleville était lui aussi lié à la famille Biolley. Il appartenait à Édouard de Biolley (1799-1851), bourgmestre de Verviers, colonel de la garde civique sous le régime belge mais surtout industriel de premier plan. Construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’édifice est toutefois profondément remodelé dans les premières années du XIXe siècle en style Empire. Cette rénovation apporte à la façade principale un balcon, un troisième étage ainsi qu’une travée supplémentaire percée d’un portail.

Place Sommeleville 28-34 
4800 Verviers

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Classé comme monument le 28 mai 1973

Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW - J. Massaux

Ancien hôtel du marquis de Gages

 

Cette imposante construction, signée par l’architecte Fonson, date de 1767-1768. Il s’agit d’une demeure classique composée de pas moins de quatorze travées s’élevant sur deux niveaux sur soubassement en pierres appareillées, faisant partie des nombreux très beaux hôtels de maîtres du centre historique de Mons.

L’horizontalité de la façade de briques et pierre enduites est rehaussée par les deux cordons moulurés qui séparent les niveaux ou surmontent les baies du premier étage. Cet effet est uniquement rompu par les antes à refends bordant un portail monumental fortement décentré de style Louis XV-Louis XVI. L’arc cintré est orné de claveaux à crossettes et d’une clé avec acanthe. Deux minces consoles à feuillage, reproduites également à l’étage, supportent un balcon à garde-corps en ferronnerie précédant une porte-fenêtre. Les baies sont assez similaires, seules les clés les différencient. Celles du rez-de-chaussée montrent une double rangée de perles, tandis que celles de l’étage sont caractérisées par une acanthe stylisée. Le tout est couvert d’une toiture en bâtière rythmée de lucarnes à fronton semi-circulaire.

C’est dans cet hôtel que séjourna le général Dumouriez au lendemain de la bataille de Jemappes lors des quelques jours qu’il passa à Mons avant de se diriger vers Liège.

À droite de la façade, un portail de style Louis XV-Louis XVI surmonté d’un gardecorps en fer forgé conduit vers une petite cour intérieure bordée de différentes ailes, solidarisées les unes aux autres par des angles concaves. Ceux-ci permettent un traitement en  hauts panneaux qui accueillent des stucs de grande qualité représentant les quatre saisons. 

L’hôtel a bénéficié en 2013 d’une restauration menée par la Ville de Mons. Les bâtiments accueillent aujourd’hui les locaux de l’Administration communale.

Rue d'Enghien 18
7000 Mons

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Classé comme monument  le 9 mai 1989

Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW - J. Fassaux

Ancien hôtel de Sécus

Cet important hôtel de maître construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle appartient à l’origine à la famille de Sécus. Il est transformé en 1859 en établissement d’enseignement dirigé par les sœurs de Sainte-Marie puis par les Ursulines et est actuellement la propriété du Service public fédéral Justice ; il fait office d’annexe au tribunal de Mons. 

Jadis enduite et élevée en brique et pierre bleue, la façade superpose deux niveaux de sept travées et est caractérisée par la présence d’un riche portail en pierre au niveau de la seconde travée.

Dans les jours ayant suivi la victoire de Fleurus, la maison de maître est affectée le 2 juillet 1794 au commissaire civil Jasmin Lamotze chargé d’administrer provisoirement ce qui deviendra par la suite le département de Jemappes. L’hôtel de Sécus peut à certains égards être considéré comme une préfecture provisoire. Parmi les premières actions du commissaire figure celle de nommer les membres des administrations de district qui se réunissaient dans l’ancien hôtel du charge ensuite d’organiser toutes les communes de l’ancien comté de Hainaut en municipalités à l’instar de ce qui se faisait en France.

Rue de Nimy 70
7000 Mons

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Frédéric MARCHESANI, 2014