Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Buste BRANCART Arthur

À Fauquez, un buste rend hommage à l’industriel Arthur Brancart (1870-1934), dont les activités et l’inventivité ont apporté de la prospérité à la région durant plus d’un demi-siècle. Graveur sur verre réputé aux usines de Saint-Ghislain dans les années 1880, Arthur Brancart est envoyé aux Gobeleteries et Cristalleries de l’Escaut à Anvers (1890), société qu’il va diriger, avant de restructurer une verrerie en Pologne pour le compte de la Société Générale de Belgique (1900). En 1902, il reprend la direction d’une toute jeune société installée à Fauquez, avant de créer sa propre société. En 1907, il est à la tête de la Société anonyme des Verreries de Fauquez qui, en plus de la gobeleterie, développe une activité de céramique et de verres spéciaux. Après la Grande Guerre, il invente et exploite la marbrite qui connaît un succès fulgurant, tant ce matériau a la faveur des réalisations Art Déco. Lorsqu’il disparaît en 1934, le « patron » est à la tête d’une société prospère, employant plusieurs centaines d’ouvriers, dont la plupart bénéficie d’un encadrement social (cité ouvrière, caisse de secours, établissement scolaire, etc.).

Industriel-philanthrope, Arthur Brancart est une figure marquante de sa région ; en guise d’hommage, la réalisation d’un buste en pierre noire est confiée au sculpteur Paul Joris (1887-1964) ; et dès 1934, ce buste est érigé sur la place du village de Fauquez. Sur le socle du buste une plaque en marbrite (qui évoque son invention) rend hommage à l’industriel et à son rôle social :

« Fondateur des Usines de Fauquez
Fondateur et Protecteur des Œuvres Sociales de Fauquez ».

À l’origine, le buste semble avoir fait partie d’un ensemble monumental comprenant également une religieuse avec, à ses pieds, un enfant et un ouvrier : ses personnes étaient placées à deux mètres en contre-bas du buste du « patron, dans une évidente posture paternaliste. En face, se trouvait le monument aux verriers morts, combattants ou déportés de la Guerre 14-18. L’ensemble était situé à proximité de la salle des fêtes Bien Travailler - Bien S'Amuser et du dispensaire des ouvriers. Par la suite, le monument a été déplacé ; seul le buste et son socle ont été conservés, sans que l’on sache si Paul Joris, le sculpteur, était l’auteur de l’ensemble de l’œuvre ou seulement du buste de Brancart.

Né à Molenbeek-Saint-Jean en 1887, Paul Joris se fait surtout connaître après la Grande Guerre. Certes, il n’échappe pas aux monuments aux victimes de guerre, mais celui qui s’est installé dans le Hainaut parvient à réaliser des œuvres personnelles particulièrement appréciées dans les années 1920. Travaillant le marbre ou la pierre, il réalise des bustes qui ravissent les particuliers et les décideurs publics. En 1927, il remporte d’ailleurs le Prix de sculpture du Hainaut. Il semble aussi travailler la céramique et la terre cuite. Il est décédé à Mons en 1964.

 

Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d'affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434 et 441
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

rue Arthur Brancart
1460 Fauquez

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Paul Delforge

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Plaque François BOVESSE

À divers endroits et sous diverses formes, le souvenir de François Bovesse est bien présent dans l’espace public de la capitale wallonne : une plaque avec inscription sur sa maison natale (1946), une esplanade devant la Maison de la Culture et une plaque avec un médaillon sur un mur de la Halle al’Chair (1960), une plaque sur la maison de l’avenue Cardinal Mercier à Salzinnes sur le lieu de son assassinat (1962), le mémorial François Bovesse (1964), une présence sur la Fresque des Wallons, une rue et une place dans la périphérie. Depuis peu, l’Athénée a cependant officiellement enlevé son patronyme ; quant au dragueur de mines « M909 Bovesse », il n’est plus actif.

Défenseur de sa ville natale, militant wallon, député, figure de proue du parti libéral dans l’Entre-deux-Guerres, ministre – des PTT (1931-1932), de la Justice (1934-1935 et 1936-1937) et de l’Instruction publique, des Lettres et des Arts (1935-1936) – François Bovesse avait abandonné tous ses mandats électifs lorsqu’il avait été nommé gouverneur de la province de Namur (16 avril 1937). Quelques mois plus tard, il allait être démis de ses fonctions par l’occupant. Celui qui a repris officiellement ses activités d’avocat maintient ses convictions et prend des risques. Le 1er février 1944, il est assassiné par des collaborateurs rexistes qu’il n’a jamais cessé de dénoncer. Malgré les interdictions, son enterrement donne lieu à un impressionnant rassemblement de citoyens qui manifestent ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et surtout leur admiration à un homme qui a défendu son pays et ses libertés.

Après la Libération, le Comité central de Wallonie (que présidait Bovesse jusqu’en 1937 et qui organise les Fêtes annuelles à Namur) se préoccupe d’ériger un monument en l’honneur du disparu. Il faudra attendre 1964, soit vingt années après la disparition de Bovesse pour que soit achevé le monumental mémorial sur le pignon de la Maison de la Culture. Entre-temps, d’autres initiatives ont été prises dont, en septembre 1962, l’apposition d’une plaque commémorative sur la maison qu’occupait François Bovesse, le 1er février 1944, au n°2 de l’avenue cardinal Mercier. En présence de nombreux représentants des associations patriotiques, des mayeurs de la province de Namur, du ministre Héger et du bourgmestre de Liège Auguste Buisseret, la plaque est dévoilée par le gouverneur Gruslin et par Joseph Calozet, président du Comité central de Wallonie :


« ICI FUT LÂCHEMENT ASSASSINÉ
LE 1ER FÉVRIER 1944
LE GRAND PATRIOTE
FRANÇOIS BOVESSE
GOUVERNEUR DE LA PROVINCE »


Chaque année, lors des Wallonies, le parcours des plaques fait une halte à cet endroit pour honorer François Bovesse.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, p. 51
André BROZE, Quelques discours prononcés par Monsieur le Ministre François Bovesse durant l’année 1935, Bruxelles, 1936

avenue cardinal Mercier 2
5000 Namur

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Mémorial François BOVESSE

À divers endroits et sous diverses formes, le souvenir de François Bovesse est bien présent dans l’espace public de la capitale wallonne : une plaque avec inscription sur sa maison natale (1946), une esplanade devant la Maison de la Culture et une plaque avec un médaillon sur un mur de la Halle al’Chair (1960), une plaque sur la maison de l’avenue Cardinal Mercier à Salzinnes sur le lieu de son assassinat (1962), le mémorial François Bovesse (1964), une présence sur la Fresque des Wallons, une rue et une place dans la périphérie. Depuis peu, l’Athénée a cependant officiellement enlevé son patronyme (sans évoquer la fin du dragueur de mines « M909 Bovesse »).

Défenseur de sa ville natale, militant wallon, député, figure de proue du parti libéral dans l’Entre-deux-Guerres, ministre – des PTT (1931-1932), de la Justice (1934-1935 et 1936-1937) et de l’Instruction publique, des Lettres et des Arts (1935-1936) – François Bovesse avait abandonné tous ses mandats électifs lorsqu’il avait été nommé gouverneur de la province de Namur (16 avril 1937). Quelques mois plus tard, il allait être démis de ses fonctions par l’occupant. Celui qui a repris officiellement ses activités d’avocat maintient ses convictions et prend des risques. Le 1er février 1944, il est assassiné par des collaborateurs rexistes qu’il n’a jamais cessé de dénoncer. Malgré les interdictions, son enterrement donne lieu à un impressionnant rassemblement de citoyens qui manifestent ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et surtout leur admiration à un homme qui a défendu son pays et ses libertés.

Après la Libération, le Comité central de Wallonie (que présidait Bovesse jusqu’en 1937 et qui organise les Fêtes annuelles à Namur) se préoccupe d’ériger un monument en l’honneur du disparu. En 1946, une pièce de théâtre de Jules Evrard est jouée au Théâtre afin de récolter les fonds. L’année suivante, une tombola nationale est organisée dans le même but. Avec les bénéfices de ces opérations, un concours est lancé pour confier la réalisation du « mémorial » au sculpteur monumentaliste Jacques Moeschal. Il est inauguré en grandes pompes le 18 septembre 1964. Est alors dévoilée une grande dalle de bronze, évoquant un livre ouvert, où est mentionnée une formule de François Bovesse devenue célèbre après que le ministre l’eut utilisée à la fin d’un discours qu’il prononça en 1935 devant la Societas Latina : 

« Ce qui demeure quand tout s’écroule, c’est l’âme, c’est l’esprit".

Quant à Jacques Moeschal (1913-2004), il s’agit d’un architecte de formation, ayant eu notamment Henry Lacoste comme professeur à l’Académie de Bruxelles, sa ville natale. Après la Libération, il signe plusieurs maisons comme celle d’Arthur Grumiaux, mais trouve surtout son épanouissement quand il peut agrémenter de sculptures et de bas-reliefs les réalisations de ses collègues. Collaborateur du projet de la Flèche du génie civil lors de l’Expo 58 (avec Van Dosselaer et Paduart), il commence à prendre à ce moment une dimension internationale, s’exprimant à la fois avec l’aluminium, l’acier et surtout le béton. Sur la route qui le conduit vers cette reconnaissance, il réalise, en 1964, le mémorial Bovesse, à Namur qui représente bien ce qui constitue sa signature, à savoir l’intégration de sculptures monumentales dans l’espace urbain ou sur des bâtiments d’importance (en l’occurrence à Namur, la Maison de la Culture) dans la vie des hommes. Si son Signal de Grand Bigard (1963) et son Signal d’Hensies sont bien connus de ceux qui fréquentent ces tronçons autoroutiers, les œuvres de Jacques Moeschal se rencontrent, de manière toute aussi étonnante, à Mexico, dans le désert du Néguev, à la gare du Midi ou à l’aéroport de Bruxelles.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000
André BROZE, Quelques discours prononcés par Monsieur le Ministre François Bovesse durant l’année 1935, Bruxelles, 1936
Jacques Moeschal - sculpteur architecte, collection ‘9’ dirigée par Robert NAHUM, Bruxelles, 180° éditions, Bruxelles, 2013
http://www.moeschal.be/jacques-moeschal/ (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 189

pignon aveugle de la Maison de la Culture
5000 Namur

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Paul Delforge

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Mémorial Jean-Denis BOUQUETTE

Sur les hauteurs de Huy, le long de la chaussée de Waremme, à l’entrée de la rue Mont Falise, une stèle à la forme originale a été dressée en 1974 afin de rendre hommage à un patriote hutois exécuté en mars 1794 sur ordre du prince-évêque, François-Antoine de Méan, restauré par les Autrichiens. Arrêté et condamné à mort le 20 mars 1794, Bouquette est décapité le 25 mars (le 24 juin pour certaines sources) 1794 sur la Grand-Place de Huy, pour l’exemple. Petit bourgeois partisan d’un changement de régime, ce commerçant avait commis un crime de lèse-majesté en août 1789 en apostrophant le prince-évêque Hoensbroeck. Son successeur s’en souvint et ne montra aucune pitié pour celui qui fut choisi par ses compatriotes comme officier municipal (de Dinant) lors de la deuxième révolution.

Mémorial Jean-Denis Bouquette

À l’occasion du 200e anniversaire de l’exécution de ce révolutionnaire hutois, une asbl prend l’initiative de réaliser une stèle pour lui rendre hommage. Cette asbl, Animation du Mont Falise, est déjà active dans l’organisation annuelle de l'anniversaire du feu de la Saint-Jean. Au-delà de cette manifestation, elle prend l’initiative d’un monument à la gloire de Jean Denis Bouquette et un comité Jean-Denis Bouquette (Wallonie) est créé pour l’occasion ; il sera d’ailleurs partie constituante d’une « Fédération nationale laïque des Associations des Amis des Monuments pacifistes, républicains et anticléricaux ».

Le monument se présente sous la forme d’un cube en béton dont la partie supérieure a été tranchée en biseau ; émergent de ce cube huit longues tiges en acier qui soutiennent à leur sommet une sphère ajourée. Au centre de celle-ci apparaît une mitre de prince-évêque, faite en métal. Une symbolique certaine se dégage de ce monument inauguré le 24 juin 1994 par les autorités locales. Un panneau rappelle les circonstances de l’exécution du patriote et précise que le lieu d’implantation du monument n’a pas été choisi au hasard. C’est en effet à cet endroit qu’aurait été exposée au public, afin de l’impressionner, la tête du supplicié, tête figée dans une pique.

Avec la statue Grégoire-Joseph Chapuis à Verviers, il s’agit là du second monument dédié à un patriote exécuté à la suite des événements de la Révolution de 1789 en Wallonie.


 



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Joseph Lebeau 1794-1865, Huy, 1966, p. 37
Pierre DECHESNE, Quel est le Hutois enterré sous la Grand-Place ?, dans La Meuse, 28 août 2010
Conférences de la Société d’art et d’histoire du diocèse de Liège (Volume 3-5)
http://www.liraloeil.be/Jean-Denis.pdf 
Freddy JORIS, Mourir sur l’échafaud, Liège, Céfal, 2005, p. 18
Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Paul HARSIN, La Révolution liégeoise de 1789, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1954, coll. Notre Passé, p. 173
https://sites.google.com/site/monumentsauxmortspacifistes/statuts-fnlm (s.v. mai 2013)
Conférences de la Société d’art et d’histoire du diocèse de Liège (Volume 3-5), Liège, 1888
Carlo BRONNE, Joseph Lebeau, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1944, coll. Notre passé, p. 14

au croisement de la rue Mont Falise et de la chaussée de Waremme
4500 Huy

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Paul Delforge

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Stèle et médaillon Louis BOUMAL

Située dans le Parc de la Boverie, à Liège, une stèle surmontée d’un médaillon a été installée en 1925, à la mémoire de Louis Boumal (1890-1818). Poète, écrivain, professeur de rhétorique à l’Athénée de Bouillon, cet auteur a très tôt attiré l’attention sur sa production littéraire quand la Grande Guerre éclate. Mobilisé dès le mois d’août 1914, le jeune soldat combat du côté de l’Yser, gagnant sur le champ de bataille ses étoiles de lieutenant. En octobre 1918, il est emporté par la fièvre de la grippe espagnole.

Constitué à l’entame des années 1920, un comité d’amis et d’admirateurs du poète s’assigne trois objectifs : publier une édition de ses meilleurs écrits ; ériger un monument et ramener sa dépouille dans sa ville natale. Le Comité de patronage comprend de fortes personnalités, ministres, gouverneurs, bourgmestre, écrivains, membres de l’Académie de langue et littérature françaises. Les démarches nécessaires sont entreprises pour ramener les restes du défunt de Bruges au cimetière de Robermont où une première cérémonie officielle se déroule le 16 juin 1925. Il s’agit d’une première étape. La seconde est l’œuvre de la section de Liège des Amis de l’Art wallon qui obtient le soutien de la ville de Liège et une contribution de la société des Amis de l’Art wallon présidée par Jules Destrée. Placé sous la présidence de Lucien Christophe aidé de Camille Fabry, le secrétaire, et d’une dizaine d’écrivains, le « Comité Boumal » confie la réalisation du monument au sculpteur Georges Petit (1879-1958).

Né à Lille, de parents liégeois, Georges Petit grandit à Liège et reçoit une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts où il est l’élève de Prosper Drion, Jean Herman et Frans Vermeylen. Il deviendra plus tard professeur de cette Académie. « Depuis 1901, date de ses premières œuvres, jusqu’à la guerre de 1940, Georges Petit a occupé avec autorité la scène artistique liégeoise », affirme Jacques Stiennon qui explique qu’il devait sa position aux multiples commandes officielles reçues autant qu’à sa maîtrise précoce de son art. Sa sensibilité et sa capacité à transformer une anecdote en symbole universel ont influencé durablement ses élèves, parmi lesquels Oscar et Jules Berchmans, Robert Massart, Louis Dupont et Adelin Salle. D’abord attiré par les portraits, Petit a livré plusieurs bustes de grande facture, tout en s’intéressant à la condition humaine. Marqué par la Grande Guerre, l’artiste y puise une force qui se retrouve dans ses réalisations des années 1917 à 1927, période où s’inscrit la stèle dédiée à Louis Boumal. Ensuite, comme épuisé par tant de souffrances, il choisit la peinture de chevalet et devient plus léger, sans tomber dans la facilité. Les visages humains tendent à disparaître et tant les paysages que les traditions wallonnes l’inspirent : en peinture, comme dans ses médailles (qui sont très nombreuses et d’excellente facture), voire dans les quelques sculptures qu’il exécute encore, comme la Tradition commandée par le Musée de la Vie wallonne.

En pierre calcaire, la stèle du parc de la Boverie est surmontée d’un médaillon où a été gravé le profil gauche de Louis Boumal, légèrement décalé ; les initiales du sculpteur apparaissent en bas à droite. Sur la stèle figure aussi la mention :

« À 
LOUIS BOUMAL 
1890-1918
Et plus bas :
AU POÈTE
AU SOLDAT ».

Sur la face avant, le pied de la stèle a fait l’objet d’une décoration gravée dans la pierre. L’ensemble a été inauguré le 17 octobre 1925 dans le parc public de la Boverie devant une assistance fournie : Lucien Christophe prononce un discours solide dans lequel il retrace les grands traits de la carrière littéraire de celui qui fut son compagnon d’armes. Il lit aussi des vers du Jardin sans Soleil. L’hommage se déroule en présence de Xavier Neujean, Jean Haust, Joseph-Maurice Remouchamps, Émile Jennissen, Marcel Paquot ou encore le consul général de France Labbé. Parallèlement à l’inauguration du monument, le Comité Boumal avait décidé d’attribuer un prix de 500 francs au « meilleur volume de vers de langue française publié en 1925 ». Sur base d’un rapport rédigé par Richard Dupierreux, c’est Toi qui pâlis au nom de Vancouver, de Marcel Thiry, qui est couronné.

Aménagé pour recevoir l’exposition de 1905, le parc de Boverie ne va cesser d’accueillir, dans un décor d’arbres et de fleurs, des monuments rendant hommage à des personnalités marquantes du monde culturel liégeois. La stèle « Louis Boumal » sera déplacée à différentes reprises avant de trouver place dans l’axe du pont le plus au nord.

 

Sylvie DELLOUE, Nathalie DE HARLEZ, Pierre FRANKIGNOULLE, Bénédicte MERLAND, Étude historique sur sept parcs liégeois, projet réalisé par l’asbl Homme et Ville pour l’échevinat de l’Urbanisme de la Ville de Liège, Liège, 2006
Paul DELFORGE, Société des Amis de l’Art wallon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1484-1486
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 11
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 282
La Vie wallonne, 3e année, 15 septembre 1922, XXV, p. 43-44
La Vie wallonne, 5e année, 15 juillet 1925, LXI, p. 456-457
La Vie wallonne, 6e année, 15 octobre 1925, LXII, p. 75-76 et 82

Parc de la Boverie
4020 Liège

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Nicolas BOSRET

Après la Première Guerre mondiale, François Bovesse a donné ses lettres de noblesse au décret de l’Assemblée wallonne instaurant une fête de la Wallonie. Avec la création en 1923 du Comité de Wallonie, l’organisation des fêtes à Namur est désormais structurée et pérennisée : désormais, des manifestations rendent hommage aux volontaires wallons qui ont contribué aux Journées de Septembre 1830. Mêlant discours politique, folklore wallon et namurois, le rendez-vous annuel de septembre prend plusieurs déclinaisons dont l’inauguration de plaques commémoratives en souvenir de « grands Namurois ». 

Plaque commémorative Nicolas Bosret (Namur)

En 1925, à l’initiative des Amis de l’Art wallon, en particulier de la section namuroise, la plaque apposée sur la « maison natale » de Félicien Rops est la première à s’inscrire sur une liste qui ne va cesser de s’allonger, accueillant notamment par la suite une plaque dédiée à Nicolas Bosret, apposée sur sa maison natale. Le nombre deviendra à ce point conséquent qu’une sélection annuelle est faite pour déterminer le « parcours des plaques » qui s’inscrit dans le programme des fêtes de Wallonie. La plaque de Nicolas Bosret s’impose cependant comme un passage obligé.

« COLAS BOSRET
PRUMI DIRECTEÛR DES 40 MOLONS
A V’NU AU MONDE VAICI
LI 5 DI MAUS 1799 ».


Entre Nicolas Bosret et Namur, il existe une histoire d’amour qui remonte à 1856, lorsque la ville fait du Bia bouquet son hymne propre. On sait que Namur n’était pas la muse du compositeur wallon ; celui-ci évoque dans sa chanson ses états d’âme à la veille de son mariage. Musicien, bon vivant, sociétaire de plusieurs cercles culturels et d’amusement, co-fondateur des Moncrabeau, Nicolas Bosret est un personnage entré de son vivant dans le cœur des Namurois. Pour honorer sa mémoire à d’autres moments qu’à des anniversaires, une rue porte son nom dès 1878, un important buste est inauguré en 1929 et, par la suite, une plaque est apposée sur sa maison natale dans le vieux quartier de la capitale de la Wallonie. Chaque année, durant les fêtes de Wallonie, le parcours des plaques fait inévitablement halte devant cette maison située place Maurice Servais et les 40 Molons rendent un hommage particulier à celui qui a créé leur société, celle de Moncrabeau.


Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos), 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, notamment p. 27
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 78
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-1.html 
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187
Lucien MARÉCHAL, Nicolas Bosret et le « Bia bouquet », dans Le Guetteur wallon, décembre 1926, n°11 p. 232-237
Le Guetteur wallon, novembre 1926, p. 202 ; octobre 1928, n°8-9, p. 18

à l’angle de place Maurice Servais, de la rue des Échasseurs et de la rue de la Halle
5000 Namur

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Paul Delforge

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Buste BOSRET Nicolas

Situé dans le cœur de Namur, entre l’ancienne Bourse de Commerce et le Théâtre auquel il fait face, le buste de Nicolas Bosret (1799-1876) rend hommage au compositeur du Bia bouquet. Entre le compositeur et la cité mosane, il existe une histoire d’amour qui remonte à 1856, lorsque la ville fait du Bia bouquet son hymne propre. On sait que Namur n’était pas la muse du compositeur wallon qui évoque, en fait, ses états d’âme à la veille de son mariage. 

Musicien, bon vivant, sociétaire de plusieurs cercles culturels et d’amusement, co-fondateur des Moncrabeau, Nicolas Bosret est un personnage entré de son vivant dans le cœur des Namurois et dont la mémoire est régulièrement honorée : en 1893, l’occasion en est donnée par le cinquantième anniversaire de la fondation des Moncrabeau ; en 1901, c’est le cinquantième anniversaire du Bia bouquet qui sert de prétexte à évoquer un Nicolas Bosret qui a donné son nom à rue de Namur depuis 1878. La réalisation d’un monument se fait par contre attendre. Il voit le jour au lendemain de la Grande Guerre.

Au début des années 1920, en effet, les groupements wallons de Namur se mobilisent pour élever un monument à Nicolas Bosret et le cinquantième anniversaire de la disparition de Bosret est l’occasion retenue pour concrétiser le projet. La Société des Moncrabeau coordonne l’initiative. Malgré une forte mobilisation et pour de multiples raisons, l’année 1926 s’écoule sans que le monument voie le jour. Sans cesse reporté, il est finalement inauguré : un buste réalisé en septembre 1928 est placé sur un monument original installé rue Jean-Baptiste Brabant. Lorsque les travaux seront entrepris pour réaliser le pont des Ardennes, le monument sera déplacé à proximité du Théâtre.

La réalisation du buste a été confiée au sculpteur et ornemaniste Désiré Hubin (1861-1944). Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Namur, où il fut l’élève de Ferdinand Marinus, il reçoit aussi les enseignements de Charles Van der Stappen à Bruxelles. Auteur de sculptures décoratives et d’ornementations, il devient professeur de sculpture à l’Académie de Namur à partir de 1916. Maître de Victor Demanet et de Gustave Fischweiler notamment, Hubin réalisera d’autres bustes (Theo Tonglet, René Barbier, Jules Genisson ou Ernest Montellier) que celui de Bosret.
Le buste du monument Bosret est en bronze ; il est placé au sommet d’un haut piédestal en pierre fort évasé à sa base. Sur la face avant du socle, a été représenté et sculpté dans la pierre le « blanc bouquet » ; il est surmonté par les inscriptions minimalistes suivantes :

« Nicolas
Bosret
1799-1876 ».


En 1960 (ou 1953 ?, Vandenbroucke, p. 35), le Comité central de Wallonie offre la « pierre de vérité » aux 40 Molons dans le cadre de la redynamisation des fêtes de Wallonie à Namur. À partir de 1963, le monument Bosret est réinstallé près du Théâtre où quatre Molons en uniforme montent une garde d’honneur autour de la statue de leur fondateur lors des fêtes de Wallonie, en septembre. Au pied de la colonne, là où les passants peuvent s’asseoir sur une large pierre faisant office de banc entourant et soutenant l’ensemble, apparaît, sur la partie toujours, l’emblème/l’écusson en cuivre gravé de la Société Moncrabeau. 

La « pierre de vérité » est une sorte de siège qui joue un rôle important, chaque année, début septembre, à la veille des Fêtes de Wallonie : c’est là en effet que les candidats au concours de menteries de ladite Société s’asseyent pour raconter leur « minte ». Le lauréat devient Prince-Président de la République libre des Menteurs.


Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, p. 35, 54
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 78
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-1.html
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187
Le Guetteur wallon, novembre 1926, p. 202
Lucien MARÉCHAL, Nicolas Bosret et le « Bia bouquet », dans Le Guetteur wallon, décembre 1926, n°11 p. 232-237
Le Guetteur wallon, octobre 1928, n°8-9, p. 18
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, p. 730

rue de Bavière, près du Théâtre
5000 Namur

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut  Destrée-Sofam

Buste BORDET Jules

Très tôt dans le XIXe siècle, la ville de Soignies est dotée d’une gare ferroviaire, ce qui reste relativement rare pour l’époque. Inaugurée en 1841, la gare voit se développer autour d’elle un tout nouveau quartier. L’espace se dessine progressivement ; en 1893, l’ancien kiosque est reconstruit et prend place au milieu d’un square où est érigé, en 1905, un monument dédié au travail « El Cayoteu ». C’est aussi là que les autorités locales vont honorer leur citoyen le plus célèbre. 

En 1919, l’attribution du Prix de médecine et de physiologie à Jules Bordet assied définitivement la notoriété du Sonégien. Professeur à l’Université libre de Bruxelles, chercheur à l’Institut Pasteur, Jules Bordet (1870-1961) s’est spécialisé dans l’étude de la bactériologie, la réalisation de vaccin et a ouvert à la biologie de vastes horizons dans le domaine de l'immunité. Le Prix Nobel consacre ses recherches et met en évidence l’ouvrage qu’il a rédigé durant la Grande Guerre mondiale, à savoir un Traité de l'immunité dans les maladies infectieuses.

La première décision du conseil communal de Soignies consiste à rebaptiser le square de la Station : désormais, il s’appellera le Square Jules Bordet (décision du 4 décembre 1920). Ensuite, en présence de Jules Bordet, une plaque est apposée sur la façade de sa maison natale, rue de Mons. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette maison est détruite et la plaque commémorative est sauvegardée dans les locaux de l’Athénée qui va lui aussi porter le nom de l’illustre savant, comme d’ailleurs le Centre culturel. Après son décès, une nouvelle plaque rappelle le souvenir du Prix Nobel, et est apposé au 97 de la rue de la Station.

Quant au buste, installé sur le square Bordet, face à la gare, plus personne ne semble se souvenir de quand il date, qui l’a réalisé et à l’initiative de qui il a vu le jour. Les recherches effectuées par Jean-Philippe Losfeld l’ont conduit à constater que le buste est totalement identique à celui qui se trouve sur la tombe du savant, au cimetière d’Ixelles. Cette ressemblance ainsi que la mention, sur le monument situé à Soignies, des dates 1870-1961 gravées dans la pierre, donnent à penser que le buste a été placé sur le monument au début des années 1960, peu après le décès de l’éminent Sonagien. Peut-être s’agissait-il d’une initiative des autorités communales.

Avec plusieurs effets d’étages réalisés dans la pierre, un socle longitudinal en granit supporte le buste. En plus de la mention des dates dans la partie inférieure, les mots suivants ont été gravés sur le socle, juste en-dessous du buste :

« A J. Bordet »

Très discrètement décorée, une pierre de forme carrée soutient le socle, à l’arrière, à hauteur du sol.

Bulletin de l’Amicale des Anciens élèves de l’Athénée Jules Bordet de Soignies, 2009, n°59 (http://www.amicaleanciens-ars.be/Bulletin%202009.pdf)
Informations communiquées par Jean-Philippe Losfeld (janvier 2014)

square Jules Bordet
7060 Soignies

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Mémorial Albert BONJEAN

Pendant longtemps, les seuls monuments érigés dans la Fagne ont été des croix d’occis, rappelant des moments tragiques où tel garde forestier, tel promeneur patenté ou tel couple de fiancés trouvèrent la mort dans l’étendue sauvage que constitue le parc naturel des Hautes Fagnes. Une nouvelle tradition s’instaure dans les années 1930 lorsque de grands défenseurs de la Fagne sont honorés par leurs amis : c’est le cas pour Léon Frédéricq, décédé en 1935 ; puis d’Albert Bonjean honoré de son vivant, en 1938.

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1880), Albert Bonjean a fait carrière comme avocat dans la cité lainière dont il est originaire et où il a fait ses études. Né en 1858, il est plusieurs fois bâtonnier du barreau de Verviers. S’il aime la prise de parole pour défendre ses clients, il trouve cependant son épanouissement profond en parcourant la Fagne voisine qu’il traverse de part en part, solidement équipé de vêtements et de souliers appropriés, de réserves alimentaires et de puissantes jumelles. Il n’oublie ni ses cartes ni surtout ses carnets de note qui constitueront la substance de nombreux écrits (légendes d’abord, poèmes et romans ensuite) dont la Fagne est l’héroïne principale. Déjà à l’Athénée, son professeur, Till Lorrain, l’encourageait à l’écriture. Si d’autres écrivains ont vanté certains coins de Wallonie, Bonjean est le premier chantre des Hautes Fagnes. 

Auteur d’une dizaine d’ouvrages publiés entre 1878 et 1939, il est le signataire d’une série impressionnante d’articles dans de nombreuses revues dont la ligne éditoriale manifeste notamment des sympathies libérales et de l’intérêt pour la Wallonie. Membre responsable du Touring-Club de Belgique (créé en 1895) auquel il apporte des articles pour son magazine, membre de la Commission des Monuments et des Sites, il se fait également le défenseur du patrimoine naturel et bâti, et surtout des sentiers vicinaux. Co-fondateur du Comité des Défenseurs de la Fagne (26 octobre 1911), puis de la Ligue de la Fleur, des Plantations et des Sites, il sera nommé président d’honneur des Amis de la Fagne lorsque cette asbl est constituée en 1935. Il n’eut de cesse d’obtenir la protection intégrale et officielle de la région des Hautes Fagnes et eut la satisfaction de voir ses efforts couronnés par le projet de reconnaissance de la Fagne en réserve nationale.

Mémorial Albert Bonjean

Ce sont ces différents titres qui lui valent l’honneur d’une haute stèle (3,5 mètres) où un bas-relief de bronze figure sa silhouette. L’initiative est prise par « ses amis », comme en témoigne la signature sur la face avant du monument. Le sculpteur ne pouvait omettre d’attirer l’attention sur les jumelles du jubilaire. Le lieu et le jour de l’inauguration du mémorial ont aussi valeur de symboles. Depuis plusieurs années, Bonjean s’était battu pour préserver la Fagne et, en 1931, il avait réussi à faire renaître la Baraque Michel. Cent ans après l’édification de la chapelle Fischbach, le lieu reprenait vie et redevenait un point de rendez-vous pour les amis de la Fagne. Alors que les Hautes Fagnes obtenaient le statut de Parc national, la société des Amis de la Fagne décidait d’une journée annuelle de la Fagne : le 10 juin 1936, lors de cette première, Bonjean fut au centre de tous les discours et des réjouissances. L’année suivante, c’est au tour du professeur Frédéric d’être honoré. Quant à la troisième édition de la Journée de la Fagne, elle est l’occasion d’inaugurer le monument Albert Bonjean, tandis que Jules Feller lui consacre un poème. L’œuvre est installée à la Baraque Michel, à quelques pas des tourbières, du Boultay et de la chapelle Fischbach. En 1975, il sera déplacé en bordure nord du parking de la Baraque Michel.

Les Amis de la Fagne en ont confié la réalisation à un sculpteur liégeois. Né à Grivegnée en 1883, Van Neste est à la fois peintre et sculpteur. Autodidacte pour le premier genre, il a reçu une formation à l’Académie de Liège pour le second. Retenu prisonnier dans un camp allemand pendant la Première Guerre mondiale (il séjournait à Munster en mars 1915), Van Neste représentera les conditions de sa captivité, ainsi que des portraits de prisonnier dans quelques tableaux, mais il privilégiera les paysages, les fleurs et les natures mortes dans son œuvre picturale, voire quelques scènes villageoises. Comme d’autres sculpteurs, il eut diverses commandes de monuments aux morts de la Grande Guerre dont principalement celui de Spa. Il signe aussi le buste placé au sommet du monument aux motocyclistes à Aywaille.


La Vie wallonne, août 1938, CCXVI, p. 357-374
André VLECKEN, Albert Bonjean, le Chantre des Hautes Fagnes, sa vie, son œuvre 1858-1939, Verviers, Vinche, c. 1941
http://www.osotatarl.com/monument_chapuis.86.html#Baraque%20Michel 
http://www.mini-ardenne.be/encyclopedie.phpdisplay=theme&commune=JALHAY&localite=HAUTES_FAGNES&P=1 (s.v. mars 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 672
Benjamin STASSEN, La Fête des Arbres. L’Album du Centenaire. 100 ans de protection des arbres et des paysages à Esneux et en Wallonie (1905-2005), Liège, éd. Antoine Degive, 2005, p. 60
Bulletin de l’Association pour la Défense de l’Ourthe, juillet-septembre 1939, n°114, p. 190
R. COLLARD et V. BRONOWSKI, Guide du plateau des Hautes Fagnes, Verviers, éd. des Amis de la Fagne, 1977, p. 303

Baraque Michel – 4845 Jalhay

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Pierre BONAPARTE

C’est à l’occasion de l’ouverture d’un Musée Bonaparte aux Épioux qu’une plaque commémorative est inaugurée dans ce château proche de Florenville, le 6 octobre 1950. L’initiative en revient à l’Académie luxembourgeoise présidée par Pierre Nothomb qui, depuis la Libération, parsème la province de Luxembourg de mémoriaux dédiés à des personnalités illustres qui ont vécu, séjourné ou sont passées par la « Belle province ». Après Pétrarque, Châteaubriand, Shakespeare et Perk, c’est au tour de Pierre Bonaparte de retenir l’attention de cette Académie héritière de l’Association des Écrivains ardennais.


ICI VECUT 
DE 1862 À 1871
LE PRINCE 
PIERRE NAPOLÉON
BONAPARTE
QUI Y TROUVA 
DANS LES RUDES PLAISIRS 
DE LA CHASSE
ET L’AMITIÉ DES ARDENNAIS
LES SEULS JOURS DE REPOS
DE SA VIE
AVENTUREUSE


indique la plaque de schiste apposée sur le pignon de façade du vieux manoir ardennais dont Bonaparte fut quelque temps le propriétaire.

Neveu et cousin de deux empereurs des Français, Pierre Bonaparte n’a pas marqué la grande histoire de son empreinte à l’instar de Napoléon Ier ou de Napoléon III. Fils de Lucien Bonaparte, Pierre Bonaparte naît à Rome en 1815 quelques jours avant l’exil à Saint-Hélène de Napoléon Ier, son oncle. Davantage attiré par l’équitation et par le maniement des armes que par l’enseignement des Jésuites d’Urbino, il est mêlé à diverses intrigues et péripéties (dont la Rivoluzione di Romagna de 1831 et des faits d’armes condamnables) qui l’obligent à trouver refuge en différents endroits (États-Unis, Londres, etc.) avant finalement de trouver refuge à Mohimont, dans un Luxembourg dont le sort n’a pas encore été définitivement fixé par les traités (1838). 

Dix ans plus tard, il délaisse sa vie rythmée par la chasse, l’étude et l’écriture pour se joindre, à Paris, à la Révolution. Désigné comme représentant de la Corse à l’Assemblée nationale, le député de l’extrême gauche est nommé chef de bataillon à la Légion étrangère. Ces expériences tournent court ; en 1851, il s’éloigne de son cousin Napoléon III. Après un séjour en Corse (1852-1859), il revient en province de Luxembourg : à Daverdisse d’abord (1859), en louant le château d’Orval ensuite (1860-1862), avant de se porter acquéreur du château des Épioux (1862-1870). Se passionnant pour l’écriture, il fait installer une presse d’imprimerie et, comme l’observe Édouard Hizette, plusieurs de ses ouvrages de l’époque (dont La Bataille de Calenzana) portent l’inscription «Imprimerie des Épioux». 

En 1869, lors d’un séjour à Paris, la plume de Pierre Bonaparte s’éloigne de la poésie pour piquer les adversaires de Napoléon III auquel il accorde à nouveau ses faveurs. La joute scripturale dégénère et Pierre Bonaparte tue un des témoins du journaliste adverse qui le provoquait en duel. L’affaire fait grand bruit et la tombe spectaculaire de Victor Noir – un gisant en bronze – qui, au Père Lachaise, reste un lieu très fréquenté, alimente le mythe de l’un des derniers duels mortels de l’histoire de France qui entoure les protagonistes. Acquitté après un procès particulièrement suivi par l’opinion publique (1870), Pierre Bonaparte repasse la frontière, séjourne à Rochefort (1870-1875), avant de s’installer à Bruxelles (1875-1877), puis à Versailles (1878-1881) où il s’éteint. De ses relations et mariages, Pierre Bonaparte n’eut qu’un fils comme héritier, Roland (1858-1924). Ce dernier est le père de Marie (1882-1962). Celle qui épousa en 1907 le fils du roi de Grèce deviendra, dans l’Entre-deux-Guerres, la propagandiste enthousiaste de l’œuvre de Freud ; considérée ipso facto comme psychanalyste, la princesse de Grèce et du Danemark est aussi reconnue comme écrivaine à partir de 1933 quand elle publie une impressionnante biographie sur Edgar Poe.

C’est elle qui est l’invitée d’honneur de l’Académie luxembourgeoise, en 1950, pour l’inauguration du « Musée Bonaparte » aux Épioux, en même temps qu’est dévoilée la plaque commémorative. Lancé par l’Académie luxembourgeoise, le projet de Musée – dont Arsène Geubel, membre de l’Académie, est le conservateur – ne survivra pas aux années 1960 aux Épioux ; il est transféré au Moulin Maron à Florenville, avant d’être hébergé dans une maison de la rue de la Station (1961-1970), puis de fermer définitivement. Le Musée conservait quelques souvenirs du « baroudeur et chasseur invétéré, rejeton turbulent, exilé pour cause de son sang… », ainsi que le qualifie Jean-Marie Cauchies. Organisée au printemps 2009, une exposition montée par le Cercle archéologique et historique de Florenville témoigne que les objets et livres provenant de l’ancien Musée n’avaient pas disparu. 

Mais c’est surtout Pierre Nothomb qui a contribué à mettre en évidence l’attachement particulier de Pierre Bonaparte pour la province de Luxembourg. Au-delà de ses écrits très fouillés, s’appuyant sur de riches archives familiales, le président de l’Académie luxembourgeoise est en effet le principal initiateur tant du musée que de la plaque apposée sur le mur du « château du Prince Pierre », aux Épioux, faisant de Pierre Napoléon « un homme du pays », « un Ardennais », « un Luxembourgeois » ; « ce n’est qu’à la veille de sa mort que l’ancien châtelain des Épioux s’arrache à ce pays wallon-luxembourgeois qui est vraiment devenu son pays ! », rappelle Pierre Nothomb qui a établi avec méticulosité que le berceau de la famille maternelle de Pierre se situe précisément dans un espace compris entre Mohimont, Carignan, Orval et Florenville (p. 97-116).

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://pierrebonaparte.skynetblogs.be/ 
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php?jour=18700112 (s.v. juillet 2015)
La Vie wallonne, IV, n°252, 1950, p. 300
Les Cahiers de l’Académie luxembourgeoise, Chronique 1938-1958, Arlon, Fasbender, 1959, nouvelle série 1, p. 19-20
Édouard HIZETTE, Pierre Napoléon Bonaparte (1815-1881), Prince à Orval et aux Épioux, dans Le Pays gaumais, 2003-2004, Virton, 2010, p. 167-183 (intro. De J-M. Cauchies)
Pierre Napoléon Bonaparte (1815-1881), neveu de l’empereur Napoléon Ier, prince aux châteaux d’Orval et des Épioux, Jamoigne, ancienne grange du Faing, exposition, avril 2009
Lucien PETIT, Revue Ardenne et Meuse n° 5
EUGÉNIE DE GRÈCE, Pierre Napoléon Bonaparte, Paris, Hachette 1963
Pierre NOTHOMB, Curieux personnages, Bruxelles, Brepols, 1942, p. 89-116
Adrien DE PRÉMOREL, L’Avenir, 26 octobre 1950
Témoignage du propriétaire du manoir (août 2015)

Les Épioux
6820 Florenville

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Paul Delforge