Buste Gilles Demarteau – KIK-IRPA

Buste Gilles DEMARTEAU

Buste Gilles Demarteau, réalisé par Berthe Centner, 28 juillet 1923.

En 1907 déjà, un buste dédié au peintre Léon Philippet avait été inauguré dans le parc de la Boverie, à deux pas du palais construit pour l’Exposition universelle de 1905. En juillet 1923, un deuxième buste est inauguré. Il est destiné à commémorer Gilles Demarteau (1722-1776), considéré comme un graveur ayant acquis une grande renommée à Paris au XVIIIe siècle. L’initiative en revient à l’Œuvre des Artistes, présidée par Hogge, qui remet à la ville de Liège le buste en bronze coulé, dû à Berthe Centner. Adossé à la façade principale du Palais des Beaux-Arts, le buste (70 cm) est posé sur une stèle de style Louis XV, en pierre d’Euville. Sobrement était mentionné sur la stèle :

« Gilles Demarteau. 1722-1776 »

Pour l’inauguration en 1923, le tout Liège est présent, bourgmestre, parlementaires, échevins, professeurs d’université, militaires, consul de France, ainsi que des artistes, dont Berthe Centner. Recevant le buste officiellement au nom de la ville de Liège, l’échevin des Beaux-Arts, Olympe Gilbart, exprime le vœu de voir le parc de la Boverie « s’enrichir d’autres monuments rappelant les titres de Liégeois qui s’illustrèrent aux différentes époques dans le domaine des arts et des lettres ».

Peu connue, la Verviétoise Berthe Centner (Lambermont 1866 – Verviers 1950)) s’était distinguée avant la Grande Guerre par ses bustes ; elle avait participé à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910 et à plusieurs Salons de cette époque, et elle avait réalisé le buste de Gilles Demarteau pour une exposition sur le graveur de Louis XV, organisée – déjà – par l’Œuvre des Artistes, avec le soutien de la ville de Liège et le concours de collectionneurs. Cette exposition s’était tenue à Liège, de juin à septembre 1912. La ville avait acheté le buste en plâtre à Berthe Centner (il se retrouvera dans les collections du Musée de l’Art wallon). 

Dans le même temps, avait été émise l’idée de commander un buste en marbre ou en bronze, afin de le placer dans un square de Liège, une fois l’exposition terminée. La décision semble même avoir été prise dès le mois d’août 1912 et le parc de la Boverie est déjà choisi pour l’accueillir. Les événements internationaux ne permettent cependant pas de concrétiser rapidement ce projet. L’Œuvre des Artistes n’y renonce pas et, en 1923, celle qui est membre du Cercle des Beaux-Arts de Liège peut assister à l’inauguration d’un monument qui trouve place dans le plus beau parc de la Cité ardente. En 2014, force est de constater que le buste et le socle ont disparu sans laisser de trace.

Contemporain d’André-Modeste Grétry, Gilles Demarteau (1722-1776) a marqué le XVIIIe siècle français par des estampes particulièrement appréciées. Issu d’une famille de maîtres armuriers liégeois, il  bénéficie de l’enseignement de J-B. Coclers avant de rejoindre Paris, où il rejoint son frère (circa 1740). Sa famille semble en effet posséder à Paris une boutique d’orfèvrerie établie sur le quai éponyme. Excellant dans son art, Demarteau entre à la Monnaie de Paris en 1762, en qualité de graveur-ciseleur juré. 

À côté de cet emploi au service du royaume de France, Demarteau développe une production propre comme graveur d’estampes (1751-1776). La technique qu’il a mise au point lui assure renommée et reconnaissance : appelée « la gravure en manière de crayon », elle consiste, au moyen d’outils spéciaux (dont la roulette), à produire des fac-simile de crayon qui ont l’apparence exacte de l’original. Selon certains auteurs, Demarteau est l’inventeur de la technique en question, mais d’autres la lui contestent (l’attribuant au Nancéen Jean-Charles François). Nul ne peut toutefois lui enlever le mérite d’avoir porté le procédé à la perfection. 

En 1766, Gilles Demarteau est agréé à l’Académie et en 1769, il est reçu comme Académicien. Ses gravures d’après Boucher et Cochin font tourner la tête au tout Paris : ses mécènes et protecteurs se font nombreux. Il reproduit aussi des œuvres de Watteau et de Fragonard. En 1770, il est nommé graveur des dessins du Cabinet du roi. À son décès, en 1776, il avait atteint le sommet de sa gloire. Après être tombée quelque peu dans l’oubli au XIXe siècle, l’œuvre de Demarteau est redécouverte au début du XXe siècle quand l’art du XVIIIe siècle revient à la mode. Quelques-unes de ses gravures suscitent l’admiration lors d’une exposition à Paris en 1906. C’est cependant dans sa ville natale que, sous le patronage de la ville, la Bibliothèque centrale expose plus de 200 gravures de Gilles Demarteau et de son neveu, Gilles-Antoine. 

Source

La Vie wallonne, 15 août 1923, n°XXIX, p. 580-581
La Vie wallonne, I, 1977, n°357, p. 26-29
La Belgique artistique et littéraire, juillet-septembre 1912, n°82-84, p. 113
L’Art moderne, 25 août 1912, n°34, p. 269
Cor ENGELEN, Mieke MARX, Dictionnaire de la sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. I, p. 480
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 203
Albert DE NEUVILLE, Gilles Demarteau, Turnhout, 1920, coll. « Les Grands Belges », dont p. 27
Exposition Gilles Demarteau : Graveur du roi membre de l'académie royale 1722-1776, catalogue illustré, Liège Œuvre des Artistes, 1912
Serge ALEXANDRE, Virginie VOETS, Gilles Demarteau (1722-1776) : graveur liégeois au service des rois de France, Liège, 1998
Édith MICHA, Gilles Demarteau, graveur liégeois au service des rois de France, Liège, 2004
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 292-293

Buste Gilles Demarteau

 

Parc de la Boverie 
4020 Liège

carte

Paul Delforge