Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Statue Arlette de Huy
Statue Arlette de Huy, réalisée par André (Fanneau) de la Horie, 1986.
À deux pas de la Grand Place de Huy, une place ouverte vers l’avenue des Ardennes accueille, dans un décor de bandes dessinées, un groupe monumental composé d’un ancien bassin-abreuvoir, d’un bloc de pierre en forme de stèle évoquant une sortie de fontaine, lui-même surmonté d’une statuette. Sur le bloc, une plaque en cuivre contient l’inscription suivante en lettres d’or :
ARLETTE de HUY
MERE DE GUILLAUME
LE CONQUERANT
DON DU ROTARY CLUB
DE HUY
À l’avant du bassin, une autre plaque noire aux lettres blanches identifie tous les éléments de cet ensemble composite :
Arlette de Huy
André de la Horie, 1986. Don du Rotary.
Autrefois fontaine, il n’est reste que la
sculpture évoquant la mère supposée de
Guillaume le Conquérant (1066).
Offerte à la ville de Huy par le Rotary Club local en 1986, la statue est du Hutois André Fanneau de la Horie, qui en tira la forme en travaillant de la terre d’Andenne, avant que la fonderie Peeters n’en fasse un bronze, solidement arrimé dans une pierre de Vinalmont.
Habituellement l’année 1066 fait référence, à Huy, à la charte de franchises accordée, un 27 août, par le prince-évêque de Liège, Théoduin, qui reconnaissait ainsi des libertés aux bourgeois de la cité mosane : il s’agissait là de la première charte d’Europe du Nord. La même année, après la bataille d’Hastings, Guillaume le Conquérant prenait la couronne d’Angleterre et si un lien doit réunir Huy à l’Angleterre, en dehors de la date de 1066, c’est par l’intermédiaire d’Arlette. Ainsi que l’a bien montré Chantal du Ry, la perplexité se mêle à la complexité lorsque l’on essaye d’identifier les ancêtres de Guillaume le Conquérant, en particulier lorsqu’il s’agit de dresser la biographie d’Arlette.
Personnage historique ou légendaire, Arlette (dite aussi Herlève, Arlot, Arleite, etc.) serait, selon une des traditions qui remonte au XIIIe siècle, la fille de Fulbert (ou Herbert ou Robert) et de Doda (ou Duwa), couple qui se maria à Huy en 1004. Tanneur de son état, Fulbert aurait épousé une princesse d’Écosse qui se serait échappée du couvent sainte Begge d’Andenne. Ayant décidé de quitter Huy pour la France, le couple se serait trouvé en Normandie, à Falaise, un jour de 1027 où le jeune Robert le Libéral (dit aussi Robert le Magnifique), duc de Normandie, croisa la route de la jeune Arlette et en tomba amoureux.
De leur union illégitime serait né Guillaume II, dit le Bâtard, futur Guillaume le Conquérant et roi d’Angleterre… Si l’histoire est belle, bien fol qui s’y fie, tant les versions varient. En Normandie, Arlette est surnommée Arlette de Falaise, tandis qu’une autre tradition fait partir les parents d’Arlette de Florennes. Néanmoins, les Hutois ont adopté depuis longtemps la version de Maurice de Neufmoustier, « le plus ancien historien de Huy » (du Ry) et le Rotary local n’a fait que s’inscrire dans cette tradition en invitant le sculpteur André de la Horie à en réaliser la statue.
C’est au hasard des activités professionnelles de son père qu’André Fanneau de la Horie naît à Louvain en 1923. Enracinée en Normandie depuis des générations, la famille des Fanneau de la Horie compte quelques ancêtres qui s’illustrèrent dans l’histoire de France, comme le fameux général qui tenta un coup d’état contre Napoléon. Mais, loin de la Normandie, c’est d’abord à Maredsous qu’André suit des humanités artistiques, avant de s’orienter vers des études d’ingénieur à l’Université catholique de Louvain. Ingénieur industriel, il séjourne notamment au Congo (1955-1958) et en Algérie (1975-1981).
À l’heure de la retraite, André Fanneau de la Horie s’établit à Couthuin-Surlemez, dans une ancienne bâtisse qu’il rénove et où il se consacre désormais à la sculpture : il s’était passionné pour cet art quand il était adolescent, avait fréquenté l’Académie de Louvain et Saint-Luc, mais sans jamais trouver le temps de s’adonner pleinement à sa passion. Le modèle féminin l’inspire constamment, qu’il s’agisse de travailler le bois, la pierre, la terre cuite ou le bronze. Professeur de sculpture aux ateliers du Cercle Li Cwerneu, il y donne pendant plus de dix ans des cours qui influencent durablement le style de ses élèves, de même que celui de ses deux filles, Barbara et Brigitte, toutes deux artistes. En acceptant l’invitation du Rotary de sculpter Arlette de Huy, André de la Horie renoue aussi avec les racines familiales normandes. Il exposera à Huy à deux reprises, avant son décès, en novembre 1998.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont l’article de Jacques Henrard, dans Vers l’Avenir, Huy-Waremme, 13 novembre 1998
Chantal DU RY, Huy : histoire d’une ville à travers ses légendes et des monuments, Liège, Cefal, 2000, p. 63-69
Freddy VAN DAELE, Arlette de Huy, Hosdent, 2007
François BAIX, La légende d’Arlette de Huy, dans Namurcum, bulletin de la Société archéologique de Namur, 1954, t. XXVIII, p. 1-12
http://www.pays-de-huy.be/statues_de_huy.htm
http://www.standbeelden.be/standbeeld/2045 (s.v. juin 2014)
en Mounie, avenue des Ardennes
4500 Huy
Paul Delforge