L’évolution des alliances européennes (1919-1939)

Au sortir de la Grande Guerre, la France s’empresse de confirmer ses bonnes relations avec plusieurs pays d’Europe, signant une Entente avec l’Angleterre (1919), une Convention militaire avec la Belgique (1920) et d’autres alliances bilatérales avec la Pologne (1921), la Tchécoslovaquie (1924) et la Roumanie (1926) (non représentées sur la carte). Certes, de nombreuses dispositions ont été ratifiées par les Traités de Versailles pour rétablir la paix en Europe, mais leur mise en application génère des difficultés. Après la crise de la Ruhr, la paix paraît consolidée par la signature des accords de Locarno (16 octobre 1925) : l’Allemagne reconnaît alors les frontières fixées du côté occidental, en particulier la perte de l’Alsace-Lorraine et d’Eupen-Malmedy ; par contre, le tracé des frontières orientales sera encore soumis à des conventions d’arbitrage.
Installée à Genève dès 1919, la Société des Nations – dont le premier président est le libéral bruxellois Paul Hymans (1919-1921) – a été créée dans le but de réguler les conflits en se fondant sur de nobles principes (désarmement, résolution pacifique des conflits, prévention). La SDN a cependant des faiblesses et ne peut empêcher que le jeu des alliances bilatérales se poursuive. Ainsi Rome se lie-t-elle tour à tour à l’Autriche, à la Hongrie, à la Bulgarie et à l’Albanie (non représenté sur la carte), tandis que d’autres accords « d’assistance » se nouent dans une atmosphère de remise en cause des démocraties et d’arrière-pensées bellicistes (cfr la carte). Quand l’Allemagne réoccupe militairement la Rhénanie, elle foule du pied les accords de Locarno. En l’absence d’une forte réaction internationale et surtout des garants de la paix, le Reich continue à transgresser les difficiles équilibres en reprenant la Sarre, en annexant l’Autriche (Anschluss), avant de s’en prendre aux Sudètes (1938). Cédant à Hitler pour préserver la paix, la France et l’Angleterre signent les accords de Munich avec l’Allemagne et l’Italie (30 septembre 1938), suscitant le commentaire célèbre de Winston Churchill : « Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre ».

Références
FH05-314 ; HiP91 ; HiP102


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)