C. Bailleux - DPat - SPW

Immeuble, rue Van Opré n° 89

Petit immeuble de bureaux de trois niveaux construit fin 1984 à l’angle des rues Van Opré et Kefer, dont l’entrée se situe d’ailleurs dans cette dernière.

Le troisième Exécutif de la Région wallonne (juin 1983 – décembre 1985) De gauche à droite et de haut en bas : Philippe Busquin, Jean-Maurice Dehousse, André Damseaux, Valmy Féaux, Jacqueline Mayence et Melchior Wathelet © Collection privée

Abritant aujourd’hui des services de la Communauté française (Allocations d’études et Protection judiciaire), cet immeuble fut édifié à la demande du cabinet du Ministre Valmy Féaux qui venait de s’installer à Namur, pour y loger sa cellule « Emploi ». C’est là qu’eut lieu le 13 mars 1985 la première réunion de l’Exécutif régional en territoire wallon. De 1988 à 1992, la cellule « Implantations » du cabinet du Ministre-Président Bernard Anselme (installé rue Kefer) occupa les lieux.

"L’installation de mon cabinet à Namur m’astreignit à de fréquentes navettes vers Bruxelles où restaient localisés les autres Ministres de la Région wallonne. Les réunions de l’Exécutif se tenaient chez le Ministre-Président au boulevard de l’Empereur tous les mercredis. J’obtins quand même que l’Exécutif se réunisse quelques fois à Namur. La première réunion de l’Exécutif à Namur eut lieu le mercredi 13 mars 1985 dans les locaux fraîchement terminés – l’eau sourdait encore des murs – du bâtiment annexe destiné à la cellule « emploi ». La presse salua cette réunion comme un événement historique : des Ministres wallons qui pour la première fois tenaient leur réunion à Namur". Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 97. 

Rue Van Opré 89
5100 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Spitaels Guy

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Ath 03/09/1931, Bruxelles 21/08/2012

Député wallon : 1974-1977 ; 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995-1999
8e Ministre-Président wallon : 1992-1994*
7e Président du Parlement wallon : 1995-1997*
 

Docteur en Droit (1955) et licencié en Sciences politiques et sociales (1957) de l’Université catholique de Louvain, diplômé en Hautes Études européennes du Collège de Bruges (1958), Guy Spitaels effectue une recherche d’un an au Congo (1959-1960), est associé – comme conseiller – à la Table ronde économique sur ce pays à la veille de son indépendance (1960), avant de devenir chercheur à l’Université libre de Bruxelles, plus particulièrement à l’Institut de Sociologie Solvay (1958-1964). Nommé directeur de recherche de l’Institut (1964-1968), il dirige ensuite le Centre d’Économie sociale et de Sociologie (1968). Maître de conférences à l’Institut du Travail de l’ULB (1961-1964), professeur ordinaire (1966-1971), professeur extraordinaire (1975), il ne cessera jamais, quelles que soient ses occupations, de remplir certaines charges d’enseignement dans des écoles supérieures, dont le Collège de Bruges et la Faculté de Droit de l’Université de Reims.

Affilié au parti socialiste à la suite des grèves wallonnes contre la Loi unique de l’hiver ’60-’61, Guy Spitaels adhère également au Mouvement populaire wallon (1961), mais cette filiation ne le conduit pas à des prises de responsabilité politique dans les années soixante. C’est comme chargé de mission spécial, avec rang de Chef de Cabinet, auprès du ministre de l’Emploi et du Travail, Louis Major, que G. Spitaels fait ses premiers pas en politique. Appelé par André Cools, il entre ainsi dans le gouvernement Eyskens-Cools II (20 janvier 1972-26 janvier 1973) pour organiser une « conférence pour l’emploi ». Quand Edmond Leburton forme un gouvernement tripartite, A. Cools pousse G. Spitaels à accepter de devenir le chef de Cabinet du nouveau Premier ministre. Il est en charge des dossiers économiques (26 janvier 1973-25 avril 1974). Les élections anticipées du 10 mars 1974 constituent la première apparition de G. Spitaels comme candidat du PSB. Septième sur la liste dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron, il réalise le 3e score des socialistes (1.163 vp.) et est désigné par son parti comme sénateur provincial du Hainaut (20 mars 1974).

Malgré son souhait de voir se constituer rapidement des institutions politiques wallonnes, Guy Spitaels refuse de voter la loi de régionalisation provisoire du duo Perin-Vandekerckhove (loi ordinaire du 1er août) et il boycotte les travaux du Conseil régional wallon provisoire dont il est membre de droit (novembre 1974-mars 1977). Le 19 juin 1976, son exposé devant le 10e congrès des socialistes wallons réunis à Jolimont porte sur l’évolution défavorable de la démographie et de l’emploi en Wallonie. Dans un rapport dont il a choisi lui-même la thématique, G. Spitaels constate que la minorisation de la Wallonie ne cesse de s’accentuer. Une semaine plus tard, le PSB-BSP adopte un plan de régionalisation définitive qui a l’accord de la FGTB.

Élu directement comme sénateur à partir de 1977, Guy Spitaels est choisi comme ministre de l’Emploi dans la nouvelle équipe de Leo Tindemans. Initiateur des projets CST et des stages Onem, et négociateur de l’accord sur la réduction du temps de travail à 38h/semaine, le ministre Spitaels est associé aux discussions institutionnelles. Vice-Premier ministre en charge du Budget dans les gouvernements Martens I (3 avril 1979-16 janvier 1980) et Martens II (23 janvier 1980-18 mai 1980), vice-Premier ministre en charge des Communications dans les gouvernements Martens III (18 mai 1980-7 octobre 1980) et Martens IV (22 octobre 1980-26 février 1981), Guy Spitaels est le chef de file du PS. Sous le gouvernement Martens III, l’accord décisif est scellé et, durant l’été 1980, le sénateur adopte les dispositions mettant notamment en place les bases définitives des institutions régionales, hormis pour Bruxelles. Dès le 15 octobre, il siège au sein du nouveau Conseil régional wallon.

En février 1981, à l’issue d’un deuxième tour serré, Guy Spitaels est élu à la présidence du PS où il succède à A. Cools qui soutenait sa candidature. Renonçant à ses fonctions ministérielles, le nouveau président est conscient que sa première mission sera de rassembler les diverses composantes de la famille socialiste, avant de repositionner le PS comme principale force politique de Wallonie. S’opposant à toute atteinte à l’index, le président Spitaels rejette fermement la fusion entre la Communauté française et la Région wallonne et plaide en faveur d’un fédéralisme reposant sur trois régions fortes. Menant l’opposition aux thèses néolibérales, le président du PS – qui exerce alors conjointement les mandats de sénateur, de membre du Conseil régional wallon et du Conseil de la Communauté française, ainsi que de bourgmestre d’Ath depuis 1977 – donne à son parti une image de socialisme gestionnaire et s’érige en défenseur de la Wallonie, face à l’omnipotence du CVP, principal parti « d’un État belgo-flamand ». La présence de José Happart sur la liste européenne du PS en 1984 est un maître atout. Patient, Guy Spitaels assure au PS un succès historique en  décembre 1987, surtout en Wallonie (43,9%) où le PS fleurte avec la majorité absolue. La négociation pour le gouvernement national en sera d’autant plus difficile : informateur, Guy Spitaels ne convainc pas les battus du CVP et il faut 100 jours pour sortir de l’impasse. Néanmoins, il parvient à casser l’alliance PSC-PRL et à imposer ses scénarios tant sur le plan socio-économique que sur le plan institutionnel. Une formule moyenne est trouvée pour Fourons et, en janvier 1989, les parlementaires votent la communautarisation de l’Enseignement, la régionalisation de nouvelles compétences, la reconnaissance de Bruxelles comme capitale, ainsi que les accords de la Saints-Innocents. Tout en s’attachant à réconcilier les mécontents de son camp, Guy Spitaels renonce à mener la liste du PS aux européennes de juin 1989, mais assure la présidence de l’Union des Partis socialistes de la Communauté européenne (janvier 1989-juillet 1992), et est vice-président de l’Internationale socialiste (1989-1992).

Si les questions internationales l’attirent, la troisième phase de la réforme de l’État reste à mener. Les difficultés rencontrées par les ministres de l’Enseignement de la Communauté française et la crise portant sur les licences des exportations d’armes témoignent que le processus de fédéralisation doit être poursuivi. Attendu comme Premier ministre ou comme ministre des Affaires étrangères, le président du PS est le négociateur informel de la reconduction des majorités sortantes à la Région wallonne et à la Communauté française. À nouveau, les entités fédérées sont installées avant le « national ». Mais l’événement est créé par le choix de Guy Spitaels de présider lui-même le gouvernement wallon (6 janvier 1992).

S’attribuant les compétences de l’Économie, des PME et des Relations extérieures, G. Spitaels fait clairement le choix de la Wallonie. C’est le choix de la Région et non de la Communauté. Un signal clair est lancé à l’adresse des prochains négociateurs institutionnels, dont Ph. Busquin, nouveau président du Parti socialiste. Depuis Alfred Califice, il est le huitième ministre à présider un exécutif wallon. À la tête du gouvernement wallon, Guy Spitaels s’attaque d’emblée aux dossiers qui lui sont chers : l’économie, l’Europe, la rigueur budgétaire et le respect des critères de Maastricht, l’affirmation wallonne, tout en veillant à la coordination et à la cohérence de la politique d’ensemble (redéfinition des priorités en matière de grands travaux publics, aide aux communes, aide financière à la Communauté française, etc.). Au-delà de la réforme des lois d’expansion économique et de bon nombre d’autres mesures, c’est la reconnaissance du Hainaut à l’Objectif I européen qui marque le plus « les années Spitaels ».

Dans la foulée des accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin, dont il vote les dispositions en tant que sénateur, il devient le Président du « gouvernement wallon » et s’apprête à accueillir les nouvelles compétences « à Namur » quand la juge d’instruction Véronique Ancia demande la levée d’immunité parlementaire des trois Guy : Coëme, Mathot et Spitaels (décembre 1993). Si la procédure pour les trois parlementaires est différente, la décision que prend Guy Coëme de démissionner entraîne une attitude similaire des sénateurs Mathot et Spitaels de leur fonction ministérielle. Quelques mois plus tard, aucune charge ne sera finalement retenue contre G. Spitaels dans « l’affaire Agusta » qui a provoqué son départ de l’Élysette et ruiné toutes ses perspectives d’avenir. L’image du « commandeur » est atteinte.

En retrait de la vie politique régionale et nationale pendant de nombreux mois, Guy Spitaels ne demande pas le renouvellement de son mandat de sénateur, préférant être candidat aux toutes premières élections régionales du 21 mai 1995 dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron. Déjà reconduit comme bourgmestre en octobre 1994, il figure sans peine parmi les 75 premiers députés wallons élus directement au Parlement wallon. Dans les coulisses, il participe à la négociation des reconductions de majorité PS-PSC en Wallonie et en Communauté française, notamment pour tout ce qui touche à l’Emploi, à l’Économie et au Commerce extérieur, y compris les Relations internationales. Et le 20 juin, il est choisi comme premier président officiel d’un Parlement wallon élu directement au suffrage universel. Il devient le septième titulaire de la fonction (20 juin 1995-7 février 1997). Rapidement, il règle la question de l’implantation du Parlement wallon à Namur, respectant l’avis exprimé par les citoyens namurois. 

En 1997, d’autres dossiers rattrapent l’ancien président du PS : affaire Inusop et affaire Dassault. Dans ce dossier, la levée partielle de son immunité est demandée. Comprenant qu’aucun répit ne lui serait laissé, G. Spitaels quitte la présidence du Parlement wallon. Inculpé de corruption passive dans le dossier Dassault (fin mars), il siège comme député et, bourgmestre faisant fonction (il n’avait toujours pas été nommé officiellement), il remet sa démission et renonce aussi à redevenir le bourgmestre de la Cité de Goliath, se contentant de siéger comme conseiller communal. Guy Spitaels limite ses commentaires politiques au strict minimum.

Objet de multiples accusations émanant de Merry Hermanus et entraîné en Cour de Cassation « par connexité » à cause de l’inculpation de Guy Coëme, Guy Spitaels laisse à ses défenseurs le soin de répondre à Éliane Liekendael puis d’argumenter quand s’ouvre le procès Agusta-Dassault, le 2 septembre 1998. Le 23 décembre, il est acquitté dans le volet Agusta et condamné à deux ans de prison avec sursis pour faits de corruption dans le volet Dassault et à cinq ans « de déchéance du droit de remplir des fonctions, offices ou emplois publics ». Cette sanction ne prive pas Guy Spitaels de son mandat parlementaire, mais lui interdit, pendant cinq ans, de prétendre à une fonction éventuelle de ministre, bourgmestre ou gouverneur de province. Il achève son mandat communal à Ath et ne se présente plus en octobre 2000.

Retiré du monde politique, Guy Spitaels se consacre à l’écriture : L’improbable Équilibre (2003), La triple insurrection islamiste (2005) et Obama président : la méprise (2008) sont autant de livres-références qui le conduisent à traiter de sujet de politique internationale. En septembre 2011, une importante manifestation d’hommage est organisée à Ath à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire ; quelques jours plus tard, il reçoit le titre de commandeur du Mérite wallon, titre le plus élevé de cette distinction instituée en mars 2011 par la Région wallonne.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 521-528

Mandats politiques

Sénateur provincial du Hainaut (1974-1977)
Membre du Conseil régional wallon provisoire (1974-1977)
Sénateur (1977-1995)
Conseiller communal d’Ath (1977-2000)
Bourgmestre (1977-1997), en titre (1977-1981, 1992-1994, 1997)
Ministre (1977-1981)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Ministre d’État (1983)
Ministre-Président du gouvernement wallon (1992-1994)
Député wallon (1995-1999)
Président du Parlement wallon (1995-1997)

Collignon Robert

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Villers-le-Bouillet 10/02/1943



Député wallon : 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995* ; 1999* *2000-2004 
Ministre wallon : 1992-1995 
9e Ministre-Président wallon : *1994-1995 ; 1995-1999 
11e Président du Parlement wallon : *2000-2004 

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1966), professeur de Droit dans l’enseignement technique (1967), le militant wallon et socialiste fait brièvement partie du Cabinet du ministre des Relations communautaires, Freddy Terwagne, en qualité d’attaché de presse (1968). C’est d’ailleurs dans l’étude de ce dernier que Robert Collignon mène sa carrière d’avocat, avant de reprendre le Cabinet après le décès de celui-ci. Sur les pas de son mentor, il est élu député PS dans l’arrondissement de Huy-Waremme (1971-1974).

Conseiller communal d’Amay élu en 1976, d’emblée échevin de l’Instruction publique (1977-1982), puis des Finances (1983-1987), il succède au bourgmestre Maurice Dumongh démissionnaire en 1987. Hormis durant la période où il exerce des fonctions ministérielles, il restera le bourgmestre d’Amay jusqu’en décembre 2006.

Retrouvant la Chambre des représentants après l’adoption des lois d’août 1980, il siège également au Conseil régional wallon (1981-1995). En 1985, il quitte la Chambre pour le Sénat (1985-1995), où il préside la commission parlementaire d’enquête sur le drame du Heysel. Dans les commissions parlementaires, il se montre particulièrement intéressé par les problèmes institutionnels, économiques, de Justice et des Affaires étrangères. Régionaliste wallon affirmé, il prend fait et cause pour la question fouronnaise et l’installation des institutions régionales à Namur. Membre de la Commission du Sénat chargée de transformer les termes de l’accord institutionnel de 1988 en dispositions de loi, le chef de groupe du PS au Sénat (1988-1989) veille à l’adoption de chacune d’elles.

Chef du groupe socialiste au Conseil régional wallon (1988-1992), président du Comité permanent des Fédérations wallonnes du PS, et vice-président du PS (1989-1992), principal animateur du Congrès d’Ans des socialistes wallons (février 1991), il devient ministre de l’Aménagement du territoire, du Logement et du Budget dans le gouvernement wallon présidé par Guy Spitaels (1992-1994), tout en restant un acteur attentif du « dialogue de communauté à communauté » qui aboutit aux accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin. Conséquence de ces réformes, le ministre Collignon hérite de compétences supplémentaires : la Santé et l’Aide aux personnes, alors que l’Aménagement du Territoire est confié à André Baudson.

La démission de Guy Spitaels cité dans le dossier Agusta modifie la trajectoire politique de Robert Collignon qui se retrouve ministre-Président wallon (25 janvier 1994), en charge de l’Économie, des PME, des Relations internationales et du Tourisme. Depuis Alfred Califice, il est le neuvième ministre à présider un exécutif wallon. Il préside aussi le Comité de suivi d’Objectif 1. Au sein de son Cabinet, il crée une cellule dite « Identité wallonne », fort active de 1994 à 1999.

Plébiscité dans son arrondissement de Huy-Waremme en mai 1995, R. Collignon figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon. Reconduit comme ministre-Président du gouvernement wallon (1995-1999), le député wallon est remplacé par son suppléant, Marc Mélin. Le « Premier wallon » retrouve les mêmes compétences auxquelles s’ajoute le Patrimoine, matière à laquelle il accorde beaucoup d’importance. En 1998, un premier site wallon est inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco (les ascenseurs du Canal du Centre) ; il ne s’agit là que d’un petit exemple de l’important travail effectué durant toute la législature et dont l’Institut du Patrimoine wallon – créé en 1999 – pérennisera les principes.

Soucieux de vaincre les sous-régionalismes, partisan résolu du transfert des compétences culturelles et d’enseignement aux Régions, il accorde une grande importance à la lutte contre la pauvreté et au redressement socio-économique. En raison des critiques du partenaire PSC, notamment, une « Déclaration de politique générale complémentaire » fixe à l’exécutif wallon 65 actions concrètes à réaliser dans un délai rapproché (novembre 1997) ; la transversalité et l’évaluation alimentent désormais la réflexion politique wallonne. Par ailleurs, il appuie aussi une résolution du Parlement wallon en faveur du droit de vote des étrangers, rappelant la définition du Manifeste pour la Culture wallonne selon laquelle Sont de Wallonie tous ceux qui vivent et travaillent dans l’espace wallon.

« Le fédéralisme belge sera arrivé à maturité lorsqu’il comprendra quatre entités : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et la Région germanophone, dotées d’un territoire propre et de compétences identiques », écrit-il en substance dans Le Pari wallon (1999). Lors du scrutin de juin 1999, la crise de la dioxine propulse les Écolos en premières lignes, alors que les partenaires sortants subissent un ressac. Dans sa circonscription, Robert Collignon retrouve son mandat de député wallon, emmenant d’ailleurs avec lui un second élu socialiste (Meureau), mais il a perdu des voix (21.519 vp.), au moment où émerge le jeune Écolo Jean-Michel Javaux. Malgré tout, il réalise, avec Willy Taminiaux, le meilleur taux de pénétration de Wallonie. Avec Elio Di Rupo et Jean-Claude Van Cauwenberghe, Robert Collignon négocie la nouvelle majorité wallonne : elle sera arc-en-ciel. Mais R. Collignon n’en sera plus. Avec un peu plus de 66 mois à la tête du gouvernement wallon, il est, après Rudy Demotte, celui qui a exercé cette fonction le plus longtemps.

En juillet 1999, il reste ministre, mais au sein du gouvernement de la Communauté française. Numéro 2 de cette équipe, il est en charge du Budget, de la Culture et des Sports (juillet 1999-avril 2000). Au Parlement wallon, Micheline Toussaint occupe son siège. Maître rigoureux du budget communautaire, il s’attire le courroux de ses collègues et accepte avec plaisir de retrouver Namur et le Parlement wallon, dont il devient le onzième président (2000-2004). Il retrouve du même coup deux bords de Meuse qui lui conviennent mieux que la place Surlet de Chokier. À Namur, il reprend son mandat de député wallon et, à Amay, il exerce effectivement le maïorat après le scrutin d’octobre 2000 (2001-2006). 
Mettant l’accent sur l’identité wallonne, il tente de relancer le dossier de l’installation d’un nouveau bâtiment pour le Parlement wallon, sans succès. 

En juin 2004, il n’est pas candidat à sa propre succession. S’il met un terme à sa carrière parlementaire (2004) et communale (2006), il reste actif dans les milieux d’action wallonne, tant auprès du Mouvement du Manifeste wallon qu’en manifestant sa sympathie pour une forme de rapprochement avec la France qui respecterait l’identité wallonne. Il se montre avant tout partisan d’une régionalisation de la culture. 
En octobre 2012, à la demande de la section amaytoise du PS, il tente un retour sur la scène politique locale ; mais les Amaytois renforcent plutôt le leadership de Jean-Michel Javaux, en repoussant davantage le PS dans l’opposition. Bien qu’élu, Robert Collignon ne siègera pas au conseil communal.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 112-118 – Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014

Mandats politiques

Député (1971-1974) 
Conseiller communal d'Amay (1977-2006) 
Échevin (1977-1987) 
Bourgmestre (1987-2006) 
Député (1981-1985) 
Sénateur (1985-1995) 
Membre du Conseil régional wallon (1981-1995) 
Chef de groupe au CRW (1988-1991) 
Ministre wallon (1992-1994) 
Ministre-Président du gouvernement wallon (1994-1999) 
Ministre de la Communauté française (1999-2000) 
Député wallon (2000-2004) 
Président du Parlement wallon (2000-2004) 
 

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Busquin Philippe

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Feluy 6/01/1941

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995
Ministre wallon : 1981-1985 ; 1988

Licencié en Physique de l’Université libre de Bruxelles (1962), professeur à l’École normale de Nivelles et assistant en Médecine à l’Université libre de Bruxelles (1962-1977), diplômé en Philosophie (1970) et porteur d’une licence spéciale en Environnement (1976), militant socialiste, syndical et wallon, il est élu conseiller provincial socialiste du Hainaut en 1974, puis conseiller communal de Seneffe (1976) et devient d’emblée Premier échevin, en charge des Travaux publics (1977-1982). Président du Bureau économique du Hainaut, il accède brièvement à la Députation permanente du Hainaut (1977-1978) et est désigné à la présidence de l’Institut des Radioéléments de Fleurus. C’est cependant à la Chambre des représentants qu’il va accomplir l’essentiel de sa carrière.

Député de l’arrondissement de Charleroi élu en 1978, il peut d’emblée mettre en application une partie du programme du Mouvement populaire wallon où il avait milité au début des années soixante. Représentant du PS au Conseil économique régional de Wallonie (1980-1983), le député vote les lois d’août 1980 et participe aux travaux du nouveau Conseil régional wallon, où il siègera durant quinze ans (1980-1995).

En octobre 1980, il se voit confier ses premières responsabilités ministérielles : au sein du gouvernement belge, il est ministre francophone de l’Éducation nationale (1980-1981) et, à ce titre, est membre de l’Exécutif de la Communauté française ; il attache son nom au décret sur les radios libres. En 1981, il hérite de surcroît du portefeuille du ministère de l’Intérieur.

Ministre du Budget et de l’Énergie dans le premier gouvernement wallon autonome (1981-1985), il met l’accent sur les économies d’énergie, impose aux fournisseurs d’énergie des livraisons garanties minimales (« minimelec ») et préserve les finances wallonnes des nouveaux obstacles mis sur sa route. Après un passage dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir où il exerce un mandat, Ph. Busquin retrouve brièvement un ministère wallon, en charge de l’Économie, des PME et de l’Emploi (1988), avant d’être aspiré dans le gouvernement Martens VIII, en charge des Affaires sociales (1988-1992). À son actif, réforme de la loi sur les mutuelles, réforme de l’Ordre des médecins, révision du contrôle de l’Inami, informatisation de la Sécurité sociale et surtout gestion de son déficit et lutte contre les abus. La détermination d’un ministre attentif à la prospective et à la dimension européenne conduira certains à l’affubler du surnom d’Indiana Jones (ou Indiana Busk) des finances publiques.

La décision de Guy Spitaels de présider le gouvernement wallon propulse Philippe Busquin à la tête du PS (1992-1999). Il lui reviendra notamment de négocier les majorités gouvernementales en 1992, 1995 et 1999, d’encadrer la réforme de l’État de 1993, et de faire face aux rebondissements judiciaires de multiples affaires qui touchent alors des mandataires socialistes. Durant l’été 1992, il propose aussi un plan ambitieux et novateur pour l’École officielle, qui renverse un certain nombre de tabous.

Ministre d’État (1992), vice-président de l’Internationale socialiste (1992), bourgmestre de Seneffe (1995-1999), Ph. Busquin quitte la Chambre (1979-1995) pour le Sénat (1995-1999) : il réalise alors le meilleur score du collège français. Après avoir notamment mis La Wallonie en projets, il opte pour le Parlement européen. Élu eurodéputé (1999), il devient Commissaire européen, en charge de la Recherche scientifique dans l’équipe Prodi (1999-2004). Il occupe ainsi une fonction fondamentalement politique et stratégiquement importante pour une Europe désireuse de rester à la pointe de l’évolution et de disposer d’un potentiel de recherche comparable aux États-Unis. « La recherche, c’est le moteur du développement économique et de la croissance ». 

En 2004, Ph. Busquin devient député européen et est membre de la Commission de l’Industrie, de la Recherche et de l’Énergie du Parlement européen (2004-2009). Président du comité de gestion de l’Institut géographique national (2004), membre de l’Office scientifique et technologique du Parlement européen, président de l’Institut des Radioéléments (2007), il publie, avec François Louis, un ouvrage intitulé Le déclin de l’empire scientifique européen (2005). Président de la Commission « Recherche » de l’Institut Émile Vandervelde, son expérience européenne n’est pas étrangère à l’éclosion d’un Plan Marshall qui met l’accent sur des pôles de compétitivité.

De retour sur le plan communal et régional, il retrouve la fonction de bourgmestre de Seneffe après le scrutin de 2006, préside le Groupe Wallonie-Bruxelles (2007-2008) et accepte de se présenter, en 2009, à la fois au scrutin européen et aux élections régionales dans la circonscription de Charleroi, afin de soutenir la liste PS conduite par Paul Magnette. Trente et un ans après sa première élection comme député, Ph. Busquin demeure une machine à voix et permet au PS de décrocher un 5e fauteuil à Namur. Prônant le rajeunissement des mandataires, il renonce à exercer ce mandat de député wallon qui revient à Serdar Kilic. Il met un terme définitif à sa carrière politique en renonçant à se représenter au scrutin communal de 2012 à Seneffe. Il reste cependant fort actif sur le plan européen, belge et wallon, en raison de son expertise en matière d’innovations et de recherches scientifiques ; il préside divers organismes et associations.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 79-84

Mandats politiques

Conseiller provincial du Hainaut (1974-1978)
Conseiller communal de Seneffe (1977-2012)
Échevin (1977-1982)
Député permanent du Hainaut (1977-1978)
Député (1979-1995)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Ministre belge (1980-1981)
ministre de l’Exécutif de la Communauté française (1980-1981)
Ministre de l’Exécutif régional wallon (1981-1985, 1988)
Ministre (1988-1992)
Ministre d’État (1992)
Bourgmestre (1995-1999)
Sénateur (1995-1999)
Député européen (1999)
Commissaire européen (1999-2004)
Bourgmestre (2006-2012)