Paul Delforge

Statue Charles-Quint

Statue de Charles-Quint, réalisée par Frantz Vermeylen, septembre 1911.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze.

Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Œuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993) ; toutes ces statues sont à gauche quand on fait face à la gare. Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Guillaume de Bavière, Marguerite d’York, Arnould de Binche et le Charles-Quint qui nous occupe ici.

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche.

Son Charles Quint (1500-1558) est aisément reconnaissable. Sur la longue balustrade, en faisant face à la gare, c’est la deuxième statue en commençant par la droite. Fils de Jeanne et de Philippe Ier de Castille, duc de Bourgogne sous le nom de Charles II (1515) avant de devenir roi des Espagnes sous le nom de Charles Ier, souverain de Naples et de Sicile, celui qui était né à Gand en 1500 se fera un nom comme empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint exerçant cette dignité élective de 1519 à 1558. Assurément, il marque l’histoire de l’Europe occidentale, comme celle des provinces flamandes et brabançonnes réunies par les anciens ducs de Bourgogne : Gand, Anvers et Bruxelles prospèrent comme jamais. Qu’en est-il de Binche ? Au tournant des XIXe et XXe siècles, on considère que le règne de Charles Quint assure à la cité une période de grande prospérité et qu’il est « un bienfaiteur insigne de la cité », qu’il a « comblée de faveurs ». C’est l’époque où Marie de Hongrie, la sœur de l’empereur, vient y résider : elle a reçu de Charles la ville de Binche et sa seigneurie avec le privilège d’y tenir cour royale (c. 1542). La régente des Pays-Bas y fait construire un palais Renaissance où, en 1549, elle reçoit son frère (Charles Quint) et son fils (Philippe II) lors des « triomphes de Binche ». C’est aussi l’époque de la construction du premier château de Mariemont. Certes, ce faste sera éphémère, les armées françaises détruisant tout sur leur passage en 1554 ; mais le moment a marqué l’histoire de Binche et les esprits ; cela explique, en partie, le choix de Charles Quint comme personnalité majeure représentée sur le square Derbaix, aux côtés d’ailleurs de Marie de Hongrie. La devise de la ville de Binche (« Plus oultre » que l’on peut comprendre comme : toujours plus loin) est aussi celle de l’empereur, dont le blason a fortement inspiré celui de la cité : il est représenté sur la façade de l’hôtel de ville.

Sources:

Statue de Charles-Quint

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604
Eugène D

ERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 57-68
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739

 


 

 


 

Place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge

no picture

Colnet Englebert

Socio-économique, Entreprise

Pays wallon fin du XVe siècle, Leernes  1552

Descendant de la quatrième génération des verriers Colnet établis à Leernes, après s’être primitivement installés à Momignies, Englebert poursuit l’activité verrière familiale près de Fontaine l’Evêque, enclave en Hainaut dépendant de la principauté de Liège. Selon certains historiens (PHILIPPE à la suite de CHAMBON), il apparaît surtout qu’Englebert de Colnet est à l’origine de la verrerie spécialisée de Surginet à Beauwelz, dans le pays de Chimay (1506), où il a introduit la fabrication de verre fougère « à la façon de Venise ». Peut-être, est-ce à l’occasion d’un voyage que Colnet a appris le secret de fabrication du « verre fougère » ; peut-être a-t-il réussi à convaincre des « transfuges » de Murano, déjà actifs dans l’empire germanique, de se mettre à son service tout en lui livrant leur secret. 

Ceux-ci maîtrisent des techniques autres que celles des Altarais : originaires d’Altare, les verriers de la famille Ferry qui se sont installés peu avant la fin du XVe siècle à Haumont-Fayt deviennent de sérieux concurrents pour les Colnet qui cherchent le moyen de les contrer. Quel que soit le moyen utilisé, Englebert de Colnet aurait été le premier à introduire en pays wallon la fabrication de ces verres à la vénitienne, décorés d’émaux, ainsi que de beaux verres transparents et, en 1506, à obtenir les autorisations nécessaires (notamment auprès du prince de Chimay) pour la fournaise de Surginet à Beauwelz. En 1549, lors d’un séjour en Hainaut, Charles-Quint et son fils, le futur Philippe II, aurait rendu visite au four à verre du Surginet. Afin de prouver la qualité de leur savoir-faire, les hommes d’Englebert de Colnet et de son fils François auraient réalisé deux pièces exceptionnelles qui sont offertes aux visiteurs : une galère en verre blanc, décorée finement et mesurant un mètre vingt-cinq de long, ainsi qu’un vase sophistiqué à la manière de Venise.

Émanant des travaux de Raymond Chambon, tous ces éléments biographiques sont faux. À la suite de J-A. Page et de J. Lefrancq, Benoit Painchart a en effet démontré que Raymond Chambon avait sciemment construit de fausses archives, dessins à l’appui (la monstrance de Beauwelz, le Journal d’Amandt Collinet, la prétendue requête de 1607) pour alimenter sa thèse d’une activité verrière permanente et exceptionnelle au Surginet et au Fourmathot. S’il paraît peut-être moins glorieux, le parcours de vie d’Englebert Colnet n’en conserve pas moins autant d’intérêt, tant il est exemplatif du dynamisme de cette famille spécialisée dans le métier du verre, en pays wallon, depuis la fin du XIVe siècle.

Par un mariage destiné à renforcer les intérêts familiaux (1527), Englebert Colinet s’unit à Jacqueline, d’une autre grande famille de verriers wallons du XVIe siècle, les de Liège, originaires de Leernes. De la sorte, il fortifie l’implantation des Colinet en Brabant, en particulier du côté de Limelette. Maitre verrier principalement actif dans le roman pays de Brabant, Englebert Colnet offre tant une production raffinée que des fabrications d’usage courant qui lui valent le soutien renouvelé de l’empereur : signées par Charles Quint, des lettres patentes qui lui sont remises en 1531 confirment ses privilèges au nom de tous les autres verriers du Brabant. Il aurait obtenu de surcroît l’autorisation d’exploiter d’autres fours à verre à différents endroits de l’empire sans avoir besoin d’en référer (1540), tout au moins pour les verres d’usage courant ; les Colnet n’auront cependant pas l’envergure suffisante pour exploiter pleinement ce privilège ; ils limiteront leurs activités au pays wallon.

Englebert est-il alors le chef de la famille de Colnet dans la première moitié du XVIe siècle, employant des membres de la fratrie, recrutant de nouveaux verriers italiens (ceux de Murano), voire s’alliant avec ses concurrents (les Ferry d’Altare,  après les Deliège), en différents endroits du pays wallon ? Son frère Gilles a-t-il une activité indépendante et autonome ? Peut-être après avoir obtenu des Ferry qu’ils partagent leur monopole sur les verres « à la façon de Venise », la seule certitude est que les enfants d’Englebert comme ceux de Gilles vont assurer l’omniprésence des Colnet en tant que maîtres-verriers en pays wallon jusqu’au XIXe siècle. On compte une centaine de Colnet actifs dans le secteur verrier au cours de la période dite des « Temps modernes » et leur production va inonder le marché wallon. Ils auront aussi la sagesse de recourir à des verriers venus d’Italie dont les connaissances techniques restent supérieures à celles connues alors en pays wallon. On rencontre des Colnet en Brabant wallon, à Leernes, à Barbençon, à Froidchapelle, mais plus à Momignies et à Beauwelz au XVIe siècle…

En Brabant wallon, du côté de Glabais et de Bousval, des maîtres verriers de la famille Colnet se sont en effet établis le long du Cala, de la Lasne et de la Falise, à proximité des monastères qui offrent travail et protection et des seigneuries qui leur donnent des responsabilités administratives. Les verriers Colnet (Colinet) ont leur exploitation sur les trois cours d’eau. Leur production se limite à de la gobeleterie ordinaire, généralement réalisée par de la main d’œuvre française. À Barbençon, certains historiens avancent qu’Englebert y a obtenu l’autorisation d’exploiter le four à verre de la part de Louis de Ligne (1475-1540). Or, dans l’église Saint-Lambert de Barbençon, une pierre tombale est dédiée à un Gilles Colnet, mort en juin 1535, qui pourrait bien être le frère d’Englebert. Il nous paraît par conséquent plus logique d’attribuer cette exploitation à Gilles, d’autant que deux de ses fils en hériteront. Les gobelets appelés « vaisseaux à boire » et des verres de vitrage surnommés « gros verres plats » vont assurer la notoriété des verres de Barbençon dans toute l’Europe. Sous tous les régimes politiques qui se succèdent alors assez rapidement, les Colnet conservent le privilège d’une activité verrière permanente.

Les origines et les activités des Colnet font l’objet de débats depuis de très nombreuses années ; ils sont loin d’être terminés.  L’ouvrage de synthèse sur l’histoire du verre en Belgique de Chambon est une référence qui pèse lourdement sur la vision traditionnelle de l’histoire du verre dans le pays wallon, en particulier dans la région de Chimay. On restera par conséquent attentif à toute nouvelle information permettant de cerner parfaitement les activités des Colnet, d’Englebert (de) Colnet en particulier.
 

Sources

Benoît PAINCHART, L’activité verrière des Colinet au Sart de Chimay, XIIIe-XVIIe siècles, cinq articles répartis  dans la revue Éclats de Verre, du n°21 au n°25, mai 2013-mai 2015, en particulier la deuxième partie : en quête de vérités, les preuves de la non-existence de Verreries au Surginet et au Fourmathot au XVIe siècle, dans Éclats de Verre, novembre 2013, n°22, p. 34-46
Janette LEFRANCQ, Apports et incidences de l’œuvre de Raymond Chambon sur l’histoire de la verrerie en Belgique, dans Annales du XVIIe Congrès de l’AIHV (qui a eu lieu à Anvers en 2006), Anvers, 2009, p. 339-343
Jutta-Annette PAGE, The ‘Catalogue Colinet’ : a mid-16th-century manuscrit ?, dans Johan VEECKMAN (dir.), Majolique et verre de l'Italie à Anvers et au-delà : la diffusion de la technologie au XVIe et au début du XVIIe siècle, Anvers, 2002, p. 243-262
M. THIRY, Les verreries du Hainaut, dans Luc ENGEN (dir.), Le verre en Belgique des origines à nos jours, Anvers, Mercator, 1989, p. 93-103
Luc ENGEN, Les verreries du Pays de Liège, dans Luc ENGEN (dir.), Le verre en Belgique des origines à nos jours, Anvers, Mercator, 1989, p. 135
http://gw.geneanet.org/michubert?lang=fr;pz=maxine+marie+francoise+cicercule;nz=coton;ocz=0;p=jean;n=de+colnet;oc=3 (s.v. novembre 2014)
Michel PHILIPPE, Naissance de la verrerie moderne XIIe-XVIe siècles. Aspects économiques, techniques et humains, Turnhout, Brepols, 1998, coll. dans De Diversis Artibus, XXXVIII, p. 80, 241-242, 402-403
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_2004_num_82_4_7239_t1_1189_0000_2 (s.v. décembre 2014)
http://afaverre.fr/Afaverre/bibliographie-de-raymond-chambon-concernant-le-verre/ 
Armorial général des d’Hozier ou Registres de la noblesse de France, Paris, 1869, vol. 7, p. 509
Stanislas BORMANS, La fabrication du verre de cristal à Namur, dans Bulletin des commissions royales d'art et d'archéologie, Bruxelles, 1888, volume 27, p. 472, note 1 qui cite J-G. Le Fort, héraut d’armes du pays de Liège
C. d’E-A., Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Evreux, 1912, t. 11, CIB-COR, p. 214-215
Georges DANSAERT, Faire son chemin. Histoire de la famille Desandrouin, dans Documents et rapports de la Société royale paléontologique et archéologique de l’arrondissement judiciaire de Charleroi, Thuin, 1937, t. 37, p. 1-14, 19
Benoît PAINCHART, extrait de la revue Éclats de Verre, n°8 ; cfr www.genverre.com 
Raymond CHAMBON, Histoire de la verrerie en Belgique du IIe siècle à nos jours, Bruxelles, 1955
Raymond CHAMBON, Les Verreries forestières du Pays de Chimay du XIIe au XVIIIe siècle d’après les documents d’archives, dans Publications de la Société d’histoire régionale de Rance 1959-1960, Chimay, 1960, t. IV, p. 111-180
André DEFLORENNE, Momignies 2000 ans d’histoire verrière, Centre culturel de Momignies, 2002, 2e éd.
Virgile LEFEBVRE, La verrerie à vitres et les verriers de Belgique depuis le XVe siècle, Charleroi, Université du Travail, 1938
C. d’E-A., Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Evreux, 1912, t. 11, CIB-COR, p. 214-215
Armorial général des d’Hozier ou Registres de la noblesse de France, Paris, 1869, vol. 7, p. 509
La difficile gestion des ressources humaines autour d’un four de  verrerie à la fin de l’Ancien Régime en France par Stéphane Palaude, docteur en Histoire, Université de Lille 3 
Adolphe-Jérôme BLANQUI, Dictionnaire du commerce et de l’industrie, Volume 4, p. 449
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 256
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 277
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 277
http://gw.geneanet.org/michubert?lang=fr;pz=maxine+marie+francoise+cicercule;nz=coton;ocz=0;p=gilles;n=de+colnet
http://gw.geneanet.org/michubert?lang=fr;pz=maxine+marie+francoise+cicercule;nz=coton;ocz=0;p=englebert+ou+engrant;n=de+colnet 
http://gw.geneanet.org/michubert?lang=fr;pz=maxine+marie+francoise+cicercule;nz=coton;ocz=0;p=collart;n=de+colnet
http://gw.geneanet.org/michubert?lang=fr;pz=maxine+marie+francoise+cicercule;nz=coton;ocz=0;p=francois;n=de+colnet;oc=3 (s.v. 27 novembre 2014)

de la Marck Erard

Politique

Sedan 31/05/1472, Liège 16/02/1538


Ambitieux prince-évêque de Liège et cardinal de Valence, Erard de la Marck a fait entrer la principauté de Liège dans la Renaissance.

Après des études de Droit civil et Droit canon à l’Université de Cologne, ce fils d’une importante famille ardennaise perfectionne sa formation à la cour du roi Louis XII, où il élu Prince-Évêque de Liège, le 30 décembre 1505. Sacré Prince-Évêque, le 2 mai 1506, il reçoit la consécration épiscopale à Tongres, le 17, et fait sa Joyeuse Entrée dans la Cité, le 30 mai. À l’époque, Liège et ses alentours n’ont pas encore fini de panser les plaies ouvertes laissées par les Bourguignons.

Dès le début de son règne, le nouveau prince-évêque doit faire preuve de diplomatie pour ménager les puissants voisins de la principauté dont la neutralité est reconnue depuis 1492. 

Fait évêque de Chartres par le roi de France, en 1507, Erard reçoit en 1509 – quatre ans après son élection – les droits régaliens de l’empereur Maximilien, qui confirme également les privilèges octroyés à Liège par ses prédécesseurs. Il négocie également des alliances avec Charles Quint, qui l’ordonne évêque (1520) puis cardinal de Valence, en 1521, en échange de sa protection.

À l’intérieur de sa principauté, le prince-évêque sait également se faire respecter et apprécier, inscrivant Liège dans la Renaissance. Restaurant l’économie et les finances, en même temps que les places fortes et les fortifications, il entreprend la construction du fameux palais située actuellement sur la place Saint-Lambert. Humaniste et mécène – on lui sait une correspondance avec Erasme –, il invite l’artiste Lambert Lombard à partir perfectionner son art à Rome et à acheter des œuvres des peintres italiens de l’époque.

Engagé dans la répression du protestantisme – la première exécution a lieu en 1528 –, parfois cruel, il se montre intraitable face à l’insurrection des Rivageois, en 1531, qui aboutit à l’emprisonnement, la torture et l’exécution de plusieurs insurgés. Une intoxication alimentaire semble avoir eu raison de ce Prince. Corneille de Berghes lui succède sur le trône de la principauté.

 

Sources

Henri LONCHAY, Biographie nationale, t. 13, col. 497-511
http://www.proxiliege.net/index.php?page=article&id=994&idrub=5 
http://archives.lesoir.be/t-20051231-0043K4.html?query=%C9rard+de+la+Marck&andor=and&when=-1&sort=datedesc (s.v. décembre 2014)

Conséquence de la féodalité qui s’installe, entre le Xe siècle et le XVIIIe siècle, le pays wallon est morcelé en de nombreux territoires, parfois indépendants. Ces comtés, duchés et autres principautés suscitent la convoitise des puissants voisins européens et s’inscrivent au coeur de l'histoire européenne. Au travers d’une synthèse et de documents, retrouvez le sort de ces hommes et de ces femmes, que l’on désigne déjà par l’adjectif « wallon ».

Le partage de l’empire de Charles Quint (1556-1558)

Ayant décidé d’abdiquer pour des raisons de santé, Charles Quint confie à son fils, Philippe II, les Pays-Bas, la Franche-Comté et le Charolais (1555). En 1556, il lui remet aussi son héritage « espagnol ». Frère cadet de Charles Quint, Ferdinand reçoit les possessions autrichiennes des Habsbourg et est désigné empereur germanique en 1558.

Références
FH04-310 ; GM02-267 ; GrossA02a ; LR79 ; www_cm1555


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

L’empire des Habsbourg avant l’abdication de Charles Quint (1555)

Ayant hérité des Pays-Bas et de la Franche-Comté à la mort de son père Philippe le Beau (1506), Charles II devient roi de Castille, de la Haute-Navarre et des possessions « espagnoles » en Amérique, à la mort de son grand-père Ferdinand II d’Aragon (1516). Avec sa mère, il hérite aussi des biens d’Aragon, Naples, Sicile, Sardaigne, Baléares et Malte. En 1519, la mort de Maximilien, son autre grand-père, lui attribue les possessions des Habsbourg en Autriche. De surcroît, il lui succède comme roi des Romains et empereur du Saint-Empire de la Nation germanique. Jusqu’à son abdication en 1555, il accroît ses colonies en Amérique et ses possessions en Europe centrale.
Dans la compétition (ou confrontation) qui l’oppose au roi de France, essentiellement François Ier (1494-1547), Charles Quint conquiert Tournai en 1521 et remporte un succès déterminant à Pavie (1525). Après un an d’emprisonnement à Madrid, François Ier accède aux volontés de Charles Quint. Et même si de vives contestations (armées) marquent encore les années suivantes, il est au moins deux dispositions des traités qui ne varieront pas : le roi de France renonce à l’Artois, à la Flandre et à sa suzeraineté sur ces deux provinces (paix des Dames, Cambrai, 1529 et traité de Crépy-en-Laonnois, 1544). Désormais, le tracé le plus occidental de la frontière impériale abandonne l’Escaut pour prendre naissance sur les bords de la mer du nord, passer entre l’Artois et les possessions anglaises de Calais, longer l’Artois et repiquer sur Cambrai. Dans le prolongement, les trois Évêchés (Verdun, Toul, Metz) sont annexés et placés sous tutelle française en 1552. Les traités de Westphalie les annexeront à la France en 1648.

Références
FH04_146 ; FH04-310 ; GM02-267 ; GrossA02a ; LR79 ; www_cm1555


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Pays-Bas et Principauté de Liège (1549)

Au milieu des possessions habsbourgeoises, Tournai était demeurée ville française jusqu’en 1521 et la principauté-évêché de Liège qui s’était reconstruite garde son statut particulier au sein de l’empire germanique. Dès la fin du XVe et le début du XVIe siècle, Maximilien puis Charles Quint ont poursuivi le processus de rassemblement entamé par les Bourguignons. Les anciens comtés bourguignons sont considérés comme un tout, placés sous une couronne unique, sans pour autant que chaque entité perde ses institutions, coutumes et identité, parfois forgées pendant un demi-millénaire.
En 1532, parmi la quarantaine de ses titres, Charles Quint en porte treize qui concernent les principautés des Pays-Bas (Brabant, Limbourg, Luxembourg, Gueldre, Flandres, Artois, Hainaut, Hollande, Zélande, Namur, Zutphen, Frise, Malines). L’ensemble du territoire wallon (hormis la principauté de Liège) est concerné. Conquise en 1521, Tournai est intégrée dans le comté de Flandre. On cite généralement Utrecht, Drenthe, Overijssel et Groningue comme étant les quatre autres provinces conquises dans les années 20 et 30 pour former les XVII provinces. Quant au marquisat d’Anvers, il fait partie du Brabant. En 1543, Cambrai et le Cambrésis sont rattachés aux domaines des Habsbourg, jusqu’en 1678, moment de l’annexion à la France.
En 1548, par la Transaction d’Augsbourg, les « Pays-Bas » dispose d’un statut particulier au sein du Cercle de Bourgogne, même si chaque province reste soumise individuellement à la souveraineté personnelle de l’empereur. Pour empêcher un éparpillement des provinces dans le cas où un héritier direct viendrait à manquer, Charles Quint promulgue la Pragmatique sanction (1549) qui consolide la « Transaction » en unifiant les droits de succession des provinces et en déclarant que les Dix-Sept Provinces forment un tout transmissible et indivisible, que l’on ne peut partager.

Références
Ar73 ; Duby174a ; GM02-252 ; WPH01-214


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