Avec les invasions germaniques qui annoncent la fin de l’Empire romain, la Wallonie et toute l’Europe connaissent des mutations économiques, politiques et culturelles majeures. C’est le point de départ d’une évolution lente qui mènera à la création de l’Occident, unifié pour la première fois vers l’an 800, sous les Carolingiens. Découvrez, au travers de cette leçon, le cheminement de cette dynastie originaire de nos régions.

Expansion de la Neustrie à la mort de Chilpéric (584)

Au sein du Regnum Francorum, la Neustrie connaît une grande expansion, au VIe siècle, essentiellement sous le règne de Chilpéric (assassiné en 584). Au siècle suivant, l’Austrasie prend l’ascendant, notamment grâce aux maires du palais péppinides. Pour diriger leur pays, les rois francs sont en effet accompagnés d’un intendant, le maire du palais, qui supervise l’exploitation du domaine royal et le volet financier. Héritier du modèle romain du préfet du prétoire, le maire du palais représente à l’origine les puissantes aristocraties régionales et n’est appelé à être en charge que durant une période limitée. Progressivement, il s’établit à vie, et sa charge devient héréditaire. Chaque roi a son propre maire du palais, dont le pouvoir viendra à déborder celui du maître.

Référence
www_cm0581


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Troisième partage du regnum Francorum (567-568)

À la mort de Clotaire Ier, les guerres fratricides reprennent de plus belle, notamment entre les frères voisins que sont Chilpéric (525-584) et Sigebert. La mort de Caribert Ier sans héritier mâle conduit à un 3e partage du Regnum Francorum au détriment du royaume de Paris (567-568). C’est pour désigner ce moment qu’apparaît le mot Neustrie (« nouveau royaume de l’ouest ») qui remplace le royaume de Soissons, ville dont s’est emparée Sigebert qui avait lui-même dû déplacer sa capitale de Reims à Metz. L’ancien royaume de Reims est lui-même désigné sous le nom d’Austrasie, alors que le 3e royaume est désigné sous le nom de Burgondie. Ce partage n’a pas d’incidences directes sur l’espace wallon actuel. L’ouest wallon se trouve cependant indirectement associé à l’expansion neustrienne des années suivantes, qui voit Chilpéric user des mêmes méthodes que ses prédécesseurs pour atteindre les Pyrénées, tout en déplaçant constamment sa capitale, hésitant entre Soissons et Paris ville maintenue un certain temps en indivision.

Référence
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531 ; www_cm0567

 


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Le partage du royaume des Francs à la mort de Clotaire Ier (561)

Guerres, mariages, expéditions punitives, alliances, disparitions et petits arrangements modifient régulièrement les limites des royaumes. Ayant régné de longues années, Clotaire Ier prend l’ascendant sur nombre de ses parents et fait tomber nombre de territoires dans son escarcelle, achevant son existence à la tête d’un royaume réunifié et plus étendu que celui de Clovis. La carte représente cependant le nouveau partage qui suit le décès de Clotaire : il laissait quatre fils. Le pays wallon actuel glisse du royaume de Soissons (Chilpéric) vers celui de Reims (Sigebert), l’essentiel se situant dans ce qui deviendra l’Austrasie, elle-même héritière de la Gaule Belgique.

Références
Er33aFrancs ; www_cm0561 ; www_cm0567


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Extension maximale du royaume des Francs sous les Mérovingiens (milieu du VIe siècle)

Après les conquêtes du début, justifiées par les besoins alimentaires de leurs populations, les rois francs poursuivent désormais des buts politiques. Reconnu consul par l’empereur romain d’orient et salué comme « Auguste » (Tours, 508), Clovis décide de faire de Paris (511), plus précisément du territoire actuel de l’île de la cité, la capitale de son royaume, après Tournai (466-486) et Soissons (486-511). Au même moment (peut-être), est promulguée la Loi salique (pactus legis salicæ). Considérée par certains comme une adaptation germanique du Code de Théodose, il s’agit du code pénal et civil qui s’applique à l’ensemble des Francs. La clause relative au droit de succession est importante.
À la mort du « chef de l’État », la tradition romaine prévoyait le maintien de l’unité de l’État et une succession ouverte entre les prétendants à la plus haute autorité ; la mort d’un homme ne doit pas influer sur la marche de la res publica, la chose publique étant bien distincte de la sphère privée.
Au contraire, la tradition « royale » germanique, à laquelle les « fédérés » n’ont pas renoncé, reposait sur d’autres principes. Ainsi, le regnum est-il considéré comme propriété de son chef et, à sa mort, la succession au trône se règle entre frères, de l’aîné au benjamin, voire entre oncles et neveux. Le royaume est considéré comme patrimoine privé.
Imposée par Clovis, la loi salique modifie le mode successoral traditionnel des Germains au profit des seuls enfants du roi défunt ; dans les faits, subsiste ainsi une certaine unité lorsque les membres du « clan » parviennent à s’entendre.

Référence
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531


 


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Le partage du royaume des Francs à la mort de Clovis Ier (511)

À la mort de Clovis qui avait eu deux femmes, le regnum Francorum est géré collégialement par les quatre fils du roi défunt, chacun disposant d’un territoire situé pour partie sur les terres d’origines, pour l’autre sur les terres conquises, sans qu’il ait homogénéité territoriale. Fils de la 1ère femme de Clovis, Thierry hérite de la part la plus importante (r. de Reims). Fils aîné de la 2de épouse, Clotaire partage l’autre part avec ses deux frères. Clodomir devient roi d’Orléans, Childebert roi de Paris et Clotaire hérite du royaume de Soissons. L’éparpillement des « propriétés » et la très grande proximité des 4 capitales témoignent de la tension entre volontés centrifuges et centripètes, entre recherche d’autonomie et maintien d’un royaume des Francs « puissant ». Le partage consécutif à la disparition de Clovis place le territoire wallon actuel essentiellement dans le royaume de Soissons dont Clotaire Ier sera le roi pendant un demi-siècle (511-561), avec quelques zones dans le royaume de Reims dont hérite Thierry Ier (511-534).

Références
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531


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L’expansion du royaume des Francs sous Clovis (481-511)

S’ils conservent de leurs coutumes germaniques l’hérédité masculine de la charge royale, les Francs qui se sont installés à l’ouest du Rhin avec l’autorisation contractuelle des Romains (fédérés) adoptent et intègrent rapidement le modèle administratif et culturel romain. Une fois l’empire romain dissous, les Francs en assurent la continuité du système et de ses institutions politico-administratives.
Fidèles à leur engagement, ils ont défendu l’empire contre les Huns aux Champs catalauniques (451) ; Mérovée, notamment, y aurait pris part. Roi fédéré (458-482), membre d’une dynastie mérovingienne (mythique ?), son fils, Childéric Ier ( ?-482), semble devenir le gouverneur d’une province de Belgique seconde, reliquat de l’empire ; en tout cas, il apparaît comme un haut responsable civil et militaire à l’heure où l’empire disparaît. Héritier à la fois de la couronne des Francs dits Saliens et de la tradition romaine, son fils Clovis (466-511) s’emploie à défendre son territoire contre ses voisins immédiats, voire à l’étendre par des conquêtes militaires (Soissons 486, Tolbiac 496, Dijon 501, Tours 507), par des alliances, des mariages, voire en « éloignant » des parents proches (481-511).

NB : Les découvertes récentes mettent en doute certaines dates communément admises, avec un décalage de dix ans. Les dates concernées sont soulignées sur la carte : il faudrait donc ajouter une dizaine d’années pour intégrer les hypothèses scientifiques récemment émises.

 

Références
EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11

 


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