Avec les invasions germaniques qui annoncent la fin de l’Empire romain, la Wallonie et toute l’Europe connaissent des mutations économiques, politiques et culturelles majeures. C’est le point de départ d’une évolution lente qui mènera à la création de l’Occident, unifié pour la première fois vers l’an 800, sous les Carolingiens. Découvrez, au travers de cette leçon, le cheminement de cette dynastie originaire de nos régions.

Conséquence de la féodalité qui s’installe, entre le Xe siècle et le XVIIIe siècle, le pays wallon est morcelé en de nombreux territoires, parfois indépendants. Ces comtés, duchés et autres principautés suscitent la convoitise des puissants voisins européens et s’inscrivent au coeur de l'histoire européenne. Au travers d’une synthèse et de documents, retrouvez le sort de ces hommes et de ces femmes, que l’on désigne déjà par l’adjectif « wallon ».

Tournai et le Tournaisis (1188-1513)

Dans sa lutte contre les comtes de Flandre, le roi de France (Philippe Auguste) accorde une première charte de privilèges à Tournai (décembre 1187) qui soustrait la cité de l’autorité des comtes de Flandre, non sans contestations (traité de Péronnes, 1192) auxquelles met fin la bataille de Bouvines (1214). Contrairement à la « ville royale », le Tournaisis reste sous la suzeraineté des comtes de Flandre. Une seconde charte est octroyée en 1211. Sa prospérité sans cesse croissante permet à Tournai de s’agrandir, notamment en rachetant le quartier de Bruille au XIIIe siècle. Malgré les sanctions qui la frappent, Tournai reste fidèle au roi de France durant la Guerre de Cent Ans. Louée par Jeanne D’Arc, elle conquiert une indépendance totale (milieu du XIVe siècle), non sans soubresauts.


Références
Ar73 ; DCM17 ; DCM20 ; DCM22 ; DCM24 ; Er35c ; Er-Cover ; HW04-184 ; HW04-184b ; WPH01-219 ; www_cm1522 ; www_tournaiLaCite


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Les 23 +2 « bonnes villes » de la principauté de Liège

Si l’évêque Gérard de Cambrai pouvait encore se permettre, en 1036, de considérer que la société se partageait entre trois catégories (genus humanum ab initio trifariam divisum est, in oratoribus, agricultoribus, pugnatoribus), deux siècles plus tard une nouvelle catégorie a émergé : à côté des oratores, bellatores et aratores, les gens des villes (burgenses) sont devenus une composante essentielle de la société occidentale (GENICOT), où ils ont acquis un statut. Dès le XIIe siècle, il existe des villes franches au sein de la principauté et le principe des trois états est déjà attesté ; par ailleurs, le droit de mainmorte est supprimé en 1123.
Avec leur propre administration locale, les « Communes » possèdent chacune leur droit urbain, leur jus civile, leur magistrat particulier, leur sceau, parfois leurs milices, tous les éléments caractéristiques de l’émancipation des villes au moyen âge. En raison de leur importance, certaines de ces villes obtiennent le droit d’être associées à la direction de la principauté et reçoivent le titre de « bonne ville ». Sur le modèle de Liège, chacune dispose de deux bourgmestres et d’un Conseil désignés annuellement, et reçoit le droit de ceindre le périmètre urbain de murailles. Dans l’organisation politique de la principauté, le titre de  bonne ville procure surtout le droit de participer au pouvoir législatif et exécutif aux côtés du prince-évêque. La cité de Liège dispose d’un collège de 14 échevins non seulement tribunal de la cité, mais aussi Cour d’appel des échevinages des autres villes principautaires.
Très tôt, le pays de Liège a été considéré comme « un État parlementaire et représentatif » (KURTH), où les habitants étaient libres et protégés. Depuis la charte fameuse, octroyée par Albert de Cuyck en 1198, ceux-ci bénéficient d’une vraie garantie de leurs droits qui est confirmée et consacrée par la Paix de Fexhe (signée le 18 juin 1316). Et, en 1373, les « quatre paix des vingt-deux » élargissent encore les dispositions précédentes, quand est créé le Tribunal des XXII, Conseil d’État avant la lettre. Les premières bonnes villes y obtiennent au moins un membre (4 pour Liège, 2 pour Huy et Dinant, 1 pour Tongres, Saint-Trond, Fosses, Thuin, Looz et Hasselt), mais surtout la majorité, à côté des nobles (4) et du clergé (4). Avec ses membres élus, le Tribunal des XXII aura à veiller au maintien des droits de tous et à l’application stricte de la Paix de Fexhe.
En 1651, Verviers est la XXIIIe et dernière ville admise au rang de Bonne Ville. Un ordre de préséance est régulièrement mis en évidence pour « classer » ces 23 bonnes villes. Cet ordre ne correspond pas à la chronologie (difficile à établir) de l’octroi du titre. Deux villes – Maastricht et Bouillon – perdent leur titre de bonne ville lorsqu’elles sortent de la principauté de Liège. Le terme de « cité » est réservé à Liège, titre honorifique réservé aux villes antiques et épiscopales.

Références
Faid-131 ; Geni13-109 ; Han-35 ; RouNa-206


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Les bonnes villes du duché de Luxembourg (XVe siècle)

L’acte le plus ancien confirmant tous les privilèges de la ville de Luxembourg remonte à 1354. Il sera maintes fois confirmé par la suite, jusqu’en 1789, à la fois pour les bourgeois de la ville et pour les habitants des localités du duché qui ont obtenu une charte reconnaissant leurs libertés, privilèges et coutumes. Longtemps, dans la société « luxembourgeoise », plus précisément sur les terres germaniques, demeureront cependant des hommes soumis à des catégories de servage (FAIDER).
Présidés par le sénéchal, les états provinciaux du Luxembourg qui retrouvent de leur importance après la période bourguignonne, seront convoqués deux fois par an, pour voter les subsides ordinaires et extraordinaires ; la députation permanente (9 membres) est quant à elle renouvelée tous les trois ans. En matière de justice, le Conseil de Luxembourg ne deviendra souverain qu’en 1782 ; jusque-là, ses arrêts étaient soumis à la révision du grand conseil de Malines et, comme dans les autres provinces des Pays-Bas, aucun habitant du duché ne pouvait être jugé en dehors de celui-ci.
Si le duché est dépourvu de (grandes) villes (en 1790, Luxembourg compte moins de 10.000 habitants, Arlon 2.500), il dispose néanmoins des représentants des villages et bourgades (de 300 à 2.500 habitants) en ses états provinciaux, comme dans les autres comtés et principautés. Avant la cession de territoires à la France, en exécution du traité des Pyrénées, une vingtaine de villes envoyaient leurs délégués ; 8 sont germanophones, 12 francophones (TRAUSCH). Soulignées sur la carte, les villes devenues françaises après 1659 n’envoient plus de délégués aux états provinciaux de Luxembourg.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les députés des quinze « villes » siègent à côté des représentants de la noblesse (de moins en moins fournie au XVIIIe siècle) et de l’Église (ici, surtout les abbés, ceux de Saint-Hubert, Orval, Munster-Luxembourg, saint Willibrord d’Echternach et saint Maximin de Trèves). Les deux sessions annuelles se déroulent à Luxembourg.

Références
AzKG-94 ; DHGe14 ; ErCover ; Faid119-124 ; H67; JLxb ; Lor-193 ; TrauLxb86 ; TrauLxb92 ; TrauLxb119 ; TrauLxb137


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Les bonnes villes du comté de Hainaut

Vivant dans un relatif isolement par rapport aux réseaux commerciaux qui irriguent la Flandre et la principauté de Liège, le Hainaut ne compte guère de grandes villes. L’urbanisation s’intensifie au XIIe siècle pour des raisons multiples (démographique, de consolidation politique, mais surtout militaire). Valenciennes apparaît comme la seule grande ville à vocation économique. Mons est le centre politique, administratif et religieux ; c’est là que se réunissent les États provinciaux. Maubeuge peut être considérée comme la troisième ville d’une certaine importance. Toutes les autres cités sont surtout des villes frontières, destinées à assurer l’assise territoriale du comté, et d’une importance comparable à la grande majorité des autres bourgades européennes de l’époque (ZYLBERGELD). Ces « petites » villes ne manquent pas, placées dans une relation étroite avec leur immédiat hinterland campagnard.
Au tournant des XIVe et XVe siècles, le Hainaut compte vingt-deux « bonnes villes », soit – selon la définition de Maurice-A. Arnould – des localités correspondant à l’un ou l’autre critères suivants : fort essor économique et social, disposant de franchises, d’une autorité de justice, de murailles, d’une autonomie financière ou de droits politiques, voire un statut honorifique attribué par le prince. Dans l’ordre chronologique de leur apparition, il faut citer Bavay (époque romaine), Valenciennes (VIIe s.) et Mons (Xe s.), puis Binche (début XIIe s.).
L’étendue du comté de Hainaut connaîtra des modifications sensibles suite notamment aux guerres menées par Louis XIV. En conséquence, le nombre de « bonnes villes » tend à se réduire et, sous le régime autrichien (XVIIIe siècle), les États provinciaux du Hainaut ne comptent plus « que » treize « bonnes villes », chacune représentée par deux députés. Ils siègent à Mons aux côtés de dix échevins de la ville de Mons (distincte des « bonnes villes »), de six officiers permanents et de 25 membres du conseil de la ville, tous membres du Tiers-État. Viennent ensuite 17 représentants du clergé et autant de nobles qui peuvent justifier une « ancienneté » de minimum quatre générations. Assemblée nombreuse, dont la seule session annuelle est convoquée et révoquée par le gouvernement, les États provinciaux nommaient une députation permanente, présidée par un bailli entouré de 10 députés, 2 du clergé, 2 de la noblesse et 6 du tiers État (FAIDER).

Références
Ar73 ; DCM17; DCM20; DCM22 ; DCM24 ; Er35c; Faid55, 108-110 ; HW04-184 ; HW04-184b ; WPH01-219; Zyl166-186
 


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Le duché de Brabant à la veille de 1406

La victoire de Worringen laisse des traces. Les ducs de Brabant suscitent la crainte de leurs voisins qui n’hésitent pas à se coaliser contre eux (notamment dans les années 1330 et 1350). Les ambitions de l’Angleterre sur le continent contribuent à accélérer le jeu des alliances. S’ils parviennent à consolider leur présence sur la partie de la Meuse proche de l’embouchure, les ducs de Brabant ne parviennent pas à affaiblir suffisamment la principauté de Liège, malgré leur présence dans le pays d’Outre-Meuse et de Fauquemont. D’autre part, les problèmes de succession amènent le comte de Flandre aux portes de Bruxelles, Louis de Male se retrouvant même duc de Brabant par son mariage avec Marguerite (1357). Au sommet de ses avancées institutionnelles en 1356, le Brabant rayonne, notamment grâce à Wenceslas (comte de Luxembourg) qui entretient une cour brillante à Bruxelles, où l’on rencontre notamment Jean Froissart. À la mort de celui qui est aussi devenu roi de Germanie (fin 1383), le Brabant est attaqué par les comtes de Gueldre et connaît un certain chaos. Jeanne, sa veuve, entame une politique de rapprochement avec le duc de Bourgogne : en 1396, elle transmet ses droits sur le Limbourg à Philippe le Hardi et à sa nièce Marguerite de Male ; en 1404, elle délègue ses pouvoirs à sa nièce. Au décès de la duchesse Jeanne à l’âge de 84 ans (1406), les États de Brabant poursuivent la politique de la duchesse en optant pour la maison de Flandre-Bourgogne. Dans le souci de ne pas aliéner l’intégrité territoriale du Brabant, le duc de Bourgogne était le prétendant idéal. En raison de l’endettement considérable du duché, une partie des terres brabançonnes (Limbourg, Anvers, etc.) avaient déjà été rachetées par Philippe le Hardi qui avait également veillé à s’attacher le soutien de grands seigneurs en leur distribuant des rentes personnelles. La famille de Bourgogne rétablit l’ordre (en matière financière et de justice), en créant de nouvelles institutions qui tentent de grignoter le pouvoir des États de Brabant.

Référence
VuBrbt126


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Le comté de Hainaut aux XIVe et XVe siècles

Jusqu’à la scission des dix-sept provinces, les comtes de Hainaut conserveront Hollande, Frise et Zélande. Détenant un fort prestige au XIVe siècle, les comtes de Hainaut, désormais de Wittelbach et non plus d’Avesnes, dirigent leurs terres thioises en tenant compte des institutions et langue locales, ayant soin d’éviter de confier des responsabilités à des « intendants » venant du Hainaut. Leurs terres romanes sont également administrées en tenant compte des forces locales. À partir de la deuxième moitié du XIVe siècle, naissent d’ailleurs les États de Hainaut. Ils regroupent des représentants du clergé, de la noblesse et des villes ; ils incarnent le pays face au comte et ils donnent leur accord aux impôts demandés.
Dans le même temps, par le jeu des mariages et des alliances, les ducs de Bourgogne lorgne vers le Hainaut. Fille de Philippe le Hardi, Marguerite de Bourgogne épouse Guillaume IV. En 1433, leur fille, Jacqueline de Hainaut-Bavière, abdique et remet ainsi les clés du Hainaut, de la Hollande, de la Zélande, de la Frise et de l’Ostrevant à Philippe le Bon, son oncle. Ce dernier réalise une union personnelle des différents comtés composant les Pays-Bas. Même dans cet ensemble plus vaste, le Hainaut conserve son indépendance et ses institutions. Ses libertés sont garanties lors du serment d’intronisation des princes qui se succèdent, des Bourguignons aux Autrichiens en passant par les Espagnols.

Références
ANA ; Ar73 ; Bo ; DCM17 ; DCM20 ; DCM22 ; DCM24 ; Er35c ; Er-Cover ; HW04-184 ; WPH01-219


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La principauté de Liège au XIVe siècle

La principauté épiscopale de Liège survit à la fin de l’Église impériale, jusqu’en 1795. C’est désormais le pape et non plus l’empereur qui intervient dans la désignation du prince-évêque. Du moins, le pape consacre-t-il souvent des choix dans lesquels interviennent les influences locales et internationales. La désignation du prince-évêque fait en effet l’objet de l’intérêt croissant des puissances voisines (le Brabant notamment) ou intéressées par le jeu des équilibres européens : France, Provinces-Unies, Espagne, Autriche, états allemands comme la Prusse ou la Bavière.
Sur le plan territorial, la principauté atteint ses limites définitives dans la deuxième moitié du XIVe siècle. En 1151, à la bataille d’Andenne, l’évêque Henri II de Leez s’est militairement imposé face au comte de Namur et est devenu le vrai seigneur de la vallée de la Meuse. Un demi-siècle plus tard, à Steppes, l’évêque Hugues de Pierrepont (ou Pierpont) aidé par les milices urbaines stoppe brutalement, par sa victoire sur le duc Henri Ier, la progression du Brabant vers l’est (1213). La défaite de Worringen (1288) affaiblit la principauté de Liège par rapport au Brabant. L’axe commercial Bruges-Cologne prend l’ascendant sur le courant de la Meuse.
Ayant placé le comte de Hainaut sous leur domination féodale depuis 1071-1076, les princes-évêques ne réaliseront ni l’incorporation spirituelle du Hainaut (qui va relever du diocèse de Cambrai), ni son incorporation temporelle : ils perdront définitivement son inféodation à la principauté à la suite de la bataille d’Othée (1408).
Élu depuis 1389, l’évêque Jean de Bavière avait l’ambition de réunir Hainaut, Hollande et Zélande, Brabant et Limbourg, ainsi que le Luxembourg à la principauté de Liège. Soutenu par l’empereur qui voulait reprendre des positions plus fermes au-delà du Rhin et craignait de voir des territoires germaniques tomber dans des mains françaises ou bourguignonnes, le prince-évêque espérait hériter en tant que l’oncle de Jacqueline de Bavière, l’épouse du duc de Brabant. Si la Hollande et la Zélande parurent tomber aisément dans l’escarcelle liégeoise (entre 1420 et 1425 seulement), l’intervention de Philippe le Bon et celle des États de Brabant enlevèrent aux princes-évêques de Liège tous leurs espoirs. En 1465 et 1467, le duc de Bourgogne libère Malines et le Brabant de toute juridiction liégeoise.
Promise à la principauté le jour où le comte de Looz ne laisserait pas d’héritier, seul le comté de Looz, fief de l’Église de Liège, fut encore annexé à la principauté en 1362 ; celle-ci atteignait alors ses contours géographiques définitifs.

Références
HPLg-41 ; HW04-113-114 ; LgBV ; LJGdlG48  ; Meuse-Rhin10-2 ; VuBrbt-166-167, 218


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Le duché de Luxembourg (1354)

Réussissant de « bons » mariages pour ses enfants, à défaut de coiffer la couronne impériale, Jean l’Aveugle accorde de l’attention à ses terres luxembourgeoises qui s’agrandissent et se fortifient. Tout en créant la foire de Luxembourg (1340), il encourage l’activité économique dans ses frontières renforcées. Mais l’intérêt des princes à l’égard des terres d’entre Meuse et Moselle s’éteint avec lui (1346). Ses enfants et petits-enfants sont en effet davantage préoccupés par la succession impériale qui oppose les Wittelsbach, les Habsbourg et les Luxembourg.
Alors que le titulaire, Louis de Bavière, vit encore, Charles IV, fils de Jean l’Aveugle, est désigné empereur (1346). À peine couronné, il fait promulguer la Bulle d’or qui codifie désormais les élections impériales (1356) ; ce règlement restera en vigueur jusqu’à la disparition du Saint-Empire romain germanique le 6 août 1806. Il permet notamment à la maison de Luxembourg de conserver le titre impérial de manière quasi ininterrompue jusqu’en 1438. Le centre de l’empire se déplace alors vers l’est, Prague devenant le centre politique et culturel, et l’intérêt pour le comté de Luxembourg, érigé en duché au profit de Wenceslas Ier en 1354, devient secondaire. Néanmoins, devenu par mariage duc de Brabant, Wenceslas doit prêter le serment de respecter les libertés et privilèges de son nouveau duché. Il ramènera en Luxembourg cette procédure d’engagement du prince à l’égard de la noblesse et des villes. À cette date, la charge de sénéchal est créée ; elle deviendra héréditaire et donnera droit de présider les états provinciaux.
Sans gouvernail, le duché de Luxembourg est en proie aux luttes intestines et est particulièrement endetté quand Philippe le Bon en fait l’acquisition (traité de Hesdin 1441), avant de confirmer sa possession par les armes (1443). En l’absence des princes, les trois États ont pris progressivement de l’importance, assurant une continuité spécifiquement « luxembourgeoise », à forte coloration culturelle française. Avec les Bourguignons, l’ordre est rétabli et un système plus centralisateur et autoritaire écarte les villes et la noblesse du pouvoir.

Références
AzKG-94 ; DHGe14 ; ErCover ; Faid119-121 ; H67 ; HW04-112 ; TrauLxb86 ; TrauLxb86, 92, 119, 137, 142-145, 154, 167


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

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