Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Charles de Gaulle

Statue à la mémoire du caporal Charles de Gaulle, réalisée par Guido Clabots, 15 août 2014.
 

Le 15 août 1914, le jeune lieutenant français Charles de Gaulle est blessé à Dinant lors de combats qui précèdent de quelques jours le terrible massacre de plus de 600 civils dinantais, le 23 août 1914. 

À l’occasion des multiples commémorations du centenaire de la Grande Guerre, les autorités locales de Dinant ont décidé, notamment, de rendre hommage à celui qui deviendra par la suite l’homme du 18 Juin, incarnera la France libre, avant d’être, à deux reprises, président de la République. C’est à quelques mètres de l’endroit où il a été blessé en 1914 que la statue est inaugurée le 15 août 2014, en présence de Bernard de Gaulle (91 ans), le neveu du Général, ainsi que du petit-fils de Konrad Adenauer, le premier chancelier de l’Allemagne devenue république et fédérale. Au-delà de la blessure d’un jeune lieutenant français, c’est la réconciliation et le rapprochement entre les peuples que doit avant tout symboliser le monument.


Avant ce projet, Dinant avait déjà honoré la mémoire de Charles de Gaulle (1890-1970) par l’apposition d’une plaque commémorative sur le pont, deux fois reconstruit, qui porte aussi son nom. Le projet de 2014 a été encadré par les autorités communales, le Comité 14-18 et a bénéficié du soutien officiel de la Fondation Charles de Gaulle à Paris et du Cercle d’études Charles de Gaulle de Belgique, tandis qu’une souscription internationale avait été lancée. Depuis de longues années, l’idée avait germé dans l’esprit de Christian Ferrier, vice-président du Centre d’études Charles de Gaulle de Belgique, et ancien directeur des écoles communales. Un premier projet fut abandonné en raison du montant demandé par un artiste français préempté pour réaliser l’œuvre en cuivre. Par contre, l’offre de Guido Clabots (1949-) fut jugée réalisable et ce sont par conséquent des artisans locaux qui ont représenté de Gaulle en uniforme de lieutenant, mettant en évidence, par la même occasion, un savoir-faire ancestral, puisque l’atelier Clabots est le dernier à produire de la dinanderie dans la cité mosane. Haute de 2,5 mètres, la statue présente dès lors la double singularité de représenter de Gaulle à l’âge de 24 ans et d’être réalisée en cuivre.


Tombé dans cet art particulier quand il était tout petit, Guido Clabots a vu pendant des années son père diriger un atelier de dinanderie à Uccle, avant de se lancer lui-même dans le métier et d’assurer ainsi une tradition familiale qui en est à sa 3e génération. Ajusteur-monteur en 1967 chez Mecap à Bruxelles, Guido Clabots devient ensuite batteur, polisseur et repousseur ; passé maître, il est chargé de diriger l’atelier de Dinant à partir de 1976 et, vingt ans plus tard, quand Mecap décide de se séparer de son atelier mosan, Guido Clabots reprend les activités sous la forme d’une nouvelle société, « Dinanderie G. Clabots ». Aux articles « traditionnels » s’ajoute une activité de fabrication de garnitures de toiture. Le monument de Gaulle est une production exceptionnelle qui témoigne du savoir-faire de l’entreprise et de son patron.

 

Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Daniel CONRAADS et Dominique NAHOÉ, Sur les traces de 14-18 en Wallonie, Namur, IPW, 2013, p. 122

 

Statue Charles de Gaulle (Dinant)

Pont Charles de Gaulle

5500 Dinant

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Charles de GAULLE

Monument à la mémoire de Charles de Gaulle, réalisé par les architectes Charles Vivroux et Jean Burguet, 21 juin 1980.


Au lendemain du décès de Charles de Gaulle, le 10 novembre 1970, la section de Verviers de Wallonie libre prend la décision de rendre hommage à l’Homme de l’Appel du 18 juin, référence historique de la création du mouvement wallon. À l’initiative de Jules Nissenne, Joseph Gélis et Robert Moson, des contacts sont pris tant au niveau local qu’en France (André Malraux, le maire de Colombey-les-deux-Églises, la fondation Charles de Gaulle, le Cabinet des Estampes de Paris, etc.), afin que le projet respecte le testament politique de l’ancien président de la République. Philippe de Gaulle marque son soutien inconditionnel à l’initiative en rappelant que son père fut blessé, le 15 août 1914, à Dinant. Mais ce n’est pas la participation de Charles de Gaulle à la Grande Guerre, ni son rôle militaire dans l’Entre-deux-Guerres que veulent honorer les Verviétois, encore moins son parcours politique durant la IVe République, la fondation du RPF, son retour en 1958, la guerre d’Algérie, sa présidence de la Ve République ou le référendum du 27 avril 1969. C’est « l’homme du 18 Juin », celui des Forces Françaises libres et de la résistance opiniâtre de 1940 à 1945 qu’ils veulent honorer.


Le Comité provisoire qui est mis en place à l’entame des années 1970 éclate cependant en raison des différends qui opposent les associations patriotiques. Prenant seul en mains les opérations (1979), Jules Nissenne choisit un emplacement à quelques dizaines de mètres de son domicile et du Grand hôpital de Verviers, au parc de la Tourelle, mais se heurte cette fois à la ville de Verviers qui refuse d’autoriser l’érection d’un monument et, de facto, son patronage à l’initiative.

Monument Charles de Gaulle


Alors que le Comité du Souvenir Charles de Gaulle - Verviers qui s’est constitué autour de J. Nissenne se tourne vers d’autres communes de l’arrondissement, on assiste à un revirement du côté du Conseil communal de la Cité lainière. Ayant inscrit la proposition à un ordre du jour du Conseil, un membre de l’opposition veut « tester » la solidité de la coalition en place ; finalement, le projet reçoit l’aval communal, mais sans soutien financier. C’est une souscription publique qui permet sa réalisation par les architectes Charles Vivroux (1890-1985) et Jean Burguet, tous deux expérimentés, actifs au XXe siècle, et appartenant à des familles d’architectes/sculpteurs bien connus dans l’est de la Wallonie.


Le 21 juin 1980, le monument est officiellement inauguré : il s’agit d’une stèle en granit de 3,3 mètres de haut ; sur la face principale, sous une Croix de Lorraine gravée, se trouvent un médaillon en bronze de 40 cm de diamètre à l’effigie de Charles de Gaulle et l’inscription :

« Charles de Gaulle
Appel du 18 juin 1940 »

Sur les faces latérales, on peut lire :

« Honneur et Patrie » et
« Hommage à la Résistance »

Sur la face arrière est inséré le fac-similé de l’Appel du 18 juin. Le médaillon a été réalisé d’après un dessin du peintre verviétois Albert Dummers.


En juin 1982, l’îlot est officiellement dénommé square Charles de Gaulle et l’Union française de Verviers prend l’initiative de l’hommage entre 1982 et 1987. À partir de 1988, le Comité du Souvenir Charles de Gaulle prend le relais, par fidélité envers la Résistance, par reconnaissance envers le chef de la France libre, et par engagement wallon. Depuis 2008, la ville de Verviers prend le relais des militants wallons, suite au décès de Joseph Gélis (2007), le dernier du trio des principaux protagonistes de ce mémorial, depuis la disparition de Jules Nissenne (1907-1991) et Robert Moson (1925-1995). Leurs noms sont gravés au pied du monument.
 

 


Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, 1999, p. 285-300
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1116

 

Square de Gaulle

4800 Verviers

carte

Paul Delforge