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Bibliothèque centrale de l'UCL : hommage à Léopold Genicot

Né en 1914 et décédé en 1995, Léopold Genicot est à la fois un historien médiéviste d’envergure internationale et un militant wallon. Docteur en Philosophie et Lettres de l’Université de Louvain, il est chargé de cours à l’U.C.L. pendant la guerre, époque durant laquelle il contribue à cacher des prisonniers en fuite.

A la Libération, il s’investit dans le Mouvement wallon, notamment au sein du mouvement de tendance chrétienne Rénovation wallonne. Au sein de l’Université, dans les années 60, il maintient le dialogue avec les professeurs flamands et contribue à définir les modalités du transfert à Louvain-la-Neuve. C’est au cœur de cette ville nouvelle   qu’il a contribué à créer   qu’il dispense, à partir de 1981, un cours d’Histoire de la Wallonie.

Désireux de rendre leur histoire aux Wallons, il dirige la rédaction d’une Histoire de la Wallonie, publiée en 1973. Premier ouvrage scientifique de ce type, son approche continue de faire référence. Sur le plan politique, il adhère au Rassemblement wallon au sein duquel il réclame l’autonomie culturelle pour la Wallonie et l’instauration d’un véritable système fédéral. Décédé en 1995, Léopold Genicot a été élevé au rang d’Officier du Mérite wallon en 2012.

Bibliothèque centrale
1348 Louvain-la-Neuve

carte

« Depuis des siècles, la terre des Wallons est une terre romane et n’a pas cessé de l’être. Voilà le fait capital de l’histoire des Wallons qui explique leur façon de penser, de sentir, de croire ». Par ces mots, l’historien Félix Rousseau, auteur de La Wallonie, Terre romane, met en lumière l’influence déterminante de la romanisation du territoire wallon. Cette étape importante est déclinée dans cette leçon, au travers d’une synthèse et de nombreux documents.

Genicot Léopold

Académique, Histoire, Militantisme wallon

Forville 18/03/1914, Ottignies-Louvain-la-Neuve 11/05/1995

« Je voudrais que les richesses de la Wallonie soient connues des jeunes, c’est à eux qu’il faut révéler la Wallonie ». Cette déclaration d’intention prononcée par Léopold Genicot à l’occasion de la sortie d’un ouvrage de vulgarisation intitulé Racines d’espérance, vingt siècles en Wallonie par les textes, les images et les cartes (1986) résume bien l’engagement tant citoyen que scientifique de celui qui fut un historien de renommée internationale, premier responsable scientifique d’une Histoire de la Wallonie (1973) et qui s’engagea constamment en faveur de la reconnaissance de l’autonomie wallonne. Depuis la Libération, il milite activement dans des associations catholiques wallonnes et pour que les catholiques s’intéressent à la question wallonne ; après le Walen Buiten et l’expulsion des francophones de Leuven, il se rallie ouvertement au Rassemblement wallon (1968) et se porte candidat aux élections. Cosignataire de la Nouvelle Lettre au roi pour un vrai fédéralisme rédigée à l’initiative de Fernand Dehousse, Jean Rey, Joseph Hanse et Marcel Thiry notamment, il est candidat indépendant aux élections européennes du 17 juin 1984, sur la liste Présence wallonne en Europe, et est candidat RW dans la province de Brabant en 1991. Sans autre résultat que de vouloir contribuer à la prise de conscience wallonne.

Détenteur d’une licence spéciale en économie politique, archiviste-paléographe travaillant au dépôt namurois des Archives générales du royaume (1935-1944), Léopold Genicot a défendu sa thèse de doctorat en philosophie et lettres à l’Université catholique de Louvain en 1937 ; son travail aux archives lui a donné l’occasion, d’une part, de mesurer l’ampleur du travail à réaliser afin de comprendre le passé wallon et, d’autre part, de cacher des prisonniers en fuite au moment de la Seconde Guerre mondiale. Chargé de cours (1944), puis professeur ordinaire à Louvain (1947-1984), il enseigne notamment la critique historique, la méthodologie spéciale, l’histoire de Belgique, celle du Moyen Âge ainsi que l’histoire de la Wallonie lorsque l’université quitte Leuven pour Ottignies.

Membre de la Commission d’histoire de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, il prend part à ses travaux et contribue à la publication de la brochure L’enseignement de l’histoire en Wallonie, dont les principales conclusions mettent l’accent sur l’indispensable apprentissage de la critique historique et sur la nécessité d’enseigner, dans les classes primaires et au début du secondaire, l’histoire locale et régionale afin (et avant) de mieux appréhender l’histoire générale ; la Commission juge aussi nécessaire la création de chaires d’histoire régionale et de folklore dans les universités, ainsi que la publication d’une collection d’ouvrages sérieux consacrés à l’histoire des entités composant la Belgique (1947).

Médiéviste reconnu, spécialiste de l’histoire de la société rurale en occident, Léopold Genicot est le créateur et l’animateur du Centre d’histoire rurale, de la Commission des anciennes lois et ordonnances, de l’Institut interfacultaire d’Études médiévales. Il a aussi dispensé des cours et animé des séminaires dans de nombreux pays ; docteur honoris causa de plusieurs universités, il est successivement membre de l’Académie de Belgique (1962), de l’Institut de France, de la Medieval Academy of America (1976) et de l’Akademie der Wissenschaften zu Göttingen (1983).

Parmi plus de 300 publications dont douze livres traduits en dix langues, figurent notamment Lignes de faîte du moyen âge (9e édition en 1984), Économie rurale namuroise au bas moyen âge (3 vol. - 1943), La spiritualité médiévale (1958), Le XIIIe siècle européen (1968), Crise agricole du bas Moyen âge dans le Namurois (1969), Études sur les Principautés lotharingiennes (1975), sans oublier de rappeler la direction scientifique de l’Histoire de Wallonie, publiée chez Privat (France) en 1973, dans la collection « Univers de la France et des pays francophones ». Dans l’introduction, il écrit : « À la Wallonie qui s'éveille à son destin, ces pages montreront que son passé est garant de son avenir. À l'étranger et d'abord à la France qui la connaissent mal, elles révéleront son originalité et sa grandeur... »

Sources

GENICOT Léopold    DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II
La Wallonie : un passé pour un avenir, Léopold Genicot, Écrits politiques wallons, Institut Jules Destrée, 1986

Avec la romanisation, les cultures celte et romaine ont vécu en cohabitation étroite et permanente, au point de fusionner avec le temps. Ce phénomène, conjugué à l’action de l’Eglise qui perpétue l'héritage romain et diffuse largement le latin, a engendré, en Wallonie, un mode de vie différent des territoires voisins. Découvrez dans cette leçon, synthèse et documents à l’appui, les sources de ce phénomène qui a durablement marqué notre territoire et notre mode de pensée.

Genicot Léopold

Officier (Historique)

FORVILLE 18.03.1914 – LOUVAIN-LA-NEUVE 11.05.1995

Docteur en philosophie et lettres de l’Université de Louvain en 1937, Léopold Genicot est, avant tout, un historien de grande envergure, auteur de plus de trois cent publications dont douze livres traduits en dix langues. Chargé de cours à l’U.C.L. dès 1944, professeur de 1947 à 1984, il a toujours manifesté, en marge de son travail académique, une volonté de s’investir dans la société.

C’est ainsi qu’archiviste au dépôt namurois des Archives du Royaume pendant la Seconde Guerre mondiale, il a contribué à cacher des prisonniers en fuite. En tant que militant wallon catholique, il n’a jamais hésité à faire part publiquement des revendications qu’il estime essentielles à l’avenir wallon.

Dès 1945, année où il participe au Congrès national wallon de Liège, fort de sa connaissance de l’Histoire des routes belges depuis 1704, il réclame la construction d’une autoroute de Wallonie. La même année, jeune chargé de cours, il prend publiquement position dans L’Escholier de Louvain pour interpeller les catholiques wallons et les exhorter à s’intéresser à la question wallonne.

Militant au sein de Rénovation wallonne, il maintient le dialogue avec les professeurs flamands de l’U.C.L. et contribue à définir les modalités du transfert à Louvain-la-Neuve. C’est au sein de cette ville nouvelle qu’il a contribué à créer, qu’il dispense, à partir de 1981, un cours d’Histoire de la Wallonie. Conscient des erreurs et des oublis dans l’enseignement de l’Histoire en Wallonie, il n’aura de cesse de vouloir rendre leur histoire aux Wallons. C’est ainsi qu’il dirige la rédaction d’une Histoire de la Wallonie, publiée en France en 1973 et qui fait toujours autorité aujourd’hui.

Sur le plan politique, bien que n’ayant jamais renié ses convictions catholiques, il adhère au Rassemblement wallon pour lequel il se présente aux élections en mars 1968. Réclamant l’autonomie culturelle pour la Wallonie, il figure parmi les signataires de la Nouvelle Lettre au Roi, rédigée en 1976 à l’initiative de Fernand Dehousse. Cosignée par des personnalités comme Marcel Thiry, Jean Rey ou Francis Delperée, ce manifeste, rédigé pour les vingt-cinq ans de règne du roi Baudouin, réclame l’instauration d’un véritable système fédéral, fondé sur l’égalité politique des communautés et des régions et où Bruxelles serait reconnue comme une région à part entière.

Agé de soixante-dix ans, il se présente encore aux élections européennes de 1984 comme candidat indépendant sur la liste Présence wallonne en Europe et copréside, avec François Perrin et Pierre Ruelle, le congrès constitutif de Wallonie Région d’Europe en septembre 1986.

Historien engagé d’une qualité exceptionnelle, Léopold Genicot aura ainsi milité toute sa vie, en marge d’une brillante carrière académique, pour : que les richesses de la Wallonie soient connues des jeunes, c’est à eux qu’il faut révéler la Wallonie.

Léopold Genicot fut fait Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, GENICOT Léopold, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 2706.

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