Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Achille URBAIN

Monument Achille Urbain, 1912.
Réalisé par Léon Gobert, aidé par l’architecte E. Bodson

En inaugurant, en 1912, un monument à la mémoire d’Achille Urbain, la cité de Frameries s’inscrit dans un courant qui caractérise les premières années du XXe siècle et une région s’étendant du Borinage au Brabant wallon. Il consiste à élever un monument en signe de reconnaissance à l’activité déployée par un médecin. Généralement, on insiste sur son dévouement, sur son rôle auprès des plus démunis, sur la gratuité des services qu’il prodigua sans compter son temps. Une souscription publique permet, tout aussi généralement, la réalisation du monument. Frameries ne déroge pas à cette tendance, en honorant Achille Urbain (La Bouverie 1838 – 1903) et, ici comme ailleurs, les informations permettant de dresser la biographie du médecin des pauvres brillent par leur rareté. Docteur en médecine et homme d’œuvres, Achille Urbain demeure ainsi depuis plus d’un siècle une célébrité sans histoire au cœur de la cité, dont le monument impose le respect aux passants.

En effet, ce n’est pas qu’un simple buste qui est implanté dans la cité ouvrière. Sur une large esplanade, un piédestal en forme d’obélisque élève bien haut un buste de style néo-classique, tandis qu’au pied se dressent deux personnages en bronze, de taille réelle. Serrant son enfant de son bras droit, une mère désigne clairement de son bras gauche le médecin généreux et explique à son enfant attentif les bienfaits qu’il a apportés jadis. L’ensemble repose sur un socle en pierre bleue de taille et de dimensions spectaculaires. Sur la face avant de la colonne a été gravée la dédicace :

AU DOCTEUR
A. URBAIN
1838 - 1903

À l’arrière, il est précisé que le monument a été « érige par souscription publique » en 1912.

Monument Achille Urbain – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

L’architecte E. Bodson a réalisé l’ensemble du monument, avec le sculpteur Léon Gobert (Wasm

es 1869 – Mons 1935) qui signe le buste et le groupe des deux personnes. Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, dont il deviendra lui-même professeur (1899-1934), puis à l’Académie de Bruxelles où il reçoit l’enseignement de Charles Van der Stappen, Prix Godecharle 1895, Léon Gobert s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, bustes, médaillons et bas-reliefs illustrant le travail de la mine, la misère et la condition ouvrière. On lui doit des types d’ouvriers ou d’ouvrières, des portraits et des sujets d’inspiration régionale. Travaillant surtout le bronze, il pratique aussi le modelage et la taille directe. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres, Léon Gobert a réalisé notamment la Fontaine de L’Ropieur à Mons.

 

Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 190 et 195
Wallonia t. XII, 1904, p. 261
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 634


 

 

Rue de la Libération 50
7080 Frameries La Bouverie

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Jules PITOT

La lecture des trois faces de l’étonnant monument Jules Pitot, à Quiévrain, suffit à mesurer l’importance de l’hommage rendu par la population à son bourgmestre. Sur la face avant apparaît la dédicace principale et traditionnelle :

A
JULES PITOT
BOURGMESTRE
DE
QUIEVRAIN
1881-1910
______
SES CONCITOYENS
RECONNAISSANTS

Cette reconnaissance s’explique par l’activité déployée pendant près de 30 ans par ce maïeur libéral. Ainsi que le mentionne la face de gauche, il a contribué à

ENSEIGNEMENT
EMBELLISSEMENT
DE LA
COMMUNE

ainsi que, comme l’indique la face de droite, à l’établissement d’une importante infrastructure dans cette cité wallonne placée à la frontière française :

ABATTOIR
DISTRIBUTION
D’EAU
HYGIÈNE - VOIRIE

 

Monument Jules Pitot – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Ce n’est pas un buste que le sculpteur Léon Gobert a ciselé, ni un médaillon, mais la synthèse des deux dans un bas-relief en bronze, présentant le visage de Jules Pitot légèrement de côté. Sur la place aménagée en 1930 pour permettre le tracé du jeu de balle, au cœur de la cité ouvrière qu’il avait contribué à construire, le monument Pitot est positionné de telle sorte qu’il soit bien visible dans l’axe de la rue (aujourd’hui appelée) reine Astrid qui donne sur les deux côtés de la place. Sa présence face à la caserne des pompiers n’est pas non plus un effet du hasard. En 1908, le maieur Pitot avait en effet décidé de doter sa commune d’une compagnie de sapeurs-pompiers autonome, composée d’hommes de la localité.

Le monument comprend deux parties : le piédestal en pierre bleue ressemble à la toiture d’une tour d’église ; ce socle de pierre à degrés est surmonté par un fût à dominante de marbre gris, arrondi en son sommet. L’influence de l’Art Déco est manifeste. En plus de la recherche d’effets de profondeur et de décoration aux angles de la colonne, un jeu de couleurs a été créé par le choix de pierres différentes : la partie principale est foncée, tandis qu’un effet de rouge est donné à la transition entre le piédestal et le fût, et sur la partie supérieure de celui-ci. Aucune autre signature que celle de Léon Gobert, sur le bas-relief, n’apparaît sur le monument.

Léon Gobert (Wasmes 1869 – Mons 1935) est un artiste en vogue, au tournant des XIXe et XXe siècles, dans le Hainaut. Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, dont il deviendra lui-même professeur (1899-1934), il a également suivi des cours à l’Académie de Bruxelles, où l’enseignement de Charles Van der Stappen l’a particulièrement inspiré. Prix Godecharle 1895, il s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, bustes, médaillons et bas-reliefs illustrant le travail de la mine, la misère et la condition ouvrière. On lui doit des types d’ouvriers ou d’ouvrières, des portraits et des sujets d’inspiration régionale. Travaillant surtout le bronze, il pratique aussi le modelage et la taille directe. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres, Léon Gobert a réalisé notamment la Fontaine de L’Ropieur à Mons.

 

Boussu, Hensies et Quiévrain, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 148
http://www.hetp.be/quievrain/frame.html?http://www.hetp.be/quievrain/bfp.htm (s.v. juin 2014)
Wallonia t. XII, 1904, p. 261.
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622.
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 634.

 

Place du Ballodrome
7380 Quiévrain

carte

Paul Delforge

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Monument Léon MABILLE

Monument en hommage à Léon Mabille, réalisé par Léon Gobert, aidé par M. Bertiaux et Hector Brognon, 10 juillet 1927.

Quelques jours à peine après les funérailles de l’ancien bourgmestre Léon Mabille (1845-1922), le conseil communal du Roeulx décide à l’unanimité des groupes catholique, socialiste et libéral d’élever un monument en l’honneur de leur illustre concitoyen (27 juillet 1922). Choisi comme bourgmestre du Roeulx par le roi en 1903, Léon Mabille a été professeur à l’Université catholique de Louvain – il est titulaire du cours de droit civil depuis 1872 –, député chrétien-démocrate de l’arrondissement de Soignies (1900-1922) et, depuis les années 1870, il apparaît comme l’un des pionniers de la démocratie chrétienne en Belgique, en Wallonie en particulier. Dans le cœur du bassin industriel du Centre, cet avocat, brillant orateur, n’hésite pas à frayer avec les ouvriers, à débattre publiquement et à mobiliser les travailleurs pour qu’ils se structurent au sein d’organismes de défense catholiques. La mémoire populaire retient volontiers l’expression favorite de l’orateur : « Hardi, m’fi. N’lâchez ni ». 

À partir de 1894, on le retrouve en tant qu’animateur extérieur du nouveau Cercle Régional d’Études sociales pour Ouvriers, créé à La Louvière. Il est aussi parmi les fondateurs du Parti démocratique du Centre dont il rédige le programme (1895), au lendemain des premières élections législatives au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural. Durant la Grande Guerre, il reste en fonction tout en défendant les intérêts de ses administrés au point d’être emprisonné par l’occupant. Après l’Armistice, il devient échevin et, surtout, il laisse le souvenir d’importants travaux d’aménagement, dont la création d’un parc public (1911) qui porte aujourd’hui son nom et qui, à l’origine, était une propriété qui lui appartenait. C’est au cœur de ce square qu’est inauguré en 1927 un monument en son honneur.

Formé en septembre 1922, le comité du Monument Mabille lance une souscription publique dès 1923 et reçoit le soutien d’un important Comité d’honneur forme de personnalités hennuyères de tous les partis et du recteur de l’Université de Louvain. La réalisation du monument est confiée à Léon Gobert qui s’entoure des services de M. Bertiaux, professeur d’architecture à l’Académie de Mons, pour le piédestal, et d’Hector Brognon qui trouve à Soignies, dans les carrières du Hainaut, le bloc de pierre.

Sculpté entièrement dans une même pierre englobant le socle et le buste, l’ensemble représente Léon Mabille jusqu’à hauteur de la ceinture ; par une plaque en bronze, réalisée par Brognon, le monument rend au hommage


A
LEON
MABILLE
BOURGMESTRE

Monument Léon Mabille (Le Roeulx)


Réalisée à l’automne 1927, cette plaque en bronze n’est apposée qu’en 1928, soit plus de six mois après l’inauguration du monument, le dimanche 10 juillet 1927 soit cinq ans presque jour pour jour après la disparition de Léon Mabille (11 juillet 1922). Chapeau sur la tête, mallette sous le bras, tenant d’une main sa cape fermée, Mabille scrute l’horizon d’un air décidé, accentué par sa forte moustache et ses sourcils épais. Aucune signature n’apparaît sur la pierre, mais c’est bien Léon Gobert (Wasmes 1869 – Mons 1935) qui en est le sculpteur principal. On reconnaît bien son style caractéristique.

Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons (1884-1885), puis à l’Académie de Bruxelles (1890-1895), où il reçoit l’enseignement de Charles Van der Stappen, Prix Godecharle 1895, Léon Gobert s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, bustes, médaillons et bas-reliefs illustrant le travail de la mine, la misère et la condition ouvrière. On lui doit des types d’ouvriers ou d’ouvrières, des portraits et des sujets d’inspiration régionale. Travaillant souvent le bronze, il pratique aussi le modelage et la pierre en taille directe : le monument Mabille en serait l’illustration. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres et contribué à l’aménagement du parc, Léon Gobert a signé plusieurs monuments aux morts dans le Borinage et a notamment réalisé la fontaine L’Ropieur à Mons. Professeur à l’Académie de Mons (1899-1934) où il fut formé, il enseigna aussi à l’Institut provincial des Arts et Métiers à Saint-Ghislain.

En dépit des efforts de la majorité catholique, la prestigieuse cérémonie de l’inauguration (avec ses discours, cortège, drapeaux et banderoles aux fenêtres, bénédictions, Brabançonne et autres cantates et harmonies) ne parviendra pas à rassembler tous les Rhodiens. Socialistes et libéraux se mettront en retrait, ne souhaitant pas participer et soutenir, de facto, une démarche qu’ils jugent essentiellement politique. Les correspondants de presse présents comptabiliseront plusieurs milliers de personnes dans les rues de la cité, en l’honneur de « l’illustre tribun », du « lutteur infatigable » et du « champion de la démocratie chrétienne dans le Centre ».

 

M. DEFOURNY, Léon Mabille. Éloge funèbre prononcé le 15 novembre 1922 devant le corps académique et les étudiants de l’Université de Louvain, Louvain, 1922
Emmanuel GÉRARD, Paul WYNANTS, Histoire du Mouvement ouvrier chrétien en Belgique, Leuven University Press, 1994, t. 1, Kadoc-Studies 16, p. 92-93, p. 111
Isabelle CAMBIER, Léon Mabille, le lion du Roeulx, Cercle d’Histoire Léon Mabille, Le Roeulx, 1989
Albert TESAIN, Le monument Léon Mabille, dans Nos 5 Blasons, revue trimestrielle du Cercle d’Histoire Léon Mabille, Le Roeulx, 1993, n°4, p. 3-17
Wallonia t. XII, 1904, p. 261
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 634
ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. III, p. 1696-1699

Square Léon Mabille 
7070 Le Roeulx

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Joseph DUFRANE

Statue à la mémoire de Joseph Dufrane, mieux connu sous le pseudonyme de Bosquétia, réalisée par Léon Gobert, 28 septembre 1913

C’est à l’occasion de la première célébration de la Fête de la Wallonie à Frameries que l’on a procédé à l’inauguration du monument Bosquétia, en souvenir du poète wallon Joseph Dufrane. Un Comité s’était constitué, comprenant notamment Louis Piérard, Ph. Passelecq et l’avocat Demoustier, afin de réunir les fonds nécessaires à la réalisation du monument. La cérémonie officielle est l’occasion pour ce Comité de remettre le monument aux autorités locales, en l’occurrence au bourgmestre Désiré Maroille. Plusieurs discours, récitations de poème et musiques sont interprétées, en présence notamment de Jules Destrée. Honorer un auteur wallon dans le cadre des fêtes de Wallonie leur apparaissait comme une évidence.

Né à Frameries en 1833 et décédé en 1906, Joseph Dufrane a développé une importante activité dans l’industrie. Directeur de charbonnages, il est surtout connu pour être un artiste aux multiples facettes, et considéré comme le « fondateur de la littérature dialectale du Borinage » (Piron). Organiste, chef de fanfare, le musicien était chansonnier et compositeur. Installé à Bruxelles vers 1880, il ressent le besoin de se consacrer aux lettres wallonnes : adaptant en borain des fables de La Fontaine et des pièces de Molière et de Racine, il crée ensuite des œuvres originales, tant en prose que sous forme de chansons ou de pièces de théâtre. Donnant ses lettres de noblesse au wallon borain, il compose En’ c’èst nî co Fram’rîye qui est rapidement considéré comme un hymne pour Frameries et sa région. Chroniqueur dans la presse quotidienne, il utilise le pseudonyme de Bosquétia, l’Écureuil, surnom qui lui survivra. 

Œuvre du sculpteur montois Léon Gobert (1869-1935), le monument alterne la pierre et le bronze ; il se compose d’une stèle érigée sur des gradins bruts de pierre bleue ; dans la partie supérieure, est inséré un médaillon figurant le poète. Et au sommet, un écureuil grignote une branche de chêne. Il s’agit bien sûr de la référence explicite au surnom de Dufrane. Sur les gradins une petite fille lit en souriant l’inscription :

«  A Joseph Dufrane
Qui sous le nom de Bosquétia
A créé et popularisé les lettres boraines.
Ses amis et admirateurs ».

Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, dont il deviendra lui-même professeur, Léon Gobert s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, monuments et bas-reliefs illustrant le travail de la mine et la misère ouvrière. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres, Léon Gobert a réalisé notamment la Fontaine de L’Ropieur à Mons. 

Sources 

Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 151
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598
Robert WANGERMÉE (dir.), Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Mardaga, 1995, p. 84-85
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 206

7080 Frameries

carte

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