SPW - G. Focant

Pont de Wandre

Le pont de Wandre relie, en enjambant la Meuse et le canal Albert, Herstal à Liège. Conçu par le bureau d’études René Greisch, il remplace deux ponts indépendants – un sur chaque voie d’eau – devenus obsolètes suite à la mise au gabarit du canal Albert, dont la largeur est passée de 35 à 85 mètres. Cet ouvrage, inauguré en 1989, vaudra une distinction au bureau qui l’a imaginé, outre une indéniable reconnaissance internationale.

Long de 524 mètres, le pont est un ouvrage haubané à pylône central unique d’une hauteur de 102 m, réalisé en béton armé et précontraint. Les travées principales ont une portée de 168 mètres (Meuse) et 144 mètres (canal Albert) et sont suspendues au pylône en Y renversé par 19 haubans (entre 73 et 175 mètres de longueur espacés tous les 6 m au niveau du tablier). La travée d’approche de la rive gauche est désolidarisée du reste et courbe afin de palier d’éventuels tassements dus à la présence d’anciens puits de mine. 

La mise en œuvre adoptée a maintenu l’utilisation continue des axes routiers et fluviaux, si bien qu’une grande partie du tablier a été réalisée sur la rive gauche et mise en position par poussage, une technique inédite pour les ponts haubanés. Cette première architecturale mondiale est adéquatement rehaussée par un éclairage de nuit mis en place dès la conception.

 

Pont de Wandre - Guy Focant © SPW

 

Pont de Wandre - Guy Focant © SPW

Pont de Wandre
4040 Herstal et 4000 Liège 

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Classé comme monument le 6 mai 1993
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Cremer Jean-Marie

Socio-économique, Entreprise

Cherain 25/08/1945

S’appuyant sur une forte expertise en Recherches et Développement développée par l’ingénieur-architecte René Greisch, Jean-Marie Cremer contribue, en 1984, à la transformation de son bureau en société anonyme. À partir des années 1990, Jean-Marie Cremer – par ailleurs professeur à l’Université de Liège – en devient l’administrateur-délégué et contribue au développement et à la diversification de ses activités, dont la contribution à l’installation du Pont de Millau, en France, ne constitue qu’une des facettes internationalement reconnues. 

En 2005, en se voyant attribuer à Lisbonne le « Prix international du mérite dans la construction civile », J-M. Cremer reçoit surtout le témoignage de la reconnaissance de son expertise par ses pairs au niveau international. Il précise lui-même que son métier, c’est lancer des ponts.

Ardennais ayant quitté Cherain pour mener à Liège ses humanités « latin-math » au Collège Saint-Servais, puis des études d’ingénieur à l’Université, Jean-Marie Cremer est un ingénieur civil en construction (1968) qui va mener de concert une carrière de chef d’entreprise et de formateur. Ingénieur chez Galère (1968-1973), il devient l’un des collaborateurs de René Greisch et se voit confier l’animation d’une équipe spécialisée dans la conception et l’étude des ouvrages d’art (1973-1984). 

Co-fondateur du Beg SA (Bureau d’études Greisch) en 1984, il devient l’administrateur délégué de la « Société Greisch coordination et études » en 1990, puis de « Greisch Ingénierie sa » en 1991, avant de succéder à René Greisch. Administrateur délégué du « Beg » (2003-2009), co-fondateur et président du Conseil d’administration de « Canevas » (2004) spécialement dédiée à l’architecture, il se retrouve à la tête de plus de 100 personnes qui travaillent à différents volets de la construction – à la fois des activités d’ingénierie (constructions de ponts, etc.) et d’architecture et de génie civil –, avec comme objectif d’allier technique et esthétique. Après avoir assuré des heures de formation à l’Institut Gramme (-1995), Jean-Marie Crémer est associé aux travaux de l’Université de Liège, désigné comme chargé de cours à temps partiel (1998) et nommé professeur en masters (2007-2010).

Le pont de Ben-Ahin (1987), avec ses 16.000 tonnes de poussée, était une performance mondiale du fait de sa construction par rotation. Le pont de Wandre (1989), quant à lui, est d’emblée considéré comme l’un des plus beaux d’Europe. La construction du pont-canal de Houdeng par poussage d’une structure de 65.000 tonnes est une autre performance mondiale, comme la construction par lançage du pont de Millau. 

Il est d’autres réalisations qui sont aussi remarquées et distinguées par plusieurs prix (prix de la Convention européenne pour la construction métallique 1987, médaille d’Or Gustave Magnel 1989, Prix de l’Urbanisme de Liège 1993, prix « Limburg 94 », etc.). D’autres récompenses sont attribuées à Jean-Marie Crémer comme le prix 1995 de l’Association française des Ponts et Charpentes, le prix IABSE 2005,  le prix Albert Caquot 2009 de l’AFGC, la Médaille d’Or AILg 2011 du mérite industriel Alexandre Galopin, la fib Medal of Merit 2012, voire son admission comme membre de l’Académie royale de Belgique.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 

Principales réalisation

1985-1987 : pont de Ben-Ahin
1984-1989 : pont de Wandre
1990 : pont de Milsaucy
1990-1994 : viaduc de l’Eau-Rouge
1991-1995 : aménagement intérieur du Parlement wallon (ancien hospice Saint-Gilles)
1995 : bâtiment tri-facultaire de l’Université de Liège (Sart-Tilman)
1995-1998 : Moulins de Beez
1998 : aéroport/aérogare de Liège-Bierset
1998-1999 : agrandissement du stade du Standard de Liège
1997-2000 : pont du Pays de Liège, dit du Val Benoît et divers travaux sur la liaison E40-E25
1998-2000 : stabilisation du Pass, site du Crachet
1998-2000 : Institut de Mécanique et de Génie-Civil de l’Université de Liège (Sart-Tilman)
1998-2001 : Pont-Canal du Sart, à Houdeng
2003 : passerelle Céramique à Maastricht.
2003-2005 : viaduc TGV sur la Moselle (1510 mètres, le plus long de la ligne Est)
2007-2014 : nouvel hôpital de Charleroi
2009 : rénovation de huit ponts métalliques aux Pays-Bas
2010-2015 : écluse de Lanaye

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Greisch René

Culture, Architecture, Socio-économique, Entreprise

Stockem 18/02/1929, Liège 12/07/2000

Avant-dernier d’une famille de 13 enfants, René Greisch termine ses humanités à Liège, à l’Athénée que l’on appellera plus tard Liège I, contraint et forcé, suite à son exclusion de l’établissement d’Arlon qu’il fréquentait. Arrivé en bord de Meuse en 1941, il ne quittera plus la cité ardente : il y fera des études d’ingénieur civil se spécialisant dans le développement urbain (1951) à l’Université, avant de compléter sa formation par une licence en Architecture (1955). Il se spécialise aussi dans la recherche expérimentale dans le domaine des constructions métalliques. C’est là aussi qu’il crée son propre bureau (1959) appelé à connaître un développement exceptionnel, après quelques années passées auprès de G. Lassage (entre 1957 et 1969). C’est là encore que naît la griffe de l’ingénieur-architecte, créatif et novateur, artiste et expérimentateur. Le développement tardif du réseau autoroutier wallon procure à René Greisch ses premiers grands projets spectaculaires : long de 340 mètres, le haut viaduc de Sécheval (1975-1979) précède de peu le plus long et tout aussi haut viaduc de Remouchamps (939 mètres) sur l’autoroute E25, en attendant le viaduc de l’Eau-Rouge (1993).

Ensuite ce sont des ponts : à Lixhe, à Lanaye (1982), à Hermalle (1985). Ce dernier est d’emblée reconnu comme « plus bel ouvrage d’art en acier de Belgique » (1986) et distingué par le prix de la Convention européenne pour la construction métallique (1987). Le pont de Ben-Ahin (1987), avec ses 16.000 tonnes de poussée, est une performance mondiale du fait de sa construction par rotation. Le pont de Wandre (1989), quant à lui, est d’emblée considéré comme l’un des plus beaux d’Europe : techniquement et esthétiquement spectaculaire, le long de ses 500 mètres, ce pont est suspendu à un pylône central unique par un redoublement de 19 haubans doublés. Très vite, il fait l’objet d’une demande de classement auprès de la Commission royale des Monuments et des Sites à l’initiative du ministre wallon Robert Collignon qui salue ainsi un symbole du renouveau liégeois.

S’appuyant sur une forte expertise en Recherches et Développement, le bureau Greisch est à la pointe dans son secteur, car l’esthétique ne doit pas occulter les prouesses techniques : après Ben-Ahin, la construction du pont-canal de Houdeng par poussage d’une structure de 65.000 tonnes est une autre performance mondiale ; sans évoquer la construction par lançage du pont de Millau. Le savoir-faire du bureau Greisch se manifeste aussi du côté de l’Université de Liège qui laisse à l’ingénieur-architecte le soin de concevoir les Serres de l’Institut de Botanique (1976), d’étudier la résistance et la stabilité de la verrière du CHU (imaginée par Charles Vandenhove) et de concevoir le hall d’essai du Centre de recherche métallurgique, sur le site du Sart-Tilman.

Médaille d’Or Gustave Magnel 1989, Prix de l’Urbanisme de Liège 1993, prix « Limburg 94 »… René Greisch est de plus en plus sollicité pour participer lui-même à des jurys. S’il reste le patron historique du bureau qui porte son nom, sa société s’est considérablement étoffée et s’est transformée. En 1985, elle s’est constituée en société anonyme, sous le nom de « Beg » (Bureau d’études Greisch s.a.), avec René Greisch, Raymond Louis et Jean-Marie Cremer comme principaux actionnaires. À partir des années 1990, Jean-Marie Cremer – par ailleurs professeur à l’Université de Liège – devient l’administrateur-délégué d’une société en plein développement et diversification, et dont la contribution à l’installation du Pont de Millau, en France, ne constitue qu’une des facettes.

 

Principales réalisations
  • 1975-1979 : viaduc de Sécheval
  • 1976 : serres expérimentales de l’Institut de Botanique Université de Liège
  • 1980 : viaduc de Remouchamps
  • 1979-1980 : Institut de Thermodynamique, Université de Liège (Sart-Tilman)
  • 1981 : laboratoires d’hydrodynamique, bassin de carènes, Université de Liège (Sart-Tilman)
  • 1980-1982 : pont de Lanaye sur le canal Albert
  • 1981-1985 : pont de Hermalle
  • 1985-1987 : pont de Ben-Ahin
  • 1984-1989 : pont de Wandre
  • 1990 : pont de Milsaucy
  • 1990-1994 : viaduc de l’Eau-Rouge
  • 1991-1995 : aménagement intérieur du Parlement wallon (ancien hospice Saint-Gilles)
  • 1995 : bâtiment tri-facultaire de l’Université de Liège (Sart-Tilman)
  • 1995-1998 : Moulins de Beez
  • 1998- : aéroport de Liège-Bierset
  • 1998-1999 : agrandissement du stade du Standard de Liège
  • 1997-2000 : pont du Pays de Liège, dit du Val Benoît et divers travaux sur la liaison E40-E25
  • 1998-2000 : stabilisation du Pass, site du Crachet
  • 1998-2000 : Institut de Mécanique et de Génie-Civil de l’Université de Liège (Sart-Tilman)
  • 1998-2001 : Pont-Canal du Sart, à Houdeng

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Patricia JANSSENs, 3 questions à Jean-Marie Cremer, dans 15e jour, n°145, juin 2005