Situation des communes de la Voer en 1977

En 1976, les six municipalités de Mouland, Fouron-le-Comte, Fouron-Saint-Martin, Fouron-Saint-Pierre, Teuven et Rémersdael sont fusionnées sous l’appellation de Fourons. La situation créée par les lois de 1962 et 1963 n’est pas modifiée. Bien que leur statut ait fait l’objet de nombreuses discussions et ait fait tomber des gouvernements, les six communes fusionnées demeurent en province de Limbourg, et par conséquent en région unilingue flamande.
Lors du recensement décennal de la population de 1930, la majorité de la population de Fouron a répondu, à la question portant sur la langue utilisée, qu’elle parle le flamand. Une loi postérieure, datant de 1932, donne à cette déclaration des conséquences juridiques et certaines administrations sont flamandisées pour la population fouronnaise, puisqu’une majorité déclare parler cette langue. Depuis 1933, de manière structurée et organisée, une partie importante voire majoritaire de ces villages réclame le maintien du français comme langue administrative. Au lendemain de l’adoption des lois de 1962 et 1963, se constitue un groupe Retour à Liège qui, à chaque scrutin, jusqu’en 1994, remporte les élections dans tous les villages avec, en moyenne, 61,13% des votes valables. En accordant le droit de vote aux élections communales aux ressortissants des États membres de l’Union européenne, la loi modifie considérablement cette situation. En octobre 2000, la majorité communale glisse dans le camp de la liste Voerbelangen qui obtient 52,8% des votes valables et confirme ce basculement en 2006 et 2012.

Références
Pierre VERJANS, Fourons, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, t. II, p. 662-667 ; RiFL


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Happart José

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Herstal 14/03/1947

Député wallon : 1999* ; 2004-2009
Ministre wallon : 1999-2004
12e Président du Parlement wallon : 2004-2009

Diplômé technicien agricole A3, après avoir suivi des cours par correspondance en économie et gestion, avec spécialisation en agriculture, José Happart a dû interrompre ses études pour reprendre la ferme familiale. Trésorier de la cantonale d’Aubel des Jeunes Alliances Paysannes wallonnes (1965), secrétaire (1966), puis président des JAP d’Aubel (1967), il accède à la présidence provinciale des JAP en 1969 avant d’en devenir le vice-président wallon (1970-1973). Membre du comité-directeur des Unions Professionnelles Agricoles (1973), représentant des jeunes agriculteurs au sein du Cercle européen des Jeunes Agriculteurs, ce syndicaliste est connu pour son audace et sa persévérance dans la défense d’une cause. En rejoignant l’Association des Parents francophones des Fourons, José Happart entame un nouveau combat, surtout lorsqu’il en devient le président (novembre 1978-1982, 1989-1998) ; rapidement, l’Association change de nom et devient l’Action fouronnaise. En 1977, il contribue à la fondation du groupe d’action Le Hérisson, et prend part à l’organisation du rendez-vous annuel « la Fête du peuple fouronnais ».

Ce sont les nombreuses et tumultueuses « promenades » de groupes flamands d’extrême droite, du TAK, du VMO, de l’Odal ou de Voorpost qui décident José Happart à quitter le syndicalisme agricole pour se consacrer exclusivement à la cause fouronnaise, à la défense de la démocratie et de la justice. Entre 1978 et 1982, les incidents se multiplient. Depuis les élections communales d’octobre 1964, chaque scrutin prend l’allure d’un référendum pour ou contre le retour des Fourons dans la province de Liège ; le « Groupe Retour à Liège » réunit en moyenne 63 % des voix et dispose ainsi de la majorité absolue au Conseil communal ; l’opposition se concentre dans une seule liste flamande (Voerbelangen). Le 10 octobre 1982, José Happart est élu sur l’unique liste francophone, Retour à Liège, qui obtient 10 des 15 sièges. Dernier sur la liste mais meilleur score personnel, José Happart est proposé à la désignation de bourgmestre. Prêtant serment comme Premier échevin le 1er janvier 1983, en l’absence de bourgmestre nommé, il fait fonction. Face à l’obstruction systématique de la députation permanente du Limbourg, la nomination du bourgmestre de Fourons devient l’abcès de fixation de la question belge. Pour les uns, il suffirait que José Happart accepte de faire la démonstration de sa connaissance du flamand et le problème serait résolu. Pour les autres, la loi communale ne comporte aucune exigence sur le plan linguistique et le combat fouronnais symbolise la résistance à un État au sein duquel les Flamands abusent de leur supériorité numérique et politique, le problème des Fourons n’étant qu’un prétexte et bien antérieur à la personne de J. Happart.

Candidat indépendant sur la liste du PS aux élections européennes, le « Hérisson » est plébiscité par les électeurs du collège français. Avec 234.996 voix de préférence, le bourgmestre de Fourons est élu parlementaire européen. À Strasbourg, il se consacre essentiellement aux matières agricoles ainsi qu’à la question de l’Europe des Régions. Président-fondateur du mouvement Wallonie Région d’Europe (1986), José Happart est à l’origine de la chute du gouvernement Martens-Gol. Ayant grandement contribué au succès du PS au scrutin de décembre 1987, le leader fouronnais critique l’accord du gouvernement conclu par Guy Spitaels (mai 1988) et s’oppose à la participation du parti (dont il est membre depuis septembre 1984) au gouvernement. Les tensions sont très grandes au sein du PS, tant au sujet des avancées institutionnelles que sur la solution à la question fouronnaise. Finalement, dans ce dossier, sur base de la loi spéciale du 9 août 1988, est difficilement négocié l’accord dit de la Saints-Innocents (28 décembre), qui dégage la solution la moins mauvaise pour toutes les parties.  Le collège de Fourons présidé par Nico Droeven compte trois échevins, dont Norbert Lang et José Happart premier échevin (pour Retour à Liège) et Huub Broers pour Voerbelangen. Monsieur H. n’est plus bourgmestre, mais la population de Fourons – sans changer de statut – reçoit des compensations améliorant sa vie au quotidien. Bourgmestre ff en juillet 1994, candidat bourgmestre en décembre, un nouvel accord est finalement négocié en janvier 1995.

Reconduit comme eurodéputé (308.117 voix en 1989 et 265.376 en 1995), il ébranle sérieusement la Commission Santer par sa détermination dans la lutte contre les hormones mais surtout dans sa recherche des responsabilités dans le trafic des farines animales et sur les risques humains de la maladie de la vache folle. Surnommé Monsieur Wallonie, il reste le défenseur de l’idée d’un statut birégional pour Fourons, et continue de revendiquer la régionalisation des compétences communautaires. En 1996, il annonce son souhait de devenir ministre du gouvernement wallon, une fois son mandat européen achevé. En 1998, il annonce son déménagement pour Liège, quitte son domicile fouronnais et renonce ainsi à son mandat d’échevin de Fourons. Candidat au Sénat et au Parlement wallon aux scrutins de 1999, il choisit de siéger à Namur quand il est choisi comme ministre en charge de l’Agriculture et de la Ruralité dans le gouvernement wallon, sous la législature arc-en-ciel marquée par le Contrat d’Avenir pour la Wallonie (1999-2004).

Réélu dans l’arrondissement de Liège en juin 2004, J. Happart siège cette fois au Parlement wallon. Il en devient d’ailleurs le président, et le douzième titulaire de la fonction depuis Franz Janssens en 1974. C’est à ce poste qu’il achève son parcours parlementaire. Avec cinq autres députés PS, il dépose au Parlement wallon une proposition de décret spécial instaurant une Constitution wallonne, texte qui n’est pas pris en considération (avril 2006). Il continue d’exercer son mandat communal à Liège jusqu’en décembre 2012, moment où il se retire de la politique ; il se domicilie à nouveau à Fourons. En 2014, son mandat de président du Conseil d'administration de Liège Airport s.a. est renouvelé pour six années.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 295-302

Mandats politiques

Conseiller communal de Fourons (1983-1998)
Premier échevin et bourgmestre ff (1983-1988)
Député européen (1984-1999)
Échevin (1989-1998)
Bourgmestre ff (1994)
Député wallon (1999)
Ministre wallon (1999-2004)
Conseiller communal de Liège (2001-2012)
Député wallon (2004-2009)
Président du Parlement wallon (2004-2009)

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Happart Jean-Marie

Politique, Député wallon

Herstal 14/03/1947

Député wallon : 1985-1987 ; 1988-1991

Diplômé en technique agricole et en arboriculture fruitière, agriculteur, militant au sein des Jeunes Alliances Agricoles (1965) et des UPA, Jean-Marie Happart y prend rapidement des responsabilités : présidence provinciale des JAP en 1967, vice-présidence wallonne (1968-1970). Au tournant des années soixante et septante, il participe à la célèbre campagne des tridents. Comme son jumeau José, il participe aux mêmes combats agricoles et en faveur du maintien de la langue française à Fourons. À partir de 1976-1977, il est de l’Association de parents d’élèves, de l’Action fouronnaise, du groupe d’action Le Hérisson, de l’organisation du rendez-vous annuel de la « Fête du peuple fouronnais », et de Radio-Fourons.
Sollicité en 1978 par le Rassemblement wallon encore présidé par P-H. Gendebien, Jean-Marie Happart accepte de figurer comme candidat sur les listes du parti wallon aux élections législatives de décembre 1978, dans l’arrondissement de Verviers. En 1981, il est candidat du Rassemblement populaire wallon sur la liste du PS mais c’est en 1985 qu’il obtient son premier mandat de député, à l’heure où son frère tente de faire reconnaître la légitimité de son mandat de bourgmestre de Fourons. Attaché de Cabinet à la Région wallonne auprès du ministre-Président, Jean-Maurice Dehousse entre 1981 et 1985, président de l’asbl Centre de rayonnement de la culture française, membre fondateur de Wallonie Région d’Europe (1986), Jean-Marie Happart soutient l’action du groupe Retour à Liège, mais marque sa vive opposition à la participation du PS au gouvernement en mai 1988. Le député s’abstient d’ailleurs lors du vote de confiance au gouvernement Martens VIII. Malgré leurs désaccords, les élus socialistes – dont J-M. Happart – vont adopter l’ensemble des nouvelles dispositions institutionnelles. Sur base de la loi spéciale du 9 août est négocié l’accord dit de la Saints-Innocents (28 décembre), où Jean-Marie Happart prend une part active pour dégager la solution la moins mauvaise.
Membre du Conseil de la Communauté française, membre du Conseil régional wallon (1985-1991), président de la Commission Environnement de la Chambre (1987-1991), le député se mobilise surtout sur les dossiers où il est question de l’agriculture, dont il souhaite la régionalisation. Non réélu dans l’arrondissement de Verviers en 1991, il est repêché in extremis comme sénateur coopté. Adoptant les nouvelles dispositions institutionnelles prévues dans les accords de la Saint-Michel (1992-1993), le parlementaire y trouve des dispositions destinées à rendre viable un enseignement francophone à Fourons. En août, le Conseil communal de Fourons a décidé la suppression de l’école communale de Fouron-Saint-Martin et son remplacement, dès la rentrée de septembre, par une école libre non-confessionnelle subventionnée, dont le pouvoir organisateur est l’asbl « Centre sportif et culturel des Fourons », que va présider Jean-Marie Happart et qui sera subventionnée durablement par la Communauté française.
A partir des scrutins de 1995, J-M. Happart opte pour le Sénat où, suppléant, il remplace régulièrement le candidat effectif désigné à une fonction ministérielle ou à un autre mandat. Ne manquant aucune occasion de plaider la cause d’un statut bi-régional pour Fourons, il met à profit le statut de sénateur invité pour participer aux séances plénières du Parlement wallon, soulignant ainsi la présence symbolique d’un Fouronnais à Namur. Fort actif dans les dossiers Francorchamps et de la publicité sur le tabac, opposé aux circulaires Peeters, il est deuxième vice-président de la Haute Assemblée (1999-2003), et membre de la Commission des Affaires institutionnelles (1999-2003). Questeur du Sénat (juillet 2003-juin 2004), J-M. Happart devient vice-président de la Commission d’inspection linguistique, chargée du contrôle de l’application de la loi du 30 juillet 1938 concernant l’usage des langues à l’armée (19 mai 2004-10 juillet 2007). Mais c’est le dossier Francorchamps qui va requérir l’essentiel de son temps. Président de l’Intercommunale pour l’exploitation du circuit de Spa Francorchamps (ISF) de 2004 à 2011, vice-président de la Société de promotion du circuit de Spa-Francorchamps (SPCSF) de 2003 à 2006, il s’occupe de la modernisation et de la valorisation d’un outil économique qui ne se limite pas au week-end du grand prix de formule 1. Les difficultés rencontrées autour de ce dossier coûteront son mandat de sénateur en 2007 et signeront la fin de sa carrière politique. En février 2011, il est nommé administrateur, chargé de fonctions spéciales du Circuit de Spa Francorchamps s.a.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 291-295

député (1985-1991)
membre du Conseil régional wallon (1985-1991)
sénateur coopté (1992-1995)
sénateur (1995-2007)