© SPW-Patrimoine-Guy Focant

Maison-atelier d'Armand Rassenfosse

La maison de l’artiste peintre et graveur Armand Rassenfosse (1862-1934), construite en 1899, est l’œuvre de son ami Paul Jaspar (1859-1945). Ce dernier y combine l’architecture traditionnelle dite mosane avec les impératifs de la construction moderne. 

Cette demeure est le premier et le plus convaincant témoin du régionalisme liégeois qui connaîtra son heure de gloire lors de reconstructions au lendemain de la Première Guerre mondiale. 

Parmi les éléments typiques, on notera le grand hall surmonté d’une mezzanine, le salon, la salle à manger et l’étonnant escalier de pierre qui mène à l’atelier.

 

Maison-atelier d'Armand Rassenfosse - G. Focant © SPW

Rue Saint-Gilles 366
4000 Liège

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Classée comme monument le 20 février 2009

Institut du Patrimoine wallon

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Ancienne école normale des humanités ou ancien institut électro-technique Montéfiore

L’ancienne école normale des humanités a été construite de 1881 à 1883 par l’architecte Émile Demany et légèrement transformée dès 1885 par Paul Jaspar. Les bâtiments sont ensuite occupés par l'Institut électrotechnique Montéfiore, d’abord et par l’Institut supérieur d'architecture Lambert Lombard jusqu’en 2005. 

Il s’agit d’un ensemble de bâtiments répartis autour d'une cour centrale fermée par une imposante grille en fer forgé d’inspiration néoclassique, surmontée d'un médaillon au monogramme « I M » et de la date de 1902. 

Au fond de la cour, le bâtiment principal en U de style éclectique est caractérisé par ses façades en pierre blanche et calcaire. Le corps central s’élève sur deux niveaux et compte six travées rythmées de pilastres à bossage un-sur-deux et à refends. Le premier étage est orné des armoiries des provinces belges. 

Outre les frises de triglyphes, les deux travées centrales sont couronnées par un fronton au tympan orné des armoiries de Belgique. Les ailes en retour d'équerre comptent quatre travées, de même ordonnance, plus hautes d'un niveau. Les façades latérales sont ornées chacune de trois reliefs allégoriques. 

À gauche dans la cour, une construction de style néoclassique porte l'inscription « AUDITOIRES ». Sa façade en briques et calcaire est scandée de pilastres doriques. Ce bâtiment abrite un vaste amphithéâtre éclairé par un lanterneau. Dans le prolongement, l’ancien musée a conservé sa galerie et ses fines colonnettes en fonte ainsi que sa rampe d’escalier et sa balustrade en fer forgé ouvragé.

Rue Saint-Gilles 33
4000 Liège

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Classée comme monument le 8 novembre 1993

Institut du Patrimoine wallon

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Immeuble, rue du Jardin Botanique n° 34

Cette intéressante maison de style Art nouveau a été construite en 1902 par l’architecte P. Jaspar pour le Docteur Janssens-Lycops. 

Elle se compose de deux travées de trois niveaux sur de hautes caves. Limitée par une toiture plate, la façade en briques blanches est striée par plusieurs bandeaux de calcaire. 

L’accès s’opère en travée droite par une porte rectangulaire flanquée d'une petite baie asymétrique et protégée par un auvent de calcaire mouluré. 

Au-dessus de l’entrée se trouve une haute baie d'imposte en arc brisé outrepassé, une forme que reproduit de manière moins prononcée la baie qui la surmonte.

Le rez-de-chaussée de la travée de gauche est occupé par un bow-window non saillant, sur lequel se superpose une loggia trapézoïdale en bois couronnée d’un balcon du même matériau. Les baies de la troisième travée sont, plus simplement, rectangulaires.

Le haut de la façade est occupé par trois gargouilles grimaçantes en calcaire réalisées par le sculpteur O. Berchmans.

Rue du Jardin Botanique 34
4000 Liège 

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Classé comme monument le 20 mai 1987

Institut du Patrimoine wallon

Du néo-classicisme à l’art abstrait, du romantisme au surréalisme, les peintres wallons se sont inscrits, en les réinterprétant, dans les grands courants artistiques de leur époque. Ils ont ainsi produit quelques chefs-d’œuvre intemporels, avec un cachet particulier. Au-delà des toiles de maîtres, d’autres artistes ont également laissé des traces de leur travail dans notre quotidien, au travers de sculptures ou de monuments exceptionnels. Retrouvez dans cette leçon un aperçu de la création contemporaine wallonne dans ces trois domaines.

Jaspar Paul

Culture, Architecture

Liège 23/06/1859, Liège 18/02/1945

La formation scolaire du jeune Jaspar est chaotique : pour ce fils de patron d’industrie que le travail manuel ne rebute pas l’école paraît inutile ! Inscrit d’abord à l’Académie des Beaux-Arts de Liège (1875), Paul Jaspar fréquente ensuite celle de Bruxelles (1878), et en ressort diplômé en 1883, mais surtout décidé à se consacrer à l’architecture dont quelques principes lui ont été inculqués par Félix Laureys. Condisciple de Victor Horta et de Paul Hankar (son futur beau-frère) à l’Académie, il a surtout tiré profit d’un long stage dans l’atelier de Henri Beyaert. Le traditionnel voyage en Italie conforte Jaspar dans ses goûts pour l’architecture régionale. À Florence, grâce à Henri Simon, Paul Jaspar a l’occasion de rencontrer l’avocat Clochereux pour lequel il réalise les plans de sa première villa de campagne, à Lincé (circa 1884 et sv.).
Pionnier du retour aux traditions locales et chef de file de la néo-Renaissance mosane, architecte moderniste, Jaspar est conscient de vivre dans une période où de nouveaux matériaux font leur apparition. Ayant retenu la rigueur de Beyaert tout en étant inspiré par Hankar et l’Art nouveau, Paul Jaspar intervient pour des cheminées, vitraux et autres façades, avant d’obtenir des commandes significatives de maisons, de villas ou de bâtiments de la part d’artistes, de bourgeois ou d’industriels de la cité Ardente : Armand Rassenfosse, Charles Magnette, Émile Berchmans, l’imprimeur Auguste Bénard, le directeur de la Métallurgie de Prayon, etc.

Auteur de projets de maison situées essentiellement dans sa ville natale, surtout actif entre 1890 et 1905, Jaspar commet quelques rares réalisations en dehors de Liège : pour des particuliers à Bruxelles, à Spa et en Allemagne. Respectueux de l’architecture mosane traditionnelle, il renouvelle le genre en exploitant par exemple les potentialités que lui offrent le métal, le béton armé, le verre et le bois. Architecte moderniste, trois constructions caractéristiques ne sont malheureusement plus là pour le prouver (maison de Hoboken, 1903, Les Galeries Liégeoises (rue Pont d’Avroy) et les bâtiments de la Renommée, rue Laport, à Liège, 1905). 

Novateur épris du passé (la formule est de Delchevalerie, parodiant sans doute du vieux, du neuf, le titre d’une brochure publiée par Jaspar en 1898), considéré aujourd’hui comme « l’introducteur de l’Art nouveau à Liège », membre actif de l’Association des architectes de Liège, il se définit lui-même comme régionaliste. Lors du Congrès wallon organisé à Liège en 1905, il s’efforce d’ailleurs de définir la spécificité wallonne en architecture (rapport sur le sentiment wallon en architecture). Vice-président de la section liégeoise de la Société des Amis de l’Art wallon, lors de sa création en 1912, Paul Jaspar affirme, la même année, qu’il existe une communauté de sensibilité et de mentalité entre tous les Wallons, de Tournai à Verviers. Il figure aussi parmi les fondateurs du Musée de la Vie wallonne et, l’année suivante, du Musée d’Architecture.

Durant les années qui vont de 1899 à 1910, Paul Jaspar n’est pas seulement architecte. Il est aussi le patron de la SA Les Ateliers Jaspar, que dirige son frère André depuis le décès de leur père Joseph, en 1899. À partir de 1910, les ACEC deviennent actionnaires majoritaires et l’architecte peut se consacrer à ses seules passions. Pendant la Grande Guerre, il porte toute son attention à la préservation des monuments. Après l’Armistice, l’architecte se concentre sur trois grands projets : un projet de monument commémoratif de la Défense nationale (beffroi ou colonne de 70 mètres de haut) qui ne se fera pas (1920), la reconstruction de l’hôtel de ville de Visé (1921) et enfin la supervision de la reconstruction de Dinant.

Membre correspondant (1921) puis membre titulaire (1929) de l’Académie de Belgique, classe des Lettres, Jaspar en devient le directeur en 1933. Deux ans plus tard, il abandonne son métier d’architecte, constatant avec regret « la faillite de l’art régional ». En 2009, la ville de Liège lui a consacré diverses manifestations d’importance à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance.

 

Sources

Sébastien CHARLIER (dir.), Carole CARPEAUX, Monique MERLAND, Paul Jaspar architecte (1859-1945), Liège, Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, 2009
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 864
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Etudes et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 92-94
Victor-G. MARTINY, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 3, p. 200-204
Charles DELCHEVALERIE, Un architecte liégeois, dans Wallonia, juin 1903, p. 142

Berchmans Oscar

Culture, Sculpture

Liège 1869, Spa ou Han 1950

Son père (Émile-Édouard) et son frère (Émile) avaient choisi la voie de la peinture ; Oscar, quant à lui, a opté pour la sculpture. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège auprès de Prosper Drion et d’Adrien de Witte (1884), il fréquente l’atelier de Léon Mignon et de Paul de Vigne auprès desquels il apprend son métier. Établi à Liège vers 1900, le sculpteur dispense ses services auprès de particuliers ou en répondant à des commandes publiques ; il prend part aussi à des expositions. Ses décorations de maisons particulières s’accordent aux projets des architectes Paul Jaspar et Victor Rogister ; inspiré par les principes de l’Art nouveau, il y travaille avec son frère ou ses amis Auguste Donnay, Armand Rassenfosse et autre Gustave Serrurier-Bovy. 

Quant à la ville de Liège, elle le sollicite tant pour des bas-reliefs destinés au Palais des Beaux-Arts de l’exposition de 1905, que pour le mémorial Mignon (1906), des bustes et des monuments comme ceux dédiés à Montefiore-Levy (1911) ou à Hubert Goffin à Ans. Déjà sollicité par des particuliers pour des monuments funéraires avant 1914, il reçoit des commandes publiques pour élever des monuments aux morts et héros de 14-18. Ainsi, Berchmans réalise le mémorial dédié à l’exploit de l’Atlas V (cfr Jules Hentjens) et  le bas-relief apposé contre la façade de l’Université de Liège commémorant les exécutions sommaires de civils par les Allemands durant la nuit du 20 au 21 août 1914. Cependant, c’est le fronton de la façade de l’Opéra royal de Wallonie qui constitue la plus belle réussite d’Oscar Berchmans (1930). Après la Seconde Guerre mondiale, il enseigne à l’Académie de Liège.

 

Sources

Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 359