HENRI V DE LUXEMBOURG

Politique

Lieu inconnu 1216, Mayence 24/12/1281

Petit-fils de Henri IV de Luxembourg, dit Henri l’Aveugle, comte de Namur, fils de Ermesinde et de Warélan III de Limbourg, Henri V continue l’œuvre de sa mère, lorsqu’il inaugure l’importante abbaye de Clairefontaine et acquiert ce qui deviendra la prévôté d’Aywaille. Comte d’Arlon, de Luxembourg et de La Roche (1247), il pense être en mesure de rétablir la situation territoriale qu’avait créée son grand-père Henri l’Aveugle, quand il s’empare par surprise du comté de Namur en 1256 ; il porte alors aussi le nom de Henri III de Namur. Luttant contre des seigneuries « autonomistes », il consolide les liens entre tous ses comtés et les institutions du pays (prévôtés). Tourné vers la France, il introduit le droit de Beaumont. S’appuyant sur les nobles et des agents administratifs dévoués, il étend les libertés et franchises à des villes moyennes (Grevenmacher, 1252, Bitbourg, 1262). Mais en 1264, il cède ses droits sur Namur à Gui de Dampierre. Disposant de Ligny-en-Barrois par son mariage avec Marguerite de Bar, il devra se contenter de ses titres sur le Luxembourg et La Roche jusqu’à son décès.

 

Sources

Félix ROUSSEAU, Henri l'Aveugle : comte de Namur et de Luxembourg, 1136-1196, Liège, Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université, 1921
Gilbert TRAUSCH (dir.), Histoire du Luxembourg. Le destin européen d’un « petit pays », Toulouse, Privat, 2010

Henri VII de Luxembourg

Politique

Valenciennes c. 1275, Buonconvento 24/08/1313

Arrière-petit-fils de Henri l’Aveugle, fils de Béatrice d’Avesnes et de Henri VI, comte d’Arlon et de Luxembourg tué à Worringen en juin 1288, Henri est l’aîné des cinq enfants de la maison de Luxembourg ; dès lors, il devient comte de Luxembourg à la mort de son père (1288), mais brigue surtout la couronne impériale restée sans titulaire depuis la mort de Frédéric II de Hohenstaufen. Élu Roi des Romains en 1308, il prend le titre d’Empereur romain germanique en se faisant couronner à Rome. Il est sacré en 1312, mais perd la vie (malaria) lors de son séjour en Italie. De son mariage avec Marguerite de Brabant (1292), naîtra Jean Ier l’Aveugle.

 

Sources

Félix ROUSSEAU, Henri l'Aveugle : comte de Namur et de Luxembourg, 1136-1196, Liège, Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université, 1921
Gilbert TRAUSCH (dir.), Histoire du Luxembourg. Le destin européen d’un « petit pays », Toulouse, Privat, 2010

Jean 1er De Luxembourg, (dit Jean l'aveugle)

Politique

Lieu inconnu 1296, Crécy-en-Ponthieu 26/08/1346

Fils de Marguerite de Brabant et de Henri VII, comte de Luxembourg élu roi des Romains de 1308 à sa mort en 1313, Jean devient roi de Bohême en 1310 par son mariage avec Élisabeth, sœur de Venceslas de Bohême. Plus intéressé par les champs de bataille d’Europe que par la direction de la Bohême (les grands du royaume ne veulent d’ailleurs pas de lui), il laisse à sa femme le soin de porter la couronne, pendant qu’il contribue à la victoire de Louis V de Bavière à Mühldorf (1322), à celle du roi de France contre les Flamands (1328) ou qu’il vient en aide aux chevaliers teutoniques (1329).

Alors qu’il progresse promptement à travers le nord de l’Italie, au service de Louis V, il se laisse convaincre par le pape, Jean XXII, de prendre la couronne d’Italie ; ce faisant, il suscite la colère de Louis V qui soulève la Bohème contre son prince. Mâtant la révolte, Jean Ier étend même ses territoires. Impuissant contre la cécité qui le gagne (d’où son surnom de Jean l’Aveugle, 1339), il parvient à faire élire son fils Charles à la tête de l’empire (1346). C’est en se battant contre les Anglais à Crécy que Jean l’Aveugle trouve la mort. L’existence de Jean Ier sera idéalisée par le roman chevaleresque, sa mort en héros à la bataille de Crécy étant le point d’orgue de celui qui courut derrière la couronne impériale sans jamais l’obtenir. Jean Froissart ne manqua pas de rapporter ses exploits qui, magnifiés, fait de Jean l’Aveugle un personnage majeur de l’histoire luxembourgeoise.

Réussissant de « bons » mariages pour ses enfants, à défaut de coiffer lui-même la couronne impériale, Jean l’Aveugle accorde de l’attention à ses terres luxembourgeoises, au rôle militaire et à l'importance politique de ses villes. Devenu comte de Luxembourg, à la mort de son père en 1313, il a fait de « ses » villes des forteresses destinées à défendre le pays. Ainsi Bastogne, qu'il affranchit en 1332 et qu'il oblige à s'entourer immédiatement d'un puissant rempart. Il marque aussi l’histoire de La Roche-en-Ardenne et de Durbuy en confirmant, en 1331, les franchises de ses villes. Tout en créant la foire de Luxembourg (1340), il encourage l’activité économique dans ses frontières renforcées. Mais l’intérêt des princes de la famille de Luxembourg à l’égard des terres d’entre Meuse et Moselle s’éteint avec lui (1346). 

 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 154
Dictionnaire d’histoire de France, Paris, Perrin, 1988
Gilbert TRAUSCH (dir.), Histoire du Luxembourg. Le destin européen d’un « petit pays », Toulouse, Privat, 2010

Le duché de Luxembourg (1354)

Réussissant de « bons » mariages pour ses enfants, à défaut de coiffer la couronne impériale, Jean l’Aveugle accorde de l’attention à ses terres luxembourgeoises qui s’agrandissent et se fortifient. Tout en créant la foire de Luxembourg (1340), il encourage l’activité économique dans ses frontières renforcées. Mais l’intérêt des princes à l’égard des terres d’entre Meuse et Moselle s’éteint avec lui (1346). Ses enfants et petits-enfants sont en effet davantage préoccupés par la succession impériale qui oppose les Wittelsbach, les Habsbourg et les Luxembourg.
Alors que le titulaire, Louis de Bavière, vit encore, Charles IV, fils de Jean l’Aveugle, est désigné empereur (1346). À peine couronné, il fait promulguer la Bulle d’or qui codifie désormais les élections impériales (1356) ; ce règlement restera en vigueur jusqu’à la disparition du Saint-Empire romain germanique le 6 août 1806. Il permet notamment à la maison de Luxembourg de conserver le titre impérial de manière quasi ininterrompue jusqu’en 1438. Le centre de l’empire se déplace alors vers l’est, Prague devenant le centre politique et culturel, et l’intérêt pour le comté de Luxembourg, érigé en duché au profit de Wenceslas Ier en 1354, devient secondaire. Néanmoins, devenu par mariage duc de Brabant, Wenceslas doit prêter le serment de respecter les libertés et privilèges de son nouveau duché. Il ramènera en Luxembourg cette procédure d’engagement du prince à l’égard de la noblesse et des villes. À cette date, la charge de sénéchal est créée ; elle deviendra héréditaire et donnera droit de présider les états provinciaux.
Sans gouvernail, le duché de Luxembourg est en proie aux luttes intestines et est particulièrement endetté quand Philippe le Bon en fait l’acquisition (traité de Hesdin 1441), avant de confirmer sa possession par les armes (1443). En l’absence des princes, les trois États ont pris progressivement de l’importance, assurant une continuité spécifiquement « luxembourgeoise », à forte coloration culturelle française. Avec les Bourguignons, l’ordre est rétabli et un système plus centralisateur et autoritaire écarte les villes et la noblesse du pouvoir.

Références
AzKG-94 ; DHGe14 ; ErCover ; Faid119-121 ; H67 ; HW04-112 ; TrauLxb86 ; TrauLxb86, 92, 119, 137, 142-145, 154, 167


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)