Boly Joseph

Culture, Littérature, Eglises, Militantisme wallon

Jauche 27/01/1926, Huy 9/06/2014

Licencié et agrégé en Philologie romane de l’Université catholique de Louvain (1956), Joseph Boly ne cache pas l’influence qu’ont eue sur lui ses professeurs De Trooz, Hanse, Pop et Genicot. Prieur de la communauté de Hannut des Pères de l’ordre des Croisiers (1967-1976 et 1982-1997) où il avait accompli ses études secondaires, ancien de l’Université des Mutants (Dakar), professeur et inspecteur de français pour la province de Liège (1953-1991), directeur du Collège de Hannut, ce « Pèlerin de la langue française » est un écrivain auquel on doit notamment La Wallonie dans le monde français, De Gaulle écrivain ainsi que, paru en 1987, Le Journal d’un mutant de l’île de Gorée.

Disciple de Jacques Leclercq, aimant à proclamer comme lui qu’il est Wallon, c’est-à-dire un Français de Belgique, membre de Rénovation wallonne (1967) et de son Conseil général (1971-1980), co-fondateur du journal Rénovation et de la revue 4 millions 4 (1970-1981), où il consacre des articles aux artistes wallons et aux écrivains de langue française qu’il affectionne, se proclamant fédéraliste voire même séparatiste, il a contribué à la prise de conscience, dans les milieux catholiques wallons, de la nécessité pour la Wallonie de prendre ses destinées en main.

Récompensé par de nombreux prix, dont en 1972 le prix de la ville de Mouscron pour La Wallonie dans le monde français (édité par l’Institut Jules Destrée), et le prix de Wallonie libre 1984 pour son essai Francité, celui qui est membre du bureau de la Fondation Plisnier depuis 1954 s’intéresse depuis longtemps aux “ littératures françaises de l’extérieur ”. Tout en achevant sa formation linguistique et littéraire auprès du linguiste roumain Sever Pop, Joseph Boly révélait, dans La Voix au cœur multiple (1966), des textes écrits en français sous toutes les latitudes, et surtout en Afrique. À partir de 1991, année où il met un terme à quarante années consacrées à l’enseignement de la langue et de la littérature françaises à des générations de rhétoriciens, il se consacre de manière bénévole à l’apprentissage du français pour ceux dont ce n’est pas la langue maternelle, étudiants du monde entier venus en Europe en coopération avec le Rotary et l’Alliance française.

Membre du bureau de l’Association des Écrivains de Wallonie (1971), vice-président de l’Alliance française Condroz-Meuse-Hesbaye (1974), vice-président de l’UWEA (1974), Joseph Boly est membre de nombreuses associations internationales dont la défense de la langue française est la principale préoccupation. Surtout, il est encore président-fondateur de la Société Claudel en Belgique (1971) et vice-président du Cercle d’études Charles de Gaulle (1976), deux personnalités françaises sur lesquels le père Boly a beaucoup écrit. En 1996, au sein de la Fondation Plisnier, il publie Visage de la francité où, en rendant hommage à Léopold Sédar Senghor, il évoquait son amour de la culture française, après avoir rappelé, en 1993, dans Mes grandes amitiés, ses rencontres avec Hanse, Lobet, Claudel et Senghor...

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 166-167

Œuvres principales

L’annonce faite à Marie, de Claudel (analyse), L’Ecole, Paris, 1957
Pieter van de Meer de Walcheren, essai, Appels, Liège, 1958
Dialogue des Carmélites de Bernanos, analyse, L’École, Paris, 1960
Mon journal en Terre Sainte, Ed. Fratelzon, Liège, 1965
La voix au cœur multiple, anthologie mondiale de la littérature française contemporaine, L’École, Paris, 1966
La Wallonie dans le monde français, essai, préface de Lucien Outers, Institut Jules Destrée, Nalinnes, 1971
Nel mezzo... di nostra vita, poèmes, Journal de Sainte-Croix, Hannut, 1973
Armand Godoy, poète cubain de langue française, essai, Éd. Latines, Paris, 1974 (Prix Marcel Lobet 1973)
Chasse aux anglicismes, petit glossaire franglais-français, Louis Musin, Bruxelles, 1974 (Préface de Joseph Hanse)
Marcel Lobet et l’aventure spirituelle, essai, Éd. Présence francophone, Québec, 1975
Albert Frank-Duquesne et Paul Claudel, essai, Société Paul Claudel en Belgique, 1977
Charles de Gaulle, écrivain, essai, Ed. Cercle d’Études Charles de Gaulle, Bruxelles, 1978
Chasse au franglais, essai, Louis Musin, Bruxelles, 1979
Hommage à la terre wallonne, Fondation Charles Plisnier, Bruxelles, 1979
À Gorée, j’ai rencontré l’Islam, mémoire présenté à l’Université des mutants de l’île de Gorée (Dakar), 1981
Mélanges claudéliens. Un homme, une oeuvre, essai, Société Paul Claudel en Belgique, 1981. Préface de Marcel Lobet (Prix Eugène Schmits, 198)
Francité, essai, Fondation Charles Plisnier, Bruxelles, 1984 (prix "Wallonie libre" 1984)
Marcel Lobet, Dossiers L, n° 1 fascicule 3, Service du Livre Luxembourgeois, Marche-en-Famenne, 1984
Hubert Juin, Dossiers L, n° 6 fascicule 2, Service du Livre Luxembourgeois, Marche-en-Famenne, 1985
Le journal d’un mutant de l’île de Gorée, essai, Coopération par l’Education et la Culture, Bruxelles, 1987 (préface de L. Sédar Senghor)
Camille Claudel, essai, Société Paul Claudel en Belgique, 1989
De Gaulle et la République des Lettres, essai, Cercle d’études Charles de Gaulle, Communauté française Wallonie-Bruxelles, 1990. Préface de Philippe de Saint Robert
Mes grandes amitiés, essai, Éditions de l’Aronde, Avin-en-Hesbaye, 1993
Teilhard et Claudel, essai, Société P. Claudel en Belgique, 1994
Se sauver par l’écriture, essai, Coopération par l’Éducation et la Culture, Bruxelles, 1995
Visages de la francité, vadémécum du parler français, essai, Fondation Charles Plisnier, Bruxelles, 1996
Boff et Teilhard, essai, Société P. Claudel en Belgique, 1996
L.S. Senghor en dialogue avec Claudel, Béjart, Teilhard et de Gaulle, essai, Société P. Claudel en Belgique, 1997
René Cliquet parmi nous, essai, L’Aronde, Avin, 1997
Les Croisiers aux origines de leur histoire, essai, Hannut, 1998
Trajectoire spirituelle, essai, Scriptores christiani, Bruxelles, 1999
Richesses du désert, essai, Province européenne des Croisiers, Louvain, 2000
Langue française, terre d’accueil, essai, Alliance française, Huy, 2000
Paris mystique, essai, Hannut, 2002
Lettres à Joseph Boly, Association internationale des Amis de Marcel Lobet, Bruxelles, 2002
Prier avec les sœurs Clarisses, essai, Hannut, 2002
Métaphore du Passage, essai, Coopération par l’Éducation et la Culture, Bruxelles, 2002
Camille Claudel : Lettres de l’asile, Société Paul Claudel en Belgique, 2003
Coups de cœur. Mon journal en vers, poèmes, Ed. Le Singulier Pluriel, Wasseiges, 2004
Mélanges de Paul Claudel à Elie Wiesel offerts à Joseph Boly, collectif, Luc Moës éditeur, 2005
Le Français, terre hospitalière, Fondation Plisnier, 2006

Leclercq Jacques

Eglises, Militantisme wallon

Bruxelles 03/06/1891, Beaufays 13/07/1971

Professeur de Philosophie morale et de Droit naturel à l’Institut Saint-Louis de Bruxelles (1921-1938), professeur à l’Université catholique de Louvain (1938-1961), Jacques Leclercq est le fondateur de l’importante revue La Cité chrétienne créée dans le but de développer les valeurs évangéliques dans la société belge (1926-1940). Grâce à la forte empreinte intellectuelle et humaine de son rédacteur en chef, ce projet éditorial marque plusieurs générations d’étudiants certainement séduits par sa liberté d’esprit, son goût du paradoxe, et son non-conformisme.

Auteur abondant, Jacques Leclercq participe à la fondation de l’École des Sciences politiques et sociales, à l’Université catholique de Louvain (1950), à la création de la Société d’Études politiques et sociales (1951) et il inaugure, en 1955, le Centre de Recherches sociologiques.
Aumônier général de la Jeunesse universitaire catholique depuis 1930, Mgr. Leclercq mène une réflexion constante sur la question wallonne et s’exprime publiquement sur le sujet à trois reprises (1938, 1945, 1963), invitant les jeunes catholiques à prendre part à la construction de la communauté wallonne, et à contribuer à l’instauration du fédéralisme. Au début des années 1960, il s’enthousiasme pour Vatican II qui rencontre une série de ses idées.

 
Sources

SAUVAGE Pierre, Jacques Leclercq 1891-1971, Paris-Louvain-la-Neuve, 1992
SAUVAGE Pierre, dans Nouvelle Biographie nationale, 1988, t. I, p. 233-237
SAUVAGE Pierre, Jacques Leclercq. Les catholiques et la question wallonne, Charleroi, Institut Destrée, 1988, coll. Ecrits politiques wallons, n°2

Leclercq Jacques

Officier (Historique)

BRUXELLES 03.06.1891 – BEAUFAYS 16.07.1971

Docteur en Droit puis en Philosophie de l’Université de Louvain, Jacques Leclercq est ordonné prêtre par le cardinal Mercier en 1917. Dès le début des années vingt, il développe dans sa revue bimensuelle La Cité Chrétienne une réflexion sur la société dans son ensemble et sur la société belge en particulier. Plaidant, dans ce domaine, pour une meilleure prise en compte des griefs flamands, il prône le dialogue et une meilleure compréhension mutuelle afin de sauver le pays.

A la fin des années trente, devenu professeur à l’Université de Louvain, il insiste pour la formation d’une Communauté populaire wallonne capable de maintenir le dialogue avec son équivalent flamand. Dans toutes ses interventions, Jacques Leclercq demeure prudent et s’en tient à la dimension culturelle, sans aborder les conséquences politiques. Devenu un homme célèbre, il n’en reste pas moins redouté par une bourgeoisie dont il bouscule les idées, tant sur le plan de la foi que de la conception du pays.

Sa pensée wallonne évolue pendant la guerre et, à la Libération, sollicité et interpellé, il décide de s’investir davantage dans la chose publique. Membre du comité consultatif du Groupement d’étude et d’action Rénovation wallonne, il insiste sur la priorité du culturel et l’importance de mieux faire connaître la Wallonie aux Wallons. Dans le climat de totale liberté de 1945, il écrit Y a-t-il une question wallonne ? dans laquelle il prône l’instauration du fédéralisme.

Cessant de collaborer à des revues soutenant le retour de Léopold III, il se garde de prendre position jusqu’à la conclusion de la Question royale. Lorsque la thématique wallonne revient au cœur des débats à la fin des années cinquante, Rénovation wallonne est relancée et Jacques Leclercq réaffirme sa préférence pour le fédéralisme mais s’abstient de nouveau de l’affirmer publiquement, étant donné le climat au sein de l’Eglise.

Retiré, en 1961, à l’ermitage du Caillou blanc à Beaufays, sur les hauteurs de Liège, le chanoine Leclercq demeure attentif aux débats sur le sort des Fourons. Voulant rappeler aux chrétiens leur responsabilité de citoyens, il rédige un appel à l’adresse des catholiques, Les Catholiques et la question wallonne. Insistant sur le fait que le système unitaire livre la Wallonie à la Flandre, qui dispose de la majorité au Parlement, il évoque une formule de décentralisation qu’il n’appelle pas fédéralisme, afin de ne pas heurter l’opinion catholique. Plus tard, constatant l’impossibilité de créer une seule université catholique belge, il lui paraîtra naturel de transférer l’université en terre wallonne.

S’il a toujours observé une certaine réserve publique en ce qui concerne la question wallonne, le chanoine Leclercq aura toute sa vie réfléchi à la foi et la place de l’Eglise dans la société. Il aura eu une grande influence sur les militants catholiques wallons pour qui il aura été un inspirateur et un conseiller. Il aura contribué à l’éveil de la conscience wallonne chez un certain nombre de ses contemporains, leur rendant la fierté d’être à la fois catholiques et wallons.

Jacques Leclercq fut fait Officier du Mérite wallon en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, LECLERQ Jacques, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 3754.
Pierre SAUVAGE, LECLERQ Jacques, dans Nouvelle biographie nationale, t.1, 1988, pp. 233-237.