© Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste MARTEL Ernest

Ce sont les élèves de l’École industrielle d’Écaussinnes, avec l’aide de leur professeur, le sculpteur Hector Brognon, qui ont réalisé, 16 septembre 1934, les bustes d’Ernest Martel et de Félicien Yernaux que l’on peut encore voir aujourd’hui depuis la rue Ernest Martel, dans la cour d’entrée de l’actuelle École Industrielle et Commerciale d’Écaussinnes. 

De 1933 à 1937, Martel succéda à Yernaux à la présidence de la Commission administrative de cet établissement destiné à former la jeunesse aux métiers de la région. L’utilité de cette école était défendue de longue date par Ernest Martel, figure marquante de l’entité où il était né en 1880. 
 

Porteur de télégrammes d’abord, carrier ensuite, le jeune Martel (1880-1937) milite très jeune dans l’action socialiste, syndicale d’abord, politique ensuite. Très vite, l’affilié au Syndicat des Ouvriers de la Pierre prend des responsabilités et il succède à Maurice Denis à la tête de la Fédération nationale des Ouvriers de la Pierre et du Plâtre qu’il transforme en Centrale des Travailleurs de la Pierre. Il y joue un rôle majeur sur le plan régional, national et international. 

Conseiller communal d’Écaussinnes élu en octobre 1911, il devient échevin des Finances (1912-1921) et c’est à ce titre qu’il tente de préserver la situation de sa population durant les années d’occupation allemande. Après l’Armistice, il devient le bourgmestre d’Écaussinnes-d’Enghien de 1921 à 1929 ; élu conseiller provincial du Hainaut (1928), il renonce à ses mandats communaux pour endosser la fonction de député permanent. Il renonce aussi à ses fonctions syndicales, cédant le Secrétariat national de la Centrale de la Pierre à Hubert Lapaille, tout en étant élu à la présidence de l’organisation. 
 

Tant le buste de l’École industrielle que le nom attribué à l’une des artères principales de la localité sont des témoignages de reconnaissance des habitants à l’égard de quelqu’un qui s’est engagé résolument dans la défense de leurs intérêts, tant sur le plan social, que politique et économique. De longue date, Ernest Martel réclamait la création d’une École industrielle pour former la jeunesse aux métiers de la région. Après le dur lock-out de 1909-1910, l’École de dessin est transformée en École industrielle et commerciale d’Écaussinnes, avec le soutien des maîtres de carrières. 

Il semble que Félicien Yernaux soit désigné comme premier président de la Commission administrative de l’école et qu’il exerce ce  mandat jusqu’en 1933, année où il est remplacé par… Ernest Martel. Symbolisant l’accord qui pouvait régner entre industriels et syndicalistes, l’École industrielle devient le lieu qui accueille les bustes de Yernaux et de Martel. Le projet est certainement né au moment du passage de relais entre les deux hommes et l’inauguration se déroule le 16 septembre 1934. 
 

Surnommé  « le Rodin de Bois d’Haine », Brognon avait l’habitude de prêter ses services dans la réalisation de monuments ou de bustes réalisés par ses élèves ou par ses amis. Au sortir de la Grande Guerre, il jouit d’une solide réputation dans le Hainaut en raison de sa parfaite connaissance de la pierre bleue d’Écaussinnes. Plusieurs commandes de bustes et de statues lui parviennent, ainsi que des monuments aux morts et aux héros des deux guerres destinés aux places publiques (Écaussinnes-d’Enghien) ou aux cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926) ; il réalisera aussi le monument Ernest Martel du cimetière. Brognon est encore l’auteur du monument dit de Marguerite Bervoets à La Louvière et a participé à la décoration des frontons et panneaux de l’hôtel de ville de Charleroi (côté rue de Turenne et rue Dauphin).

 

Sources

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives 
- Le Mouvement syndical belge, n°12, 20 décembre 1937, p. 6 
- Claude BRISMÉ, Ernest Martel (1880-1937), dans Le Val Vert. Bulletin trimestriel du Cercle d'Information et d'Histoire locale des Écaussinnes et Henripont
- Écaussinnes-Lalaing, 1988, n° 64 ; 1989, n° 65-67 
- Claude BRISMÉ, Histoire des Écaussinnes, recueil n°15 du Cercle d’information et d’histoire locale, 2010 
- Léon BAGUET, dans Le Val Vert, 1990, n°69, p. 12 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 155 
- Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d’Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56 
- http://www.eic-ecaussinnes.be/historique_suite.html (s.v. février 2014) 
 

Cour de l’École commerciale et industrielle
rue Ernest Martel 6
7190 Écaussinnes

carte

Inauguré le 16 septembre 1934

Paul Delforge