Notger

L'église Saint-Jean-l'Évangéliste

La statue de Notger dans l’église Saint-Jean-l’Évangéliste © IPW
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La statue de Notger dans l’église Saint-Jean-l’Évangéliste

Tout comme l’abbaye de Saint-Jacques et les six autres collégiales, l’église Saint-Jean fut fondée par un prince-évêque. Église préférée de Notger (972-1008), il la choisit comme lieu de sépulture. Si la localisation précise de sa tombe n’a malheureusement jamais été identifiée, l’édifice conserve toutefois le souvenir du premier prince-évêque de Liège. Un monument a été érigé à sa mémoire en 1570 et se trouve aujourd’hui dans une chapelle. Ne plaisant plus aux chanoines, il fut remodelé en 1723. Il représente Notger agenouillé en prière et comporte l’inscription suivante : « Monument rénové à la bonne mémoire du révérend seigneur Notger évêque de Liège, fondateur et donateur de cette église ainsi que d’autres églises ».

Reconstruite à plusieurs reprises entre le XIIe et le XVIIIe siècle, l’église actuelle a été bâtie selon les plans de l’architecte Gaetano Matteo Pisoni en 1752 sur les fondements existants et remaniée à deux reprises dans les décennies suivantes. Mélange de styles et de diverses constructions, l’édifice conserve d’autres traces de l’ancienne principauté de Liège. La galerie sud du cloître comporte ainsi plusieurs chapiteaux représentant chacun un angelot sculpté dans la pierre. Parmi ceux-ci, tous datés des années 1500-1510 se trouvent deux chapiteaux dont les angelots tiennent un blason aux armes du prince-évêque Érard de la Marck et un troisième figurant l’aigle bicéphale impérial, nouvelle référence aux liens entre le Saint-Empire et la principauté. Dans la galerie est, parmi les nombreux monuments funéraires, se trouve le caveau de la famille d’Andriesens dont la dalle, déplacée, comporte une référence au prince-évêque Jean-Théodore de Bavière. Cette dalle carrée de marbre blanc gravé autour d’un cadre de marbre noir comporte en effet l’inscription « Marie Dieudonné du Vivier, épouse à Mr C.S. D’Andriesens, conseiller de Sa Mai[ESTÉ] Impér[IALE] (…) ».

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La statue de Notger dans l’église Saint-Jean-l’Évangéliste © IPW
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Les fortifications médiévales et modernes

La capitale de l’État se doit bien entendu de posséder un système de défense digne de son rang. Une fois encore l’initiative vient de Notger, ce premier prince-évêque bâtisseur sous le règne duquel la physionomie de la ville a radicalement été modifiée. Notger donne à Thuin et Fosses-la-Ville leurs premières enceintes, il obtient de nombreuses prérogatives comtales sur ses domaines et mène une véritable politique militaire dont le point d’orgue est la construction de la première enceinte liégeoise. De cette œuvre millénaire, aucune trace visible ne subsiste. Si de récentes fouilles menées en 2011 ont permis de retrouver des fondations et si le tracé de cette enceinte nous est bien connu, force est de constater que l’œuvre notgérienne a bel et bien disparu. Au XIe siècle, la ville est pourtant enfermée dans de hautes murailles, le Mont-Saint-Martin est un véritable éperon barré et plusieurs portes gardent les entrées de la ville. Le besoin d’agrandir le tracé de Notger se fait sentir dès la fin du XIIe siècle et se poursuit tout au long de la période médiévale. De ces constructions ne subsistent que peu de vestiges. La tour aux Moxhons, seul témoin des secondes fortifications liégeoises et datant de 1483, est encore visible au-dessus des degrés du thier de la Fontaine. Des travaux de consolidation sont entrepris sous le règne d’Érard de la Marck mais la plupart des interventions modernes sont exécutées sous les règnes des évêques de Bavière aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des vestiges de la porte et tour des Bégards sont également visibles dans la rue du même nom. Adossée aux terrasses de la colline, il s’agit d’une tour carrée en briques et calcaire du XVIIIe siècle. Au départ de l’esplanade Saint-Léonard, quelques vestiges de pans de murailles montant vers l’actuel site de la Citadelle sont encore visibles le long des sentiers de promenades et à travers la végétation.

La tour aux Moxhons à Liège, rare vestige des remparts médiévaux de la ville. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

La tour aux Moxhons à Liège, rare vestige des remparts médiévaux de la ville

Si le mur d’enceinte de la ville et les autres portes ont aujourd’hui disparu, le site de la citadelle témoigne encore de l’importance du site dominant la vallée et la cité. Une forteresse y est érigée dès 1255 par Henri III de Gueldre (1247-1274) mais la construction d’une véritable citadelle est entreprise sous le règne de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688). L’ouvrage, achevé en 1671, est détruit par les troupes françaises dès 1675 et reconstruit à partir de 1684. Malmenée et modifiée au cours des siècles par les Français et les Hollandais avant de devenir un lieu de promenade, la citadelle est un témoin marquant de la politique militaire des princes-évêques à l’Époque moderne.

Une autre trace significative se trouve sur le territoire de l’ancienne commune de Grivegnée. Dépendant de la mense épiscopale jusqu’en 1762, l’endroit est également la résidence de l’avoué ou bailli d’Amercoeur. Aujourd’hui isolée dans un groupe de bâtiments disparates, la tour du haut Vinâve appartient au prince-évêque depuis 1321. La construction actuelle date vraisemblablement de la seconde moitié du XIVe ou de la première moitié du XVe siècle malgré quelques remaniements. Le donjon superpose cinq niveaux élevés en moellons de grès et était jadis entouré de douves. Il constitue un des seuls témoins des constructions défensives qui jalonnaient le territoire liégeois au Moyen Âge et à l’Époque moderne.

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La tour aux Moxhons à Liège, rare vestige des remparts médiévaux de la ville. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
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Le château de Huy et les vestiges des fortifications

Ville d’importance de la principauté, Huy possède également un relief qui fait d’elle une position stratégique en surplomb de la Meuse. Le Mont Picard, promontoire rocheux dominant la vallée, est depuis longtemps une position fortifiée. La donation du comté de Huy à l’évêque de Liège Notger en 985 annonce l’âge d’or de la cité mosane. Durant toute la période médiévale, la ville devient lieu de villégiature et de protection des princes de Liège. Un imposant château est élevé dès le milieu du XIe siècle pour contrôler le passage de la Meuse et abriter le souverain liégeois lors de ses passages à Huy. Wazon (1042-1048) et Théoduin (1048-1075) érigent un solide donjon fortifié et augmenté de plusieurs bâtiments aux XIIe et XIIIe siècles. Détruit par les troupes bourguignonnes en 1467, le château est progressivement réhabilité à partir de 1472 et principalement restauré sous le règne d’Érard de la Marck (1505-1538). C’est dans cette résidence que le prince-évêque Georges d’Autriche reçoit Charles Quint en février 1553. Les guerres perpétuelles menées par Louis XIV sonneront le glas de la forteresse : le « traité de la Barrière » de 1715 impose son démantèlement. Le château disparaît totalement et laisse l’emplacement désespérément vide durant plus d’un siècle, avant la construction par les Hollandais du fort actuel.

Les vestiges d’une tour des remparts de Huy située derrière les habitations de la rue du Marché © IPW

Les vestiges d’une tour des remparts de Huy située derrière les habitations de la rue du Marché

Hormis ce château disparu, la ville se voit dotée de solides murailles, également sous les épiscopats de Wazon et Théoduin. D’autres murs sont élevés à la fin du XIIe siècle ; cette importante campagne de fortification de la ville s’achève vers 1220. Plusieurs témoins de cette enceinte subsistent sur la rive droite de la Meuse. Le tronçon le plus important de cette muraille est parallèle à la rue du Marché et des vestiges de murs et de tours se trouvent derrière le no 11 de la rue des Larrons. L’ensemble est dominé par une forte tour en partie masquée par des constructions récentes ; elle présente une grande ouverture cintrée sur presque toute sa hauteur. À droite de celle-ci, une seconde tour semi-circulaire est également conservée. L’actuelle rue des Remparts doit pour sa part son nom à la section de l’enceinte médiévale qui la borde. Les vestiges sont identiques à ceux de la rue des Larrons et de la rue du Marché : même hauteur et même maçonnerie. Elle est ponctuée de deux tours. Un autre tronçon est visible derrière les bâtiments de la rue des Crépalles et de nombreux autres endroits conservent des vestiges divers. Malgré le démantèlement de l’enceinte par les Français au XVIIe siècle et les destructions urbanistiques des XIXe et XXe siècles, Huy conserve toutefois d’imposants témoins de son système de défense qui sont autant de traces du passé principautaire de la cité.

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Les vestiges d’une tour des remparts de Huy située derrière les habitations de la rue du Marché © IPW
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Le palais des princes-évêques de Liège

Bâtiment emblématique du pouvoir et du centre de Liège, le palais des princes-évêques est certainement la trace la plus évidente et la plus imposante de l’ancienne principauté épiscopale. Siège du pouvoir dès avant Notger, il est construit à côté de la cathédrale Saint-Lambert, le siège du pouvoir temporel étant ainsi joint à celui du pouvoir spirituel. Tout comme les palais abritent encore de nos jours des rois, princes et présidents, le palais de Liège est la résidence du chef de l’État. Il est pourtant bien plus que cela : il sert de lieu de réunion pour les États jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et abrite les organes principaux du gouvernement de la principauté, à savoir le Conseil privé et la Chambre des comptes, il abrite les tribunaux, le Conseil ordinaire du prince, la Cour féodale, la Cour allodiale, la Cour des échevins, le tribunal ecclésiastique, le Synode.

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts. Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ». L’incendie qui en 1185 ravage la cathédrale notgérienne, détruit également le palais. Le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191) et connaît par la suite de nombreux aménagements. Les conflits entre Liège et Bourgogne et les guerres qui ravagent nos contrées dans la seconde moitié du XVe siècle ont raison de l’édifice. C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’auront de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck. S’il perd ses fonctions de résidence princière et épiscopale après l’annexion de la principauté de Liège à la France en 1795, le palais ne connaît pas de modifications d’envergure depuis. La construction d’une aile néogothique du côté de la place du Marché et du palais provincial à partir de 1849 à l’emplacement des anciennes écuries constituent des ajouts au bâtiment d’origine. Siège du palais de justice et du palais provincial depuis lors, il est aujourd’hui le témoin le plus marquant du riche passé liégeois, en plus d’être le plus grand édifice civil public de Wallonie.

Il ne revient pas ici de faire une étude architecturale détaillée du bâtiment, qui a déjà fait l’objet de nombreuses autres interventions. Comme cela est le cas pour les autres notices de cet ouvrage, il convient de dresser un aperçu le plus exhaustif possible de toutes les traces matérielles d’époque présentes dans l’édifice et rappelant le souvenir des princes-évêques. Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734 :

Les monumentales armoiries de Georges-Louis de Berghes sur le fronton du palais des princes-évêques © IPW

Les monumentales armoiries de Georges-Louis de Berghes sur le fronton du palais des princes-évêques

- le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905 ;

Le blason et l’inscription dédicatoire d’Ernest de Bavière sur les voûtes de la galerie nord de la première cour du palais des princes-évêques © IPW

Le blason et l’inscription dédicatoire d’Ernest de Bavière sur les voûtes de la galerie nord de la première cour du palais des princes-évêques

- les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte. Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle. Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte quant à elle un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent quant à elles dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587. Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes » ;

Les armoiries du cardinal Érard de la Marck dans la première cour du palais des princes-évêques © IPW

Les armoiries du cardinal Érard de la Marck dans la première cour du palais des princes-évêques

- toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par
l’architecte Lambert Noppius ;

- le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ;

- le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ;

- la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ;

- la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est elle aussi placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ;

- le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ;

Détail de la rampe de l’escalier royal du palais des princes-évêques avec le monogramme de Georges-Louis de Berghes © KIK-IRPA, Bruxelles

Détail de la rampe de l’escalier royal du palais des princes-évêques avec le monogramme de Georges-Louis de Berghes

- l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique. Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie ;

Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière © KIK-IRPA, Bruxelles

Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière

- l’escalier du synode figure le monogramme de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ;

- l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ;

- les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) ;

- la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque ;

Le monogramme de Maximilien-Henri de Bavière dans la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé © KIK-IRPA, Bruxelles

Le monogramme de Maximilien-Henri de Bavière dans la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé

- la salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti date en effet du siècle précédent. Elle présente en son centre le blason des princes de Bavière : crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ;

- le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.

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Le palais des princes-évêques de Liège
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Les monumentales armoiries de Georges-Louis de Berghes sur le fronton du palais des princes-évêques © IPW
Le blason et l’inscription dédicatoire d’Ernest de Bavière sur les voûtes de la galerie nord de la première cour du palais des princes-évêques © IPW
Les armoiries du cardinal Érard de la Marck dans la première cour du palais des princes-évêques © IPW
Détail de la rampe de l’escalier royal du palais des princes-évêques avec le monogramme de Georges-Louis de Berghes © KIK-IRPA, Bruxelles
Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière © KIK-IRPA, Bruxelles
Le monogramme de Maximilien-Henri de Bavière dans la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé © KIK-IRPA, Bruxelles
Les armoiries de Bavière sur la tribune de la salle du Conseil provincial © KIK-IRPA, Bruxelles
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Ancienne collégiale Sainte-Croix de Liège

Rue Sainte-Croix à 4000 Liège

Classée comme monument le 15 janvier 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

L’église Sainte-Croix, ancienne collégiale de Liège, se dresse sur la portion orientale du Publémont et domine le centre de la ville. Elle succède à un édifice ottonien de la fin du Xe siècle, commandité par l’évêque Notger. Le seul vestige de cette construction est un vieux mur en grès houiller intégré dans la sacristie sud. L’édifice actuel, érigé en plusieurs phases de la fin du XIIe au XVe siècle, se compose d’un avant-corps roman ou Westbau surmonté d’une tour octogonale et doté d’une abside, d’une nef flanquée de collatéraux, d’un transept non saillant et d’un chœur à abside semi-circulaire. La nef est dite de type « halle », puisque les deux collatéraux s’élèvent quasiment à la même hauteur que le vaisseau principal. Ce principe de l’église-halle est assez rare en région mosane à cette époque alors qu’il est très répandu sur le territoire germanique. Élément original, les six chapelles de la nef sont éclairées par des fenêtres triangulaires courbes.

Au XIXe siècle, l’édifice se trouve dans un état de délabrement qui nécessite une campagne de restauration. Durant celle-ci, le chœur oriental, la façade sud, les remplages des fenêtres, les vitraux et l’avant-corps sont restaurés ou remplacés. C’est également à cette époque, en 1858 plus précisément, qu’un portail est ajouté au Westbau.

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NOTGER

Statue de Notger, réalisée par Michel Decoux, c. 15 octobre 1880.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Notger est parmi les premières.
Membre de cette équipe, Michel Decoux (1837-1924) va réaliser trois des 42 statues, dont celle de Notger. Considéré comme un sculpteur animalier, M. Decoux est surtout connu pour la réalisation de groupes de scènes de chasse, et s’est spécialisé dans les animaux sauvages (éléphants, panthères, etc.). Influencé par le cubisme et s’inscrivant dans le courant art déco, aimant travailler le bronze, il signe une œuvre très différente sur le chantier de Liège : c’est dans la pierre que, de manière fort classique, il tente de rendre la personnalité de Notger (c. 930-1008).
Originaire de Souabe, Notger est désigné évêque de Liège par l’empereur Otton Ier en 972. Huit ans plus tard, il reçoit d’Otton II un privilège d’immunité générale sur les possessions de l’Église de Liège, qui transforme ainsi l’évêque en prince-évêque. En déléguant son pouvoir à la cathédrale Saint-Lambert et à son titulaire, l’empereur transforme de facto l’évêque, en l’occurrence Notger, en un comte ayant droit de haute justice, de lever le tonlieu, de battre monnaie, d’établir des marchés et de dresser des fortifications. En 985, Notger reçoit en donation le comté de Huy ; d’autres territoires suivront formant un important ensemble territorial s’étendant de part et d’autre de la Meuse. La principauté de Liège devient le modèle de ce que l’on appellera l’« Église impériale ottonienne » (Reichskirche). Souverain puissant, Notger entreprend d’importants travaux qui contribuent à la transformation rapide de la cité de Liège. Il est aussi reconnu comme évêque bâtisseur.
Le rôle majeur de Notger dans l’histoire de Liège lui vaut d’occuper une place en vue sur la façade du Palais provincial. La statue du tout premier prince-évêque est en effet située sur le péristyle ; elle est la deuxième en commençant par la gauche lorsque l’on fait face au bâtiment. Revêtu d’habits qui lui donnent l’apparence d’un évêque, le personnage statufié tient un manuscrit dans sa main gauche, tandis que son bras droit est plié à hauteur de sa poitrine. Sa main droite est elle-même relevée dans une posture qui est unique parmi les 42 statues du Palais provincial. Le regard de Notger paraît fixer l’horizon ; les traits sont décidés. Le socle de sa statue est l’un des rares où le nom gravé apparaît encore de manière assez nette.

Hubert SILVESTRE, dans Biographie nationale, t. XLIV, col. 446-459
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 332
http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_18697/notger-et-son-temps (s.v. avril 2014)
Jean-Louis KUPPER, Alexis WILKIN (dir.), Évêque et prince, Notger et la Basse-Lotharingie aux alentours de l’an mil, Liège, Presses Universitaires de Liège, 2013.
Félix MAGNETTE, Précis d’histoire liégeoise à l’usage de l’enseignement moyen, Liège, 1929, 3e éd., p. 32 et ssv.
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 81-82
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. juillet 2013)
La Meuse, 2 octobre 1880

Statue de Notger

Statue de Notger

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façade du Palais provincial, face à la place Notger – 4000 Liège
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Statue de Notger
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L’architecture en pays wallon (du Moyen Âge au XVIIIe siècle)

En pays wallon, les édifices bâtis durant les Temps modernes restent longtemps de facture classique. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que les bâtisseurs et architectes s’ouvrent aux nouvelles influences, venues d’Italie et de France, avant de les adopter dans le courant du XVIIIe siècle. Grâce à une synthèse enrichie d’exemples concrets, cette leçon vous conduit au cœur du patrimoine architectural wallon, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle.

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