Mullendorff Eugène

Militantisme wallon, Politique, Socio-économique, Entreprise

Verviers 29/03/1834, Verviers 28/01/1920

Industriel du textile, Eugène Mullendorff était apparenté par mariage aux Sirtaine, autre famille bien connue du textile verviétois. La spécialité de Mullendorff était la fabrication du fil textile. 

Comme beaucoup de patrons lainiers, il était aussi attiré par la politique. Ne cachant pas ses activités maçonniques, il était impliqué dans la vie du Parti libéral verviétois. Conseiller communal élu en 1865, il exerce, dès 1867, un mandat d’échevin : en charge des Travaux publics (1867-1872), il s’occupe ensuite des Finances (1872-1891). Conseiller provincial pour le canton de Verviers de 1874 à 1886, il fait partie de ces hommes politiques verviétois qui, à la suite d’Ortmans-Hauzeur, prirent le risque de soutenir l’imposant projet du barrage de la Gileppe et de développer une politique communale ambitieuse. 

Succédant à Simon Lobet en 1891, Eugène Mullendorff va exercer comme bourgmestre de Verviers jusqu’à son décès, en 1920. Durant cette période, la ville de Verviers poursuit sa politique d’expansion urbanistique et de grands travaux : quand Mullendorff était aux travaux publics, on assiste à l’ouverture de nouveaux quartiers au-delà de la ligne de chemin de fer, vers Heusy, ainsi que du côté de Séroule. L’Athénée (1875), la gare de l’est (1876), l’Escalier de la Paix (1878) et l’École normale sont contemporains de l’inauguration de la distribution d’eau et du lancement de travaux d’égouttage. Alors que les premiers tramways circulent depuis 1884, on inaugure encore successivement le Grand Hôpital (1890), le nouveau Grand Théâtre (c. 1891), le nouveau Manège (1891), la nouvelle prison et la nouvelle caserne (1893), l’Institut supérieur des Textiles (1898), la Grand Poste (1904), tandis que Mullendorff insiste auprès des autorités, à Bruxelles, pour qu’une gare moderne voit le jour dans la cité industrielle.

C’est au titre de maire de Verviers qu’Eugène Mullendorff accepte d’être membre du Comité permanent du Congrès wallon qui se tient à Namur en 1891 ; il est d’ailleurs l’un des membres d’honneur des Congrès qui se tiennent entre 1891 et 1893. En 1905, en tant qu’industriel et politique, il accepte aussi de faire partie du comité de patronage du Congrès wallon qui se tient à Liège les 30 septembre, 1er et 2 octobre. Par ailleurs, depuis 1900, Eugène Mullendorff est devenu député. Il va siéger à la Chambre jusqu’en 1919 et connaît bien les débats qui animent alors le Parlement national. Sans hésitation, il rallie Jules Destrée lorsque ce dernier constitue un Parlement wallon informel. Dès octobre 1912, Mullendorff est l’un des délégués de Verviers à l’Assemblée wallonne (1912-1920) et il accepte aussi d’être membre protecteur de la Ligue wallonne de Verviers et membre du Comité d’Action wallonne de Verviers (1914). C’est lui qui accueille dans sa ville, le 21 septembre 1913, la première fête de la Wallonie. C’est aussi lui qui se retrouve aux premiers rangs lors de l’attaque allemande d’août 1914. Son arrestation par les Allemands, dès août 1914, frappera fortement l’opinion publique.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1156
André Zumkir, La genèse des partis politiques dans l’arrondissement de Verviers à l’époque du suffrage censitaire (1831-1893). IV. Les hommes, Liège, 1997, p. 38, 97, 138
Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne (1912-1923). Premier Parlement de la Wallonie ?, Namur, Institut Destrée, décembre 2012, coll. Notre Histoire n°10

Mandats politiques

Conseiller communal de Verviers (1865-1920)
Échevin (1867-1891)
Conseiller provincial (1874-1886)
Bourgmestre (1891-1920)
Député (1900-1919)
Délégué de Verviers à l’Assemblée wallonne (1912-1920)