Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Hubert PIERLOT

 

Monument Hubert Pierlot (Cugnon)

Issu d’une famille exploitant les ardoises dans le Luxembourg, Hubert Pierlot (Cugnon 1883 – Uccle 1963) étudie le droit à l’Université catholique de Louvain dont il sort docteur. Avocat, il est volontaire de guerre au 20e de ligne durant la Grande Guerre. Élu député catholique de l’arrondissement de Neufchâteau en 1925, sénateur provincial (1926-1946), Hubert Pierlot a joué un rôle important dans la vie politique belge, avant, pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale. Homme rigoureux, intègre, appréciant l’ordre dans le respect des prescrits constitutionnels, il devient ministre de l’Intérieur (1934-1935) et, à ce titre, fait interdire les milices privées. Ministre de l’Agriculture (1935-1939), mais surtout président de l’Union catholique belge (1935-1936), il refoule la tentation rexiste. Défenseur de la politique dite de neutralité présentée en 1936 par Léopold III et P-H. Spaak, il hérite du poste de Premier Ministre en 1939 et devient ainsi l’un des rares Wallons qui accèdent à cette fonction au XXe siècle (quatre catholiques et un socialiste). Chef du gouvernement belge à Londres, en totale opposition avec Léopold III, il reste Premier Ministre jusqu’en janvier 1945. Nommé Ministre d’État en 1945, il réussit à rassembler tous les piliers catholiques autour d’un programme politique commun au nouveau PSC-CVP. Mais quand il veut se présenter au Sénat, début 1946, les pressions internes à sa famille politique sont telles qu’il préfère se retirer de la vie politique. La charge polémique de la Question royale contribuera à maintenir Hubert Pierlot dans l’ombre qu’il avait choisie, ne rompant le silence qu’une seule fois dans une série d’articles parus dans Le Soir en juillet 1947.

Aucune autorité publique ne prendra dès lors la responsabilité de commémorer son souvenir. En 1966, trois ans après son décès, une Fondation voit le jour, mais les premières biographies scientifiques sur Pierlot ne paraîtront qu’au XXIe siècle. Quant au monument élevé à Cugnon, le village natal d’Hubert Pierlot, il est dû à l’initiative de la Fondation qui porte son nom. Celle-ci a obtenu le patronage du gouverneur de la province de Luxembourg, Jacques Planchard, et du collège des bourgmestre et échevins de Bertrix, mais aucune personnalité ne représente officiellement les autorités belges, le 5 mai 1990 pour la cérémonie d’hommage et l’inauguration du monument à l’ancien Premier Ministre. Parmi l’assistance, on reconnaît notamment deux parlementaires de la province (Joseph Michel et Jacques Santkin), d’anciens militaires, des résistants, des représentants d’associations patriotiques, des amis de la famille et les membres de celle-ci. Après une cérémonie dans l’église de Cugnon, l’hommage se poursuit sur la place, juste à côté, en présence des Chasseurs ardennais, avec le dévoilement du monument commémoratif composé de deux plaques de schiste scellées dans un impressionnant mur de pierres du pays. Sobre voire austère, le monument ne donne à voir aucune représentation de Hubert Pierlot (ni buste, ni bas-relief, ni médaillon), se contentant de faire apparaître en lettres rouges sur la plaque principale, l’inscription suivante :


A  LA  MÉMOIRE
DE        HUBERT
MARIE-EUGÈNE
COMTE PIERLOT
ENFANT DU PAYS
PREMIER MINISTRE
DE   1939  À  1945


Quant à la seconde plaque, verticale, côté rue, elle reprend la devise de l’homme politique : Pro Patria Semper.
Les discours prononcés en mai 1990 témoignent que les controverses et les polémiques du passé ne sont pas effacées, en dépit des appels à la réconciliation. Si l’inauguration se déroule symboliquement en mai 1990, cinquante ans après le début de la Seconde Guerre mondiale, cela résulte davantage du hasard que de l’intention, selon les organisateurs qui n’évitent pas une autre coïncidence : l’inauguration du monument Pierlot se tient très peu de temps après la crise constitutionnelle déclenchée par le roi Baudouin, suite à son refus de contresigner la loi dépénalisant partiellement l’avortement. À cinquante ans de distance, se posait ainsi, nolens volens, la même question sur l’impossibilité de régner.

 


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Pierre VAN DEN DUNGEN, Hubert Pierlot (1883-1963), La Loi, le Roi, la Liberté, Bruxelles, Le Cri, 2010 (Prix Stengers 2011)
Thierry GROSBOIS, Pierlot 1930-1950, Éditions Racine, Bruxelles, 2007
William UGEUX, dans Biographie nationale, t. 40, col. 704-715
Cérémonie d'hommage au comte Hubert Pierlot, Premier ministre de 1939 à 1945. Inauguration d'un monument commémoratif, le 5 mai 1990 à Cugnon, Bruxelles, Fondation Pierlot, 1991

Rue Jules Pierlot 1
6880 Cugnon (Bertrix)

carte

Paul Delforge

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Pierlot Hubert

Politique

Cugnon 23/12/1883, Uccle 13/12/1963

Au XXe siècle, les Wallons qui accèdent à la fonction de Premier ministre sont au nombre de cinq, se répartissant en quatre catholiques contre un socialiste. Désigné en 1939, Hubert Pierlot est le « Premier ministre » issu de Wallonie qui exerce le plus longtemps, essentiellement du fait de la Seconde Guerre mondiale. Président de l’Union catholique belge (1935-1936), député de l’arrondissement de Neufchâteau (1925) puis sénateur (1926-1946), il avait été ministre de l’Intérieur (1934-1935) puis de l’Agriculture (1935-1939), quand il hérite du poste de Premier Ministre jusqu’en janvier 1945 ; il dirige évidemment le gouvernement belge en exil à Londres. Nommé Ministre d’État en 1945, il se retire de la politique en 1946. Étrangement, le rôle du Premier ministre durant la guerre ne génèrera des études que fort récemment. Il est vrai que ce responsable catholique avait très tôt manifesté son opposition à Léopold III et que sa prise de position dans les colonnes du Soir en 1947 lui valut d’être ostracisé.

VAN DEN DUNGEN Pierre, Hubert Pierlot (1883-1963), La Loi, le Roi, la Liberté, Bruxelles, Le Cri, 2010 (Prix Stengers 2011)
GROSBOIS Thierry, Pierlot 1930-1950, Éditions Racine, Bruxelles, 2007
UGEUX W., Biographie nationale, 1977-1978, t. 40, col. 704-715

député (1925)
sénateur provincial (1926-1936)
sénateur (1936-1946),
ministre de l’Intérieur (1934-1946)
Premier Ministre (1939-1945)
Ministre d’État (1945)