Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Bruno RENARD

Statue de Bruno Renard, avril 2004.
Réalisée par Christine Jongen.

Bénéficiant d’un financement inscrit dans le cadre du Phasing out de l'Objectif 1, la ville de Tournai entreprend de valoriser davantage son patrimoine historique, au-delà du beffroi, de la cathédrale et du Pont des Trous. Via l’Intercommunale Ideta qui est le maître d’œuvre, un plan stratégique privilégie en effet depuis 1995 le développement touristique du Hainaut. Se concentrant sur le cœur historique de Tournai, les autorités locales confient à l’artiste plasticienne Christine Jongen (1949-) le soin de mettre en place une quinzaine de statues en bronze dans un parcours d’interprétation à travers la « Cité des cinq Clochers ». Ces statues sont les étapes marquantes d’un circuit fortement balisé par une signalétique particulière. Touristes comme habitants de la cité sont ainsi invités à une promenade de deux heures, jalonnée de 43 étapes. Afin de garantir la qualité de l’initiative communale, le bourgmestre, Roger Delcroix, a confié à un comité scientifique composé d’historiens, d’archéologues et de spécialistes des traditions locales la mission d’encadrer le projet. Répondant aux critères souhaités, Christine Jongen implante quinze statues sur les trottoirs de Tournai, entre la Grand-Place, l’Escaut, la Tour Saint-Georges et le Fort Rouge. De cette initiative, toutes les étapes ne sont pas restées intactes quelques années plus tard. C’est le cas de Bruno Renard qui a quitté la place Saint Pierre sans laisser d’adresse. Étant réalisées en bronze, les statues sont malheureusement convoitées par des ferrailleurs peu scrupuleux qui ne leur reconnaissent qu’une valeur de refonte, estimation bien dérisoire à côté de leur valeur artistique. Dès l’été 2011, les autorités tournaisiennes avaient enregistré les premiers actes malveillants.

Née à Bruxelles, formée en psychologie à l’Université libre de Bruxelles, Christine Jongen travaille comme journaliste à l'hebdomadaire Notre Temps (1975-1976), avant de se consacrer entièrement à la sculpture. Laissant son inspiration se nourrir aux sources les plus variées, de la Renaissance européenne aux grandes traditions asiatiques ou d’Amérique, elle s’oriente vers la peinture abstraite quand elle s’installe en France au début des années 1980. Menant aussi une réflexion continue sur l’art dans son essai À la recherche de formes, paru pour la première fois à la fin les années 1980, elle présente ses œuvres à plusieurs reprises (Paris, Bruxelles, Genève, Bordeaux, Bézier, Montréal, Rome, Barcelone, Avignon, Padoue, etc.) et dans divers salons d'art français (2000-2003).

Pour Tournai, Christine Jongen crée quinze statues, en bronze, de 70 à 75 centimètres de haut, qui toutes sont déposées sur des piliers de 2,8 m de haut. Coulées dans les ateliers de la fonderie Francart, à Crisnée, les statues sont autant de références au passé de Tournai, évoquant des fonctions (chanoine, évêque), des « activités » (tailleurs de pierre, portier, arbalétrier), voire des personnages historiques, tels Childéric, Louis XIV, Pasquier Grenier et l’architecte Bruno Renard (Tournai 1781 - Saint-Josse-ten-Noode 1861).

Ce dernier n’est pas seulement le concepteur du Grand Hornu avec l’industriel Henri De Gorge. Architecte « municipal » de Tournai depuis 1808, il résistera aux révolutions politiques. Professeur à l’Académie de dessin, où il introduit un cours de dessin industriel, il a un véritable don pour le dessin (en témoignent les planches parues dans la Monographie de Notre-Dame de Tournai, et celles de l’ouvrage de Lecoq intitulé : Coup d’ail sur la statistique commerciale de la ville de Tournai, 1817). Après la construction de la monumentale Manufacture impériale de Tapis (1811), il contribue au développement urbanistique de la cité aux cinq clochers, laissant poindre son goût pour un romantisme s’inspirant du Moyen Âge. Ses plans façonnent le visage de la ville (Salle des Concerts, abattoirs, cour d’honneur de l’Hôtel de ville, la galerie et la salle carrée du Musée d’histoire naturelle, restauration du beffroi, etc.). Quant à ses constructions personnelles (Maison du Jeu de Paume, hôtel Peeters, Château de la Chartreuse à Chercq, etc.), elles sont aussi remarquables que son projet industriel pour Hornu. Membre de la Commission des Monuments (1837), membre fondateur de la Société historique et littéraire de Tournai (1846), membre effectif de la classe des Beaux-Arts de l’Académie de Belgique (1852), déjà honoré de son vivant par la ville de Tournai, en 1858, pour ses cinquante années passées comme architecte communal et comme professeur à l’Académie, Bruno Renard reste une personnalité majeure du riche passé tournaisien.

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (dont NordEclair, août 2011)
http://christine.jongen.pagesperso-orange.fr/GrilleJongen.htm (s.v. décembre 2013)
http://www.badeaux.be/Balisages/Bal5/Site15/Site15.html 
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 123
E-J. SOIL DE MORIALMÉ, dans Biographie nationale, t. XIX, col. 42-45
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p., p. 255, 391
Marie-Laure ROGGEMANS, Jean-Marie DUVOSQUEL, Autour du Grand-Hornu, Bruxelles, Crédit communal & Fondation roi Baudouin, 1989, p. 12

Place Saint Pierre, 7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste Henri De Gorge

Buste Henri De Gorge, sculpteur/fondeur inconnu, début du XXe siècle (après déplacement).


Quand on évoque une statue de Henri De Gorge au Grand-Hornu, l’œuvre qui se trouve au centre de la cour elliptique de l’architecte Bruno Renard vient immédiatement à l’esprit ; elle a été réalisée par Égide Mélot et inaugurée en 1855 et est la toute première statue élevée en Wallonie en l’honneur d’un patron d’industrie. Pourtant, à quelques centaines de mètres de ce monument, se trouve un autre buste du patron minier. Sur la place Saint-Henri, ce buste en fonte occupe lui aussi une position centrale, mais tant par sa taille que par les arbres qui l’entourent, ce buste se fait plus discret et est beaucoup moins connu. Si la statue d’Égide Mélot semble mettre en évidence les qualités de l’entrepreneur, le buste de la place Saint-Henri rend davantage hommage à l’initiative exceptionnelle que représentait, dans l’Europe du premier tiers du XIXe siècle, la construction d’une cité ouvrière comprenant plusieurs centaines de maisons.


Situé entre la rue Sainte-Louise et la rue de Wasmes, entre les bornes des puits miniers n°1 Sainte-Augustine et Sainte-Marie-Antoinette, ce monument De Gorge est composé d’un socle en pierre d’une dimension considérable au regard du buste en fonte qu’il est destiné à porter. Comprenant trois étages, le piédestal fait l’objet d’une décoration sommaire dans sa partie centrale, avec des colonnes torsadées à chaque angle, surmontées d’un chapiteau sommaire ; c’est à ce niveau qu’apparaît la dédicace datée :

À
LA MEMOIRE
DE
H.J. DEGORGE
MDCCCXXXII

Derrière un fronton arrondi, décoré de deux oiseaux, un ultime socle simplement poli soutient le buste noir de Henri De Gorge. L’année 1832 mentionnée est celle du décès de l’industriel.


Propriétaire et directeur des charbonnages du Grand-Hornu, dans le Couchant de Mons, propriétaire d’autres concessions plus au sud, Henri Degorge (1774-1832), dit De Gorge-Legrand, a durablement frappé l’imaginaire de ses contemporains en réalisant, à partir de 1823, un ambitieux projet architectural sous la forme d’une cité ouvrière modèle. Conçu par l’architecte tournaisien Bruno Renard, le site du Grand-Hornu est progressivement achevé dans les années 1830, avec la fameuse salle de l’Atelier de Construction de Machines à Vapeur et de Mécaniques (1831-1832). L’épidémie de choléra qui frappe l’Europe en 1832 emporte cet entrepreneur originaire de Lille qui venait d’être désigné pour représenter l’arrondissement de Mons au Sénat. Il ne verra donc pas la fin de la construction de toute la cité ouvrière et des différents aménagements. Ainsi sur la place Saint-Henri était installée une puissante machine à vapeur qui assurait l’exhaure des eaux de la mine. On pouvait s’y procurer de l’eau dont la température variait selon les besoins : l’établissement des bains se trouvait à proximité. 


C’est donc sur cette place que le buste de Henri De Gorge fut installé au début du XXe siècle. « Ce ne fut pas sa destination première : il fut d’abord installé au croisement des deux allées du bois de Colfontaine, au sud du bassin minier », indique Hubert Watelet. Sans qu’il soit possible de le dater avec davantage de précision, le monument ne porte la signature d’aucun sculpteur ni architecte.

 

Sources

Léopold DEVILLERS, dans Biographie nationale, t. 8, col. 115-117
Hubert WATELET, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 166
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 430 et 434.
Marie-Laure ROGGEMANS, Jean-Marie DUVOSQUEL, Autour du Grand-Hornu, Bruxelles, Crédit communal & Fondation roi Baudouin, 1989
Hubert WATELET, Le Grand-Hornu. Joyau de la révolution industrielle et du Borinage, Bruxelles, 1993, 2e éd., dont p. 49

Buste Henri De Gorge

Place Saint-Henri

À hauteur du n°214 de la rue de Mons

7301 Hornu

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Henri DE GORGE

Statue à la mémoire de Henri De Gorge, réalisée par Égide Mélot, 1855.


Propriétaire et directeur des charbonnages du Grand-Hornu, dans le Couchant de Mons, propriétaire d’autres concessions plus au sud, Henri Degorge (1774-1832), dit De Gorge-Legrand, a durablement frappé l’imaginaire de ses contemporains en réalisant, à partir de 1823, un ambitieux projet architectural sous la forme d’une cité ouvrière modèle. Conçu par l’architecte tournaisien Bruno Renard, le site du Grand-Hornu est achevé à l’entame des années 1830, avec la fameuse salle de l’Atelier de Construction de Machines à Vapeur et de Mécaniques (1831-1832). L’épidémie de choléra qui frappe l’Europe en 1832 emporte cet entrepreneur originaire de Lille qui venait d’être désigné pour représenter l’arrondissement de Mons au Sénat. Afin de témoigner leur reconnaissance à leur illustre parent, ses héritiers décident d’élever, au centre de la grande cour elliptique conçue par Bruno Renard, une statue en bronze – fondue chez « VP » à Paris – qui représente Henri de Gorge, tenant dans la main gauche un plan roulé (son avant-bras droit fait actuellement défaut). À ses pieds apparaissent divers attributs de l’industrie minière (cordage, pic). Sur les quatre compartiments du piédestal, les inscriptions suivantes indiquent :


« H-J. DE GORGE
FONDATEUR
1810 » (AVANT).


« NÉ À VILLERS-POL 
LE 12 FÉVRIER 
1774 » (CÔTÉ DROIT)

« DÉCÉDÉ À HORNU 
LE 22 AOÛT
1832 » (CÔTÉ GAUCHE).

« HOMMAGE 
PAR 
SES SUCCESSEURS
1855 » (À L’ARRIÈRE).

Monument Henri De Gorge


Il s’agit vraisemblablement de la toute première statue élevée en Wallonie en l’honneur d’un patron d’industrie. Elle a été réalisée par Égide Mélot (1816-1885), élève de l’École anversoise. Formé à l’Académie d’Anvers, sa ville natale, il a suivi les Anversois Joseph et Charles Geefs à Paris, à l’École des Beaux-Arts auprès de Jean-Étienne Ramey ; concurrent malheureux des Geefs pour le Prix de Rome 1836, Mélot parfait sa formation à Bruxelles, où il reçoit les précieux conseils du Liégeois Louis Jehotte. Très tôt, il participe à de nombreux Salons et, dans les années 1850, il est choisi pour réaliser la statue à la mémoire de Henri de Gorge. Par la suite, Mélot contribue à la réalisation des statues du temple élevé à Laeken pour les funérailles de Léopold Ier (1865) ; dans les années 1870, il travaille surtout à Bruxelles, sur le chantier de la Bourse et du Théâtre de la Monnaie et, dans les années 1880, sur celui du Conservatoire de Musique et celui du Palais des Beaux-Arts (Musée d’Art ancien) – il signe l’allégorie de la peinture, statue placée au-dessus de l’entrée principale. Plusieurs jeunes sculpteurs (comme Desenfans) viendront parfaire leur formation dans son atelier installé à Schaerbeek.

 

Léopold DEVILLERS, dans Biographie nationale, t. 8, col. 115-117
Hubert WATELET, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 166
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 50, 54, 65, 77, 88, 165, 248, 269 ; t. 2, Artistes et Œuvres, p. 309, 338, 348, 416, 461, 562, 593
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 430 et 434
Marie-Laure ROGGEMANS, Jean-Marie DUVOSQUEL, Autour du Grand-Hornu, Bruxelles, Crédit communal & Fondation roi Baudouin, 1989
Hubert WATELET, Le Grand-Hornu. Joyau de la révolution industrielle et du Borinage, Bruxelles, 1993, 2e éd.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 160

Au cœur de la cour principale du site industriel – Grand-Hornu

Rue Sainte Louise 82

7301 Boussu

carte

Paul Delforge

IPW

Ancien Hospice de la Vieillesse

Cette longue façade abritait l’hôpital de le Plancque, institution hospitalière vouée à saint Jean-Baptiste, fondée en 1483 et portant le nom de son créateur,  Jacques de le Plancque. 

L’institution relève ensuite de l’administration des Hospices civils, fusionne vers 1796 avec l’hôpital de Marvis et devient l’Hospice de la Vieillesse. 

L’édifice abrite aujourd’hui l’Institut provincial d’Études supérieures (IPES). Les bâtiments anciens de type tournaisien (datés de 1680) ont disparu, à l’exception de l’aile nord, et ont été remplacés entre 1840 et 1878 en style néoclassique par Bruno Renard. L’ancien Hospice de la Vieillesse compte également, outre ces quatre ailes formant un quadrilatère, une chapelle.

L’aile à rue est constituée de deux niveaux de vingt-sept travées séparés par un épais cordon mouluré prolongeant les seuils des baies cintrées. Elle est formée de pavillons d’angle et d’un frontispice central, rythmés d’épais bossages harpés. Le frontispice, entièrement appareillé, est percé d’un haut portail et est inscrit dans un encadrement à bossages et crossettes. Les trois baies de l’étage sont surmontées d’un fronton triangulaire percé d’un oculus. La toiture en bâtière et croupes est ouverte de six lucarnes.

Rue Sainte-Catherine 32
7500 Tournai 
 

carte

Classé comme monument le 19 septembre 1985

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Ancien hôtel Boucher

Cet hôtel a été construit au début du XIXe siècle par Alexandre Decraene (1797-1859), élève de l’architecte Bruno Renard, dans le style néoclassique : sobriété, symétrie, colonnes, cordons marquant l’horizontalité, chaînages d’angles… en sont les caractéristiques marquantes. 

L’édifice comporte trois niveaux de sept travées. Le corps central est flanqué de deux ailes latérales et précédé d’un avant-corps. Ce dernier est accessible par un large escalier menant à une galerie rythmée par six colonnes précédant trois portes en plein cintre. Chacune d’entre elles est bordée de pilastres toscans. Le rez-de-chaussée est couvert d’un enduit simulant des refends, tandis que les étages sont marqués par des chaînages d’angles harpés. Les allèges du premier niveau sont ornées de deux étoiles stuquées. Cet étage est caractérisé par des baies à encadrement mouluré surmontées d’un larmier sur console ainsi que par des niches. Le second étage est, quant à lui, percé de petites baies carrées.

La façade arrière ressemble fortement à la façade principale, si ce n’est qu’elle est construite sur un seul plan, la galerie étant remplacée par trois portes cintrées.

Rue Saint-Brice 44
7500 Tournai

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Classé comme monument le 30 novembre 1960

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Salle des Concerts et ensemble de la place Reine Astrid

La place Reine Astrid est un large espace public créé vers 1822 et caractérisé par son caractère néoclassique affirmé. Lors de la reconstruction qui suivit la Seconde Guerre mondiale et ses destructions importantes, les maisons situées à l’est de la Salle des Concerts ont été limitées à un seul niveau afin de préserver la vue sur la cathédrale.

La Salle des Concerts ou Conservatoire, construit par B. Renard entre 1822 et 1824, est un édifice semi-circulaire de style néoclassique, composé de briques enduites. Il doit son rez-de-chaussée ouvert d’une colonnade toscane qui supporte un entablement dorique à sa fonction originelle, à savoir un marché couvert, tandis que l’étage a été conçu pour abriter une salle de concerts. 

La façade intérieure est percée de cinq portes comportant sous l’arc un châssis en éventail. L’étage est ouvert de onze baies dont les allèges sont situées en ressaut et dont les corniches moulurées sont supportées par des consoles en volute. Le haut de la façade est occupé par une frise de modillons supportant une corniche sur corbeaux sculptés. La toiture en bâtière semi-conique est couverte d’ardoises. Le Conservatoire attend depuis quelques années une restauration de ses corniches.

Place Reine Astrid
7500 Tournai 

carte

Classés comme monument et site le 2 mai 1977

Institut du Patrimoine wallon

La transition entre l’Ancien régime et notre époque a été marquée par la Révolution industrielle et les bouleversements sociaux qu’elle a entraînés. Qu’il s’agisse de droit de vote, de protection des travailleurs ou de la construction de la sécurité sociale, retrouvez dans cette leçon les avancées conquises dans ces domaines et qui ont façonnées la société wallonne  telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Renard Bruno

Culture, Architecture

Tournai 30/12/1781, Saint-Josse-ten-Noode 17/06/1861


Le nom de Bruno Renard est définitivement associé à celui de l’industriel Henri De Gorge et du site du Grand Hornu, dont il est l’architecte, mais seulement, tant il œuvra à Tournai dans la première moitié du XIXe siècle.

Ce métier d’architecte était déjà exercé par son oncle maternel (Dominique Bourla), tandis que son père, maître maçon et entrepreneur en travaux publics à Douai, recevra notamment des commandes à Tournai dans les années 1820. À Paris, où réside son oncle, Renard effectue sa formation sous la direction de Charles Percier et de Pierre-François-Léonard Fontaine, les principaux représentants du style Empire (début du XIXe siècle). À Tournai, en 1808, le jeune Renard est nommé architecte « municipal » et professeur à l’Académie de dessin (il introduira un cours de dessin industriel). D’emblée, il est chargé de la construction de la monumentale Manufacture impériale de Tapis, sur l’emplacement de l’ancien couvent des Clarisses (1811).

Résistant aux transformations politiques de son temps, l’architecte communal conserve sa fonction sous les régimes français, hollandais et belge, et contribuent au développement urbanistique de la cité aux cinq clochers, laissant poindre son goût pour un romantisme s’inspirant du Moyen Âge. Entre 1822 et 1824, il fait naître la Salle des Concerts ; viendront aussi les Abattoirs. Inaugurées en 1839 dans la cour d’honneur de l’Hôtel de ville, la galerie et la salle carrée du Musée d’histoire naturelle sont d’autres œuvres marquantes, avec la restauration du beffroi (1844 et sv.) de ce maître du néoclassicisme. Ses projets de restauration de la cathédrale de Tournai ne se réaliseront pas. Dans la volonté de modernisation affichée à l’époque, il n’évitera pas la démolition de la Halle aux Consaux et du Pont de l’Arche, mais ses relevés permettent d’en conserver un souvenir précis. Son don pour le dessin est remarquable, comme le montrent les planches parues dans Monographie de Notre-Dame de Tournai, et celles d’un best-seller de la jeune maison d’édition Casterman, l’ouvrage de Lecoq intitulé : Coup d’ail sur la statistique commerciale de la ville de Tournai (1817).

En tant qu’architecte indépendant, Bruno Renard contribue encore à l’élévation de la Maison du Jeu de Paume à la rue Perdue, de l’hôtel Peeters, du Château de la Chartreuse à Chercq et, enfin, au projet de l’industriel Henri de Gorge : au Grand Hornu les bâtiments administratifs, les magasins, les ateliers, la cité ouvrière et ses dizaines d’habitations, son établissement de bains, son école et sa bibliothèque,  portent la signature de Bruno Renard. Ce véritable projet de ville est un exemple unique d’urbanisation fonctionnelle sur le continent européen.

Membre de la Commission des Monuments (1837), membre fondateur de la Société historique et littéraire de Tournai (1846), membre effectif de la classe des Beaux-Arts de l’Académie de Belgique (1852), Bruno Renard est honoré de son vivant par la ville de Tournai, en 1858, pour ses cinquante années passées comme architecte communal et comme professeur à l’Académie.

 

Sources

Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 123
E-J. SOIL DE MORIALMÉ, dans Biographie nationale, t. XIX, col. 42-45
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p., p. 255, 391
Marie-Laure ROGGEMANS, Jean-Marie DUVOSQUEL, Autour du Grand-Hornu, Bruxelles, Crédit communal & Fondation roi Baudouin, 1989, p. 12

De Gorge Henri

Socio-économique, Entreprise

dit DE GORGE-LEGRAND

Orsinval (Villers-Pol) 12/02/1774, Hornu 22/08/1832

Aîné d’une famille nombreuse et paysanne du nord de la France dont l’aisance lui permet de suivre une formation aux collèges du Quesnoy et de Bavay, Henri Degorge est attaché à l’Intendance de l’Armée de Sambre-et-Meuse en 1795, devient fournisseur des armées sous le Consulat et l’Empire, tout en se spécialisant dans le négoce de charbon. Son mariage, en 1800, avec Eugénie Legrand, fille d’un grossiste lillois, favorise des affaires qui prospèrent et lui permettent de se porter acquéreur, en 1810, d’une concession houillère sur les terres de l’ancienne abbaye de Saint-Ghislain. À proximité du canal Mons-Condé en cours de réalisation, le site est reconnu comme difficile, les eaux s’engouffrant systématiquement dans les percements. Après plusieurs essais infructueux, il tombe sur une veine présentant d’excellentes qualités et parvient à assécher les travaux miniers (1814). Aidé de ses frères, il commence à récolter le fruit de ses efforts à partir de 1816. Propriétaire et directeur des charbonnages du Grand-Hornu, dans le Couchant de Mons, il achètera encore d’autres concessions plus au sud et exploitera le Grand Bouillon.

Afin de conserver les mineurs à proximité de son exploitation principale et de disposer de locaux administratifs et de maintenance, Henri Degorge réalise, à partir de 1823, un ambitieux projet architectural sous la forme d’une cité ouvrière modèle, comprenant 500 maisons avec jardin, des places publiques et des rues conduisant vers les différents puits, des salles de classes et autre bibliothèque. Conçu par l’architecte tournaisien Bruno Renard, le site du Grand-Hornu est achevé à l’entame des années 1830, avec la fameuse salle de l’Atelier de Construction de Machines à Vapeur et de Mécaniques (1831-1832). Sur le site charbonnier, la société fondée par Degorge allait en effet s’avérer capable de fabriquer toutes sortes de machines pour l’exploitation des mines ou d’autres industries.

On peut citer un autre aspect de l’esprit d’innovation dont fit preuve l’entrepreneur. Ayant vu fonctionner en Angleterre les premiers chemins de fer, celui qui a pris l’habitude de scinder son nom de famille en deux et d’y accoler celui de sa belle-famille se lance aussi dans la construction d’une des tout premières lignes ferrées privées du pays wallon. Dès l’été 1830, une voie à petite section conduit le charbon de la mine vers le canal ; des chevaux assurent la traction. Ce bouleversement dans le mode de transport sera particulièrement mal apprécié par les charretiers et autres boteresses ; à la faveur des événements révolutionnaires de septembre et octobre 1830, les mécontents viendront saccager et arracher les rails de ce dangereux concurrent, tout en semant la pagaille sur l’ensemble du site.

Essentiellement préoccupé par la bonne marche de ses affaires, Henri De Gorge-Legrand slalomera entre les grandes idées politiques de son temps. Élevé dans la foi catholique, il accède à d’importantes responsabilités au sein de la franc-maçonnerie lilloise. Ayant obtenu la nationalité des Pays-Bas en 1825, il se montre pro-orangiste avant 1830, réunioniste en 1830 et défenseur de l’indépendance belge après 1830… Membre du Comité provincial d’Industrie, de Commerce et d’Agriculture du Hainaut (1831-1832), il est choisi comme sénateur par les catholiques de l’arrondissement de Mons ; il siège à la Haute Assemblée du 29 août 1831 jusqu’à son décès, dû au choléra.

 

Sources

Revue du Conseil économique wallon, n°74-75, mai 1965, p. 54-56
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 138-139
Hubert WATELET, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 166
Léopold DEVILLERS, dans Biographie nationale, t. X, col. 115-117