KIK-IRPA, Bruxelles

Brunehaut/Howardries, la mémoire de la Flandre française

La seigneurie de Howardries aurait eu des seigneurs de son nom avant la fin du XIIIe siècle. Elle passa ensuite entre les mains des Lalaing puis des Chastel au XIVe siècle ; ces derniers conservèrent leur terre jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et prirent le nom de seigneurs du Chastel de la Howardries. La seigneurie se trouvait en Flandre gallicante, à la frontière avec les terres autrichiennes, dont la limite fut définitivement fixée le 18 novembre 1779 et relevait de la châtellenie de Lille. 

Le monument funéraire de François du Chastel de la Howardries dans l’église Sainte-Marie-Madeleine. © KIK-IRPA, Bruxelles

Sur la place de la localité se trouve l’ancien château du Chastel de la Howardries, cité depuis 1200 et possession de la famille du Chastel depuis le mariage en 1330 de Jehan avec Peronne de Lalaing. Détruit à la fin du XVe siècle, il fut remplacé par un manoir mentionné au début du XVIIe siècle. Encore une fois saccagé au cours de guerres ayant ravagé le Tournaisis, il fut reconstruit vers le milieu du XVIIIe siècle et adopta un plan en U. Deux pavillons d’angle furent bâtis au siècle suivant. Désaffecté et démoli en 1869, il n’en subsiste aujourd’hui que l’aile droite, les pavillons d’angle et les fossés.

Le véritable chef-d’œuvre de la localité est sans aucun doute conservé dans l’église Sainte-Marie-Madeleine et constitue la mémoire des anciens seigneurs du lieu. Les monuments funéraires de plusieurs membres de la famille du Chastel de la Howardries rappellent à plusieurs égards ceux de la chapelle funéraire des seigneurs de Boussu. On y trouve :

Le monument funéraire de Guillebert du Chastel de la Howardries. © KIK-IRPA, Bruxelles

- le monument funéraire de Nicolas du Chastel et de ses
deux épouses, de style Renaissance et daté de 1592. Les défunts
figurent à genoux en prière, devant leur épitaphe ;

- la dalle gravée d’Antoine et Lamoral du Chastel, 1609 ;

- la lame funéraire de Jacques du Chastel, 1576 ;

- les cénotaphes de François et Nicolas du Chastel ;

- les épitaphes gothiques de Simon et Jacques du Chastel ;

- le monument funéraire de Jeanne Lamberte de Croÿ,
épouse d’Antoine du Chastel, 1624, sculptée en bas-relief ;

- le monument de Guillebert du Chastel, 1570 ;

- le monument d’Agnès de Sainte du Chastel, 1562 ;

- la lame funéraire d’Isabeau de la Howardries.


 

 

 

Chemin du Roi
7624 Brunehaut

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant - SPW

Ville fortifiée de Mariembourg

Les armoiries de Marie de Hongrie dans l’église de Mariembourg. Photo de 1976. © KIK-IRPA, Bruxelles

Les armoiries de Marie de Hongrie dans l’église de Mariembourg. Photo de 1976

La ville de Mariembourg fut, comme Charleroi, construite de toutes pièces dans un but défensif. Son édification avait également pour objectif de protéger les frontières des Pays-Bas espagnols face à la France. La petite ville forte fut créée en 1546 par Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint et gouvernante générale des Pays-Bas. La place prit ainsi le nom de sa fondatrice. Le terrain choisi, bordé par deux rivières, était possession liégeoise et fut acquis par les Espagnols par échange avec le prince-évêque Georges d’Autriche, oncle naturel de la gouvernante des Pays-Bas espagnols et de Charles Quint. Marie de Hongrie confia le travail à l’ingénieur italien Donato di Boni qui dressa les plans de la place forte et traça un plan presque carré et radioconcentrique atour d’une place centrale où aboutissent huit rues. Prise par les Français en 1554 comme la plupart des forteresses du comté de Namur, Mariembourg fut rendue aux Espagnols dès 1559 à la suite de la signature du Traité de Cateau-Cambrésis. Ses fortifications furent réparées et renforcées au début du XVIIe siècle. Par le Traité des Pyrénées de 1659, Philippe IV d’Espagne céda la place forte à Louis XIV qui fit raser son enceinte dans un premier temps. En 1676, il décida d’élever de nouvelles fortifications suivant le tracé des précédentes. La ville resta française jusqu’en 1815 et son rattachement au royaume des Pays-Bas. La situation juridique de Mariembourg était toutefois hybride et peu commune : la coutume de Namur était d’application en matière réelle mais les lois françaises l’étaient en matière pénale. La ville était le siège d’une prévôté rattachée au Parlement de Douai en 1721.

Une pierre frappée de trois lys de France dans l’église Sainte-Madeleine de Mariembourg. Photo de 1976. © KIK-IRPA, Bruxelles

Actuellement, si la forteresse a disparu définitivement en 1853, bien des traces de ce passé militaire subsistent à Mariembourg. Le tracé des rues au départ de la place Marie de Hongrie rappelle encore le plan radioconcentrique de la place forte et des boulevards ont épousé le tracé des remparts. Créée à des fins stratégiques, la ville abritait une garnison placée sous la direction d’un chef militaire, le gouverneur, dont l’habitation existe toujours en partie rue de France. Bordant à l’origine une excroissance de la place principale, il s’agit d’une aile du XVIIe siècle, seul vestige de la bâtisse d’origine. La maison du Major, dont la façade est encadrée par deux tours carrées, a été construite au début du XVIIIe siècle et est encore aujourd’hui pratiquement intacte. L’église Sainte-Madeleine, érigée quelques années après la création de la place forte, abrite quant à elle plusieurs témoignages dont un blason aux armes de Marie de Hongrie, situé sur un portail d’influence Renaissance et une dalle portant le collier de la Toison d’Or sous le bénitier gauche. Plusieurs pierres tombales de gouverneurs et capitaines de Mariembourg se trouvent également dans l’édifice.

La maison du gouverneur à Mariembourg. Photo A. Lambotte © Amande

 

L’hôtel de ville de Mariembourg, construit en 1884 contre l’extrémité orientale de l’ancien arsenal. Photo A. Lambotte © Amande

 5660 Mariembourg

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Église Saint-Lambert de Manderfeld

Une trace significative de l’ancien Électorat de Trèves se situe sur le territoire de l’actuelle localité de Manderfeld. C’est dans la villa de Manderfeld que l’empereur Lothaire Ier fit rédiger en 845 un diplôme en faveur de l’abbaye de Prüm. Le destin et l’importance du lieu ne cessèrent d’augmenter au Moyen Âge : dans le courant du XIVe siècle, les seigneurs de Daun, dans l’Eifel, s’attribuèrent les droits de justice sur un quart du territoire de Manderfeld avant que le domaine ne soit vendu en 1404 à l’abbaye de Prüm puis racheté en 1469 par les comtes de Manderscheidt, autre famille dynastique de l’Eifel. La justice de Manderfeld dépendait alors de l’office de Schönberg, dans l’Électorat de Trèves ; cette appartenance fut concrétisée à partir du XVIIe siècle par l’installation d’un poste de douanes face aux territoires luxembourgeois de la terre de Saint-Vith. Un château se trouvait sur le territoire mais fut détruit par les troupes de Louis XIV à la fin du XVIIe siècle ; il n’en subsiste rien de nos jours.

L’église paroissiale Saint-Lambert est un édifice gothique possédant encore une tour romane, sans doute des XIe et XIIe siècles. Le sanctuaire fut restauré après 1520 à la demande de Richard von Geiffenclau, prince-électeur de Trèves de 1511 à 1531. Ancien chanoine de la cathédrale de Trèves avant d’être élu prince-électeur, il prit part en 1519 à l’élection de Charles Quint ainsi qu’à la célèbre Diète de Worms de 1521, où il tenta en vain de convaincre Martin Luther de se rétracter. L’église de Manderfeld porte encore aujourd’hui la marque des importants travaux entrepris par Richard von Greiffenclau : ses armoiries figurent au coin nord-est de la tour.

Non loin de là, la localité de Schönberg, dans l’actuelle commune de Saint-Vith, faisait elle aussi partie de l’Électorat de Trèves. Un important château qui surplombait la vallée de l’Our, possession depuis 1209 du lignage des von Schonenberg, vassaux de l’abbé de Prüm, était à l’origine une possession du duché de Luxembourg. En 1374, les droits féodaux sont attribués par l’empereur Charles IV à l’abbé de Prüm. En 1376, ce dernier obtient le château et ses dépendances. La situation complexe fut fortement simplifiée lorsque les possessions de l’abbaye de Prüm furent transférées à l’archevêque de Trèves en 1576. Comme ce fut le cas pour le château de Manderfeld, la forteresse de Schönberg fut incendiée en 1689 par les troupes françaises. Actuellement, peu subsiste de ce burg, situé sur l’éminence de la localité. Mis en vente publique pour démolition en 1803, il ne présente plus de nos jours qu’un pan de muraille en moellons de grès du côté ouest et un fragment de mur en grès rouge vers l’est.

4760 Bullange

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013