Schreurs Fernand

Militantisme wallon, Politique, Résistance

Liège, 26/07/1900, Liège 11/12/1970

Avocat inscrit au Barreau de Liège, Fernand Schreurs a été l’une des chevilles ouvrières du Mouvement wallon de 1938 à 1970. Militant et résistant wallon, il a été le secrétaire général du Congrès national wallon (1943-1970), travaillant au rassemblement des forces wallonnes autour d’un programme commun. Convaincu que le fédéralisme est la solution à la question belge, il cherchera durablement des relais auprès des fédéralistes flamands (Accords Schreurs-Couvreur en 1952, Centre Harmel de 1949 à 1955, collège fédéraliste en 1962). 

Au sein de son propre parti, ce libéral wallon n’aura de cesse de souligner les griefs wallons et de suggérer des solutions adaptées. Fédéraliste de la première heure, défenseur du retour des Fourons à la Province de Liège, il dénonçait dès 1945 les dangers qui menaçaient l’économie wallonne : fermeture d’usines, déplacement des entreprises vers la Flandre, des conseils d’administration et centres de décision vers Bruxelles, disparition des banques wallonnes.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. III
Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 327
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 457

Schreurs Fernand

Officier (Historique)

LIÈGE 26.07.1900 – LIÈGE 10.12.1970

Issu d’une famille d’origine hollandaise ayant combattu dans la légion belgo parisienne lors de la révolution de 1830, Fernand Schreurs grandit dans un environnement libéral et francophile. C’est ainsi qu’encore étudiant à l’Athénée de Liège, il fonde la Ligue des Lycéens wallons qui devient, en 1919, la Jeune Garde wallonne.

Docteur en droit de l’Université de Liège en 1924, avocat auprès de la Cour d’Appel de Liège, il s’affirme rapidement comme une des chevilles ouvrières du Mouvement wallon de l’Entre-deux-guerres, principalement en raison de sa contribution active à de nombreuses revues.

Pendant la guerre, dès septembre 1940, il rejoint les résistants wallons réunis sous la bannière de Wallonie libre. Le rôle de Fernand Schreurs au sein de la résistance en Wallonie est majeur. Il dirige le journal clandestin de Wallonie libre, participe à la relance du Conseil économique wallon et devient membre du comité directeur du Rassemblement démocratique et socialiste wallon qui vise à rapprocher socialistes et libéraux, lui-même siégeant parmi ces derniers. Il contribue aussi aux projets pour la Wallonie libérée, défend des patriotes devant les conseils de guerre allemands, parallèlement à ses actions de résistance armée.

Plusieurs fois décoré - notamment, de la Croix de guerre - pour son action de résistant, il s’affirme à la libération comme l’animateur du Mouvement wallon pour lequel il organise le Congrès national wallon de 1945, qui verra les congressistes wallons de toutes tendances se prononcer pour le fédéralisme, après un vote « sentimental » en faveur du rattachement à la France. Pendant quinze ans, il contribuera ainsi à coordonner tous les mouvements wallons.

Après la Question royale au cours de laquelle il milite, avec le Congrès national wallon, contre le retour du roi Léopold III, il noue le dialogue avec les fédéralistes flamands. Le 3 décembre 1952 est ainsi signé par cinquante Flamands et cinquante Wallons un texte commun, connu sous le nom d’Accord Schreurs-Couvreur. Défendant l’idée d’une fédéralisation de la Belgique reposant sur la reconnaissance des peuples wallon et flamand, ce Manifeste reconnaît Bruxelles comme capitale fédérale jouissant d’un statut spécial, alors que la frontière linguistique serait définitivement fixée.

Faute de résultats tangibles, le Congrès national wallon s’essouffle et, dans la foulée des grèves de l’hiver 1960, cède la place à une nouvelle prise de conscience, sous l’impulsion d’André Renard et du Mouvement populaire wallon. Le rôle de Fernand Schreurs n’en reste pas moins important, notamment pour la défense de Fourons et dans la réflexion devant mener à la réforme de l’Etat de 1970.

Libéral de tendance radicale, il s’éloigne peu à peu du PLP défendant l’unitarisme pour rejoindre le PSB, en 1968, deux ans avant sa mort. Il aura ainsi la satisfaction de voir aboutir une partie de son combat avec l’annonce, par le Premier Ministre Gaston Eyskens, que l’Etat unitaire avait vécu.

Fernand Schreurs fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique : Paul DELFORGE, SCHREURS Fernand, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 5664.