Diocèses et provinces ecclésiastiques après 1559

Le 31 juillet 1559, la bulle pontificale Super Universas annonce la réforme des diocèses. Laborieusement obtenue, elle transforme les Pays-Bas habsbourgeois en une forteresse du catholicisme en Europe du nord. Ils comprennent désormais trois nouvelles provinces ecclésiastiques et ne dépendent plus d’aucune autorité extérieure, des provinces métropolitaines des archevêques de Cologne et de Reims, ou des évêques de Liège, de France ou d’ailleurs. Intervenant après la prise de l’Artois, de la Flandre et du Cambrésis par Charles Quint, cette concordance « parfaite » entre frontières politiques et religieuses s’accompagne d’une prise en compte des réalités linguistiques.
La frontière linguistique apparaît en effet clairement entre l’archevêché de Malines divisé en sept nouveaux évêchés (tous flamands) et Cambrai qui comprend cinq diocèses romans ; les provinces wallonnes sont soumises au roi d’Espagne, les provinces picardes au roi de France. Dans cette réorganisation, seul le duché de Luxembourg a été oublié ; en fait, il a été privé d’un siège épiscopal en raison de l’opposition farouche des évêques de Liège et de Trèves.
La province ecclésiastique d’Utrecht (groupe frison-batave) s’étend dans la partie septentrionale des Pays-Bas, et compte les sièges suffragants d’Harlem, Deventer, Middelbourg, Groningue et Leeuwarden, qui s’ajoutent à Utrecht déjà existant, élevé au rang d’archevêché. Ces six évêchés n’ont qu’une existence éphémère. Dès 1580, ils cessent d’exister ; en 1592, est érigé le vicariat apostolique des Provinces-Unies.
La province ecclésiastique de Malines (groupe flamando-brabançon) – élevée en archevêché et supérieure aux deux autres provinces – sera flamande et brabançonne. Elle comprend les six diocèses de Gand, Bruges, Ypres, Anvers, Bois-le-Duc et Ruremonde. Ce choix témoigne de l’importance que les Habsbourg continuent à témoigner à Malines.
Enfin, est érigée une province ecclésiastique de Cambrai (groupe gallo-wallon), où les nouveaux diocèses de Namur et de Saint-Omer prennent place à côté de Cambrai, Boulogne (1567 !), Tournai et Arras. Ces deux derniers sont fortement démembrés par rapport à la situation antérieure et la Thérouanne a disparu. À l’évêque de Cambrai est conféré le titre d’archevêque.
La partie luxembourgeoise des Pays-Bas fait exception à l’homogénéisation apportée par cette réforme. Elle resta partagée entre trois métropoles et six diocèses jusqu’à la fin de l’Ancien régime (Trèves, Cologne, Reims, Liège, Metz et Verdun) malgré plusieurs projets de réforme.
Quant au diocèse de Liège, il est la principale « victime » de cette réforme habsbourgeoise. Il est en effet fortement amputé de contrées espagnoles au profit des diocèses de Malines, Anvers (archidiaconé de Campine), Bois-le-Duc, Middelbourg et Namur. Le diocèse de Liège perd aussi l’université de Louvain et, en raison du développement d’une université à Douai, aucun projet ne se concrétisera en pays mosan. Se sentant lésés par l’érection des nouveaux diocèses, Cologne et Liège introduisirent des recours auprès du pape et de l’empereur. En vain.

Références
AT4.1 ; deMo-16-17 ; GeGB49 ; HPLg-138 ; TrauLxb-158


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)