La maison de Luxembourg à l’heure impériale (XIVe siècle)

N’ayant jamais abandonné l’idée de reprendre le comté de Namur et le duché de Limbourg, la maison de Luxembourg s’engage dans une guerre de succession funeste. En 1288, sur le champ de bataille de Worringen, elle perd la plupart de ses princes régnants morts au combat : en conséquence, elle est obligée de renoncer définitivement au Limbourg, même si elle est unie, par des liens de mariage, au Brabant (Wenceslas, comte de Luxembourg est marié à Jeanne de Brabant ; leur union est considérée comme personnelle et n’engagera pas leurs « biens » : il ne sera jamais question d’un rapprochement Brabant-Limbourg / Luxembourg).
Malgré les circonstances, la maison de Luxembourg ne disparaît pas, loin de là, grâce à l’influence française qui se fait de plus en plus grande et grâce aussi au soutien du pape. À cheval entre France et Germanie, le petit-fils de Henri V parvient à se faire élire « roi des Romains » (1308). Bien décidé à rétablir le titre d’Imperator Romanorum qui n’est plus attribué depuis près d’un siècle, Henri VII part en expédition en Italie, se présente en pacificateur dans les multiples querelles italiennes et, malgré les guelfes, se fait sacrer empereur romain germanique (1312) concrétisant sa volonté de rétablir un « empire médiéval d’occident ». À sa mort, un an plus tard en 1313 à Buonconvento, son fils Jean n’a que 17 ans. Déjà marié à la fille du roi de Bohême en 1310, il est promis à un destin exceptionnel, idéalisé par le roman chevaleresque, sa mort en héros à la bataille de Crécy (1346) symbolisant toute son existence. Roi de Bohème (mais les grands ne veulent pas de lui) et par conséquent grand électeur de l’empire, Jean n’aura de cesse d’obtenir la couronne impériale, parcourant toutes les cours d’Europe, en vain.

Références
AzKG-94 ; TrauLxb-86, 92, 119, 137


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)