La principauté abbatiale de Saint-Hubert (XIVe siècle)

Une première abbaye aurait été fondée à la fin du VIIe siècle, sous la direction de Bérégise, un moine proche des Péppinides. C’est cependant en étant placée sous la règle des Bénédictins qu’elle prend son véritable essor au IXe siècle. Une ville se crée à proximité de l’abbaye de Saint-Hubert qui constitue une sorte de relais de l’Église de Liège dans le sud du diocèse. Dépendant du pouvoir spirituel de Liège, l’abbé de Saint-Hubert s’impose comme un seigneur disposant de nombreux droits sur un grand nombre de villages et hameaux à la fois dispersés et éloignés et se montre jaloux de son indépendance temporelle. Celle-ci sera cependant contestée après la remise en cause des équilibres provoquée par l’expansion bourguignonne. Les princes de France, de Liège, de Luxembourg et des Pays-Bas recherchent l’alliance de l’abbé : face aux prétentions des deux derniers, la principauté abbatiale de Saint-Hubert trouvera un « protecteur » auprès du roi de France, au XVIIe siècle ; mais ce dernier ne renonce à ses vues sur Saint-Hubert qu’en 1769. Affichant une grande prospérité, voire un esprit d’entreprise très novateur, l’abbaye résiste aux guerres incessantes de la fin de l’Ancien Régime, mais ne survit pas à la Révolution française. En 1797, les moines sont envoyés en exil et le dernier abbé, Nicolas Spirlet, se réfugie à Montjoie où il meurt un an plus tard. Les biens sont vendus et l’abbaye perd ce statut si particulier qui permit à 56 abbés de se considérer comme responsables d’un petit État indépendant de 825 à 1795.

Références
HHWH59  ; VdEss06 ; VerM01 ; WPH01-236


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)