La naissance de la principauté de Liège constitue à elle seule un cas à part dans la formation des principautés territoriales dans nos régions au Moyen Âge. Les origines du territoire liégeois prennent place dans une configuration politique différente, celle de l’Église impériale, alors que les autres duchés et comtés étaient nés au détriment de l’autorité royale. Au Xe siècle, l’empereur d’Allemagne avait gardé la mainmise sur les sièges épiscopaux : les principales églises étaient alors placées sous la protection spéciale du souverain. Tel était le cas de l’évêché de Liège, terre d’empire. L’évêque y est désigné par l’empereur et est investi de sa fonction épiscopale au moyen d’objets hautement symboliques. L’idée de conférer aux églises des droits souverains telle la haute justice, des terres et des comtés entiers, déjà en vigueur en France, gagne les territoires germaniques. L’empereur Otton II, protecteur de l’évêque de Liège Notger, confirme à l’Église de Liège son immunité. En 985, sa veuve et régente Théophano offre à Notger le comté de Huy. Cette donation d’importance est aujourd’hui retenue comme date de naissance de la principauté de Liège, même si le souverain ne portait pas encore le titre de prince à l’époque. Notger cumule dans son comté de Huy les prérogatives comtales et épiscopales. Au cours des siècles suivants, les évêques de Liège n’auront de cesse d’agrandir leur territoire : donation du comté de Hesbaye (1040), achat du château de Bouillon (1096), annexion du comté de Looz (1361)… La principauté de Liège grandit ainsi au fil des siècles pour parvenir à son aspect de la fin de l’Ancien Régime : une accumulation de territoires morcelés et d’enclaves qui lui donnent une physionomie toute particulière. Imposant, le territoire s’étend sur les actuelles provinces de Liège, Namur, Luxembourg, Brabant wallon, Brabant flamand, Hainaut et Limbourg, ainsi qu’aux Pays-Bas.
Placée sous l’autorité d’un personnage à la fois prince et évêque, la principauté est composée de quinze quartiers : Amercoeur, Avroy, Sainte-Marguerite, Sainte-Walburge, Saint-Léonard, Entre-Sambre-et-Meuse, Amont, Condroz, Moha, Hesbaye, Franchimont, Montenaken, Looz, Stokkem et Horn. Née du système de l’Église impériale, la principauté reste liée à l’empire germanique tout au long de son histoire. Le prince-évêque fait partie de la Diète d’Empire et sa principauté est intégrée au cercle de Westphalie en 1512. Bien qu’au centre de toutes les attentions et de toutes les velléités de ses voisins directs, la principauté parvient à traverser les siècles pour ne disparaître qu’en 1795, lorsqu’elle est annexée à la France comme le reste des autres territoires de la future Wallonie.