Du point de vue administratif, le royaume franc carolingien était au début du IXe siècle morcelé en plusieurs centaines de comtés (les pagi*) à la tête desquels se trouvaient des hommes issus de la classe aristocratique : les comtes. À cette époque, les titulaires de ces comtés s’efforcèrent de faire passer dans leur patrimoine familial la charge publique qui leur était confiée et faire de leur fonction une charge héréditaire. La plupart des duchés et comtés de Basse-Lotharingie dans laquelle s’inscrit la Wallonie actuelle apparurent à ce moment précis. Le comté de Namur, situé au confluent de la Sambre et de la Meuse, est issu dans l’ancien pagus Lommacensis. Le premier comte connu fut un certain Bérenger (907-908) et Namur devint officiellement la capitale du comté en 974. Géographiquement, celui-ci ne correspondait en rien à la province actuelle : son territoire était compact, axé sur la Meuse et la Sambre et corseté par la principauté de Liège, le comté de Hainaut et les duchés de Brabant et de Luxembourg. Sa vaste surface déchiquetée comprenait également plusieurs enclaves. Les descendants de Bérenger se succédèrent à Namur jusqu’à l’arrivée de Henri l’Aveugle (†1196) qui parvint à rassembler les comtés de Namur, La Roche, Durbuy et Luxembourg et à se mettre ainsi à la tête d’un vaste territoire. Sa fille Ermesinde précipita le démembrement des possessions de Henri l’Aveugle : le bloc luxembourgeois se sépara alors du namurois.
En 1429, le comté de Namur entra dans les possessions des ducs de Bourgogne, qui réunirent alors bon nombre de principautés qui aboutirent au siècle suivant à la formation des dix-sept provinces bourguignonnes, les Pays-Bas. Comté indépendant, Namur devint successivement bourguignon, espagnol sous Charles Quint puis autrichien en 1713 après le traité d’Utrecht. Le comté exista en tant que tel au sein des possessions bourguignonnes et habsbourgeoises jusqu’en 1795 lorsqu’il fut, comme le reste de nos territoires, annexé à la France. À la tête du comté était placé un gouverneur qui représentait l’empereur ; celui-ci était choisi parmi la noblesse d’Empire. Il présidait aussi le souverain baillage du comté, cour féodale qui recevait les actes et jugeait les différends. Le territoire était divisé en plusieurs baillages (Bouvignes, Fleurus, Montaigle, Samson, Viesville et Wasseiges), mairies* (Namur, Feix) et comptait une prévôté (Poilvache).