Répartition régionale et politique des députés (1919)

La Grande Guerre a convaincu les plus récalcitrants de l’urgence d’introduire le suffrage universel pur et simple en Belgique. Dans son discours du trône, le roi Albert en a fait la promesse dès l’automne 1918 et bien que le changement institutionnel ne soit pas encore intervenu, le scrutin de novembre 1919 est le premier à accorder une voix – et une seule – à tous les hommes âgés de 21 ans. Même si de nombreuses veuves de guerre en obtiennent également le droit. Les femmes devront attendre 1948 avant d’en bénéficier.
Dans la nouvelle Chambre élue au suffrage universel, les forces catholiques ne disposent plus de la majorité absolue (101 députés sur 186 en 1912, 73 sur 186 en 1919). Quant aux réalités régionales, elles n’ont pas changé : la Flandre vote toujours majoritairement à droite (49 catholiques et nationalistes, contre 24 POB et 15 libéraux), la Wallonie à gauche (38 POB, 13 libéraux et 21 catholiques), tandis que les rap¬ports de force demeurent dispersés dans l’arrondissement de Bruxelles (7 catholiques, 6 libéraux, 8 socialistes, 4 divers). Soutenant un gouvernement tripartite, ce sont ces parlementaires qui réunissent la majorité des deux tiers nécessaires à l’introduction du suffrage universel pur et simple dans l’article 47 de la Constitution. C’est aussi sous cette législature qu’est votée la loi du 31 juillet 1921 régissant l’emploi des langues en matière administrative.


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)