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1490

Paul Delforge

Buste Paul HENRICOT

Buste de Paul Henricot, réalisé par Alfred Courtens,1948. 

À Court-Saint-Étienne, c’est surtout le nom d’Émile Henricot qui est connu. Un monument a d’ailleurs été élevé en son honneur, dès 1911, sur la place des Déportés, face au hall n°11 de la première usine dont il est devenu copropriétaire en 1867, avant d’en devenir l’actionnaire principal (1873), puis le seul propriétaire (1883). C’est autour de la prospère et moderne Usine Émile Henricot et de ses ateliers que va se développer l’entité de Court-Saint-Étienne, au tournant des XIXe et XXe siècles. Lorsque le « patron » disparaît en 1910, ses deux fils sont prêts à prendre le relais. Ayant été diplômés par l’Université de Liège comme ingénieurs civils, Paul (1873-1948) et Fernand (1871-1933) sont employés par la société depuis les dernières années du XIXe siècle et en deviennent les nouveaux directeurs dès 1910. À l’instar de son père qui fut aussi échevin, député puis sénateur, Paul Henricot se lance en politique, restant fidèle aux idées libérales. Entré au conseil communal de Court-Saint-Étienne dès 1910 où il remplace son père directement comme échevin, il est désigné au Sénat, en 1924, en remplacement de Joseph Berger décédé. De 1924 à 1946, il restera sénateur provincial du Brabant et assumera notamment la présidence du groupe libéral à partir de 1937. 

Comme son père, Paul Henricot témoigne d’attention à l’égard de son personnel en faisant construire un Foyer populaire (1913) ou en veillant à l’approvisionnement alimentaire durant les deux guerres mondiales. Resté seul à la direction de l’importante usine de Court-Saint-Étienne (1933), Paul Henricot fait l’objet d’un hommage particulier au lendemain de son décès, à Bruxelles, en 1948. 

À l’initiative du personnel de l’entreprise, le disparu est honoré – comme son père en 1911 – d’un monument dont la réalisation est confiée au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967). Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens a bénéficié des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste a cherché à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. 

Buste Paul Henricot

Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne. « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). Le mémorial Paul Henricot est une synthèse du savoir-faire éprouvé de Courtens : sur une haute stèle rectangulaire en pierre bleue, le profil gauche de l’industriel en buste est réalisé en bas-relief dans un cartouche en bronze. Simple, la dédicace est gravée dans la partie inférieure :

A PAUL HENRICOT
1873 – 1948
LE
PERSONNEL RECONNAISSANT

Rénové en 2008 et dégagé de la végétation qui l’étouffait, le monument « Paul Henricot » est installé à proximité de l’ancienne usine n°2, entre l’ancienne conciergerie (datant de 1908) et les anciens Grands Bureaux (construits en 1926 et transformés en un Centre d'éducation et de formation en alternance CEFA).

 


Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 435
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 363
Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge 1894-1972, Ledeberg-Gand, Erasme, 1972, p. 174

Rue Belotte 5
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Paul Delforge

Paul Delforge

Monument Émile HENRICOT

Monument « Instruction – Travail » dédié à Émile Henricot, réalisé par le sculpteur Godefroid Devreese et l’architecte Henri Jacobs, août 1911

Le monument inauguré en août 1911 en l’honneur de l’industriel Émile Henricot, décédé l’année précédente, est initialement implanté au début de la place des Déportés, le long de la rue qui porte son nom. Rénové et restauré par les autorités locales au début du XXIe siècle, l’impressionnant groupe réalisé par l’architecte Jacobs et le sculpteur Devreese a été déplacé de l’autre côté de la place, face au hall n°11 de la première usine Henricot.

L’industriel a joué un rôle majeur dans le développement de la cité du Brabant wallon. Né à Jemeppe-sur-Sambre en 1838, diplômé de l’Université de Liège comme ingénieur civil et ingénieur des mines, Émile Henricot est engagé comme directeur-gérant aux Forges, Fonderie, Platinerie et Émaillerie de Court-Saint-Étienne, société appartenant notamment à Albert Goblet comte d’Alviella, mais à la santé financière précaire (1865). Rapidement, il la redresse et en devient copropriétaire quand elle se transforme en Henricot et Cie (1867), avant d’en être l’actionnaire principal à la mort d’Albert Goblet (1873), puis le propriétaire (1883). Il apporte à l’Usine Émile Henricot des transformations majeures qui la place à la pointe des progrès techniques de son temps. Actionnaire de nombreuses autres sociétés et actif membre de cercles et syndicats industriels comme agricoles, ce patron libéral progressiste et anticlérical contribue à l’amélioration des conditions de travail de ses ouvriers. Échevin de Court-Saint-Étienne, conseiller provincial du Brabant, il est élu député de l’arrondissement de Nivelles de 1888 à 1896, avant de siéger au Sénat (1900-1910), comme sénateur provincial. Par les emplois disponibles dans son entreprise et les largesses dont il fait preuve sur le plan local, c’est autour de ses ateliers que va se développer l’entité de Court-Saint-Étienne, au tournant des XIXe et XXe siècles. Décédé à Alexandrie en mars 1910, l’industriel va demeurer éternellement au cœur de la cité lorsqu’est érigé un monument en son honneur.

Par sa dimension – la stèle fait 4 mètres de haut –, il s’inscrit ostensiblement dans l’espace public. Le granit rose qui a été choisi tranche aussi par son originalité ; il a été dessiné par Henri Jacobs ; ses décorations dans la pierre sont minimalistes, et essentiellement destinées à mettre en évidence un médaillon rectangulaire et un groupe de deux personnages en bronze à l’avant-plan. Sur la face avant, apparaissent ainsi, de haut en bas, les mots suivants :

« INSTRUCTION
TRAVAIL

A
ÉMILE HENRICOT
    1838
1910 »

Réalisé par Godefroid Devreese qui y laisse sa signature, le médaillon en bronze représente le profil gauche de l’industriel. Il est fixé sur la partie haute de la stèle en granit. Devant la stèle, sur un large support, le sculpteur a figé deux personnes grandeur nature : l’ouvrier le plus âgé de l’entreprise en 1910 et le plus jeune apprenti symbolisent ainsi en quelque sorte la transmission du savoir(-faire). Habillé de ses vêtements de travail et soutenu sur une enclume où il est en partie assis, l’aîné tient un plan sur sa jambe gauche repliée et donne des explications à l’apprenti qui tient une sorte de petite roue dans la main gauche. Sur son plan, l’ouvrier paraît former un cercle avec une sorte de compas. Plusieurs outils (dont un imposant marteau et une tenaille) sont représentés au pied des deux ouvriers. Comme souvent, Godefroid Devreese a laissé sa signature sur la partie inférieure de sa réalisation, à gauche sur le bas de l’enclume, tandis qu’à droite apparaît la mention « Fonderie nationale des Bronzes - Ancienne firme J. Petermann - St Gilles - Bruxelles ». À l’époque, il n’est pas courant qu’un monument dédié à un patron représente aussi nettement les ouvriers au travail.

Monument Émile Henricot

Cette représentation est due à Godefroid Devreese (1861-1941), fils du sculpteur Constant Devreese. Ce Courtraisien a été formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles auprès du Liégeois Eugène Simonis, puis de Charles Van der Stappen. Remarqué très tôt pour son talent, cet ami et collaborateur de Victor Horta reçoit le 2e Prix de Rome 1885, il est installé à Bruxelles depuis 1881, où il fait toute sa carrière. Outre de nombreux Salons en Belgique comme à l’étranger, il puise son inspiration dans l’antiquité, réalise des bustes tant d’intérieur que d’extérieur, avant de se spécialiser aussi comme médailleur à la fin du XIXe siècle, tout en continuant à recevoir de nombreuses commandes publiques. Parmi ses principaux monuments figure celui des Éperons d’Or, inauguré à Courtrai en 1906.
Quant à Henri Jacobs (1864-1935), dont la signature apparaît au bas de la stèle, il s’agit d’un architecte bruxellois qui s’inscrit résolument dans la mouvance de l’Art Nouveau. Créateur de meubles et d’objets de décoration, il s’est consacré prioritairement à la construction d’écoles et de logements sociaux, tentant de faire la synthèse entre ses convictions politiques (laïques et progressistes) et ses réalisations. Une quinzaine d’écoles bruxelloises portent sa griffe, à l’instar de quelques maisons privées. Œuvre de maturité, le monument Henricot – aussi appelé « Instruction et Travail – ne déroge pas à son style et à ses convictions.


 


 



Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
Denise CLUYTENS-DONS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 364-366
René BRION, Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 362-362
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Jacobs (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 74

Place des Déportés
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Paul Delforge

J. Tordoir

Monument Goblet D'ALVIELLA

Sur la place communale de Court-Saint-Étienne, un monument « de style éclectique » rend hommage à Albert Goblet, comte d’Alviella, principalement en raison du rôle qu’il joua au moment de la révolution de 1830, puis en tant que ministre de la Guerre aux tout premiers temps de la Belgique. Imposant avec ses 4 mètres de haut, le monument a fait l'objet d'une restauration en 2010. Avec son buste en bronze, inauguré en 1887, et œuvre de Jef Lambeaux, il est situé juste en face de la rue Sambrée, dans le tournant de la longue place communale, à quelques dizaines de mètres du monument aux morts de Court-Saint-Étienne, localité dont l’histoire récente est marquée par la présence et l’activité de la famille Goblet d’Alviella.

Pourtant, Albert Goblet est d’origine picarde (Tournai 1790 – Bruxelles 1873). Fils d’un magistrat éminent, Albert Goblet avait lui-même reçu une solide formation de juriste dans les meilleures écoles parisiennes et militaires de son temps. Officier, il se distingue durant les dernières batailles livrées par les troupes napoléoniennes et c’est avec la Légion d’honneur qu’il entame, en 1815, une carrière dans la nouvelle armée des Pays-Bas. Mêlé à la bataille de Waterloo, il s’y distingue à nouveau, mais dans le camp des alliés cette fois. Chargé de la reconstruction de places fortes, il est surpris par les événements de 1830 alors qu’il est affecté à Menin. Partagé entre sa fidélité à Guillaume d’Orange et l’invitation à soutenir les révolutionnaires, il gagne Bruxelles début octobre 1830 et y est nommé, par le gouvernement provisoire, colonel et directeur du génie de l’armée belge en formation. Son ascension est fulgurante : début 1831, il est ministre de la Guerre sous la régence. Chef d’état-major durant la campagne des 10 jours (août 1831), il est ensuite désigné par Léopold Ier comme ministre plénipotentiaire à la conférence de Londres, et comme négociateur du système défensif de la Belgique. 

Devenu ministre des Affaires étrangères (1832-1833), il parvient à obtenir l’évacuation des forces hollandaises qui occupaient encore la citadelle d’Anvers et à faire accepter – à l’exception des Pays-Bas – une convention internationale garantissant la Belgique dans ses possessions de 1830. Mais celui qui était le représentant de l’arrondissement de Tournai depuis 1831 ne convainc pas les électeurs censitaires de lui apporter leur soutien (1832) et c’est dans l’arrondissement de Bruxelles que, sous les couleurs libérales, il retrouve un mandat de député (1833-1834, 1836-1837). Pressenti – sans succès – pour représenter la Belgique à Berlin, il est nommé lieutenant général en 1835. Conseiller particulier de la jeune reine du Portugal (1837-1838), il reçoit à Lisbonne le titre de comte d’Alviella, nom d’un des domaines appartenant à la maison du duc de Bragance. Confirmé en Belgique et rendu transmissible, ce titre sera désormais accolé à son nom de famille (1838). À nouveau ministre des Affaires étrangères (1843-1845), il s’est réconcilié avec les électeurs de Tournai dont il redevient le député (1843-1847). Mais c’est avec le roi qu’il est désormais en désaccord : devenu « inspecteur des fortifications et du corps du génie », il ne partage pas le point de vue de Léopold Ier sur le système militaire du pays. Admis à la retraite de l’armée (1854), il ne reste pas inactif : il conquiert encore les suffrages des libéraux bruxellois (1854-1859). Le mariage de son fils avec Coralie d’Auxy dont la famille possède le château de Court-Saint-Étienne amène la famille Goblet d’Alviella à prendre pied en Brabant wallon ; le général se porte d’ailleurs acquéreur des forges locales (1858), dont il confie la direction à son fils ; par la suite, cette entreprise modernisée deviendra l’usine Henricot. Enfin, il consacre les dernières années de sa vie à l’écriture, racontant pour la postérité les événements qu’il avait vécus et façonnés à l’échelle européenne, en 1831 et 1832. Et finalement, ce n’est ni à Tournai ni à Bruxelles que Goblet d’Alviella fait l’objet d’un monument, mais à Court-Saint-Étienne, sur ses terres d’adoption. 

Sur le modèle d’un buste en marbre blanc déjà réalisé par Jef Lambeaux pour la salle de lecture de la Chambre des Représentants à Bruxelles, une reproduction en bronze fait l’objet d’une installation particulière : le piédestal comprend à sa base une série de blocs de pierre bleue à bossage ; vient ensuite un niveau intermédiaire où s’inscrit la dédicace :

GENERAL COMTE GOBLET D’ALVIELLA
INSPECTEUR GENERAL DU GENIE
MINISTRE DE LA GUERRE ET DES AFFAIRES ETRANGERES
MINISTRE PLENIPOTENTIAIRE MINISTRE D’ETAT
1790-1873

Enfin, apparaît le buste posé sur un support, le tout s’inscrivant dans une niche creusée au milieu d’une stèle pyramidale, tandis que les armoiries familiales sont gravées dans la partie supérieure. Inauguré en 1887, à Court-Saint-Étienne, ce monument est une initiative du petit-fils d’Albert Goblet d’Alviella, en l’occurrence Eugène (1846-1925), lui-même parlementaire de la même famille libérale que son ancêtre (député de 1878 à 1884, puis sénateur de 1892 à 1921 avec des interruptions). Sur le buste, le sculpteur n’a pas omis de représenter le plus grand nombre possible des décorations auxquelles son sujet avait eu droit.

Monument Goblet d’Alviella

Inscrit à l’Académie d’Anvers dans les années 1860, Jef Lambeaux (Anvers 1852 – Bruxelles 1908) s’est orienté rapidement vers la sculpture et a fréquenté l’atelier de Joseph Geefs dans la métropole anversoise. Dès le début des années 1870, il expose ses œuvres et s’il échoue finalement à la 2e place du Prix de Rome 1872, il rencontre rapidement le succès par des œuvres très personnelles, s’inspirant souvent de scènes de la vie quotidienne. Les premiers bustes résultant de commandes officielles lui ouvrent de nouvelles portes, même si son séjour parisien s’avère désastreux (1879-1880). Grâce à des subsides de l’État et de la ville d’Anvers, le voyage en Italie lui est permis ; son style s’en trouve transformé et sa « Fontaine de Brabo » devient sa première grande œuvre de référence (1883). A partir des années 1880, le public et les critiques acclament Lambeaux qui, parmi d’autres commandes, reproduit alors le buste de Goblet d’Alviella. Après l’œuvre du Brabant wallon, Lambeaux est d’abord occupé à la reproduction en grand du Triomphe de la Lumière sur base de la maquette laissée par Wiertz. Ensuite, il se consacre quasi exclusivement à la réalisation d’un relief monumental sur le thème de l’humanité qui fera largement controverse et qui constituera son chef-d’œuvre. Au tournant des deux siècles, une version en marbre commandée par l’État est installée dans un pavillon du Cinquantenaire, tandis que l’artiste décline sous toutes les formes des versions partielles de son relief connu sous le nom Passions humaines. Artiste prolifique, Lambeaux signe d’autres réalisations sur le thème des lutteurs, des animaux, etc., principalement en Flandre et à Bruxelles. Son Faune mordu, présenté lors de l’Exposition universelle de Liège en 1905, provoque une polémique féroce ; la ville achètera l’œuvre pour l’exposer au parc de la Boverie. Hormis dans le parc de Mariemont, on chercherait cependant en vain d’autres Lambeaux dans l’espace public wallon.

 

Th. JUSTE, Albert Goblet, dans Biographie nationale, t. 7, col. 822-838
http://fr.wikipedia.org/wiki/Monument_au_comte_Goblet_d%27Alviella 
Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 35-37
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 323
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 477-483
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 16

Place communale
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Paul Delforge

 Jo Van Hove

Ferme de Beaurieux à Court-Saint-Étienne

Ancienne ferme castrale d’un château aujourd’hui disparu et qui constituait un des plus anciens fiefs du duché de Brabant, la ferme de Beaurieux est un beau quadrilatère érigé en 1721 et groupant des édifices en briques et pierre bleue disposés autour d’une cour carrée. Elle est située au cœur du hameau de Beaurieux, sur une vaste prairie au bord de l’Orne. 

Appelée également de nos jours « ferme de la Baillerie », on y accède par un porche monumental qui servait autrefois de colombier. L’ensemble, typique de la région, est caractérisé par la présence d’une grange en long percée de part et d’autre au niveau des pignons de grandes portes charretières facilitant l’exploitation agricole. À gauche du portail se trouvent les ailes d’étables et d’écuries. Le corps de logis a été construit sur les bases d’un bâtiment plus ancien dont les caves ont été conservées. Il servait de logement aux domestiques, les maîtres occupant la ferme de la vallée, située non loin de là (23, rue de Beaurieux). 

La ferme n’est plus exploitée depuis une vingtaine d’années ; elle a fait l’objet d’une restauration réussie et accueille aujourd’hui des événements (banquets, colloques…).

 

Ferme de Beaurieux © IPW

 

Ferme de Beaurieux © IPW

Rue Saussale
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Classée comme monument le 6 septembre 1988

Institut du Patrimoine wallon

 Jo Van Hove

Ferme du Sartage à Court-Saint-Étienne

Dépendance sous l’Ancien Régime de l’abbaye de Villers-la-Ville, la ferme du Sartage a été reconstruite aux XVIIIe et XIXe siècles et constitue un très bel exemple de ferme brabançonne en quadrilatère. 

Bien qu’étant mentionnée pour la première fois dans les registres de l’abbaye en 1632, la terre aurait été donnée aux moines par le seigneur de Beaurieu au XIIe siècle. Les registres paroissiaux mentionnent quant à eux la présence d’un fermier dès 1557. Sous le régime français, elle est confisquée à l’abbaye et vendue comme « bien national » en 1798. Elle change ensuite plusieurs fois de mains au XIXe siècle avant d’entrer dans le patrimoine de la famille Boël, qui la possède toujours actuellement. Son exploitation a été confiée à la famille Delavie qui cultive essentiellement des céréales et des betteraves. 

Isolée dans la campagne, accessible par un chemin bordé d’arbres, elle est caractérisée par son imposant pavillon d’entrée daté de 1844 permettant d’accéder à la cour intérieure, sous un passage voûté. Ce porche-colombier présente aussi la particularité de renfermer un réservoir d’eau. La ferme est érigée en calcaire et en briques recouvertes d’un badigeon de chaux. À droite se trouve une étable datée par ses ancres de 1805, alors qu’une belle grange du XVIIIe siècle ferme la cour.

Drève du Chenoy
1490 Court-Saint-Étienne 

carte

Classée comme monument et comme site le 16 novembre 1993

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Maison, place Communale n° 6

Cette belle maison de trois travées sur deux niveaux a été construite en briques et pierre bleue dans le premier quart du 19e siècle. Les briques de la façade ont été recouvertes d’une peinture à la chaux, technique traditionnelle de protection des façades dans nos régions. 

On accède à l’édifice par une belle porte néoclassique. La maison est également caractérisée par la présence de trois fenêtres ovales au niveau des combles. Sur la place, située au centre du village, se trouvent trois monuments commémoratifs. Le premier évoque le souvenir du général comte Albert Goblet d’Alviella (1790-1873), soldat dans les armées napoléoniennes avant de devenir ministre de la guerre et des affaires étrangères après l’indépendance de la Belgique. 

Les deux autres monuments rendent hommage aux héros des deux guerres mondiales issus de la commune, ainsi qu’à 43 soldats français qui perdirent la vie à Court-Saint-Étienne en mai 1940.

Place Communale 6
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Classée comme monument le 1er octobre 1992

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant

Église Saint-Étienne à Court-Saint-Étienne

Au sein d’un cimetière arboré se trouve l’église Saint-Étienne, reconstruite au 18e siècle mais conservant une tour du 16e siècle, héritière d’un édifice précédent. La tour-porche, percée d’une entrée classique, comporte des bases romanes mais sa partie haute a été érigée à l’époque gothique. 

Le sanctuaire renferme une quantité d’œuvres d’art de premier plan parmi lesquelles un triptyque de la Passion de 1540, un calvaire gothique du 16e siècle et des autels baroques. Situé dans le collatéral nord, le superbe cénotaphe en marbre noir et blanc du comte et de la comtesse de Provins, seigneurs du lieu, peut être considéré comme la pièce maîtresse de l’église. Ce gisant, un des plus beaux de Belgique, a été réalisé en 1652 et est constitué d’un sarcophage sur lequel repose les deux gisants en relief. Les têtes et les mains des défunts sont sculptés dans du marbre blanc et le reste dans un marbre noir originaire d’Asie mineure. Les gisants sont surmontés d’un cartouche flanqué de deux pilastres et sur lequel figure l’épitaphe. 

Non loin de là, le presbytère est une belle bâtisse enclose érigée dans la seconde moitié du 18e siècle. L’ensemble formé par l’église, le presbytère, le cimetière et leurs abords ont été protégés et forment un site classé.

Rue du Village 1
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Classé comme monument et comme site le 4 décembre 1989

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Parc du château de Court-Saint-Étienne

Ancien fief du comté de Namur, le domaine de Court-Saint-Étienne est occupé, au Moyen Âge, par un château fort, aujourd’hui disparu. L’édifice actuel, construit en 1788 en brique et pierre calcaire dans un beau parc, a été agrandi au XIXe siècle et restauré à la fin du XXe siècle. 

Le parc paysager classé a été créé vers 1805, à la demande du général Albert Goblet d’Alviella, et compte encore quelques arbres très anciens à proximité du château, parmi lesquels un hêtre pourpre et un tilleul argenté. 

La plus grande partie du parc, aménagée sur des prairies fertiles des vallées de l’Orne et de la Thyle, a été composée, au début des années 1890, par le comte Eugène Goblet d’Alviella, avec l’aide de l’architecte Louis-Léopold van der Swaelmen. Depuis le château, le propriétaire pouvait ainsi admirer un long dispositif paysager traversé par les cours sinueux des rivières qui alimentent une vaste surface d’eau avec un îlot planté d’un arbre solitaire. 

Les tempêtes successives de la fin du XXe siècle ont malheureusement saccagé en partie le patrimoine du parc. De grands travaux ont toutefois permis de le nettoyer, de curer l’étang et de réaménager les espaces dans les années 1990. Malgré cela, le parc est toujours considéré comme l'une des plus belles réalisations paysagères de la fin du XIXe siècle. Il a été agrémenté d’un beau potager en 1998 et occupe aujourd’hui une superficie de 30 hectares.

Rue du Village 5
1490 Court-Saint- Étienne

carte

Classé comme site le 7 juillet 1976

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Chapelle Notre-Dame de Sart-Messire-Guillaume

Située sur une butte plantée de pins, à proximité d’une grosse ferme, cette chapelle autrefois castrale a été érigée en style gothique tardif vers 1590 par le seigneur de Sart. Elle a succédé à un petit oratoire où l’on venait prier saint Antoine. 

Cette petite église d’une seule nef, construite en briques et pierre bleue, a longtemps menacé ruines, malgré des campagnes de remise en état organisées en 1938 et 1955. Dépourvue de toiture depuis 1927, elle a été entièrement remise à neuf en 1986 grâce à l’intervention du comte René Boël. L’entrée se fait par un portail de style classique ajouté à la fin du 18e siècle. La toiture d’ardoises est agrémentée d’un clocheton surmonté d’une flèche octogonale. 

La ferme de Sart, datée de 1716 et située non loin de là, est étroitement liée à l’abbaye de Villers-la-Ville, tout comme l’oratoire. Plus bas dans le village, ne manquez pas d’admirer une très belle croix de justice, encastrée dans le mur du bâtiment d’angle de la place et qui est aujourd’hui le seul vestige d’un tribunal du 16e siècle qui témoigne du passé seigneurial du village.

Hameau de Sart-Messire-Guillaume
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Classée comme monument et comme site le 16 octobre 1975

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Salle de spectacle du Foyer populaire de Court-Saint-Étienne

La salle du Foyer populaire est étroitement liée aux usines Henricot, fleuron de la région. Située au centre de la commune, cette industrie métallurgique fit la réputation de Court-Saint-Étienne pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1984. De ce passé glorieux, peu de vestiges subsistent, parmi lesquels le hall n° 11, classé pour sa remarquable architecture industrielle. 

La famille Henricot se souciait également du bien-être social de ses ouvriers et fit ériger en 1913 le Foyer populaire, salle de délassement et de théâtre qui est actuellement occupée par le centre culturel du Brabant wallon. Juste à côté se trouve l’usine n° 2, construite en 1922 et acquise par la commune pour être démolie et reconvertie en site réservé aux activités communautaires. 

Entre les deux bâtiments se trouve un monument orné d’un buste en bronze représentant Paul Henricot (1873-1948).

Rue Belotte 1
1490 Court-Saint-Étienne

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Classé comme monument le 4 avril 2000

Institut du Patrimoine wallon