Code postal
7190

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Buste de Félicien Yernaux

Buste de Félicien Yernaux.
16 septembre 1934, Réalisé par les élèves de l’École, avec l’aide de Hector Brognon.

Ce sont les élèves de l’École industrielle d’Écaussinnes, vraisemblablement aidés par leur professeur, le sculpteur Hector Brognon, qui ont réalisé, avant la Seconde Guerre mondiale, les bustes d’Ernest Martel et de Félicien Yernaux que l’on peut encore voir aujourd’hui depuis la rue Ernest Martel, dans la cour d’entrée de l’actuelle École Industrielle et Commerciale d’Écaussinnes. La juxtaposition de ses deux bustes peut apparaître quelque peu étonnante au vu du passé des deux personnages. Actif syndicaliste du secteur des carrières, Ernest Martel s’était signalé par son opiniâtreté dans la défense des intérêts des ouvriers carriers. Face à ce leader socialiste, Félicien Yernaux (1854-1943) était, au contraire, un des patrons des célèbres carrières d’Écaussinnes, certes à l’écoute de certaines revendications de ses ouvriers, mais pas du tout sensible au discours syndical et politique des socialistes locaux. D’ailleurs, en 1910, Félicien Yernaux participe à un important mouvement de lock-out décidé par les 18 maîtres de carrières de l’Association des Maîtres de carrières d’Écaussinnes, Marche-lez-Écaussinnes, Feluy et Arquennes, solidaire avec la direction du Levant ; les patrons réagissent ainsi à une grève générale décrétée par l’organisation syndicale d’Ernest Martel. Mouvement destiné à raffermir l’autorité patronale face aux ouvriers de mieux en mieux organisés, le lock-out va durer de juin 1909 à janvier 1910. Après 37 semaines de bras de fer, le travail reprendra, mais laissera des traces.

Une trace positive de ce conflit social est notamment la transformation de l’École locale de dessin en une École industrielle. L’utilité d’une telle école était défendue de longue date par Ernest Martel, et les maîtres de carrières acceptent finalement de soutenir sa création. Il semble que c’est à cette époque que Félicien Yernaux est désigné pour devenir le premier président de la Commission administrative de l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes. Il exerce cette présidence jusqu’en 1933, année où il est remplacé par… Ernest Martel. Destiné à former la jeunesse aux métiers de la région, cet établissement symbolise en quelque sorte l’accord qui pouvait régner entre l’industriel et le syndicaliste. La juxtaposition des bustes de Yernaux et de Martel renvoie dès lors davantage au fruit de leur collaboration, qu’aux distances idéologiques évidentes qui existaient entre ces deux personnalités marquantes de la région. L’idée des bustes est née au moment du passage de relais entre les deux hommes et leur inauguration remonte au 16 septembre 1934.

Attribué aux élèves de l’École, le buste doit certainement surtout au sculpteur et architecte Hector Brognon (Bois d’Haine 1888 – Bois d’Haine 1977) qui est professeur dans l’établissement. Surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine », Brognon avait l’habitude de prêter ses services dans la réalisation de monuments ou de bustes réalisés par ses élèves ou par ses amis. Au sortir de la Grande Guerre, il jouit d’une solide réputation dans le Hainaut en raison de sa parfaite connaissance de la pierre bleue d’Écaussinnes. Plusieurs commandes de bustes et de statues lui parviennent, ainsi que des monuments aux morts et aux héros des deux guerres destinés aux places publiques (Écaussinnes-d’Enghien) ou aux cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou le bas-relief Ernest Martel en 1939). Brognon est encore l’auteur du monument dit de Marguerite Bervoets à La Louvière et a participé à la décoration des frontons et panneaux de l’hôtel de ville de Charleroi (côté rue de Turenne et rue Dauphin).

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives
Informations aimablement communiquées par la bibliothèque d’Écaussinnes et le Cercle d’Information et d’Histoire locale (l’abbé Jous et son frère)
Claude BRISMÉ, Ernest Martel (1880-1937), dans Le Val Vert. Bulletin trimestriel du Cercle d'Information et d'Histoire locale des Écaussinnes et Henripont, Écaussinnes-Lalaing, 1988, n° 64 ; 1989, n° 65-67
Claude BRISMÉ, Histoire des Écaussinnes, recueil n°15 du Cercle d’information et d’histoire locale, 2010
Léon BAGUET, dans Le Val Vert, 1990, n°69, p. 12
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 155
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d’Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56
http://www.eic-ecaussinnes.be/historique_suite.html (s.v. février 2014)

Buste de Félicien Yernaux – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Cour de l’École commerciale et industrielle
Rue Ernest Martel 6
7190 Ecaussines

carte

Paul Delforge

G. Focant - SPW Patrimoine

Château fort d’Écaussinnes-Lalaing

La cheminée de la grande salle du rez-de-chaussée du château fort d’Écaussinnes-Lalaing comportant une taque de foyer aux armes et à la devise de Charles Quint © Frans Doperé

Situé au sommet d’un escarpement rocheux, le château fort d’origine médiévale d’Écaussinnes-Lalaing était au Moyen Âge le fief de la seigneurie d’Écaussinnes qui, à l’origine, comprenait également le château voisin de la Follie à Écaussinnes-d’Enghien. Le complexe castral fut érigé aux confins du comté de Hainaut vers le duché de Brabant et peut être considéré comme un ouvrage défensif typique du XIIe siècle. La propriété passa par mariage à Simon de Lalaing en 1357 ; cette famille laissa son nom à la propriété et à la localité, alors différenciée du second château aux mains de la famille d’Enghien. De tous temps, le château et ses propriétaires furent liés au comté et à ses souverains. Au XVe siècle, le bien entra dans les possessions des Croÿ après l’alliance entre Marie de Lalaing et Jean de Croÿ, grand bailli du Hainaut et conseiller intime à la cour des ducs de Bourgogne. Vendue pour la première fois en 1624, la seigneurie fut plusieurs fois engagée jusqu’à la fin de l’Ancien Régime ; elle appartint notamment au duc d’Arenberg.

La cheminée de la salle d’armes du château fort d’Écaussinnes-Lalaing comportant au centre les armoiries de la famille de Croÿ entourées du collier de la Toison d’Or © Frans Doperé

L’ensemble imposant formé par le château est constitué de nombreux bâtiments d’époques diverses, remaniés par les propriétaires successifs. Surplombant la place des Comtes, la tour d’angle nord-ouest de plan pentagonal remonte au Moyen Âge malgré plusieurs transformations mineures. Le complexe conserve son enceinte, composée de tours rondes et de la courtine nord. L’ancien logis seigneurial a été érigé en plusieurs campagnes entre la fin du XVe siècle et le début du XVIIe siècle. Une nouvelle aile est adjointe au logis précédent entre les XVIIe et XVIIIe siècles et comporte notamment des armes millésimées de 1719 des Van der Burch, seigneurs du lieu à cette époque. Le château est accessible par une tour-porche
d’entrée précédée d’un pont à deux arches et possède également une chapelle castrale.

On y retrouve notamment une salle d’armes comprenant une cheminée en pierre bleue sur le linteau de laquelle figure les armoiries de la famille de Croÿ entourées du collier de la Toison d’Or, témoin de la réception de cette décoration par Michel de Croÿ en 1500. Une seconde cheminée, située dans la grande salle du rez-de-chaussée, présente une taque aux armes et à la devise de Charles Quint. Ces deux cheminées sont décorées d’un bâton écôté en bordure de linteau. Ce rameau de branches coupées est un motif traditionnel de l’iconographie bourguignonne remontant à Jean sans Peur et qui est considéré comme une manifestation de la fidélité envers la maison de Bourgogne.

Rue de Seneffe 1
7191 Ecaussinnes

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

© Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste MARTEL Ernest

Ce sont les élèves de l’École industrielle d’Écaussinnes, avec l’aide de leur professeur, le sculpteur Hector Brognon, qui ont réalisé, 16 septembre 1934, les bustes d’Ernest Martel et de Félicien Yernaux que l’on peut encore voir aujourd’hui depuis la rue Ernest Martel, dans la cour d’entrée de l’actuelle École Industrielle et Commerciale d’Écaussinnes. 

De 1933 à 1937, Martel succéda à Yernaux à la présidence de la Commission administrative de cet établissement destiné à former la jeunesse aux métiers de la région. L’utilité de cette école était défendue de longue date par Ernest Martel, figure marquante de l’entité où il était né en 1880. 
 

Porteur de télégrammes d’abord, carrier ensuite, le jeune Martel (1880-1937) milite très jeune dans l’action socialiste, syndicale d’abord, politique ensuite. Très vite, l’affilié au Syndicat des Ouvriers de la Pierre prend des responsabilités et il succède à Maurice Denis à la tête de la Fédération nationale des Ouvriers de la Pierre et du Plâtre qu’il transforme en Centrale des Travailleurs de la Pierre. Il y joue un rôle majeur sur le plan régional, national et international. 

Conseiller communal d’Écaussinnes élu en octobre 1911, il devient échevin des Finances (1912-1921) et c’est à ce titre qu’il tente de préserver la situation de sa population durant les années d’occupation allemande. Après l’Armistice, il devient le bourgmestre d’Écaussinnes-d’Enghien de 1921 à 1929 ; élu conseiller provincial du Hainaut (1928), il renonce à ses mandats communaux pour endosser la fonction de député permanent. Il renonce aussi à ses fonctions syndicales, cédant le Secrétariat national de la Centrale de la Pierre à Hubert Lapaille, tout en étant élu à la présidence de l’organisation. 
 

Tant le buste de l’École industrielle que le nom attribué à l’une des artères principales de la localité sont des témoignages de reconnaissance des habitants à l’égard de quelqu’un qui s’est engagé résolument dans la défense de leurs intérêts, tant sur le plan social, que politique et économique. De longue date, Ernest Martel réclamait la création d’une École industrielle pour former la jeunesse aux métiers de la région. Après le dur lock-out de 1909-1910, l’École de dessin est transformée en École industrielle et commerciale d’Écaussinnes, avec le soutien des maîtres de carrières. 

Il semble que Félicien Yernaux soit désigné comme premier président de la Commission administrative de l’école et qu’il exerce ce  mandat jusqu’en 1933, année où il est remplacé par… Ernest Martel. Symbolisant l’accord qui pouvait régner entre industriels et syndicalistes, l’École industrielle devient le lieu qui accueille les bustes de Yernaux et de Martel. Le projet est certainement né au moment du passage de relais entre les deux hommes et l’inauguration se déroule le 16 septembre 1934. 
 

Surnommé  « le Rodin de Bois d’Haine », Brognon avait l’habitude de prêter ses services dans la réalisation de monuments ou de bustes réalisés par ses élèves ou par ses amis. Au sortir de la Grande Guerre, il jouit d’une solide réputation dans le Hainaut en raison de sa parfaite connaissance de la pierre bleue d’Écaussinnes. Plusieurs commandes de bustes et de statues lui parviennent, ainsi que des monuments aux morts et aux héros des deux guerres destinés aux places publiques (Écaussinnes-d’Enghien) ou aux cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926) ; il réalisera aussi le monument Ernest Martel du cimetière. Brognon est encore l’auteur du monument dit de Marguerite Bervoets à La Louvière et a participé à la décoration des frontons et panneaux de l’hôtel de ville de Charleroi (côté rue de Turenne et rue Dauphin).

 

Sources

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives 
- Le Mouvement syndical belge, n°12, 20 décembre 1937, p. 6 
- Claude BRISMÉ, Ernest Martel (1880-1937), dans Le Val Vert. Bulletin trimestriel du Cercle d'Information et d'Histoire locale des Écaussinnes et Henripont
- Écaussinnes-Lalaing, 1988, n° 64 ; 1989, n° 65-67 
- Claude BRISMÉ, Histoire des Écaussinnes, recueil n°15 du Cercle d’information et d’histoire locale, 2010 
- Léon BAGUET, dans Le Val Vert, 1990, n°69, p. 12 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 155 
- Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d’Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56 
- http://www.eic-ecaussinnes.be/historique_suite.html (s.v. février 2014) 
 

Cour de l’École commerciale et industrielle
rue Ernest Martel 6
7190 Écaussinnes

carte

Inauguré le 16 septembre 1934

Paul Delforge

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Sépulture de Charles VAN DER BURCH

Au chevet de l’église Sainte-Aldegonde d’Écaussinnes-Lalaing se trouve la tombe de la famille van der Burch, dans laquelle se trouve Charles Albert Louis Alexandre Henri van der Burch. Né à Aubry-du-Hainaut en France le 24 avril 1779, il est l’aîné de trois frères et intègre rapidement la sphère royale en étant page de Louis XVI. 

À la différence de ses deux frères cadets, Charles n’entre pas au service de l’empereur et ne prend pas part aux campagnes militaires d’Empire, en signe d’attachement à l’Ancien Régime. Il épouse en 1796 Marie Félicité de Rodoan, apparentée au baron von Vincent, gouverneur général autrichien des provinces belges du 5 mai au 30 juillet 1814. Au cours de la campagne de France, il reçoit le 13 février 1814 la permission de créer un régiment de cavalerie de la part de Charles-Auguste de Saxe-Weimar, commandant en chef des troupes alliées en Belgique. Ce régiment porte le nom de « chevau-légers van der Burch » et son créateur en devient colonel dès le 14 février 1814. Le régiment prend le nom de « chevau-légers belges » le 1er septembre et son commandement est confié le 17 novembre au lieutenant-colonel Mercx de Corbais. 

Il poursuit ensuite une carrière d’importance : aide de camp de Guillaume Ier d’Orange, chevalier de l’ordre de Saint-Vladimir de Russie, commandeur de l’ordre du lion néerlandais puis chevalier de l’ordre de Léopold. Il décède au château d’Écaussinnes le 4 mars 1854. Sa pierre tombale est ornée de ses armoiries et d’une longue épitaphe : « Ici repose le corps de Charles Albert Louis Alexandre Henri, comte van der Burch et d’Hubersart, lieutenant général, commandeur de l’ordre du lion Belgique, chevalier des ordres de Léopold et de Saint-Vladimir de Russie. 

Il fut aide de camp de S.M. Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, commandant militaire de la province de Brabant, président de l’ordre équestre de la province de Hainaut, membre de la première chambre des États-Généraux du royaume des Pays-Bas, conseiller militaire à la haute cour militaire du royaume de Belgique (…) ».

7190 Ecaussinnes

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Buste Ernest DURAY

Buste Ernest Duray, réalisé par Hector Brognon, septembre 1953

Malgré l’importance de la colombophilie en Wallonie, il est rare qu’un monument rende explicitement hommage à une personnalité ayant consacré une partie de son temps à cette activité. C’est cependant le cas à Écaussinnes, où le buste élevé en l’honneur d’Ernest Duray, dans l’angle des rues Noires Terres et Camille Duray évoque aussi d’autres aspects de cette personnalité marquante. Conseiller communal de Soignies de 1911 à 1952 avec une interruption entre 1921 et 1926, Ernest Duray a aussi siégé à la Chambre, comme représentant libéral de Soignies (1939-1945), avant de devenir sénateur provincial du Hainaut pendant quelques mois (1949-1950). Issu d’une famille d’industriels, Ernest a été l’un des patrons des « Usines Émile Duray ». Si le buste honore principalement Ernest, l’ensemble du monument est un hommage à la famille Duray, en particulier à Émile, son fondateur, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué à sa réussite industrielle. Réalisé par Hector Brognon (1888-1977), le monument Duray présente cette autre particularité d’être à la fois individuel (face avant) et collectif (face arrière du socle). 

Sur la face avant, apparaît la mention suivante :

ERNEST DURAY
INDUSTRIEL
CONSEILLER COMMUNAL
DÉPUTÉ
SÉNATEUR
COLOMBOPHILE

tandis qu’au dos, la dédicace est davantage circonstanciée :

1950
75E ANNIVERSAIRE 
DES USINES 
ÉMILE DURAY

HOMMAGE 
À LEUR FONDATEUR,
À SES FILS 
CAMILLE
OSCAR
ARTHUR
ERNEST

ET AUX EMPLOYÉS ET 
OUVRIERS QUI SE SONT 
DÉVOUÉS POUR ELLES

Fils cadet d’Émile Duray (1841-1908) et, comme son paternel et tous ses frères, Ernest (1877-1955) est natif de Houdeng-Goegnies. Il a suivi les seuls cours de l’École moyenne lorsqu’il commence à travailler, vers 1891, dans l’atelier familial de chaudronnerie et de constructions mécaniques. Depuis 1875, cet atelier est situé à Écaussinnes-d’Enghien. Dans les années 1890, Ernest y prend la direction du bureau de dessin et du pointage des ouvriers. Poursuivant les cours dominicaux de l’École industrielle de La Louvière, Ernest se voit confier, en 1898, la direction de la brasserie que son père vient de fonder. Le nouveau breuvage connaît un certain succès dans la région. Au décès du patriarche, les frères Camille, Arthur et Ernest créent une société en commandite, « Les Ateliers Duray » (1908) ; spécialisée dans la métallurgie, elle est dirigée par Camille, tandis qu’Ernest, n°2 de la société, reste responsable de son département spécifique qui s’appelle désormais « Brasserie Duray fils ». Quand éclate la Grande Guerre, tous les outils de production des Duray sont démantelés. Après l’Armistice, la remise en marche des affaires est laborieuse ; face à la concurrence, la brasserie Duray doit fermer (1937). Mais l’activité métallique connaît, quant à elle, le succès, principalement en raison de commandes coloniales. En 1934, « Les Ateliers Duray » deviennent la Société anonyme « Usines Émile Duray », en conservant un très fort ancrage familial. Après l’indépendance du Congo, l’entreprise périclite et disparaîtra en 1981.

S’il apparaît comme un industriel, Ernest Duray se consacre cependant de plus en plus à la politique. Quand, en octobre 1911, il se présente parmi les candidats du cartel libéral-socialiste formé pour renverser la majorité catholique, et qu’il est élu conseiller communal, il est engagé dans les milieux libéraux depuis une dizaine d’années. Il a contribué au développement de groupements politiques (Jeune Garde libérale, Société de Secours, etc.) et se montre un ardent défenseur de l’école publique (trésorier de la Ligue de l’Enseignement à partir de 1912). Renforçant ses activités politiques dans les années 1930, il est premier suppléant à la Chambre en 1932 et le siège de député de Soignies lui échappe en 1936 pour quelques voix à peine. Élu le 2 avril 1939, il n’aura guère l’occasion de siéger. Après l’invasion de mai 1940, il se réfugie en France, dans le Puy de Dôme avant de rentrer à Écaussinnes dès la fin 1940. Responsable de l’Association libérale démocratique de Soignies, il ne parvient pas à retrouver un siège à la Chambre et achève sa carrière parlementaire au Sénat.

Parallèlement à ses activités industrielles et politiques, Ernest Duray cultiva un loisir pour lequel il se passionna dès ses 12 ans : la colombophilie. Avec le temps, il s’imposa comme un spécialiste dans ce sport, participant à de multiples concours. Champion et éleveur, responsable de sociétés, il publie en 1943 ses Souvenirs de cinquante années de pratique du sport colombophile.

Le buste d’Ernest Duray a été réalisé par le sculpteur et architecte Hector Brognon (Bois d’Haine 1888 – Bois d’Haine 1977). Professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes, il jouit d’une solide réputation dans le Hainaut, en raison notamment de ses nombreuses réalisations comme ses bustes et statues, ainsi que pour les monuments aux morts et aux héros des deux guerres sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou le bas-relief Ernest Martel en 1939). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine » et qui a aussi signé le monument dit de Marguerite Bervoets à La Louvière et a participé à la décoration des frontons et panneaux de l’hôtel de ville de Charleroi (côté rue de Turenne et rue Dauphin). Le buste d’Ernest Duray est signé par Brognon et clairement daté de 1953. L’idée d’un tel buste est née en 1950, lors du 75e anniversaire de la création de la société. Le souvenir de cet anniversaire est inscrit sur le socle en granit de Bretagne. Ce socle et les inscriptions gravées en lettres colorées – aujourd’hui difficilement lisibles – sont dus à l’entreprise Caudier-Rembaux d’Écaussinnes.

L’inauguration de l’ensemble s’est déroulée en septembre 1953, en présence d’Ernest Duray. 

Sources 

Informations aimablement communiquées par la bibliothèque d’Écaussinnes et le Cercle d’Information et d’Histoire locale (l’abbé Jous et son frère)
Philippe VERHEYEN, Ernest Duray, une vie consacrée à l’industrie et à la politique belge, dans Le Val Vert. Bulletin trimestriel édité par le Cercle d’Information et d’Histoire Locale des Ecaussinnes et Henripont, Ecaussinnes-Lalaing, 1989, n°65-68, en particulier n°67, p. 66
Claude BRISMÉ, Histoire des Écaussinnes, recueil n°15 du Cercle d’information et d’histoire locale, 2010
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 155
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d’Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 435, 439-440

Buste Ernest Duray

Angle des rues Camille Duray et Noires Terres
7190 Écaussinnes

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque Albert DU BOIS

Plaque commémorative Albert du Bois, réalisé par le maître tailleur de pierres Dhyne, , à l’initiative du Cercle d’information et d’histoire locale des Écaussinnes, 25 septembre 1982.

La maison familiale de la famille du Bois, appelée au XIXe siècle « le château du Bois » et devenue à la fin du XXe siècle « la pharmacie Poulet », se trouve au cœur d’Écaussinnes, sur la Grand Place. Y ont vécu plusieurs générations de « du Bois », dont le grand-père d’Albert qui fut garde d’honneur de Napoléon puis bourgmestre d’Écaussinnes d’Enghien (entre 1836 et 1843). C’est là qu’a grandi Albert (1872-1940) ; c’est là aussi qu’un précepteur lui apprend à lire et à calculer, avant son inscription au Collège Saint-Michel, à Bruxelles (1881), puis au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur, auprès des pères Jésuites pour son école secondaire (1884-1890). Élève brillant, il obtient son diplôme de docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain dès 1895, année où son talent littéraire est déjà bien connu ; il a en effet commencé à écrire dès ses humanités à Namur (Fatalité, une œuvre jamais éditée, date de cette période, de même que la poésie Dernier chant qui est distinguée par un prix de l’Académie Mont Réal de Toulouse en 1889). En 1892, certaines de ses pièces sont déjà jouées à Paris. Un séjour prolongé en Grèce, au début des années 1890, inspire son premier roman (Amour antique), suivi de plusieurs autres qui forment une sorte de cycle où l’écrivain exprime sa nostalgie de la civilisation antique. Engagé dans la carrière diplomatique, le comte Albert du Bois est nommé en décembre 1897 comme attaché de Légation. Il entre en fonction à Londres durant l’été 1898 et est promu Secrétaire de Légation de 2e classe en 1899.

Très vite, le jeune diplomate perçoit un sentiment anti-français généralisé dans la population anglaise et s’irrite de l’impérialisme dont font preuve les hauts-responsables britanniques à l’égard de tout ce qui leur est étranger. Parallèlement, il élabore une grille de lecture particulièrement critique à l’égard de la Belgique. Observant le débat parlementaire sur la loi dite d’Égalité adoptée en 1898, son inquiétude à l’égard du sort qui est réservé en Belgique à la culture française alimente une pensée qui s’exprime dans des libelles et des romans qui ne passent pas inaperçus. En 1902, à la manière de Defuisseaux, il rédige une brochure à grand tirage populaire intitulée Le catéchisme des Wallons. Nos droits. Nos devoirs. Nos espérances. Cette démarche attire l’attention de la diplomatie belge sur les idées de son fonctionnaire en poste à Londres. Représenté pour la première fois au théâtre de Mons le 9 février 1903, son drame intitulé La veille de Jemmapes attise la polémique. Publié aussi en 1903, Belges ou français est l’œuvre d’un Secrétaire de Légation qui a fait l’objet d’une révocation (arrêté royal du 10 février 1903), en dépit du congé illimité qu’Albert du Bois avait demandé et obtenu en novembre 1901 pour préparer ses écrits incendiaires.

Considérant les Wallons comme des Français éloignés de leur mère patrie, il suggère, dans La république impériale publié en 1905, des formes pratiques d’unions entre la Belgique et la France. Considéré comme le théoricien de l’irrédentisme français de la Wallonie, il contribue par ses articles et par ses moyens personnels à la vie de revues wallonnes (comme Le Réveil wallon) et à l’élévation de symboles forts (les pierres du Coq de Jemappes – monument inauguré en 1911 – venaient de carrières d’Écaussinnes appartenant à la famille du Bois). En novembre 1913, il est élu comme représentant de Nivelles à l’Assemblée wallonne, mais il n’en est plus membre après 1919. Pendant la Grande Guerre, il a trouvé refuge en Suisse ; depuis Lugano, il semble maintenir un contact régulier avec plusieurs militants. Dans l’Entre-deux-Guerres, il apporte son patronage aux premiers rassemblements à l’Aigle blessé (dès 1928), préside différents cercles, mais est davantage une référence disponible qu’un acteur du mouvement qu’il a lancé.

Ses talents d’écriture sont aussi au service d’une œuvre littéraire personnelle tournée principalement vers le théâtre, où il privilégie la versification, assurément d’inspiration romantique. Avec le Cycle des XII génies, du Bois crée douze pièces dramatiques qui chacune porte le nom d’un « grand homme ». A côté de Rabelais, Hugo, Voltaire et même Shakespeare, L’Hérodienne est la plus connue. Il signe aussi un drame en prose Notre Déesse ou Dea Gallia, où il fait notamment un éloge de la politique extérieure du cardinal de Richelieu. S’inspirant à nouveau de la Grèce antique, du Bois signe d’autres ouvrages qui forment le cycle des Romans de l’hécatombe. Il use aussi des pseudonymes Albert d’Haufremont et Eugène Renaud. Ayant quitté Écaussinnes pour Nivelles déjà avant la Grande Guerre (le château de Fonteneau est une propriété de la famille de Prelle de la Nieppe dont il est issu par sa mère), du Bois aménage un théâtre de verdure dans sa propriété où se joueront des pièces interprétées par des sociétaires de la Comédie française. Marié dans la cathédrale de Nantes en 1929, il n’aura pas de descendant. L’exode de mai 1940 – il quitte Nivelles précipitamment pour Paris avant de rentrer au pays et de retrouver son château occupé les Allemands – a raison de sa santé.

Si un timbre-poste sort à son effigie en 1961, Albert du Bois reste oublié pendant quelques années dans ses deux communes wallonnes d’élection, Écaussinnes et Nivelles. En 1970, Nivelles organise une exposition en son honneur en même temps qu’une stèle est inaugurée au Parc de la Dodaine, à la suite de Franz Dewandelaer et de Paul Collet. En 1982, les autorités communales d’Écaussinnes s’associent au Cercle d’information et d’histoire locale pour inaugurer une plaque commémorative sur sa maison natale, à l’occasion des Fêtes de Wallonie. Bien sûr, c’est une pierre sortie d’une carrière d’Écaussinnes qui a servi de support au travail de gravure réalisé par M. Dhyne, maître tailleur de pierres choisi par le Cercle historique, initiateur du projet. S’inscrivant dans le cadre des Fêtes de Wallonie, l’inauguration se déroule le 25 septembre 1982, en présence de la veuve d’Albert du Bois. 

 

Plaque Albert du Bois (Écaussinnes)

 
La plaque commémorative Albert du Bois a été inaugurée sur la maison de famille d’Écaussinnes, en présence de madame de Prelle de la Nieppe et de Marcel Jacobs, premier bourgmestre du « Grand Écaussinnes ». 

Inauguration de la plaque commémorative Albert du Bois sur la maison de famille d’Écaussinnes, en présence de madame de Prelle de la Nieppe et de Marcel Jacobs, premier bourgmestre du « Grand Écaussinnes ». Photographie extraite de la revue Val Vert, 4e trimestre 1982, n°40, p. 82-84

 

Sources

Pierre PELTIER, Albert du Bois, romancier, poète, doctrinaire écaussinnois méconnu, dans Val Vert, 3e trimestre 1982, n°39, p. 52-59
Jules LEMAIRE, Discours prononcé à l’inauguration de la plaque commémorative, dans Val Vert, 4e trimestre 1982, n°40, p. 82-84
Philippe MURET, dans Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 520-521

Grand Place
Boulevard de la Sennette
7190 Écaussinnes

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Paul Delforge

Guy Focant

Château d'Écaussinnes

Probablement construit à la fin du XIIIe siècle sur un éperon rocheux, le château d’Écaussinnes-Lalaing a, notamment, conservé de cette période la tour d’angle nord-est et l’aile occidentale. Celle-ci comprend la tour pentagonale, l’habitat seigneurial, la grande salle, ornée de deux cheminées du XVIe siècle et de fenêtres à banquettes, et les anciennes cuisines. 

La basse-cour possède encore d’origine une partie de son mur d’enceinte et sa tour-porche. La tour carrée occidentale et la tour semi-circulaire datent du XIVe siècle, la chapelle de la fin du XVe siècle, l’aile sud et la tour-porche du XVIIe-XVIIIe siècle et le beau jardin-potager du XVIIIe siècle.

Rue de Seneffe 1
7191 Écaussinnes (Écaussinnes-Lalaing)

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Classé comme monument le 5 avril 1972
Jardin classé comme monument le 8 septembre 1983
Classé comme site le 8 septembre 1983
Patrimoine exceptionnel de Wallonie
 

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant (SPW)

Chapelle du château de la Follie

Le château de la Follie est construit dans une zone boisée, d’où son nom de « follie » synonyme de feuillée. Demeure du XVIe siècle reprenant la forme d’une forteresse médiévale antérieure, le château est restauré au début du XIXe siècle. La chapelle octogonale gothique, dédiée à saint Christophe, est couverte d’une voûte d’ogives peinte. Des vitraux du XVIe siècle, seul témoignage complet conservé en Wallonie dans une chapelle castrale, ornent quatre fenêtres. Chacune d’elles se divise en trois registres : le premier est consacré à la Passion, le second représente les commanditaires, leurs parents et leur fils, et le dernier leurs armoiries respectives.

Haute Rue 27
7190 Ecaussinnes (Ecaussinnes-d'Enghien)

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Classé comme monument le 7 juillet 1976 et patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Le goûter matrimonial d’Ecaussinnes

Cette fête de renommée internationale trouve ses origines dans une pénurie de mariages à Ecaussinnes-Lalaing, au tournant du XIXe siècle, à laquelle voulut remédier un certain Marcel Tricot. En 1903, celui-ci eut l’idée d’annoncer au moyen d’affiches que 60 jeunes filles à marier offraient aux célibataires, le lundi de la Pentecôte, un « Goûter monstre » à l’occasion de « l’arbre de mai » planté en l’honneur de la jeunesse. Il envoya également une copie de l’affiche à 13 journaux du pays. 

Ainsi fut né le premier « Goûter matrimonial d’Ecaussinnes-Lalaing ». Encore aujourd’hui, la ville donne rendez-vous aux célibataires le lundi de la Pentecôte, jour de la réunion des candidats au mariage et de la formation des couples, avec délivrance du diplôme du mariage d’un jour. Cependant, toute la localité vit pendant trois jours dans une ambiance festive avec brocante, marché artisanal, apéritif de l’amour, concerts et autres animations. Le point d’orgue est un grand feu d’artifice en clôture.

Lundi de la Pentecôte

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Musée international du Carnaval et du Masque, Emilie Botteldoorn et Sabine Maüseler, mai 2013